Avec
le Gibier, Lebel s'initie au jeu de la complexité.
Exit les aventures de Mehrlicht. Ce sacré flic et les romans dont il était le personnage principal, étaient des bons moments.
Mais là, Nicolas change de braquet.
Et il envoie ! Qui a dit que Machiavel était roux ?
Je jette pêle-mêle, un flic dépassé, secondé par une adjointe au caractère trempé, à savoir Paul Starski, Starski avec un « i » et Yvonne Chen. Des chapitres ouvrant sur des règles de la chasse, à croire que le lecteur est
le gibier. Les corps d'un flic marseillais à la dérive et d'un homme d'affaires sud-africain derrière une porte parisienne, le tout entre de relents d'apartheid, des histoires de gros sous pharmaceutiques, les Furies, un divorce et le son du Cor !
Ah, j'oubliais, il y a aussi une coupable toute trouvée en la personne de Chloé de Talense, l'ancienne petite amie de Starski, biologiste, héritière.
L'auteur malmène ses personnages comme ses lecteurs. Tout tourne autour de ce trio, Paul, Chloé, Yvonne. On doute. On aimerait avoir une once d'affection pour eux. Mais l'intrigue nous amène à d'autres choix. Pétrie de jeux de piste, de faux-semblants, de fausses pistes, cette chasse pourrait perdre le lecteur qui saute d' hypothèses en conjonctures. Il n'en est rien.
De toute manière c'est trop tard.
le Gibier que nous sommes est déjà mort. Il ne le sait pas encore. le lecteur a cédé à l'addiction. le suspense est là, l'envie d'aller au bout également.
Et tout s'enchevêtre.
Une couche d'histoire avec un H car un roman n'empêche pas d'être intelligent. Ce n'est pas une première chez Nicolas. Et c'est toujours agréable de se sentir un peu dégourdi du bulbe.
Une couche de cynisme, une dose d'humour car on ne va pas se priver. Faudrait pas être trop sérieux non plus et gâcher notre plaisir.
La patte de l'auteur est bien présente, l'enthousiasme aussi. Ce bouquin se dévore.
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