Citations sur La dernière des Stanfield (150)
Des enfants meurent tous les jours sous des bombes, ou de faim, ou d'épuisement à force de travailler dans des conditions innommables et des gens vont manifester contre ceux qui s'aiment parce qu'ils sont du même sexe ! Quels hypocrites ! » Enfin, c'est à peu de chose près ce qu'elle disait. La justice à deux vitesses était aussi l'un de ses sujets favoris. « Amuse-toi à ne pas payer une amende et ils viendront t'enlever ta voiture, mais eux se servent allègrement dans les caisses de l'État, se font payer des salaires à ne rien foutre, truquent les marchés publics pour s'en mettre plein les poches, et quand ils se font prendre, on leur tapote gentiment sur la main et tout le monde s'en fiche.
Bientôt, on ira demander à Google à quelle heure il faut aller pisser pour prévenir le cancer de la prostate.
Trente - quatre ans, c'est tôt pour perdre sa mère, mais suffisant pour l'avoir mieux connue si j'avais voulu m'en donner la peine. Quelle excuse avais-je de n'avoir rien appris de l'adolescente ou de la jeune femme qu'elle avait été, d'avoir posé si peu de questions ? Avions-nous ressenti les mêmes choses aux mêmes âges ? Qu’avions-nous en commun au - delà du banal ? S'entendre dire qu'on a les yeux de sa mère, ses expressions, son tempérament ne signifie pas pour autant qu'on lui ressemble. Avant d'avoir reçu cette lettre, je ne doutais pas de notre complicité.
Khalil Gibran écrivait que la mémoire est une feuille d'automne qui murmure dans le vent avant de s'effacer. Ma mère m'a donné mes plus beaux souvenirs, les siens s'étiolent au creux de son automne.
C'était un de ces dimanches où May s'en était allée de bon matin pour se rendre à la messe. Elle s'était affranchie de tout, mais pas de sa foi. Pourtant, lorsqu'elle entrait dans l’église, elle se sentait coupable. May ne venait chercher ici ni Dieu ni son pardon, seulement le droit de se sentir, pendant une heure, à l'abri du monde. Elle s'abstenait de prier, parce que prier aurait été faire offense à ceux qui étaient là. Elle regardait les paroissiens, tentait d'imaginer la vie de ces familles unies, observait les enfants qui bâillaient en récitant leurs litanies, distinguait les couples qui s'aimaient de ceux qui ne faisaient plus que vivre ensemble. May s'enivrait d'être libre, mais sa liberté s'accompagnait de peurs, la solitude étant la pire de toutes.
Il en est ainsi, on ne sait de nos parents que ce qu'ils veulent bien nous dire, ce que l'on veut bien voir d'eux, et l'on oublie, car c'est dans l'ordre des choses, qu'ils ont vécu avant nous. je veux dire qu'ils ont eu une existence rien qu'à eux, connu les tourments de la jeunesse, ses mensonges. Eux aussi ont dû briser leurs chaînes, s'affranchir. La question est : comment ?
Hanna et Robert, les derniers de la lignée. Ce sont eux qui nous intéressent et je n'ai rien découvert à leur sujet. Ce n'est pas faute d'avoir mené des recherches sur Internet, j'y ai consacré une partie de ma nuit. – Magnifique, j'ai en face de moi une future grande historienne. Elle a consacré une partie de la nuit à fouiller l'encyclopédie des âneries. Ce que vous pouvez être sotte ! N'importe qui écrit n'importe quoi dans votre fourre-tout atmosphérique. Le premier abruti déverse sa prose, publie ce qui lui passe par la tête sans la moindre probité, et l'on ne s'étonne même pas des tissus de mensonges et de contre-vérités qui foisonnent sur votre Toile. Allez-y, affirmez demain que George Washington dansait le tango comme personne et cent crétins reprendront cette information à leur compte. Bientôt, on ira demander à Google à quelle heure il faut aller pisser pour prévenir le cancer de la prostate.
"On ne sait de nos parents que ce qu'ils veulent bien nous dire..."
... Comment supporter de voir ses enfants partir au combat ?
- Les condamner à la lâcheté, n'est-ce pas un sort plus difficile ?
Maman vit à la périphérie de la pensée. Par instants, elle est capable d'un semblant de conversation, à condition que l'on s'en tienne à des banalités. Et puis sans prévenir, son esprit s'égare, et elle dit n'importe quoi.