Au-dessous de lui, les neiges éternelles du Kazbek scintillaient comme les facettes d’un diamant ; plus bas, dans une obscurité profonde, se tordait le sinueux Darial, semblable aux replis tortueux d’un reptile. Puis le Terek, bondissant comme un lion à la crinière épaisse et hérissée, remplissait l’air de ses rugissements
cher sombre du Kazbek garde avidement sa proie et le murmure de l’homme ne trouble jamais leur éternel repos.
Et l’ange, jetant sur le séducteur un regard sévère, agita ses ailes avec joie et disparut au milieu des cieux purs. Et le démon vaincu, maudissant ses rêves pleins de folie, comme autrefois resta seul dans l’univers, sans es- pérance et sans amour !...
Dans les espaces azurés, un des anges de Dieu volait en agitant ses ailes d’or ; et dans ses bras il emportait de la terre une âme pécheresse.
Dans ce cri il y avait de tout, de l’amour, de la dou- leur, un reproche avec une dernière prière, un adieu sans espoir, un adieu en pleine jeunesse !...
Ma douleur à moi est constamment là et comme moi elle ne finira ja- mais et ne trouvera jamais le sommeil de la tombe ! tantôt elle se glisse en moi comme un serpent ; tantôt elle me brûle et luit comme une flamme ; tantôt elle pèse sur ma pensée comme le lourd rocher des passions et des espérances perdues. Mausolée indestructible
Vivre pour soi seul ; être un objet d’ennui pour soi-même ; et traverser cette éternelle lutte sans noblesse et sans espoir de réconciliation. Toujours regretter et ne rien désirer : tout savoir, tout ressentir, tout voir, détester tout ce qui est contraire à mes désirs et tout mépriser dans le monde.
Dès le commencement du monde ton image fut gravée dans mon âme ; elle se montrait à moi dans les immensités désertes de l’espace.
j’ai fièrement arraché de ma tête criminelle ma couronne d’infamie, et j’ai jeté tout le passé dans la pous- sière. Mon paradis et mon enfer sont dans tes yeux ! Je t’aime d’un amour qui n’a rien de terrestre et comme tu ne pourrais aimer toi-même. Je t’aime avec tout l’enivrement et la puissance de la pensée et du rêve immortels.
Je suis celui que tu écoutais dans le calme des nuits ; celui dont la pensée parlait doucement à ton âme ; celui dont tu voyais l’image dans tes songes et dont tu devinais la tristesse avec peine.