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Citations sur Lilith et autres nouvelles (12)

(...) tous les vieux sont pareils, le monde où ils vivent ne les intéresse pas, ils s'y trouvent mal, ils ne le comprennent pas, ils le sentent hostile, et par conséquent leur mémoire ne l'enregistre pas. C'est pourquoi ils se souviennent des évènements anciens, et non des récents: ce n'est pas une question de sclérose, mais de défense. Leur vrai monde, c'est celui de leurs jeunes années, bon par définition : le "bon vieux temps", même s'il a fait cadeau de deux guerres mondiales à l'humanité.
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Composer une poésie digne d'être lue et retenue est un don du destin : cela arrive à quelques rares personnes, en dehors de toute règle et de toute volonté, et à ces quelques personnes même, cela n'arrive que rarement dans la vie.
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C'est le propre des régimes dans lesquels tout le pouvoir vient d'en haut et où aucune critique ne peut venir du bas, d'affaiblir et de confondre la capacité de jugement, et de créer une vaste zone de consciences grises à mi-chemin entre les grands du mal et les victimes pures : c'est dans cette zone que se situe Rumkowski. Plus haut ou plus bas, c'est difficile à dire : lui seul pourrait nous le dire s'il pouvait parler devant nous, même en mentant, comme il avait sans doute toujours fait ; il nous aiderait à le comprendre, comme tout inculpé aide son juge, et l'aide même contre sa volonté, même s'il ment ; car la capacité de l'homme à jouer un rôle n'est pas illimitée.
Malgré tout cela ne suffit pas à expliquer l'impression d'urgence et de menace qui émane de cette histoire. Peut-être a-t-elle un sens différent, et plus vaste : Rumkowski, c'est nous ; son ambiguïté, c'est la nôtre, celle de l'hybride pétri de poussière et d'esprit ; sa fièvre même est la nôtre, celle de notre civilisation occidentale qui "descend en enfer au son des tambours et des trompettes", et ses misérables oripeaux sont l'image déformée de nos symboles de prestige social. Sa folie, c'est celle de l'Homme présomptueux et mortel, tel que le décrit Isabelle dans Mesure pour mesure, l'Homme qui : drapé dans sa petite autorité précaire, ignorant par-dessus tout de ce qu'il croit le mieux connaître, son essence de verre, tel un singe en colère, joue à la face du ciel des tours si grotesques que les anges en pleurent et que, s'ils avaient notre rate, ils deviendraient mortels à force de rire.
Comme Rumkowski, nous aussi nous sommes éblouis par le pouvoir et par l'argent, à en oublier notre fragilité essentielle : à en oublier que nous sommes tous dans le ghetto, que le ghetto est clôturé, qu'au-delà de la clôture se tiennent les seigneurs de la mort, et que non loin de là le train nous attend.
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...ici pour s'en sortir, il fallait faire des pieds et des mains, s'arranger pour trouver à manger en dehors du règlement, en faire le moins possible quand on était au travail, trouver des amis influents, se cacher, cacher ce qu'on pensait, voler, mentir ; que ceux qui ne suivaient pas cette règle mourraient rapidement,...
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Pascal se concentra sauvagement sur la feuille qui se trouvait devant lui, et de son centre vital, la poésie s'irradia en tous sens comme un organisme en pleine croissance ,et en peu de temps elle fut là, presque frémissante, exactement comme un être vivant.
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- Robur, roboris, glissais-je, ne résistant pas au vice de citer; en latin,ça veut dire chêne, mais aussi force.
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Qui est Rumkowski ? Ce n'est pas un monstre, mais ce n'est pas non plus un homme comme tous les autres; c'est un homme comme beaucoup, comme beaucoup de frustrés qui goûtent au pouvoir et s'en enivrent. À bien des égards, le pouvoir est comme la drogue : le besoin de l'un et de l'autre est inconnu à celui qui ne les a pas essayés, mais après l'initiation vient l' addiction, la dépendance, et le besoin de doses de plus en plus fortes; et viennent aussi le refus de la réalité et le retour aux rêves infantiles de toute-puissance. "Le roi des Juifs"
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C'est le propre des régimes dans lesquels tout le pouvoir vient d'en haut et où aucune critique ne peut venir du bas, d'affaiblir et de confondre la capacité de jugement, et de créer une vaste zone de consciences grises à mi-chemin entre les grands du mal et les victimes pures : c'est dans cette zone que se situe Rumkowski. Plus haut ou plus bas, c'est difficile à dire : lui seul pourrait nous le dire s'il pouvait parler devant nous, même en mentant, comme il avait sans doute toujours fait ; il nous aiderait à le comprendre, comme tout inculpé aide son juge, et l'aide même contre sa volonté, même s'il ment ; car la capacité de l'homme à jouer un rôle n'est pas illimitée.
Malgré tout cela ne suffit pas à expliquer l'impression d'urgence et de menace qui émane de cette histoire. Peut-être a-t-elle un sens différent, et plus vaste : Rumkowski, c'est nous ; son ambiguïté, c'est la nôtre, celle de l'hybride pétri de poussière et d'esprit ; sa fièvre même est la nôtre, celle de notre civilisation occidentale qui "descend en enfer au son des tambours et des trompettes", et ses misérables oripeaux sont l'image déformée de nos symboles de prestige social. Sa folie, c'est celle de l'Homme présomptueux et mortel, tel que le décrit Isabelle dans Mesure pour mesure, l'Homme qui : drapé dans sa petite autorité précaire, ignorant par-dessus tout de ce qu'il croit le mieux connaître, son essence de verre, tel un singe en colère, joue à la face du ciel des tours si grotesques que les anges en pleurent et que, s'ils avaient notre rate, ils deviendraient mortels à force de rire.
Comme Rumkowski, nous aussi nous sommes éblouis par le pouvoir et par l'argent, à en oublier notre fragilité essentielle : à en oublier que nous sommes tous dans le ghetto, que le ghetto est clôturé, qu'au-delà de la clôture se tiennent les seigneurs de la mort, et que non loin de là le train nous attend.
Extrait de la nouvelle "Le Roi des Juifs"
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Qui est Rumkowski ? Ce n'est pas un monstre, mais ce n'est pas non plus un homme comme tous les autres; c'est un homme comme beaucoup, comme beaucoup de frustrés qui goûtent au pouvoir et s'en enivrent. À bien des égards, le pouvoir est comme la drogue : le besoin de l'un et de l'autre est inconnu à celui qui ne les a pas essayés, mais après l'initiation vient l' addiction, la dépendance, et le besoin de doses de plus en plus fortes; et viennent aussi le refus de la réalité et le retour aux rêves infantiles de toute-puissance.
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Ce n'est pas non plus le type même de l'introverti, car il parle beaucoup : c'est plutôt un geignard, un de ceux qui ont tendance à voir le monde comme une vaste conspiration attachée à leur perte, et eux même au centre du monde, en butte à toute les avanies.
Cette propension débilitante est difficile à guérir, parce que les avanies existent. Je crois qu'il serait bon de d'expliquer à ces persécutés qu'ils ne sont pas les seuls à être en butte aux avanies, et surtout qu'il ne sert à rien de se plaindre; ce qu'il faut, c'est se défendre, individuellement et collectivement, avec ténacité et intelligence, et aussi avec optimisme. Sans l'optimisme, les batailles ce perdent, même celles contre les moulins à vent. "Décodification"
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