- Si nous nous arrêtons tout le temps, nous n'arriverons jamais à destination, protesta Milly.
- On finit toujours par arriver quelque part, argua Agatha.
- C'est mon meilleur ami, ce qui n'est pas bien difficile puisque c'est le seul que j'aie.
- Je penserais plutôt le contraire. S'il est ton seul ami, ce ne devait pas être facile de le devenir.
On ne partage pas sa vie avec quelqu'un parce qu'il est gentil, mais parce qu'il vous fait vibrer, rire, parce qu'il vous emporte sans vous retenir, parce qu'il vous manque même quand il est dans la pièce à côté, parce que ses silences vous parlent autant que ses conversations, parce qu'il aime vos défauts autant que vos qualités, parce que le soir en s'endormant on a peur de la mort, la seule chose qui vous apaise est d'imaginer son regard, la chaleur de ses mains. Voilà pourquoi on construit sa vie avec quelqu'un.
Sans que les mots soient nécessaires, il lui semblait comprendre ce qu'elle essayait de lui dire. Cette femme, pour des raisons dont elle ignorait tout, avait renoncé aux choses qui remplissent une vie.
Lorsqu'on rompt les amarres et que l'on tourne le dos à ce qu'on a été, c'est soi-même qu'on oublie.
- Tu as déjà eu l'occasion d'accomplir quelque chose d'important, quelque chose qui te coûte, une action qui t'oblige à donner de ta personne, à partager ce dont tu as le plus besoin ? Ce voyage est l'aboutissement de ma vie, je l'ai rêvé chaque nuit depuis tant d'années. Je te propose que nous le fassions ensemble, je t'offre de rencontrer des gens que tu ne connaîtras jamais sans cela, des gens qui changeront peut-être ta destinée. Tu n'as jamais cru au destin ?
Rien n'est plus anonyme qu'un lieu public, souviens-toi quand nous étions dans la clandestinité.
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.
Je n'avais pas vingt ans, aimer était la seule chose qui pouvait m'arracher à l'étreinte suffocante d'une vie rude et morne. Alors j'ai aimé, j'ai aimé de toutes mes forces, des cinglés, des musiciens, des peintres, des passionnés du verbe et de la rhétorique, de ceux qui pour un rien tiennent des conversations à n'en jamais finir ou qui finissent en disputes, de ceux qui ouvrent leur porte aux voyageurs fauchés, au copain d'un copain sans poser de question [...] mais crois-moi, tous des joyeux cinglés. Nous n'avions peur de rien et encore moins de l'autre. Nos nuits étaient sacrées même si certains matins, je ne savais plus où j'étais et que je n'en menais pas large.
La liberté n'est pas un jeu, c'est une nécessité, il faut en avoir été privé pour comprendre ce qu'elle représente.