En douce

En Douce de Marin Ledun est un roman noir qui traite du déclassement, de l'échec social et de l'injustice. L'auteur fait comprendre au lecteur, les sentiments qui habitent Emilie, victime d'un accident qui a bouleversé sa vie et son corps. La vengeance peut-elle lui redonner l'impression qu'elle contrôle à nouveau sa vie et son corps ? Celui qui a provoqué son accident n'est-il pas lui aussi une victime du sort ? Il faut lire le roman pour comprendre grâce aux flashbacks les causes de cet accident et ses conséquences et découvrir les formes que prendront la vengeance d'Emilie.
Je ne connaissais pas cet auteur et je suis novice en matière de roman noir, mais je pense m'y replonger très vite !

Ce roman m'a souvent agacé, il a aussi suscité mon intérêt dans les scènes d'action ou de tension psychologique. Pour ce genre là, Marin Ledun est un maître. D'ailleurs j'avais beaucoup aimé "L'homme qui a vu l'homme". Mais le récit du mal-être de Emilie, cet apitoiement sur soi-même, l'incohérence de ses réactions, la longueur de cette litanie, ce fut assez pénible. Même si le roman est court, j'ai mis longtemps à le boucler. La fin m'a un peu réconcilié avec l'auteur, puisque je trouve qu'elle donne une explication à tant de déraison.

Un thriller qui m'a un peu laissée sur ma faim...

En effet Marin Ledun explore la psychologie de son héroïne, ses motivations, comment en est-elle arrivé à kidnapper un homme et lui tirer une balle dans la jambe, c'est ce qui fait l'intérêt de son roman.

Mais dès que l'on sort des flash-back et que l'on revient à l'instant présent, on patine, il ne se passe rien. Les dialogues n'apportent pas d'information, l'héroïne tourne en rond, maltraite son prisonnier, le soigne. le problème c'est que j'ai vraiment eu l'impression que l'héroïne -et par conséquent l'auteur- ne savait pas où elle voulait aller et c'était assez ennuyant.

Bref, cela reste un roman intéressant pour l'aspect psychologique mais il manquait un petit quelque chose pour être vraiment convaincue.

A priori le lecteur pourrait penser que cette histoire est une banale vengeance. ça serait une erreur car si Emilie a enlevé Simon ce n'est pas seulement pour lui faire payer le fait qu'elle a perdu sa jambe dans un accident de voiture dans lequel il était impliqué.

Marin Ledun enferme ses personnages dans un huit clos, où parfois même les mots ne servent à rien.
Emilie et ses pensées emplissent les pages, face la vie ordinaire de Simon. Et c'est toute la société qui est remise en cause par la jeune femme, tout ce qu'elle et pourquoi.

Si l'écriture de l'auteur colle parfaitement avec ce qu'il veut faire rejaillir dans l'esprit du lecteur, il y manque pour ma part une véritable émotion. A aucun moment je n'ai été en phase avec ce couple improbable. Et c'est dommage parce que si ce livre se lit rapidement, il ne laisse aucune trace dans mon esprit.
Je ne suis pas déçue pour autant, je dirais que c'est un rendez-vous manqué et que les suivants seront peut-être plus probants. J'ai encore dans ma réserve quelques livre de Marin Ledun a découvrir.

Je souligne aussi la beauté de la couverture, les éditions ombres noires font souvent le bon choix en la matière.

Attention, âmes sensibles, ce livre de Marin Ledun peut entraîner des peurs incontrôlées : crise de claustrophobie par exemple. Attention, la vengeance est un plat qui paraît-il se mange froid. Il ne faut pas non plus se fier aux premières impressions ou aux secondes d'ailleurs. Emilie est une accidentée de la vie et décide de se venger et elle ne le fera pas à moitié et sûrement pas « en douce », comme aurait pu le suggérer le titre. J'avais lu et apprécié « l'homme qui avait vu l'homme » et avait aimé le climat politique du roman. Dans celui-ci j'ai été moins intéressée et, même si la lecture est oppressante et captivante, je n'ai pas été autant emballée. Un polar de stature classique bien que les personnages et les lieux soient atypiques. Une accidentée de la route, avec une jambe-prothèse, un taiseux solitaire, qui vit dans les bois, un chenil perdu dans la forêt.. Mais tout de même une impression de déjà lu..

Simon Diez repère, lors d'une soirée, une jeune femme, Émilie. Elle est très entreprenante et arrive à se faire raccompagner chez elle, une petite maison située dans le chenil où elle travaille. Simon est plus ou moins sous le charme, jusqu'à ce qu'Émilie lui tire dessus. La jeune femme révèle alors les secrets de sa vie et les raisons de son geste.
Les deux premiers chapitres sont saisissants. En quelques pages, Marin Ledun parvient à présenter ses deux protagonistes, à les ancrer dans un décor essentiel et créer un rebondissement inattendu. le lecteur ne peut se poser qu'une seule question : « Pourquoi? ». Cette écriture vive et précise est alors complètement bousculée. le virage proposé par l'auteur est très intéressant car il ne va pas du tout énumérer des faits et des justifications mais tenter d'approcher l'insondable. le livre est un portrait psychologique et sentimental d'Émilie. Cette jeune femme, marquée par un accident de la route, a mené une vie dans laquelle tous les morceaux ne se relient pas. Ces fêlures expliquent son geste violent vis-à-vis de Simon. C'est le silence, l'absence de raisons explicites qui permettent de comprendre cette femme. Ce choix narratif permet une grande participation du lecteur qui scrute alors les errements d'Émilie. A cela s'ajoutent de nombreuses précisions sur le corps meurtri d'Émilie. L'auteur interroge les marques de la vie. Toutefois, la suprématie de cette jeune femme écrase les autres personnages et le roman souffre de quelques longueurs. En déroulant le fil d'une vie, les aléas d'un chemin marin Ledun met en scène une véritable émotion qui explose grâce à une fin crédible et sensible.
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