AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
La Découverte (14/01/2016)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Regardons autour de nous. À quoi ressemble notre monde, sinon à un continuum fonctionnel d’appareils, d’organisations et de managers ?
Depuis un siècle, tandis que la critique vilipendait le capitalisme et l’État, la gestion, subrepticement, s’est immiscée partout. Ainsi manageons-nous aujourd’hui les entreprises et leurs salariés, certes, mais aussi les écoles, les hôpitaux, les villes, la nature, les enfants, les émotions, les désirs, etc. La rationalité ma... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Le maniement des hommes - Essais sur la rationalité managérialeVoir plus
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Loin de nous rendre égaux, le management nous rend interchangeables, facilitant notre mise en concurrence et, si besoin, notre remplacement par des automates. Loin de nous rendre libres, il réduit davantage encore la distance psychique et physique qui nous sépare des dispositifs de domination. En décentralisant ceux-ci jusqu'à les loger en notre être même, le pouvoir managérial exercé par les entreprises, et notamment par les plus grandes, peut nous faire croire que nous formons une communauté démocratique de producteurs-consommateurs autogouvernés. Mais les chefs n'ont pas disparu; ils se nichent à l'intérieur de nous-mêmes ou dans notre environnement immédiat. Chaque médiation managériale entre nous et nous-mêmes favorise notre instrumentalisation par d'autres. Le simple fait de nous autoquantifier nosu rend perméables aux logiques et aux atrangements marchands et techniques. Loin de faire corps sans médiation avec un mnde ouvert, d'entrer en résonance avec notre être profond, de penser par nous-mêmes ou d'être les créateurs nietzchéens de notre destin, nous nous cantonnons de plus en plus à des surfaces, des contingences, des séquences préfabriquées et des rôles codifiés. Notre vie précuite et précuisinée, sorte d'équivalent existentiel du plat préparé, nous sommes souvent cantonnés à la répétition de routines préécrites. Notre monde et nos existences sont vides, sans extériorité, sans sacré, sans beauté, sans inconnu, insignifiants. MAis au moins ont-ils l'air sous contrôle.
Commenter  J’apprécie          50
Tandis que l’entreprise devient notre parangon institutionnel, le management imprègne de plus en plus nos manières d'interagir avec le monde, avec les autres et avec nous-mêmes, qu'il s'agisse de connaitre, d’approuver, de croire ou de gouverner. Nous passons notre vie à gérer et à être gérés, que ce soit sur les bancs de l'école, en famille, au travail, dans les transports, dans les parcs d'attractions ou sur les terrains de sport. Notre psyché, nos comportements et notre corps sont mesurés, régulés, arrangés, motivés et évalués, non moins que nos appétits, notre culture, notre environnement, nos appareils technologiques, notre cholestérol, nos douleurs ou notre stress. La gestion est devenue la forme privilégiée de notre action sur le monde [...]. D'un être, d'un objet ou d'un phénomène que nous souhaitons maitriser, nous disons qu'il est gérable, et cela semble suffire à nous en rendre maitre. A des sociétés occidentales souffrant d'impuissance, le management promet contrôle et performance.
Commenter  J’apprécie          10
D'un côté, l'industrie fait référence à la disposition individuelle vis-à-vis d'une tâche et aux qualités de la personne qui agit: son habileté, sa dextérité, sa maîtrise, son intelligence, son ingéniosité, son assiduité, sa diligence et sa propension à se montrer dure à la tâche. D'un autre côté, l'efficacité concerne essentiellement la production d'effets exogènes et, partant, plus aisément comptables. Tandis que seul l'individu peut se montrer industrieux, des choses, des gestes et des méthodes peuvent être efficaces. Il n'est plus question de travailler sur soi, de satisfaire à un impératif moral en s'investissant dans une tâche, mais de soumettre son activité aux contraintes d'arrangements matériels et normatifs. Il ne s'agit plus de restaurer ou de maintenir un équilibre, mais de tendre vers un inatteignable maximum.
Commenter  J’apprécie          10
Votre vie ne saurait être le résultat d'une lente maturation naturelle ou d'une addition d'acquis. Préférez l'artificialité contrôlable à l'authentique et au spontané. Ce n'est pas un art mi-traditionnel mi-intuitif que d'élever ses enfants, se faire des amis, ou "entretenir" son couple; ce sont des tâches standardisées que vous pouvez apprendre auprès d'experts certifiés. Au moyen d'exercices physiques réguliers, d'un suivi médical personnalisé, d'un régime calibré, d'un conditionnement psychologique continu et de diverses substances chimiques, vous pouvez organiser votre corps, votre visage, vos habitudes, vos rythmes quotidiens, votre personnalité, votre humeur, vos manières ou encore vos goûts. Après quoi, interagir avec le monde reviendra à exécuter des suites de scripts devant déclencher les réponses prévues.
Commenter  J’apprécie          10
Après la Seconde Guerre mondiale, le statut, la sociabilité, la sensibilité démocratique, le sentiment d'accomplissement ou encore le stress deviennent eux aussi mesurables et manipulables aux fins d'une efficacité accrue des travailleurs. A ces variables ont été ajoutées, depuis, les capacités individuelles à animer, participer, négocier, convaincre, proposer, déléguer, créer une ambiance, socialiser, positiver, stimuler les initiatives, tenir une équipe en mains, changer, innover, motiver, mais aussi à être autonome, attentif, flexible, disponible, motivé, concentré, constructif, entreprenant et optimiste.
Commenter  J’apprécie          10

Lire un extrait
Videos de Thibault Le Texier (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thibault Le Texier
Conduite en 1971 par le professeur Philip Zimbardo, l?« expérience de Stanford sur la prison » a vu vingt-deux étudiants volontaires jouer les rôles de gardiens et de prisonniers au sein d?une fausse prison installée dans l?université Stanford. L?expérience devait durer deux semaines mais elle fut arrêtée au bout de six jours, résume Zimbardo, car « les gardiens se montrèrent brutaux et souvent sadiques et les prisonniers, après une tentative de rébellion, dociles et accommodants, même si la moitié d?entre eux furent si perturbés psychologiquement qu?ils durent être libérés plus tôt que prévu ». Devenue presque aussi célèbre que l?expérience de Stanley Milgram sur l?obéissance et souvent citée en exemple de l?influence des situations sur nos comportements, l?expérience de Stanford est pourtant plus proche du cinéma que de la science : ses conclusions ont été écrites à l?avance, son protocole n?avait rien de scientifique, son déroulement a été constamment manipulé et ses résultats ont été interprétés de manière biaisée. Rassemblant archives et entretiens inédits, Thibault le Texier mène une enquête haletante sur l?une des plus grandes supercheries scientifiques du XXe siècle, entre rivalités académiques, contre-culture et déploiement du complexe militaro-industrialo-universitaire.
« Histoire d'un mensonge. Enquête sur l'expérience de Stanford » de Tibault le Texier Éditions Zones, avril 2018 ?? http://www.editions-zones.fr/spip.php?article180011
Photographies © Chuck Painter, Stanford News Service
Musique © Big Blood, « Run », Phrase! Records, 2011
+ Lire la suite
autres livres classés : essaiVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}