Et le démon comprit alors pour la première fois les douleurs et les agitations de l’amour. Effrayé, il veut s’éloigner ; mais ses ailes restent immo- biles ! et ô prodige ! une larme roule lentement de ses yeux obscurcis !...
On aurait dit un ange descendu ici-bas mystérieusement, qui venait en visiter un autre oublié et qui lui parlait du passé, afin d’adoucir sa souffrance !
Pour elle tout l’univers est couvert d’une teinte sombre, et tout y est pour son âme une cause de souffrance, et la lumière du jour et les ténèbres de la nuit. Aussi, dès que la fraîcheur du soir vient endormir la terre, elle se prosterne devant l’image de son Dieu et fond en larmes.
parfois, quand la nuit des- cendait dans les défilés de la montagne, la lumière de la lampe de la jeune religieuse, passant à travers les fenêtres de sa cellule, venait se jouer au milieu d’eux.
Sous la voûte obscure du temple une image qu’elle connaissait bien glissait de temps à autre sans bruit et sans laisser de trace. Elle rayonnait doucement comme une étoile à tra- vers la fumée transparente de l’encens, lui faisait signe de la main et l’appelait : Mais où ?...
: un nouveau venu sombre et silencieux, res- plendissant d’une beauté immortelle, se penchait vers son chevet et son regard se fixait sur elle avec un tel amour, une telle tristesse, qu’il semblait avoir pitié d’elle. Ce n’était point un ange des cieux, ni son divin gardien
Les rayons tremblants de la lune se jouant parfois tout doucement à travers une atmosphère humide, peuvent à peine être comparés à ce sourire animé comme la vie, comme la jeunesse.
pour eux l’avenir est vide de désirs et le passé sans regret.
Pour toi, je prendrai sa couronne
à l'étoile de l'Orient,
et j'y sertirai dans l'or jaune
les perles du matin brillant.
d'un rayon du soir écarlate
je ceindrai ton corps souple et fier ;
de l'haleine des aromates,
pour toi je parfumerai l'air ;
de merveilleuses harmonies
en des extases infinies,
ô ma Thamar, te plongeront...
Et je te bâtirai des chambres
aux parois de turquoise et d'ambre ;
je sonderai la mer sans fond
pour toi ; pour toi, Thamar, d'un bond
bien loin derrière les nuées
je m'égarerai, dépouillant
l'univers entier pour ma fée.
Aime-moi !
Que sont les hommes, que sont leur vie et leurs peines ? Elles ont passé, elles passeront ; l'espérance leur reste ; un jugement équitable les attend et à côté du jugement reste encore le pardon ! Ma douleur à moi est constamment là et comme moi elle ne finira jamais et ne trouvera jamais le sommeil de la tombe !