il s'est cru ballotté par les circonstances mais il ne l'est pas. Ce qui nous arrive, nous le fabriquons.
Il y passe son temps à dessiner, toujours de mémoire. Dans les piles de croquis, dans les centaines de carnets qui s’entassent dans le grand salon, on trouve les portraits de tous ceux qu’il a arrêtés, de tous les morts qu’il a vus et sur lesquels il a enquêté, des juges pour qui il a travaillé, des collègues qu’il a croisés, avec une prédilection marquée pour les témoins qu’il a interrogés, ces silhouettes arrivées et reparties, des passants traumatisés, hébétés, des spectateurs catégoriques, des femmes bousculées par les événements, des jeunes filles submergées par l’émotion, des hommes encore fébriles d’avoir frôlé la mort, ils sont quasiment tous là, deux mille croquis, trois mille peut-être, une gigantesque galerie de portraits sans équivalent : le quotidien d’un policier de la Criminelle, interprété par l’artiste qu’il n’est jamais devenu.
- Le jour où tu prendras mes défauts pour des défauts, dit-elle en souriant, il sera temps de tirer le rideau.
Rester sur le seuil et , surtout,bien montrer le fusil.
On n'est pas venu les mains vides.
La hiérarchie sert toujours de recours aux êtres sans imagination.
Alors il pose son verre, s'agenouille, ouvre les gros dossier avec les photos, les rapports, les comptes rendus, les coupures de presse, il doit y avoir là les dernières photos d'Irène.
Il ne cherche pas, ne regarde pas, il enfourne tout cela méthodiquement, par poignées, dans la gueule béante du poêle qui maintenant ronfle paisiblement, vitesse de croisière.
C’est attendre, impuissant, qui m’épuise. Moi, il me faut de l’action. L’oisiveté, ça me rend mauvais. C’était comme ça déjà, plus jeune. Avec l’âge, rien ne s’arrange. Il faudrait mourir jeune.
Elle effectue une vaste rotation autour de son axe majeur : un cul titanesque, babylonien. Hors de toute proportion. La commissaire Michard a, disons, entre quarante et cinquante ans, un visage qui a porté quelques promesses jamais tenues, des cheveux noirs, sans doute assez blancs au naturel, de grandes dents de lapin sur le devant avec, au-dessus, des lunettes rectangulaires qui clament qu'elle est une femme d'autorité, qui a de la poigne. Un caractère dit "bien trempé" (en clair, c'est une emmerdeuse), une intelligence très vive (son pouvoir de nuisance est décuplé) mais avant tout, c'est le plus spectaculaire, ce cul majuscule. d'un volume hallucinant.
Oublier est inévitable.
Mais oublier, ce n'est pas guérir.
[...] de grands pieds, un nez court, des traits un peu grossiers, des fesses très rebondies mais perchées tellement haut. Un cul pour alpiniste.