Et pan ! Effectivement , j'aime assez faire le contraire de ce que l'on me demande...Sus à la galinette cendrée desormais !
Plus sérieusement , difficile de tirer a boulet rouge sur un tel livre.
L'histoire se déroule a Maycomb , petite ville de l'Alabama , dans les années 30 . Ville sudiste avec tout ce que cela implique de droits (ou de non droits ) pour la communauté noire y habitant...
Scout , jeune narratrice de ce roman , y vit avec son frere ainé , Jem , sous l'oeil protecteur et bienveillant de leur pere , Atticus Finch , avocat de son état elevant seul sa progéniture depuis le décés de sa femme .
Bouquin d'ambiance s'il en est , incarné par le proces d'un jeune noir , Tom Robinson , accusé d'avoir violé Mayella Ewell , jeune femme blanche au phrasé incertain , à la culture plus que défaillante , à la betise crasse mais surtout à la merci de tous les désirs de son pere , aussi inavouables soient-ils...Ceci tendant à expliquer cela..
Livre découpé en deux parties bien distinctes : tout d'abord , l'auteur y pose les bases de son roman a travers les yeux de sa jeune narratrice . L'on y voit evoluer Scout , jamais bien loin de Jem , frere qu'elle admire et affectionne par dessus tout ainsi que quantité de personnages contribuant a asseoir le climat politique et social de l'époque...A la volée , je pense a Dill , nouveau compagnon de jeu des Finch avec qui ils feront les 400 coups et aupres de qui Scout s'eveillera au sentiment amoureux...
Tante Alexandra , soeur oh combien rigide d'Atticus , aux idées bien arrétées qui légitime le racisme ambiant de l'époque ( mais est-ce que cela a vraiment changé...)au pretexte que la majorité a forcément raison ! Bien trop soucieuse du qu'en dira-t-on..
Cependant , on ne peut lui reprocher le fait d'aimer ses neveu et niece...a sa façon...
Autre personnage dont l'ombre et le mystere planent , faisant ainsi les beaux jours du joyeux trio ( Scout , Jem , Dill ) , Boo Radley . Etre invisible , totalement reclu chez lui , a l'origine de bon nombre de rumeurs le rendant ainsi fascinant au regard de ces trois jeunes vacanciers en mal d'emotions fortes : le but avoué , le voir ne serait-ce qu'une fois par tous les moyens , au moins l'apercevoir ce qui occasionnera bon nombre de situations cocasses et de peurs enfantines..
Miss Maudie , la cinquantaine , femme genereuse aux idées progressistes..
Mrs Dubose , vieille femme acariatre ne perdant pas une occasion de faire la leçon aux Finch sur quelque sujet que ce soit..
Mais Calpurnia , bonne totalement dévouée a la famille Finch , Miss Caroline , jeune institutrice débutante et peu sure d'elle , Mr Ewell , sudiste pur et dur , convaincu de la supériorité de la race blanche malgré une betise d'une profondeur abyssale , viennent également enrichir ce récit , voire le faire évoluer..
Puis il y a Atticus , ce pere épris de justice , bien trop faible avec ses enfants qu'il chérit par dessus tout , et qui sera au centre de toutes les attentions , de tous les coups bas des lors que le bouche à oreille aura fait son office : " comment , vous n'etes pas au courant ? c'est Atticus Finch qui défendra ce negre ! " , avec toutes les retombées personnelles et familiales que l'on imagine...
Deuxieme partie beaucoup plus enlevée : le proces
Enfin quand je dis proces , je pense plutot a simulacre...D'entrée de jeu , l'on sait deja que les dés sont pipés , que les cartes sont faussées..le seul tort de Tom , sa couleur de peau et pour ça , il doit payer ! Il cristallise toutes les peurs , tous les ressentiments..on aura beau dire et beau faire , de toute façon , il doit etre forcément coupable de quelque chose..peut-etre d'exister tout simplement... Les intervenants sont tour à tour truculents , pathétiques...Atticus démonte les arguments des Ewell un par un , posément , sans jamais s'emporter alors qu'il y aurait veritablement de quoi...La vérité creve les yeux mais il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir...
Et que dire du final venant encore reserver son lot de surprises et d'evenements tragiques...
Un tel récit raconté par une petite fille aurait pu etre incroyablement naif , simpliste . Il n'en est rien ! L'écriture est superbe et vous emporte irrémédiablement ! Un superbe conte sur l'enfance , les rapports entre frere et soeur , l'eveil au sentiment amoureux .L'on se rend compte que les mentalités sont tenaces , que les faire évoluer prendra un certain temps à defaut d'un temps certain .. Que la qualité de votre vie ne tient qu'à une chose , votre couleur de peau à la naissance et qu'il ne fait pas bon l'avoir foncée , les Sudistes n'etant pas franchement réputé pour leur acceuil chaleureux ...C'est tour à tour joyeux , triste , tragique , poétique mais cela ne sombre jamais dans le mélo , les bons sentiments . D'entrée de jeu , ce livre , de par son climat social si particulier , son clivage si prononcé , m'a ramené au film oscarisé en 67 " Dans la Chaleur de la Nuit " , avec Sydney Poitiers . Meme ambiance pesante , meme racisme frontal assumé , meme betise humaine ...
A noter qu'il s'agit là du seul et unique ecrit de cet auteur qui , par peur de décevoir et de ne pas répondre aux attentes desormais légitimes de ses lecteurs , concluera ainsi sa courte mais néanmoins bouleversante carriere d'écrivain...
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur vous passera certainement l'envie de rire , le temps d'un récit...