Citations sur Ces savants qui ont eu raison trop tôt (40)
Avoir raison trop tôt n'est certes pas l'idéal. Mais c'est toujours mieux que d'avoir tort trop tard.
(Rachel Carson)
"Nous vivons dans une ère scientifique, mais nous considérons les sciences comme la prérogative d'une poignée de personnes restant à l'écart, dans la retraite religieuse de leurs laboratoires. Pourtant il n'en est rien. Les choses de la science ne sont autres que les choses de la vie"
Ainsi que l'exprimait Darwin, "en science, le prestige va à l'homme qui convainc le monde, pas à celui à qui est venue l'idée en premier". Avoir raison trop tôt peut tourner au drame de la solitude et de l'oubli.
[A propos de Thomas Gold]
A la fin de sa vie, il travaillait à démontrer l’existence d’êtres vivants à l’intérieur de la croûte terrestre, à plusieurs kilomètres de profondeur. Il considérait que la vie n’était pas apparue sur Terre, mais sous la Terre, et qu’il existait encore des traces de cette origine. Cette hypothèse n’est toujours pas confirmée, mais il a fourni tous les détails dans un article, puis dans un livre publié en 1998, dans lequel il revient aussi sur sa conception de l’origine du pétrole.
Lorsque Arrhenius démontre que l’augmentation de la quantité de CO2 conduit à un réchauffement du climat, l’utilisation des énergies fossiles est encore très faible par comparaison avec notre surconsommation actuelle. En un siècle, elle a été multipliée par cent ! De fait, c’est un peu comme si vous mettiez en évidence le rapport entre la nourriture trop grasse et trop sucrée et l’obésité constatée à la fin du XIXe siècle. La formule est juste, mais cette évidence ne saute aux yeux qu’avec l’apparition des fast-food et des nouvelles habitudes alimentaires.
De la stabilité au chaos, Poincaré explore avec une expérience hors du commun ces nouveaux territoires de la topologie algébrique et de la géométrie non euclidienne. Une trentaine de livres, de la Science et l’Hypothèse (1902) à Science et Méthode (1909) montre l’étendue de son interrogation tous azimuts. « Toutes les branches des mathématiques et de la physique théorique, de la théorie des équations différentielles aux phénomènes de capillarité et d’élasticité, en passant par la logique, la topologie, la théorie des probabilités, l’astronomie, l’option, la théorie de l’électromagnétisme, la thermodynamique, la propagation de la chaleur, etc. » Plutôt que de faire la liste des sujets traités par Poincaré, il serait plus simple de se demander de quoi il n’a pas parlé.
« L’idée sous-jacente à cette conjecture est que les particules de l’Univers heurtent sans cesse des bosons de Higgs, présents dans tout l’espace, ce qui ralentit leurs mouvements comme si elles avaient une masse. Dans ce contexte, dire d’une particule qu’elle est très lourde revient à dire qu’elle interagit fortement avec le boson de Higgs. » On imagine les délires que pourrait provoquer l’utilisation du médiatique boson dans les régimes alimentaires avec ce slogan révolutionnaire : supprimons le boson pour gagner des kilos !
[A propos d'André Bloch]
Quand je l’ai vu, j’ai vu l’homme le plus heureux de la terre. Il avait une cellule de moine, mais on peut être heureux quand on est moine, pourvu qu’on n’ait pas des exigences sexuelles mondaines, gastronomiques ou autres. Il n’était obsédé que par une chose : les mathématiques. Il pouvait acheter les livres de mathématiques qui lui plaisaient et améliorer un peu son ordinaire.
-Henri Cartan, Jacqueline Ferrand, The Mathematical Intelligence-
[La théorie de la panspermie] postule que des formes microscopiques de vie, par exemple les spores des champignons, peuvent se propager dans l’espace, poussées par la pression de radiation du Soleil, et semer la vie d’une planète à l’autre, voire entre systèmes stellaires différents. Ces formes dormantes de microorganismes pourraient donc expliquer l’apparition de la vie sur la Terre et ailleurs. Et le savant résume tout cela, comme souvent, d’une formule à ses yeux évidente : « La matière, l’énergie et la vie n’ont fait que changer de forme et de lieu dans l’espace. »
[A propos de Francesco Redi]
L’homme était poète et fin buveur. On lui doit un fameux Bacchus en Toscane, long poème lyrique dans lequel il fait l’éloge des vins de son pays. […] Mais ce fils de médecin ne taquinait pas que la muse. Il aimait aussi les vers, ceux qui vivent dans les intestins.