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Citations sur La Marquise aux poisons (23)

— Je vins au monde le jour de la Sainte Madeleine, et j’en porte le nom. Je fus appelée au baptême Marie-Madeleine. Ma mère est morte quand j’étais encore petite fille. Je ne me souviens pas d’elle. Son visage a disparu de ma mémoire depuis bien longtemps. J’ai reçu une bonne éducation, mais je n’ai pas été versée dans la religion. Et je vous avouerai que j’ai une certaine méconnaissance des textes sacrés.

16 juillet 1676
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Elle tourna la tête vers le guéridon posé à côté du fauteuil où elle s’était assise. Son verre était vide, lui aussi. Elle ne se rappelait plus ce qu’elle avait bu, entre les diverses liqueurs et le vin, mais son début de migraine lui indiquait qu’elle avait consommé une grande quantité d’alcools différents.
Elle avait pris l’habitude de boire de plus en plus, et à chaque fois, elle avait besoin d’en augmenter les quantités. Au fur et à mesure des verres qu’elle se servait elle-même –elle fermait la porte du salon pour rester seule et ne pas être dérangée – elle buvait très rapidement, comme pressée de voir l’alcool s’insinuer en elle.
Lorsqu’elle avait bu, son état alternait entre des moments d’euphorie intense, où elle se disait qu’elle n’était encore pas mal lotie, qu’il lui restait son titre de marquis, et que Jean-Baptiste finirait par revenir vers elle.
Mais le plus souvent, l’alcool faisait remonter en elle mille et un tourments, le souvenir de son père agonisant, ses dettes monstrueuses et la saisie progressive de tous ses biens par les huissiers. Ainsi que le mépris de Sainte-Croix, qui ne l’avait utilisée que pour s’enrichir, et qui, maintenant qu’elle était ruinée, lui tournait le dos.

Juin 1671
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— Je ne vous parle pas madame, et si vous et votre époux préférez mener une vie de bourgeois cela vous concerne. Vous n’avez, il me semble, aucun droit de me faire la moindre remarque quant à la tenue de ma maison ou mon mode de vie.
— Oh ! Dieu me garde de donner conseil à une coquette qui affiche son indécence en toute impunité et qui néglige son époux et ses enfants.
— Dieu vous garde surtout de ne jamais donner conseil à quiconque ma chère, s’exclama la marquise, car vous n’avez aucun esprit et je pense que le bon sens vous fait défaut. Vous excellez en revanche telle une roturière à manier votre langue de vipère pour sortir des insanités que je ne relèverai pas !

Octobre 1668
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Antoine d’Aubray, le frère aîné de Marie-Madeleine se maria en début d’année avec Marie-Thérèse Mangot de Villarceau, jeune femme d’une vingtaine d’années. Froide et hautaine, elle détesta immédiatement sa belle-sœur. La première fois qu’elle vit la marquise de Brinvilliers, elle la trouva de grande beauté et très spirituelle. Mais quand son époux l’informa de sa vie dissolue, de son train de vie dépensier, de sa liaison avec Sainte-Croix et de la ruine de son ménage, elle se mit aussitôt à la haïr. Si Marie-Thérèse Mangot désapprouvait ce genre d’attitude de la part de sa belle-sœur, elle éprouvait également envers elle une certaine jalousie. En tant que femme, Marie-Madeleine menait une vie plus ou moins libre, loin de l’image de l’épouse pieuse et soumise à son mari. Marie-Thérèse était très attachée à Antoine, et ce mariage d’amour qui comblait les deux jeunes gens représentait à ses yeux la bienveillance de Dieu. Si la marquise formait un si piètre ménage avec Antoine de Brinvilliers, estimait-elle, c’est que le Ciel la punissait pour sa mauvaise conduite.(...)
C’est lors d’une de ces réunions imposées que Marie-Madeleine acheva de se brouiller complètement avec son frère. Le souper s’était pourtant déroulé de manière agréable. La marquise de Brinvilliers, poudrée et maquillée avec soin, remarqua d’emblée l’attitude de sa belle-sœur, sans doute offusquée de la voir si apprêtée pour un souper de famille. Cette dernière, très sèche, était d’ailleurs son exact opposé. Plus jeune de dix ans que la marquise, elle ressemblait pourtant déjà à une vieille femme, engoncée dans une robe noire, qui s’associait à merveille à son visage terne et sans charme.

Octobre 1668
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Madame de Lenclos, après avoir souhaité la bienvenue à ses invités, s’adressa à l’homme qui se tenait à ses côtés :
— Mon ami ici présent, monsieur Jean Racine, prépare une pièce dont l’héroïne est une princesse troyenne, restée fidèle à la mémoire de son époux.
— Andromaque, la femme d’Hector, celui que tua Achille sous les remparts de Troie ? questionna l’un des invités.
— Une grande femme, assurément, dit un autre parmi la foule. — Tout comme notre ravissante hôtesse, dit Jean Racine à l'attention de madame de Lenclos.

Juin 1667
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L’hôtel où résidait Ninon de Lenclos possédait une atmosphère feutrée, très intimiste. Ici, chaque objet paraissait être à sa place, dans ce qui constituait un décor à la fois sobre et raffiné. Un magnifique globe terrestre imprimé trônait dans le salon de réception, et Marie-Madeleine, émerveillée, restait les yeux fixés dessus. Les mers et les continents défilaient devant elle.

Juin 1667
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Chaque jour, de nombreuses dames et gentilshommes se pressaient au salon tenu par Ninon de Lenclos, rue des Tournelles. Belle et intelligente, elle avait défrayé la chronique à de nombreuses reprises, de par ses frasques et ses multiples amants. Marie-Madeleine avait entendu de beaucoup d’histoires à son sujet, mais son salon, qui réunissait pléthore d’hommes de lettres, de musiciens et autres érudits, venait d’ouvrir, et attirait sans cesse une foule privilégiée. Car si cette femme cultivée dérangeait les bigotes par son mode de vie et son refus de rentrer dans les conventions, elle n’en attirait pas moins le respect. Elle avait été reçue par la reine Christine de Suède, et être invité à son salon constituait un honneur de premier ordre.

Juin 1667
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Elle revit un moment le visage blême de son père, tout sale et tout tremblant au fond de son lit souillé, tandis qu’elle lui faisait boire le breuvage de la mort. Son dernier breuvage...
— Quelque chose ne va pas, Marie-Madeleine ? Vous semblez bien pensive, demanda Antoine. Elle tourna la tête vers lui, et resta un moment muette, avec un air étrange, comme si elle venait de sortir d’un songe et de se réveiller.

Mars 1667
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Dreux d’Aubray, de son vivant, avait toujours eu une préférence pour ses fils, et encore plus pour Antoine, l’aîné. François, au même titre que ses trois filles, avait passé sa vie dans l’ombre..

Octobre 1666
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Aux premiers jours de septembre, Dreux d’Aubray rendit son dernier soupir. Pendant les trois mois suivant le séjour à Offémont, Marie-Madeleine n’avait pas cessé de s’occuper de lui. Sa sœur Thérèse remarqua même le dévouement dont elle faisait preuve et l’en félicita. Jamais le vieux lieutenant civil ne soupçonna être victime d’un empoisonnement, et encore moins que la mort lui ait été donnée par sa fille aînée.

Septembre 1666
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