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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chronique de serial lectrice : le petit avis de Kris pour Collectif Polar
Un sacré roman qui a du demander à l'auteur de sacrées recherches !
Il a creusé les circuits, légaux ou non, du produit qui rapporte certainement le plus au monde, le tabac !
Il y a la mafia et puis il y a Big Tobacco (mais peut être sont-ce les mêmes) tentaculaire société de tabac qui étend son emprise sur l'Europe entière.
On retrouve la grande mascarade des avis scientifiques…. ça rappelle des choses, enfin, plutôt actuelles, les avis scientifiques qui varient du pour au contre sans trop d'états d'âmes.
Le double jeu des puissants, les hommes de l'ombre qui gravitent, les lobbyistes, (ça vous parle ?) les pubs plus ou moins mensongères, les consultants plus ou moins nets qui couvrent les arrières des premiers et la contrebande organisée.
L'OPJ Simon Nora est tenace, une enquête qui s'étalera pratiquement sur 2 décennies, un vrai travail de fourmi.
Je vous laisse deviner la fin ou mieux la lire !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Un excellent roman noir qui dénonce la collusion entre l'État et l'industrie du tabac Beaucoup de lecteurs ont comparé l'auteur à Don Winslow. Pour ma part, je songe plutôt à Dominique Manotti et ses romans sur la criminalité en col blanc. le roman est extrêmement long et certaines scènes auraient pu être éludées. Pour le reste, c'est un roman à recommander à tous les amoureux du noir.
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Alors, oui, comme le disent le plupart des commentateurs, c'est un super roman sur le monde merveilleusement pourri de la nicotine et de l'industrie du tabac, et mine de rien, sans tomber dans le documentaire, le roman nous apprend pas mal de choses sur les tenants et les aboutissants de l'histoire récente du commerce de la clope. Mais surtout, surtout, au-delà de cet arrière-plan pertinent, intéressant, engagé, il y a un roman qui sait vous emporter au fil de son histoire, de ses personnages bien campés, des scènes d'action qui relancent l'intrigue et la pimentent. Vraiment un super bon polar, et désormais en poche, donc profitez-en sans retenue (que vous soyez fumeur, abstinent depuis peu ou non fumeur invétéré !!).
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Plonger le lecteur dans le monde de l'industrie du tabac en mettant en fiction les stratégies de manipulation organisées par une armée de lobbyistes tout en décortiquant un système totalement métastasée par la corruption et des liens mafieux ... Une gageure car cet univers repose entièrement sur la maitrise de l'opacité , met en branle des enjeux très complexes dépassant l'univers industriel pour embrasser le politique, bref du « pas très romanesque » pour un auteur de thriller.

Marin Ledun a bien fait de se montrer téméraire et ambitieux. Il nous offre un roman-fleuve très convaincant qui démarre en 1986. Pas un hasard, les permissives années 1980 marquent une bascule avec la montée en puissance de préoccupations sanitaires ( la loi Evin se prépare dans les esprits ) obligeant les cigarettiers à renouveler leur discours pour continuer à vendre grâce un marketing cyniquement adaptable. La scène inaugurale, pied au plancher, est celle d'un braquage au Havre de deux camions citernes remplis d'ammoniac ( intrant indispensable à la fabrication des cigarettes, favorisant l'absorption de la nicotine et augmentant ainsi les risques de dépendance ). Bilan : sept cadavres, une jeune femme disparue ( la petite amie d'un des chauffeurs abattus ).

L'intrigue, tentaculaire, se déploie sur une vingtaine d'années, de la France à la Serbie sur la route du tabac clandestin. J'ai été totalement embarquée dans cette fiction qui colle de très près à la réalité grâce à un travail documentaire sous-jacent incroyablement précis. La lecture, très dense et exigeante, demande un effort de concentration pour suivre le fil de l'enquête policière sur une vingtaine d'années. Rien
n'est mâché. Marin Ledun ne donne jamais toutes les clefs d'explication. Il maitrise avec brio des ellipses temporelles qui enjambent le récit ( ici les années 1990 ) tout en pointant des événements historiques fondateurs comme marqueurs contextuels, sans pour autant que n'apparaissent un lien intuitif avec l'enquête. En fait deux enquêtes qui se rejoignent dans le dernier tiers.

Forcément, pour incarner un tel récit il fallait le bon casting. Chaque personnage incarne un stéréotype mais la longueur du récit leur permet de s'en échapper. Tous solidement charpentés sans que pour autant l'auteur ne donne accès à leur parcours psychologique. Tous sont des êtres agissants ; c'est dans leurs actions et leurs paroles que le lecteur se forgent son opinion sur eux.

Face à l'impunité des cigarettiers et de leurs sbires, les deux flics incarnent notre bonne conscience et notamment l'officier de la brigade financière Nora : l'incorruptible méticuleux qui épluche obsessionnellement tous les comptes pour remonter les pistes. de l'autre côté, il y a entre autres le salaud, le criminel en col blanc, cocaïnomane et violent : le lobbyiste Bartels. Les plus intéressants sont à mon sens Valentina et Muller. Valentina, la maquerelle qui utilise son agence d'umbrella girls pour corrompre milieux sportifs et politiques ; celle qui a décidé de croire au mythe de la femme forte pour se faire une place de lionne mais qui est tout aussi victime que ses filles. Et surtout Muller, le tueur mercenaire au service de Bartels, celui qui au tout début du roman prend une décision qui semble anodine et qui va accélérer le dénouement.

Un thriller politique palpitant qui m'a fait penser à La Griffe du chien de Don Winslow ( sur le trafic de cocaïne et les cartels ). D'autant plus intéressant que la déconstruction du récit imaginaire, vieux de plus d'un siècle par les cigarettiers, se fait sans manichéisme tout en faisant réfléchir puissamment sur les mécanismes d'influence de l'industrie du tabac. Très sombre au final et glaçant.
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Leur âme au diable
de Marin Ledun

Chronique de Bruno Delaroque

J'ai mis plus de temps pour lire ce roman que les cinq jours que je m'étais donné au départ et je vais vous dire pourquoi. Ce dernier titre de Marin Ledun, 600 pages quand même, est complexe, dense et très documenté. Impossible de le lire d'une traite, facilement, sans ralentir quelquefois et digérer la masse d'informations contenues dans le bouquin. Cette enquête dans les coulisses de l'industrie du tabac est monstrueuse.

Tout ce que l'on a jamais su, vu ou supposé, l'auteur le décortique, l'explique et le porte à notre connaissance de façon romancée et efficace. Cette fiction puisqu'il semble bien que ça en soit une, est quand même très troublante de vérité et je suis certain que « Leur âme au diable » (quel beau titre !), doit certainement provoquer quelques remous auprès de ces Messieurs, bons pères de famille, hommes d'affaires ou politiques très connus !

En réalité, un panier de fonctionnaires et mercenaires corrompus qui se vendent au plus offrant, et surtout au lobby surpuissant du Tabac.

Ce bouquin est EPATANT !

E comme Embrouilles
P comme Pourris
A comme Ammoniac
T comme Trafic
A comme Anton Muller
N comme Nora Simon
T comme Tobacco.G European

Nous sommes le 28 juillet 1986, du côté du Havre et deux camions-citernes chargés d'ammoniac liquide jusqu'à la gueule destiné à une usine de cigarettes se font attaquer. le braquage tourne mal et laisse sept cadavres ! Début de l'intrigue, entrée en scène des personnages principaux, adrénaline et opacité garantie.

C'est à une enquête longue que nous convie le romancier. Elle va se dérouler sur près de 20 ans, à un rythme parfois lent, parfois exténuant. Elle va nous faire plonger dans un monde incroyable fait de stupre, de jolie filles, d'agences de com, d'experts arrosés, de politiciens approchés, de mafias diverses.... ; et dans la vie folle et hors du commun d'un lobbyiste nommé David Bartels. Un spécialiste taille XXXL des jeux de pouvoir, d'argent et de séductions dolosives. Un caméléon doué dans l'art de la langue de bois, des apparences de façade, manipulateur hors pair et n'ayant aucune limite pour assouvir son emprise.

Cette investigation et traque de tous les instants est celle de Simon Nora et de Patrick Brun, deux OPJ ayant foi en leur profession et n'ayant pas peur de s'attaquer à l'Everest avec finalement assez peu de moyens !

En 1986. François Mitterrand est Président de la république et Jacques Chirac, Premier Ministre. TF1 va être privatisé, de nouvelles chaînes voient le jour et il va y avoir du pognon à se faire pour les cigarettiers. Entre publicités légales, lobbying et plus, tout le monde est prêt à tout pour ouvrir les vannes du dieu « Argent » et prendre encore plus sa part.

Mais 86 est aussi l'année ou on commence à s'attaquer au tabac et aux fumeurs.

Beaucoup de travail pour David Bartels qui intrigue à tous les niveaux, jusqu'aux plus haut sommet des états, des industriels, du monde du spectacle et de la petite lucarne.

Voilà pour le cadre très riche de ce nouveau titre de Marin Ledun. Mais résumer le propos à ce que je viens de vous livrer serait faire injure à un auteur qui a fait un boulot de dingue pour nous livrer un tel récit ! Je ne sais pas combien de temps on peut mettre pour rassembler la documentation et écrire ce genre d'ouvrage, mais ça ne se fait pas tout seul !

L'auteur replace l'enquête dans l'histoire récente en évoquant les événement marquants des années 1986 à 2007. C'est très astucieux, et là aussi c'est un travail considérable : L'attentat chez Tati, les otages français du Liban, Tchernobyl, le décès de Balavoine et Sabine, le sida, la disparition de Dalida, les sorties verbales de JM le Pen, la chute du Mur, le 11 septembre 2001 etc etc....Radiographie d'une époque et de ses drames, sans porter de jugements, pendant que dans l'ombre, on fait tout pour vendre de la clope !

Les politiques français de kouchner à Santini, et vous verrez qu'ils apparaissent presque tous dans ce scénario, ne sont pas épargnés et traversent l'histoire de leur fort « grande honnêteté » (c'est de l'humour noir) au mieux, de leur complaisance au pire......

Ce livre est comme un Cornas « La Geynale » de chez Vincent Paris. Il faut du temps ; du temps pour le lire et du temps pour le décrypter sur plusieurs niveaux, pour le laisser évoluer et arriver à maturité.

Simon Nora devra aussi prendre son temps, contraint et forcé par les événements qui ne tournent pas dans le bon sens, face aux indices qui s'évaporent. Chaque piste se tarit et mène à un mur. Mais patiemment, il s'accroche et persévère, insiste, gratte, recoupe et fouille jusqu'à ce qu'il trouve un fil sur lequel tirer : Monsieur X ».

Un grand coup de chapeau à Marin Ledun pour cette oeuvre colossale, qui raconte sur près d'une bonne vingtaine d'année comment les lobbys du tabacs ont oeuvré pour enfumer tout le monde et écouler clopes et tabac. Il nous rappelle en même temps la folle histoire du monde et de certains de ses hommes prêts à tout pour un peu plus de pouvoir et d'argent !

MONSTRUEUX !
Lien : https://www.whoozone.com
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Enquête sur les empoisonneurs ou visite sur les coulisses de l'économie libérale, goût Hayek/Friedman sous forme d'un polar documenté et culotté. Avec la description d'une police chargée d'une mission impossible, traquer la fraude et protéger les fraudeurs. La corruption, l'opacité bancaire et les liens avec le crime organisé sont les lubrifiants nécessaires à la marche des affaires. Et la morale et le bien publique sont antinomiques avec la gestion d'un secteur industriel. La précision historique impressionne et fait remonter beaucoup de souvenirs. Les politiques se voient couvrir de merde, en particulier Kouchner qui a droit a deux couches.
La narration est plaisante et vive, sans temps mort. Une fausse note, page 559, l'emploi d'un 38 mm, — diamètre d'un canon anti-char —, pour liquider un méchant. Ne pouvant pas accuser le traducteur, on imputera l'erreur à la pingrerie de l'éditeur pour les correcteurs.
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Plonger dans un roman de Marin LEDUN, c'est être certain de passer de belles heures intelligentes de lecture. Chaque roman est différent et surprenant.

Celui-ci est hyper bien documenté et m'a plongé dans les années 80 au milieu des requins de Big Tobacco.

L'histoire commence le 28 juillet 1986 par le braquage, au Havre, de deux camions-citernes remplis d'ammoniac liquide destiné à une usine de cigarettes. 24 000 litres envolés, sept cadavres, une jeune femme disparue.

Les OPJ Nora et Brun enquêtent. Vingt ans durant, des usines serbes aux travées de l'Assemblée nationale, des circuits mafieux italiens aux cabinets de consulting parisiens, ils vont traquer ceux dont le métier est de corrompre, manipuler, contourner les obstacles au fonctionnement de la machine à cash des cigarettiers.

David Bartels, le lobbyiste mégalomane qui intrigue pour amener politiques et hauts fonctionnaires à servir les intérêts de European G. Tobacco. Anton Muller, son homme de main, exécuteur des basses oeuvres. Sophie Calder, proxénète à la tête d'une société d'évènementiel sportif.

Des personnages haut en couleur et plus vrais que nature, prêt à tout pour vendre leur produit.

J'ai aimé que l'auteur me parle d'hommes ambitieux, de leurs petites mains, et de ceux qui veulent les faire tomber.

J'ai aimé le combat de David contre Goliath.

J'ai aimé le travail en commun de Bartles et Sophie qui ne manquent pas d'idées pour sponsoriser les courses de voitures (Grand Prix de F1 et ses ambrella girls) et ainsi faire de la publicité pour Big Tobacco.

Le style un peu direct m'a parfois dérangé, j'aurai préféré que certaines phrases soient plus longues pour développer le propos. Mais chaque chapitre décrit une journée au fil des 20 ans de l'enquête de Nora, et doit résumer ce qu'il s'est passé entre chaque chapitre. Un vrai tour de force qui ne perd jamais le lecteur.

Quelques citations :

Ses collègues de l'Office Européen de Lutte Antifraude à Bruxelles l'ont surnommé Virginia Wolf, en référence à la célèbre écrivaine anglaise, parce qu'il passe ses journées à noircir des feuilles de papier de notes comme un moine copiste. Virginia, comme la variété de tabac privilégiée de la firme European G. Tobacco. Wolf parce qu'ils l'imaginent hurlant à la mort, les nuits de pleine lune, du haut de la tour OLAF. (p.398)

C'est même l'un des traits caractéristiques de la torture moderne, monsieur Rojas : la victime se l'inflige à elle-même. (p.441)

C'est l'invention de ces dix dernières années. Après le marketing du plaisir immédiat, nous sommes entrés dans l'ère de la menace. (p.442)

L'image que je retiendrai :

Celle des pièces enfumées des années 80 et qui ont complétement disparu de nos jours. Je ne m'en plains pas….
Lien : https://alexmotamots.fr/leur..
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Bonsoir mes amis,
Avez- vous découvert Leur âme au diable de Marin Ledun ?Non ?
C'est un coup de coeur pour moi ! Marin Ledun, je l'ai rencontré dans une librairie de ma ville. C'est un auteur super sympa. Son dernier roman est un énorme coup de coeur ! Après vingt ans d'enquêtes , nous voici plongés dans l'industrie du tabac.
Ce roman est tellement bien construit , bien documenté que je me suis laissée transportée.
Comme Marin Ledun sait bien écrire.. Tous les événements autour de la cigarette s'enchainent. L'auteur va beaucoup plus loin: des faits historiques , le pouvoir des politiciens, la contre bande , la prostitution , la contre façon , la mafia , les meurtres. Bref , avec le tabac , tout le monde s'en met plein les poches !
Allez , vous avez un moment ? Foncez !
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Durant cette période de pandémie on a pu lire quelques articles de presse faisant état d'une étude scientifique soutenant le fait que les fumeurs étaient moins affectés par le SARS Cov2 sans en expliquer d'ailleurs les raisons. Désormais, ce n'est pas tant le contenu de cette étude qui est sujet à caution mais le fait que les chercheurs qui l'ont rédigée aient des lien étroits avec l'industrie du tabac et qu'ils se sont bien gardés de signaler, raison pour laquelle ces publications ont été retirées alors même que les résultats étaient remis en cause. On mesure ainsi toute l'ampleur de la sphère d'influence des cigarettiers afin d'écouler sans vergogne leurs produits, un sujet que Marin Ledun aborde avec son dernier ouvrage, Leur Ame Au Diable, qui évoque, sur l'espace de deux décennies, les dérives de l'industrie du tabac en abordant également les thèmes de la contrebande et du trafic d'influence au détour d'une époustouflante fresque noire.


28 juillet 1986, région du Havre. le braquage spectaculaire de deux camions-citernes tourne au massacre avec la mort de sept hommes et la disparition de 24'000 litres d'ammoniac destinés à une usine de cigarettes. Si l'enquête échoit à la brigade criminelle, l'inspecteur Simon Nora, affecté à la brigade financière, va investiguer dans le milieu des cigarettiers et de leurs fournisseurs pour analyser les données comptables de ces entreprises. L'OPJ Patrick Brun, lui est chargé d'enquêter sur la disparition d'une jeune femme, Hélène Thomas, dont les parents n'ont plus de nouvelles depuis plusieurs semaines. Deux enquêtes en apparence sans lien convergeant vers l'inquiétant lobbyiste David Bartels qui assoit son influence sur les politiciens et hauts fonctionnaires de la République pour le compte d'European G. Tobacco. Sur fond de trafic d'influence, de proxénétisme et de contrebande entre les luxueux cabinets de consulting parisiens, la mafia italienne et les pays des Balkans, les deux policiers vont mettre à jour la corruption, la manipulation ainsi que la violence qui s'exerce au sein d'une inquiétante industrie du tabac dénuée de tout scrupule.

D'entrée de jeu, il importe de souligner la scène de braquage magistrale qui fait office d'ouverture du roman en devenant le catalyseur d'un récit dantesque et foisonnant où l'auteur dézingue tout azimut les dérives du business de la nicotine. Précis, glaçant et extrêmement cruel, ce braquage n'est pas sans rappeler le prologue de l'attaque du fourgon blindé d'Underworld USA de James Ellroy. Cette référence n'a rien d'un hasard puisque l'on retrouve l'influence de l'oeuvre d'Ellroy aussi bien dans le style que dans la construction narrative et surtout dans l'intensité des personnages qui traversent l'intrigue. Digéré, assimilé, Marin Ledun transcende son modèle avec une rare maîtrise. Il nous livre ainsi une fresque noire à la fois équilibrée et digeste que l'on lit d'une traite tant le roman tient toutes ses promesses en matière d'intrigues croisées qui nous bousculent au gré des événements réels qui ont marqué la lutte contre le tabac et que cette industrie dévoyée tente de contourner par tous les moyens que ce soit par le biais d'études scientifiques douteuses ou par un lobbyisme effréné que l'auteur décortique avec une rare minutie. L'intérêt du roman réside également dans l'incarnation des frasques d'entreprises peu scrupuleuses conjuguant leurs intérêts financiers sur le dos de la santé publique, ceci au travers d'une galerie de personnages se caractérisant tous par l'excès de leurs traits de caractère. L'histoire s'articule donc autour du lobbyiste mégalomane David Bartels et de son homme de main Anton Muller s'occupant de l'élimination physique des obstacles qui peuvent survenir. En matière d'excès, nous ne sommes pas en reste avec les enquêteurs Patrick Brun et Simon Nora sacrifiant leurs vies privées respectives sur l'autel des investigations qu'ils mènent pour confondre leurs adversaires qui s'ingénient à mettre en place des marchés parallèles de la cigarette pour augmenter leurs profits ou des agences de "modèles" qui vont exercer leurs charmes aussi bien sur les circuits sportifs que dans les "salons cosys" où gravitent politiciens et fonctionnaires de haut rang prenant des décisions en matière de santé publique. C'est l'occasion pour Marin Ledun de dresser de très beaux portraits de femmes qui vont précipiter le destin funeste de certains protagonistes de l'intrigue.

Ainsi Leur Ame Au Diable devient le pavé dans la mare de l'industrie du tabac avec un récit génial, tout en nuance qui nous livre les arcanes d'entreprises bien implantées dans notre société restant peu regardantes en matière d'éthique pour maximiser des profits colossaux sur fond d'accoutumances et de maladies mortelles. Un massacre orchestré et douloureusement silencieux , malgré toutes les mises en garde, que Marin Ledun décline avec une rare justesse.


Marin Ledun : Leur Ame Au Diable. Editions Série Noire 2021.

A lire en écoutant : Whispering de Alex Clare. Album : The Lateness Of The Hour. 2011 Island Records.
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Un bon polar ! Vous saurez tout sur l'industrie du tabac, son marketing spécial, et son imagination sans bornes, ses gros bras capables de tout. Comment vendre un produit dangereux, assurer sa publicité habile et omniprésente dans les loisirs, imaginer des méthodes de vente légales et illégales, se diversifier , se faire concurrence pour gagner toujours plus (par le contrôles des importations illégales et clandestines). Une image à l'opposé des publicités , un milieu toxique et cruel.
Ce qui est amusant est de retrouver nos hommes politiques des années 80 et 90, que tout cela paraît lointain . C'est bien le monde tel qu'on l'a connu, avec certains événements si importants à l'époque sont à présent complètement oubliés.
C'est bien écrit, sans longueur, un style direct amusant.
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