Le 4 juin 2002, le Brésil efface la Belgique de la Coupe du monde au Japon.
Le lendemain,
Michel Lecomte, envoyé spécial de la RTBF, visite le Mémorial érigé à Kobé, en mémoire du tremblement de terre de 1995 ; 6400 personnes y ont perdu la vie.
Un vrai drame, écrit le visiteur bouleversé, comparé à l'élimination des Diables rouges. Les pendules sont remises à l'heure.
Celui qui devient rédac'chef des sports à La Radio-télévision belge de la
Fédération Wallonie-Bruxelles en 2003 s'est efforcé de garder les pieds sur terre au sein de la sphère du sport spectacle. Quarante ans de journalisme sportif lui ont appris le sens de la mesure, recherche d'équilibre entre divertissement populaire, vecteur d'intégration sociale et machine à sous. La retransmission d'un grand match de foot frôle les 90% d'audience, un motif de fierté pour le service public, champion des audiences sportives.
Le petit Lecomte (deviendra grand) naît à la campagne. Ses mini-récits commencent avec l'enfance et l'adolescence en terre condruzienne, non loin de Namur, où maintenant, le retraité Michel, contemple la Meuse avec émotion au petit matin. Ses « arrêts » stoppent sur des histoires de famille et sur un message d'amour, délivré par un ami collègue, sur le plateau du JT de 19 heures 30, alors que sa fille vient de périr dans l'attentat du métro Maelbeek, le 22 mars 2016 : « Il faut de l'amour, de l'amour pour faire un autre monde ».
La boucle est bouclée après tant d'interviews, de rencontres, de reportages, de commentaires, de présentation, de négociations, d'arbitrages. Même s'il a une préférence pour le ballon rond, Los Contos - comme Roger laboureur le surnommait -, compte
Justine Henin et
Eddy Merckx parmi ses amis. Il a navigué avec Éric
Tabarly, décroché les confidences de
Florence Arthaud, invité
Lilian Thuram, ambassadeur de la lutte contre le racisme.
Il a également réuni un ministre gravement malade (
Philippe Maystadt) et l'entraîneur de son club de prédilection (
Felice Mazzù), rencontre inattendue, moment unique, du centre d'entrainement de Marcinelle à la solitude du ministre dans les couloirs du Kremlin, après avoir refusé un prêt à Poutine.
Michel aime l'action, l'innovation. Il a modernisé le sport à la télé, a lancé Mexigoal en 1984, abordant la Coupe du monde de foot sur un ton plus léger, mélange d'information et de détente. Puis ce fut La Tribune, en duo animateur, large plateau où la parole est libre et franche. On peut tout dire à condition que les faits soient avérés et de respecter les personnes.
Le patron préfère la jouer collective, cultive l'esprit d'équipe avec une rédaction parfois difficile à mener. le « coach » privilégie alors la négociation au conflit. Cette politique constitue un atout lorsqu'il est appelé à parlementer pour obtenir les droits de diffusion de grandes compétitions. le marché belge francophone pèse léger, il faut négocier finement, exercice prisé par l'auteur.
Portraits, anecdotes, évolution du métier, mises en garde, recul sur la profession, servis par une plume vivante, parlante, lucide sur les effets pervers de la rançon de la gloire, même modeste.
Michel Lecomte aime semer des citations d'auteurs, repères dans un monde changeant, complexe à intégrer en gardant un cap. Mon ex-collègue, ami au vol, a assuré, avec tolérance, humanisme et optimisme comme fidèles boussoles, pointées sur un amour passionné du métier.