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4,11

sur 833 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman de la perversion par excellence, le Moine figure en bonne place dans ce registre auprès de Don Juan et des Liaisons Dangereuses.
J'ai lu la version remaniée (donc pas la plus fidèle à l'original de Lewis) proposée par Antonin Artaud il y a quelques années (beaucoup d'années en vrai, mais, chuuut ! ne le dites à personne) et je vais tâcher d'égrener mes souvenirs de la façon la plus constructive possible.
J'ai d'abord souvenance d'un beau style, très classique et très travaillé mais non dénué de fluidité ce qui rend la lecture fort agréable. Ce style est à mon sens l'un des grands points forts de l'ouvrage.
Ensuite vient le scénario, un peu plus confus, je dois l'admettre, mais en gros, on assiste à la mise à mort du sentiment de vertu ou du sens moral chez un religieux qui professe à tous vents la vertu et le sens moral.
Cet homme, ce moine, cet Ambrosio, est un rigoriste, un janséniste, que sais-je, un intégriste des valeurs morales prônées par l'église catholique, notamment en ce qui concerne les questions de l'amour et de la chair dans l'Espagne du XVIIIème siècle ou peut-être même avant, je ne me le souviens plus très bien.
Quelque chose en lui me rappelle d'autres avatars d'instruments du diable comme le Claude Frollo de Notre-Dame de Paris ou encore l'abbé Donissan de Sous le Soleil de Satan, quelqu'un de trop brut, de trop pur, de trop obscur, de trop intransigeant soit pour être humain, soit pour être totalement sincère jusques aux tréfonds de sa propre chair.
Or, nous apprendrons, par l'entremise d'un jeune novice dont je préfère ne rien dire de plus, qu'il est finalement humain, donc faillible, et que derrière ce masque d'intransigeance se cache en fait un immense réservoir de tentations refoulées et qui ne demandent qu'à être assouvies de la façon la plus violente et la plus perverse qui soit.
De ce point de vue, le roman prêche en faveur de l'existence du vice sous le plus épais et apparemment immaculé voile de vertu qui se présente à nous et, à l'instar d'un ancien slogan publicitaire vantant les mérites d'une marque de frites surgelées, où il était dit que c'était ceux qui en parlaient le moins qui en mangeaient le plus, l'auteur de ce roman (Lewis ou Artaud, au choix) nous invite à réfléchir sur les grands moralisateurs, les chevaliers errants de l'ordre éthique, les grands défenseurs des hautes valeurs morales humaines, et peut-être bien que pour eux aussi, ce sont ceux qui en parlent le plus qui en ont le moins. Parce que justement, ils se sentent tiraillés en eux-mêmes par l'appel satanique, parce qu'ils savent ce que les apparences cachent de perversion et d'inavouable, ils crient au loup, alors que le loup... c'est eux ! du moins, c'est probablement un peu chacun de nous… à méditer.
D'un point de vue historique, l'ouvrage de Matthew Gregory Lewis, puis cette nouvelle mouture d'Artaud marquent une étape importante de la littérature dite « gothique » et tous les critères du genre (ou à peu près) sont réunis ici en un seul volume.
Je vous avoue que ce n'est pas cet aspect du roman qui me séduit le plus, mais celles et ceux qui sont sensibles à cette littérature goûteront avec plaisir l'un des fleurons historiques du genre.
Voici donc ce que mes quelques souvenirs me dictent, au demeurant, ils ne font qu'exprimer mon petit avis de néophyte en matière de roman gothique, autant dire, pas grand-chose.
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L'exemple typique du roman gothique, avec tout ce qu'il y a de terrifiant (meurtres et labyrinthes) et surtout avec une intrigue horriblement compliquée : des entrelacs partout !
L'interprétation psychanalytique est la recherche par une jeune fille de sa sexualité à travers les multiples galeries (Antonia). La mauvaise image des couvents : il ne s'y passe guère que meurtres, séquestrations et autres faits peu recommandables. On s'est demandé à sa sortie si le livre était moral (certains passages sont assez « hard » pour l'époque). Très présente malgré tout, la religion n'est pas condamnée. de même l'innocence est jugée nécessaire. Enfin, l'amour dans tout ça ? Une jeune fille n'est pas faite pour en être privée, et surtout pas par un couvent (mais surtout pas avec un moine, que Diable !).
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Roman phare du style gothique, le Moine en possède toutes les caractéristiques :

Le récit s'installe dans une église, où le charismatique Ambrosio ressemble les foules subjuguées autour de ses célèbres sermons. L'homme est un saint, un modèle pour les fidèles catholiques de l'Espagne du 17è siècle. L'évolution du personnage est typique, la tentation l'atteindra, par les manigances d'une femme sulfureuse et déterminée.
Ne manqueront pas les cryptes, les souterrains, les salles de torture (l'Inquisition n'est pas absente).

L'intrigue est ponctuée de promesses, de pactes, et de tractations occultes qui font la gloire du genre.

Quant à l'image de la femme, elle oscille entre la petite chose fragile et innocente, et la diablesse messagère du malin.

Le fantastique s'invite également dans les lignes, les apparitions fantomatiques et les monstres échappés de l'enfer se disputent la vedette. Les potions diverses apparentées au GHB ou armes de crime ont une efficacité redoutable.


La construction est finalement assez moderne, ou plus exactement la déstructuration temporelle des romans actuel n'est pas un procédé si moderne, puisqu'on le retrouve avec les récits anciens enchâssés dans le roman.

Le roman souffre sans doute de l'usure du temps. Il a cependant le mérite d'avoir été le chef de file de nombreux autres ouvrages dont les romans culte que sont Frankenstein et Dracula.

441 pages Gallimard 4 octobre 1975
Caverne des lecteurs
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Archétype du roman gothique, "Le moine" de Lewis présente une structure narrative très proche de celle du "Manuscrit trouvé à Saragosse" du polonais Jan Potocki. Les deux oeuvres ont été écrites à dix ans d'intervalle et témoignent bien d'un courant littéraire qui marquera autant les lecteurs que les auteurs-héritiers.

Comme chez Potocki qui s'en sera sans doute inspiré, c'est dans une Espagne baroque que se situe l'action de ce roman aux multiples identités : récit d'apprentissage, d'aventures, noir et fantastique où se croisent des spectres, des démons et des êtres apparentés aux vampires ; roman picaresque, libertin, "à tiroirs", riche de portée philosophique et de réflexion sur l'humanité. Passion amoureuse, luxure, pacte diabolique, combat des vices et des vertus... une chose est sûre, on ne s'ennuie pas une seconde.

Pour une raison aussi obscure que les caveaux souterrains du couvent de Sainte-Claire - théâtre funeste de plusieurs scènes du roman -, je craignais de me frotter à ce classique. J'avais peur de découvrir un style suranné, dépassé et des "aventures" à faire frémir de l'ovaire les Saintes-Nitouches de l'époque mais mes craintes étaient complètement injustifiées. Malgré la noirceur et parfois le côté alambiqué du récit, le style reste accessible voire actuel, rien d'exacerbé (hors les sens), et si au début j'ai craint la multiplicité des personnages, on s'y familiarise facilement (beaucoup plus facilement en tout cas que pour Potocki).

Nul doute qu'à sa parution ce roman a dû faire une grande sensation et ôter le sommeil à bien des lecteurs, hommes ou femmes. Il sent le souffre et traîne le scandale dans son cortège.


Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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J'avais quelques souvenirs confus du Moine de Matthew Gregory Lewis tel que traduit par Antonin Artaudque je me souviens avoir lu adolescent vers 15 ou 16 ans. C'était autant le nom et la réputation d' Antonin Artaud que celle de ce livre qui m'avaient séduits. On m'avait parlé de ce roman gothique comme d'un livre maudit, censuré maintes fois. Je voulais alors tout savoir sur la littérature gothique et ses origines. Celui-ci était l'un des premiers et donc typiquement le genre de livres que l'on aime avant d'en ouvrir la première page. Puis mon intérêt pour les romans gothiques a faibli et je dois dire que j'ai peu à peu oublié ce livre. Il ne m'était pas resté en mémoire comme d'autres lectures du même âge et je ne me souvenais plus de grand chose avant de le relire grâce aux Presses universitaires du Mirail, qui publient une nouvelle version en s'écartant de la traduction de Artaud et que je remercie chaudement. L'histoire est donc celle d'un prêtre rigoureux aux moeurs bien solides et dictées par sa foi. Il ne vit qu'à travers ses règles et, au début du roman, il ressemble un peu plus à un saint qu'à un homme fait de chair et de sang. Une arrivée dans les monastère va changer la donne en dévoilant son vrai visage et le plongeant dans une vague de tourments sans précédents. Ses tourments portent le nom d'une jolie none. Au delà de son habit de moine, ce dernier est bien un homme et un de ceux qui se corrompt peut-être encore plus facilement que d'autres. le moine, si prompt à pourfendre "le mal" y succombe assez vite. Croyez-vous pourtant que cela l'amènera à réfléchir sur son comportement et sa très stricte idéologie ? C'est toute la clef de ce puissant roman sur l'hypocrisie. Un roman violent -où personne ne sort totalement indemne- mais porté par une plume sublime. L'édition des Presses universitaires du Mirail, enrichie de gravures de l'époque et commentée par un spécialiste est une merveille du genre.
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Découverte Babelio, où la "guerre" des traductions fait rage parmi les critiques, je me demandais encore s'il fallait opter pour la traduction / "adaptation" d'Artaud quand le hasard m'a désigné la traduction de Léon de Wailly dans une brocante. Si on ajoute à l'authenticité (après tout, c'est cette version que les surréalistes ont d'abord découvert) une affriolante couverture constituée d'une gravure colorisée où un moine lubrique et épais se jette sur une jeune femme dévêtue et évanouie, la traduction de de Wailly dans l'édition Bookking International de 1996 l'emportait.

Arrêtons-nous un instant sur ce pauvre Léon de Wailly : il n'en reste (à croire Babelio) que ses traductions, alors qu'il fut aussi dramaturge et librettiste au milieu du XIXème siècle. Selon ses dires, les traductions précédentes étaient entachées de trop d'imprécisions et c'est donc grâce à lui que le père des romans gothiques anglais est parvenu de ce côté du Channel. En tous cas, il a eu le bon goût de traduire l'édition originale, et non celle expurgée deux ans après par l'auteur lui-même afin d'éviter des désagréments judiciaires. Parce que, comme il l'écrit dans sa préface : "Certaines fautes contre le goût, contre la décence, ne constituent pas un livre immoral. Qu'on interdise ces sortes de lectures aux jeunes filles ; mais il est impossible que les hommes faits n'aient pas une bibliothèque qui ne soit pas celle des enfants".

Protéger les jeunes filles, en voilà une belle idée en introduction de ce livre. C'est aussi l'idée d'une mère inquiète dans le roman, à propos de la Bible, qui "tout en admirant les beautés des saintes Écritures, était convaincue que, si l'on en retranchait rien, c'était la lecture la moins convenable qu'on pût permettre à une jeune personne".

Encore eut-il fallu ne pas se tromper de cible : les lectures olé-olé ne sont pas le pire péril qui les guette, mais bien davantage les menées des gens d'églises, et en particuliers de couvents. Que ce soit la lubricité d'un moine ou l'extrême rigueur d'une mère supérieure, ces lieux semblent avoir été pleins de chausses-trappes pour les oies blanches.

Ah oui, parce qu'il faut bien l'avouer : tout gothique qu'il soit, ce livre n'a rien de flatteur pour la gent féminine. A part la mère prudente évoquée précédemment et plutôt bien traitée par l'auteur , les catégories de femmes ici représentées sont, par ordre d'apparition dans les pages : des oies blanches donc, jouvencelles innocentes et un rien femmes-objets (dans le sens d'être uniquement soumises aux désirs masculins et systématiquement victimes des menées et circonstances) ; des péronnelles que l'âge rend seulement stupides (pour l'une) ou méchamment aigrie (pour l'autre) ; des succubes (dont une magnifique, il faut bien l'avouer) ; et des tortionnaires. Pas franchement flatteur.

Côté intrigue, on trouve là une belle maturité pour un auteur si jeune : l'enchainement des évènements qui fabrique ces destins contraires est d'une logique imparable, une fois acceptées les conventions et le code de l'honneur de l'aristocratie espagnole du 16ème siècle (un peu de carnaval, tout de même : on repère quelques noms italiens, à moins que ce ne soit des transfuges du Royaume de Naples...). Et quelques passages de suspense gentiment haletants.

Mais ce qui frappe, c'est la jubilation dans l'horrifique doublée d'une belle propension à l'érotisme. Je ne sais d'ailleurs pas d'où la quatrième de couverture tient que ce livre a été écrit pour "distraire sa mère", mais j'en doute un peu. D'abord je n'en ai pas trouvé mention, ni dans la préface de l'auteur, ni dans les pages internet en anglais sur le livre ou l'auteur. Ensuite, il y a quand même quelques scène un peu hot pour imaginer qu'un fils aimant de cette classe sociale à cette époque les ai vraiment destinées au divertissement de sa mère. Il écrivait plutôt pour assurer des revenus à sa mère, séparée de son père.

Ce qui frappe aussi, ce sont les deux personnages principaux, le couple infernal constitué du moine et de sa maitresse. (Parce que les deux petits messieurs qui tentent de lutter contre leurs menées me semblent bien falots par comparaison, très ballotés par les évènements). Les errements de conscience du moine sont convenus, ses actions le sont beaucoup moins. Et la vraie héroïne du roman n'est-elle pas finalement son inspiratrice, maitresse et succube infernale ? Même si elle a choisi le mal, c'est une belle peinture de femme libre, pleinement responsable de ses actes et de leurs conséquences.

Reste pour moi un mystère : d'où sort cette apostrophe finale, en tout dernier paragraphe, et à qui s'adresse-t-elle ?
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Quel délice…!
Non quel sadisme…! Mon Dieu, je m'égare, le Moine m'est monté à la tête. Ce roman gothique, satanique est sûrement un des musts du romantisme noir, genre très en vogue entre 1750 et 1850. Tout y passe, moine dévoyé, religieux travesti, abbesse cruelle, inceste, jeux sexuels, sévices corporels, viols, satanisme. Pour l'époque, l'auteur a fait fort, la censure aussi d'ailleurs. Mais même aujourd'hui en le lisant, on continue à ressentir un étrange sentiment, mélange de jouissance littéraire pour ces aventures ténébreuses, violentes et érotiques et répulsion pour ce moine sadique, victime de ses fantasmes trop longtemps retenus. D'une modernité incroyable, le roman en évoquant tous les vices humains, nous plongent dans les abysses de l'âme humaine, abordant les ambiguïtés androgynes qui trainent au fond de chacun, renvoyant à toutes les plaisirs interdits, mais souvent fantasmés, tels le libertinage, le travestissement, la bisexualité ou le sadomasochisme. L'auteur avec un génie précoce 20 ans, livre un brûlot maléfique, licencieux et irréligieux au possible, collant bien à son époque où l'église est prise dans la tourmente révolutionnaire et remise en cause par la philosophie des lumières.
Un conseil : méfiez-vous des monastères, surtout la nuit, à moins que vous vouliez jouer les Marquis de Sade ?
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Tout comme les Mystères d'Udolphe, le Moine ne peut pas vous être totalement inconnu si vous avec suivi de près les aventures de la jeune Catherine Morland dans Northanger Abbey. En effet, il est un de ses livres de chevet avec lequel elle aime s'effrayer et imaginer le pire.

Antonia vient à Madrid avec sa mère pour implorer la pitié d'un parent mais en lieu et place de la protection qu'elle espérait, elle va se heurter à la convoitise et la malveillance des hommes alors qu'Agnès, enfermée au couvent, désespère de sa situation et de revoir un jour celui pour lequel son coeur bat...

Voilà pour les grandes lignes de l'histoire. Il s'agit du roman gothique dans toute sa splendeur, dépeignant des jeunes femmes innocentes et des jeunes hommes héroïques prêts à tout sacrifier les uns pour les autres après avoir échangé un regard et quelques mots seulement... Bien évidemment, ils sont poursuivis par le malheur et la malchance sont une forme des plus diaboliques et qui se résume le plus souvent ici à la luxure de certains personnages.
La construction est également particulière puisque l'on suit successivement différentes intrigues en revenant en arrière dans le temps à chaque fois. L'époque permet également à l'auteur de brosser un tableau de la femme qui, je l'espère, ne serait plus possible aujourd'hui et le clergé en prend également largement pour son grade !
Je ne peux pas dire que j'ai moi-même frissonné de terreur durant ma lecture mais je peux imaginer tout l'impact que ce livre a pu avoir à son époque et l'impression qu'il a pu faire sur des jeunes femmes naïves ne connaissant pas encore grand chose de la vie. Je suis d'ailleurs très étonnée qu'elles aient eu accès à ce genre de littérature, où certaines scènes sont tout de même très explicites, où le sexe tient une si grande part et où l'on côtoie viol, meurtre, inceste et autres sujets du même genre. En comparaison, le recul que Jane Austen peut avoir par rapport à ce genre de littérature, qu'elle parodie dans son Northanger Abbey et dont elle se moque gentiment, nous montre une nouvelle fois sa connaissance pointue de la nature humaine, son intelligence et même, j'oserais dire, une clairvoyance que l'on peut trouver assez étonnante pour une jeune femme de cette époque, fille de pasteur célibataire.
Quoi qu'il en soit, j'ai véritablement apprécié ma lecture de ce roman, malgré l'indulgence un peu trop marquée de l'auteur pour son personnage masculin principal à qui il trouve longtemps des excuses, et je vous conseille de tenter au moins une fois la lecture d'un roman gothique même si je crois qu'aujourd'hui leur effet est inverse de celui voulu au départ, et qu'ils portent plus à faire sourire qu'à effrayer le lecteur.
Lien : http://janeausten.hautetfort..
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Le moine... ou comment passer pour un saint quand on est le plus grand des lâches...
Ce livre, que m'a donnée envie de lire HannibalLectrice grâce à sa critique, retrace l'histoire d'un moine bien particulier.
Ecrit en 1796 par Matthew Gregory Lewis, et parfaitement adapté au cinéma en 2011 par Dominik Moll, ce livre n'est plus à présenter.
Cependant, voici ce que j'en retiens...
Un tout jeune enfant abandonné devant une église à Madrid, et recueilli par les moines Capucins, entre dans les ordres et vers l'âge de 30 ans, devient un saint moine renommé dans toute l'Espagne, le Père Ambrosio.
De toute l'Espagne et même d'Europe, les fidèles se rendent à Madrid pour écouter ses sermons. Parmi eux, Antonia, jeune fille pure, tout juste débarquée de sa province, et sa tante. Antonia est profondément et religieusement touchée par le sermon et le charisme du père Ambrosio. Lui, est ébloui par sa beauté et sa pureté virginale.
Il y a aussi Rosario, mystérieux jeune novice, fervent admirateur d'Ambrosio, qui le suit comme une ombre. Un soir, dans la roseraie, ils parlent, et Rosario avoue son terrible secret...
Le père Ambrosio, qui s'enorgueillit de sa vertu et de ses sermons (déjà, comment peut-on être orgueilleux dès lors que l'on prétend être au-dessus de toute contingences humaines...?), se targue aussi d'être le plus chaste et vertueux d'entre tous. Cependant, il admet en son for intérieur, qu'il est peut-être facile de résister aux tentations quand on n'en a pas sous les yeux. Alors qu'adviendrait-il de sa vertu face à de réelles tentations ? Il se pense tellement saint et supérieur, qu'il va tenter l'expérience et se laisser soumettre à la tentation...
Ce livre est excellent, un chassé-croisé de destins digne de la mythologie grecque, une écriture classique pour une histoire, des histoires, tout sauf classiques. L'abandon, l'inceste, le viol, le meurtre, l'amour, la manipulation, l'envie, le dégout, le vice et la vertu, sont ici mêlés avec grand art. On regarde, incrédule, puis horrifié, se débattre avec lui-même, ce démon de moine, qui entrainera dans sa chute, la pureté personnifiée...
Gothique, horrible et beau à la fois, tel est ce roman culte.

A échanger : livre acheté d'occasion, en bon état, si ce n'est qu'il est surligné au crayon de papier tout du long. mais ce n'est pas embêtant pour lire. bon état général.
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Le roman gothique par excellence apparemment mais pour moi le roman de la perversion. Cependant, j'ai adhéré et même pactisé avec ce diable d'Ambrosio et même si l'écriture de Lewis est classique et fluide, elle est incroyable et divinement bien traduit par De Wailly même si certains préfèrent celle d'Artaud.
Ambrosio vend son âme au diable en succombant au désir. le Décalogue en est bafoué tant les cruautés, les mensonges, les vices enflamment les règles célestes.
"Il ne savait pas combien le vent de la popularité est infidèle et qu'il suffit d'un moment pour faire l'objet de la détestation universelle de celui qui, hier, était l'idole de tous."
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