AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 119 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce texte longtemps épuisé figure dans le recueil disponible : le dit d'Aka qui un superbe récit d'étho-SF.
C'est un petit roman assez court , assez original si on le compare au reste de la bibliographie de l'auteur .
C'est le ton qui est singulier . Il y a dans ce roman beaucoup de violence , d'âpreté et de méchanceté .

Athshe est un monde foret peuplé par des humanoïdes intelligents et assez primitifs ( les Créates ) , qui vivent dans une jungle tropicale impénétrable pour certains et dans le voisinage des hommes qui constituent cette société coloniale , avec ses travers et ses rares qualités ...

Ce monde Vierge regorge de bois et de matières premières et il est mis en coupe réglée pour exploiter et piller ces ressources précieuses .
L'auteur met en scène une société coloniale radicalement indifférente à la population première de ce monde et indifférente également à tout ce qu'il possède de richesse non exploitables ou bien immatérielles .

C'est peut dire que ce roman est une dénonciation du colonialisme et une analyse des situations qui découlent de l'inégalité des termes de l'échange .Ce n'est pas un texte manichéen , mais il est doté d'un souffle et d'une intensité tout à fait entrainant , une véritable gifle .

La violence , la révolte , le mépris des cultures « premières « tout à fait : « autres « et la négation de leur valeurs et de leurs potentialités universalistes et riches
sont développés dans le détail .

La violence et le mépris sont donc obstinément à l 'oeuvre dans ce « planète opéra « accomplis et c'est franchement assez difficile à encaisser , surtout que ce texte est moins une caricature du colonialisme , que la dénonciation scénarisée et théorisée de ses effets et de ses moyens d'action.
Commenter  J’apprécie          670
Les Athshéens sont des humanoïdes d'un mètre de haut et recouverts d'une fourrure verte. Ils ont constitué sur leur planète une civilisation préindustrielle qu'on pourrait considérer comme utopique car ils vivent pacifiquement et harmonieusement dans des villages au sein d'immenses forêts. Leur société présente une étonnante particularité : ils ne dorment pas et passent une partie de la journée dans une sorte de rêve éveillé.
Mais des Terriens ont débarqué sur leur monde pour en exploiter les ressources, notamment le bois, car ils ont transformé la Terre en un « désert de béton » dans lequel les forêts ont disparu. Dès lors s'instaure une colonisation brutale : de grandes étendues de forêt sont rasées, les Athshéens pacifiques, nommés par les humains « créates », sont méprisés et réduits en esclavage.
Puis les excès des Terriens poussent les Athshéens à la révolte…
On notera que ce court roman a été publié en 1972, donc bien avant Avatar (2009), peut-être même James Cameron s'en est-il inspiré…
On retrouve dans ce récit un certain nombre de thèmes importants dans l'oeuvre d'Ursula le Guin, des thèmes souvent en rapport avec l'ethnologie (rappelons en passant qu'Ursula est la fille de l'anthropologue Alfred Kroeber) : l'installation des humains sur un monde étranger, l'anthropocentrisme et le mépris de l'autre, l'évocation d'une civilisation autochtone, la confrontation de civilisations différentes et la crise qui en résulte...
Ces thèmes sont particulièrement bien mis en valeur, notamment grâce aux personnages dont Ursula le Guin nous fait partager le point de vue : Davidson, le colonisateur raciste (c'est d'ailleurs son point de vue ignoble qui ouvre le récit), le docteur Lyubov, qui essaie de faire comprendre à ses compagnons que les indigènes ne sont pas des animaux, et enfin l'Athshéen Selver qui apprend aux siens la haine et la révolte.
Une belle réussite.

Challenge multi-auteures SFFF 2020
Commenter  J’apprécie          561
Deuxième incursion dans le monde d'Ursula le Guin. le nom du monde est forêt fait partie du cycle de l'Ekumen dont j'ai lu le dit d'Aka récemment. Les Umins ont colonisé la Nouvelle Tahiti en vue d'en exploiter le bois car cette planète est constituée essentiellement de forêts. Les colons militaires ont profité de la docilité et du pacifisme des Créates, peuple indigène, pour les asservir et violer leurs femelles quand la cargaison de femmes terriennes tarde à venir.
Mais quand le capitaine Davidson tue la femme du Create Selver, celui-ci, pour la première fois, se rebelle et devient violent. La lutte pour sauver son peuple et leurs forêts commence.
Ecrit dans les années 70, ce roman écologique avant l'heure et sans aucun doute inspiré de la guerre du Vietnam est facilement transposable dans notre propre monde terrestre, mais l'invention des Créates, ce peuple incapable de haine entre les siens, rêveurs éveillés dont les rêves sont emplis de spiritualité et de croyances, permet de grossir à la loupe les inconséquences des Humains.
Encore une fois, j'ai aimé cette écriture riche portée à l'ouverture sur les cultures et la manière dont elles s'appréhendent entre elles. Ce n'est pas une lecture facile, elle demande concentration et réflexion et mériterait une relecture de ma part car j'ai parfois perdu pied lors de certains événements, mais j'apprécie son approche du monde.
Commenter  J’apprécie          250
Un court roman de science-fiction sur la colonisation d'une planète lointaine, l'asservissement du peuple autochtone et la déforestation massive.
Le récit se concentre principalement sur les ravages de la colonisation de la planète athshéenne. On y suit les états-d'âme de Lyubov, un ethnologue qui a eu l'occasion d'étudier de près les habitants de cette planète.
De près puisque pas mal de spécimens ont été capturés et transformés en esclaves pour l'exploitation forestière. le bois est en effet devenu denrée rare sur Terre, cette planète est donc une mine d'or pour les compagnies commerciales.
D'un naturel rêveur et docile, ces créates, ainsi nommés par les humains, se montrent très utiles. Pas suffisamment au goût de Davidson, qui gère un camp sur une partie de la planète. Très caricatural dans son comportement d'homme raciste et suffisant, il se révèle surtout violent, en totale opposition avec l'attitude pacifiste des créates.
La perte de leur milieu naturel et les sévices infligés à leur population va pousser les créates à la révolte. Mais comment conduit-on une révolte lorsque la notion même de violence vous est étrangère ?
Voilà, entre autre, la question à laquelle tente de répondre Ursula le Guin.
Et elle le fait merveilleusement bien.
Le côté science-fiction ne s'étend pas sur les technologies du futur. Elle évoque des vaisseaux, des moyens de communication avant-gardistes pour l'heure (rappelons que le texte a été écrit en 1972) mais pas de débauche de technologies non plus. Et ça me va très bien.
On se concentre sur l'essentiel : la rencontre entre l'humain et l'autre espèce.
L'autrice invente une société pacifiste, où les individus passent le plus clair de leur temps éveillés et perdus dans leurs rêves. Cette attitude complètement contraire aux valeurs de l'Amérique, notamment pour le mérite du travail, est bien critiquée par Davidson, un militaire aux méthodes abjectes qui va s'employer à mater la petite rébellion des créates. Lyubov, l'ethnologue est tout son contraire : mesuré et tolérant mais également impuissant face à l'impérieuse volonté du colonialisme.
Il est la partie neutre qui nous permet de débattre de l'utilité ou non de la présence humaine sur cette planète et, surtout, de notre légitimité à vouloir dominer. « On ne peut pas nous arrêter, nous sommes des Hommes. Tu ne vas pas tarder à apprendre ce que cela signifie espèce de foutue planète ».
L'autrice passe aussi un message écologique sur les dangers de la déforestation et par conséquent la destruction des habitats. « Une écologie forestière est une chose délicate. Si la forêt meurt, sa faune peut disparaître avec elle. le mot athséen pour monde signifie également forêt »
J'ai aimé son style que j'ai découvert avec ce récit et la création de cette société athshéenne, riche en description de sa structure et de sa psychologie.
Un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          230
Athshe est une planète forestière. Son nom signifie d'ailleurs aussi bien « monde » que « forêt » dans la langue indigène. Quant aux terriens, nombre d'entre eux ont pris l'habitude de l'appeler « Nouvelle-Tahiti ». Il est vrai qu'ils s'y sont comportés comme des colonialistes dès avant la création de la Ligue de tous les mondes afin d'y exploiter la vaste forêt qui la recouvre. Dans ce cadre les autochtones, des humanoïdes de petite taille et à la fourrure verte, se sont révélés constituer une main d'oeuvre docile et bon marché. du moins jusqu'à ce que les terriens dépassent les bornes et déclenchent en retour une rébellion meurtrière...

Le nom du monde est Forêt est un court roman faisant partie du cycle de l'Ekumen déjà évoqué dans ces pages. Sa thématique est sans ambiguïté ; c'est le colonialisme et ses effets dévastateurs sur le territoire occupé et ses habitants. le récit n'est pour autant pas manichéen ; au contraire, et fidèle à ses habitudes, Ursula LE GUIN propose à ses lecteurs une véritable approche anthropologique de l'univers sylvestre qu'elle imagine. Elle nous y immerge réellement en abordant tous les aspects de ce monde, de sa géographie aux moeurs des autochtones, en passant par leur cosmogonie.

Le tout est d'une pertinence et d'une actualité remarquables. LE GUIN démontre une fois de plus qu'il n'est point besoin d'une succession de scènes d'action et de rythme effréné pour capter l'intérêt du lecteur. Une belle prose et un sujet impeccablement traité suffisent. Il n'est d'ailleurs pas surprenant qu'elle ait obtenu son deuxième Prix Hugo avec ce récit (1973).
Commenter  J’apprécie          80
J'ai été transportée par les premiers ouvrages de cette incroyable autrice qui étaient dans ma bibliothèque. Si son style se reconnaît aisément, belle écriture, poétique, thématiques engagées et profondes... mais je dois avouer que cet ouvrage ne m'a pas fait le même effet. Certes, il s'agit d'un roman sympathique, qui se lit rapidement, sur fond de lutte environnementale (exploitation/protection) et dont la narration est originale (changement par chapitre de personnages narrateurs), mais je n'en ressors pas l'âme retournée comme cela m'est arrivé à la lecture de la Main Gauche de la Nuit ou des Dépossédés. Mais pour finir, n'oublions pas que vu la qualité des deux autres ouvrages comparés, celui-ci est tout de même bon !
Commenter  J’apprécie          42
Sans doute le plus émouvant des romans d'Ursula K. Le Guin que j'ai lu.

Cette amitié inscrite dans la vie, prolongée dans le rêve, ce héros-Dieu qui voit son ami aller vers sa mort qu'il a lui même provoquée m'ont tiré des larmes.

On reconnaîtra qu'Avatar est une bien pâle copie de ce roman empli de temps du rêve aborigène et de guerre du Vietnam…

Magnifique et plein d'espoir comme souvent.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (306) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4908 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}