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4,1

sur 841 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Pour l'homme, ce n'est pas bon d'être seul. Je vais lui faire une aide qui lui convienne parfaitement. » (Genèse 2.18)
Une première de couverture assez explicite de GF avec un homme ou un moine défroqué très peu vêtu précipité, semble-t-il, dans les abîmes du mal. Une oeuvre très kitsch à l'époque mais qui a aujourd'hui un charme délicieusement désuet qui rappelle celui hispanique de Cervantès.
Une excellente présentation de Laurent Bury nous apprend que cette version de Léon de Wailly est très proche de la version originale de Lewis parue 1796 avant l'autocensure sous la pression de censeurs. «Le Moine» entre dans la catégorie du roman gothique initié par Horace Walpole, un coté sombre de la littérature de divertissement au « siècle des Lumières »
Un livre qui serait fortement inspiré des «Mystères du château d'Udolphe (1794)» d'Ann Radcliffe et qui connu un tel succès qu'il inspira Victor Hugo pour Notre-Dame de Paris (1831): l' archidiacre Frollo à des ressemblances certaines avec Ambrosio. Il subjugua des écrivains comme Breton et Artaud. Bref un best-seller intemporel.

La nuit promet d'être belle
Car voici qu'au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d'une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses...*

Beaucoup d'aimable grandiloquence avec des discussions au ton compassé, d'échanges de mots bleus et monologues amoureux interminables pour en arriver à la tentation du démon. Joutes verbales entre femmes et hommes pour la partie affectivité
Pour l'animation, un peu de capes et d'épées et d'«auberge rouge» pour asseoir ce mélodrame horrifique, sabbats démoniaques dans les souterrains de la maison de Dieu. Un soupçon mais édulcoré d' érotisme à la Siffredi , viol, inceste, parricide et matricide, infanticide, lynchage, «nonnicide» bref «la totale» et de l'inédit, voire du «trash» pour l'époque.
«Quand on n'a que l'amour...»
Pour les personnages, des Hauts en couleur. Mathilda La démone qui enchaîne l'ange déchu, «fait entrer Ambrosio en enfer par la porte du paradis» comme disait Saint Cyprien, deux meurtrières par amour et dépit doña Rodolfa La baronne Lindenberg et Beatriz de Las Cisternas: la nonne sanglante, Sainte-Agathe une fouettarde Dame abbesse. Une charge mentale très prégnante chez ces femmes de tête, fortes, manipulatrices, parfois perverses mais surtout fatales. Elles rosissent, rougissent, baissent les yeux, mais elles ont une volonté de fer et une résilience à toute épreuve: un régal! Et pourtant elles sont altruistes...
Quelques dégâts collatéraux, il y en faut pour le ventre mou du récit, avec une jouvencelle ingénue mais une seule.
Des personnages atemporels le Grand Mongol, variante peut-être du juif errant et surtout Lucifer en personne.
...Soudain les arbres frissonnent
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition...*
En comparaison de ces personnages forts, les mâles hispaniques sont plutôt énamourés et inconsistants, certes ils guerroient, ils chassent, ils pérorent, ils poétisent mais se font rouler dans la farine par jouvencelle et matrones qui les retournent comme des crêpes: de véritables tendrons ils défaillent, larmoient, s'alitent et dépérissent. On imagine aisément: nausées, vomissements, brûlures d'estomac, diarrhée et douleurs abdominales. «On craignait une phtisie» Horreur!
Ambrosio dans sa foi se découvre une libido insatiable mais peu estomac sans le coaching de Mathilda. Les biens nés Leonardo Don Lorenzo, Don Raymond et Don Christoval passent leur temps à courir après l'Arlésienne. Toutefois ils ont la catharsis facile et tournent la page rapidement: le bonheur n'attend pas.
Lewis donc un grand féministe avant-gardiste. Certes à la ville les femmes n'ont pas ou peu de pouvoir socialement, encore que Mère Sainte-Agathe et Doña Rodolpha ne soient pas à plaindre, mais coté jardin...ça décoiffe! Pensez Mathilda, on l'aime bien celle-là car elle assume, une femme qui fait trembler Lucifer!
Pour la morale, une perversion, en fait un athéisme très avant-gardiste mais à ce stade et pour l'époque, une effroyable impiété par la mise à mal des valeurs de la bible, de l'ordre religieux et par suite du sacré lui-même. Culotté, et même sacrément pour l'époque.
...Car devant tant de problèmes
Et de malentendus
Les dieux et les diables
En sont venus à douter d'eux-mêmes...*
Beaucoup d'horrifique et du très glauque, malsain, morbide on sent que Lewis c'est fait plaisir à en rajouter pour notre plus grand plaisir. Comme livre de chevet c'est parfait et on frissonne sous l'édredon lorsque la lumière est éteinte .Brrrrrr
C'est réussi! Vraiment Bravo.

*Champagne Higelin
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Quel délice…!
Non quel sadisme…! Mon Dieu, je m'égare, le Moine m'est monté à la tête. Ce roman gothique, satanique est sûrement un des musts du romantisme noir, genre très en vogue entre 1750 et 1850. Tout y passe, moine dévoyé, religieux travesti, abbesse cruelle, inceste, jeux sexuels, sévices corporels, viols, satanisme. Pour l'époque, l'auteur a fait fort, la censure aussi d'ailleurs. Mais même aujourd'hui en le lisant, on continue à ressentir un étrange sentiment, mélange de jouissance littéraire pour ces aventures ténébreuses, violentes et érotiques et répulsion pour ce moine sadique, victime de ses fantasmes trop longtemps retenus. D'une modernité incroyable, le roman en évoquant tous les vices humains, nous plongent dans les abysses de l'âme humaine, abordant les ambiguïtés androgynes qui trainent au fond de chacun, renvoyant à toutes les plaisirs interdits, mais souvent fantasmés, tels le libertinage, le travestissement, la bisexualité ou le sadomasochisme. L'auteur avec un génie précoce 20 ans, livre un brûlot maléfique, licencieux et irréligieux au possible, collant bien à son époque où l'église est prise dans la tourmente révolutionnaire et remise en cause par la philosophie des lumières.
Un conseil : méfiez-vous des monastères, surtout la nuit, à moins que vous vouliez jouer les Marquis de Sade ?
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Le roman gothique par excellence apparemment mais pour moi le roman de la perversion. Cependant, j'ai adhéré et même pactisé avec ce diable d'Ambrosio et même si l'écriture de Lewis est classique et fluide, elle est incroyable et divinement bien traduit par De Wailly même si certains préfèrent celle d'Artaud.
Ambrosio vend son âme au diable en succombant au désir. le Décalogue en est bafoué tant les cruautés, les mensonges, les vices enflamment les règles célestes.
"Il ne savait pas combien le vent de la popularité est infidèle et qu'il suffit d'un moment pour faire l'objet de la détestation universelle de celui qui, hier, était l'idole de tous."
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Sommet du roman gothique, le moine ne cesse de fasciner les amateurs du genre depuis 200 ans.
Dans l'Espagne du XVIIème siècle, Frère Ambrosio est le plus vertueux des hommes dans tout Madrid. Pourtant, sa vanité en fera la proie idéale du Diable avec lequel il passera un pacte et s'adonnera bientôt à toutes sortes de vices et de débauches.

Avis :
Un roman gothique dans toute sa (terrifiante) splendeur !
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Roman phare du style gothique, le Moine en possède toutes les caractéristiques :

Le récit s'installe dans une église, où le charismatique Ambrosio ressemble les foules subjuguées autour de ses célèbres sermons. L'homme est un saint, un modèle pour les fidèles catholiques de l'Espagne du 17è siècle. L'évolution du personnage est typique, la tentation l'atteindra, par les manigances d'une femme sulfureuse et déterminée.
Ne manqueront pas les cryptes, les souterrains, les salles de torture (l'Inquisition n'est pas absente).

L'intrigue est ponctuée de promesses, de pactes, et de tractations occultes qui font la gloire du genre.

Quant à l'image de la femme, elle oscille entre la petite chose fragile et innocente, et la diablesse messagère du malin.

Le fantastique s'invite également dans les lignes, les apparitions fantomatiques et les monstres échappés de l'enfer se disputent la vedette. Les potions diverses apparentées au GHB ou armes de crime ont une efficacité redoutable.


La construction est finalement assez moderne, ou plus exactement la déstructuration temporelle des romans actuel n'est pas un procédé si moderne, puisqu'on le retrouve avec les récits anciens enchâssés dans le roman.

Le roman souffre sans doute de l'usure du temps. Il a cependant le mérite d'avoir été le chef de file de nombreux autres ouvrages dont les romans culte que sont Frankenstein et Dracula.

441 pages Gallimard 4 octobre 1975
Caverne des lecteurs
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Tombé par hasard sur une critique qui qualifiait ce livre de précurseur du roman d'horreur, j'ai été assez intrigué pour le lire et j'ai bien fait. Pour l'apprécier il faut cependant ne pas être allergique au style de l'époque où le développement est lent, la présentation des personnages plutôt détaillée, les scènes délicates décrites avec extrême pudeur. Cela n'a pas toutefois pas empêché ce livre d'être mis à l'index. On comprend facilement pourquoi avec la charge implicite qu'il contient contre les religieux, les épisodes de satanisme, de viol et de meurtres. Reste qu'il serait réducteur de ne retenir que ces aspects car les luttes internes qui hantent Ambrosio tout au long de sa lente déchéance, la détermination dont fait preuve Lorenzo pour retrouver Agnès, le sadisme de la mère supérieure sont autant d'aspects finement traités qui suscitent réflexion. Bizarrement le style m'a fait penser à Dumas ou Cervantes lorsque parfois la tournure des phrases transcende le propos. Tout contribue à créer une ambiance très particulière générant parfois une tension palpable et même un léger inconfort devant certaines exactions. Preuve que ce livre est efficace et mérite amplement selon moi le détour.
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Découverte Babelio, où la "guerre" des traductions fait rage parmi les critiques, je me demandais encore s'il fallait opter pour la traduction / "adaptation" d'Artaud quand le hasard m'a désigné la traduction de Léon de Wailly dans une brocante. Si on ajoute à l'authenticité (après tout, c'est cette version que les surréalistes ont d'abord découvert) une affriolante couverture constituée d'une gravure colorisée où un moine lubrique et épais se jette sur une jeune femme dévêtue et évanouie, la traduction de de Wailly dans l'édition Bookking International de 1996 l'emportait.

Arrêtons-nous un instant sur ce pauvre Léon de Wailly : il n'en reste (à croire Babelio) que ses traductions, alors qu'il fut aussi dramaturge et librettiste au milieu du XIXème siècle. Selon ses dires, les traductions précédentes étaient entachées de trop d'imprécisions et c'est donc grâce à lui que le père des romans gothiques anglais est parvenu de ce côté du Channel. En tous cas, il a eu le bon goût de traduire l'édition originale, et non celle expurgée deux ans après par l'auteur lui-même afin d'éviter des désagréments judiciaires. Parce que, comme il l'écrit dans sa préface : "Certaines fautes contre le goût, contre la décence, ne constituent pas un livre immoral. Qu'on interdise ces sortes de lectures aux jeunes filles ; mais il est impossible que les hommes faits n'aient pas une bibliothèque qui ne soit pas celle des enfants".

Protéger les jeunes filles, en voilà une belle idée en introduction de ce livre. C'est aussi l'idée d'une mère inquiète dans le roman, à propos de la Bible, qui "tout en admirant les beautés des saintes Écritures, était convaincue que, si l'on en retranchait rien, c'était la lecture la moins convenable qu'on pût permettre à une jeune personne".

Encore eut-il fallu ne pas se tromper de cible : les lectures olé-olé ne sont pas le pire péril qui les guette, mais bien davantage les menées des gens d'églises, et en particuliers de couvents. Que ce soit la lubricité d'un moine ou l'extrême rigueur d'une mère supérieure, ces lieux semblent avoir été pleins de chausses-trappes pour les oies blanches.

Ah oui, parce qu'il faut bien l'avouer : tout gothique qu'il soit, ce livre n'a rien de flatteur pour la gent féminine. A part la mère prudente évoquée précédemment et plutôt bien traitée par l'auteur , les catégories de femmes ici représentées sont, par ordre d'apparition dans les pages : des oies blanches donc, jouvencelles innocentes et un rien femmes-objets (dans le sens d'être uniquement soumises aux désirs masculins et systématiquement victimes des menées et circonstances) ; des péronnelles que l'âge rend seulement stupides (pour l'une) ou méchamment aigrie (pour l'autre) ; des succubes (dont une magnifique, il faut bien l'avouer) ; et des tortionnaires. Pas franchement flatteur.

Côté intrigue, on trouve là une belle maturité pour un auteur si jeune : l'enchainement des évènements qui fabrique ces destins contraires est d'une logique imparable, une fois acceptées les conventions et le code de l'honneur de l'aristocratie espagnole du 16ème siècle (un peu de carnaval, tout de même : on repère quelques noms italiens, à moins que ce ne soit des transfuges du Royaume de Naples...). Et quelques passages de suspense gentiment haletants.

Mais ce qui frappe, c'est la jubilation dans l'horrifique doublée d'une belle propension à l'érotisme. Je ne sais d'ailleurs pas d'où la quatrième de couverture tient que ce livre a été écrit pour "distraire sa mère", mais j'en doute un peu. D'abord je n'en ai pas trouvé mention, ni dans la préface de l'auteur, ni dans les pages internet en anglais sur le livre ou l'auteur. Ensuite, il y a quand même quelques scène un peu hot pour imaginer qu'un fils aimant de cette classe sociale à cette époque les ai vraiment destinées au divertissement de sa mère. Il écrivait plutôt pour assurer des revenus à sa mère, séparée de son père.

Ce qui frappe aussi, ce sont les deux personnages principaux, le couple infernal constitué du moine et de sa maitresse. (Parce que les deux petits messieurs qui tentent de lutter contre leurs menées me semblent bien falots par comparaison, très ballotés par les évènements). Les errements de conscience du moine sont convenus, ses actions le sont beaucoup moins. Et la vraie héroïne du roman n'est-elle pas finalement son inspiratrice, maitresse et succube infernale ? Même si elle a choisi le mal, c'est une belle peinture de femme libre, pleinement responsable de ses actes et de leurs conséquences.

Reste pour moi un mystère : d'où sort cette apostrophe finale, en tout dernier paragraphe, et à qui s'adresse-t-elle ?
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Ce roman décrit l'ascension et la chute du frère capucin Ambrosio dans le Madrid du 17ème siècle. Abandonné peu après sa naissance aux portes d'un monastère, il y a été élevé par les frères, avant de devenir un prédicateur hors pair, suscitant l'admiration de tous et attirant les foules à chacun de ses prêches. Réputé pour sa rigueur et sa vertu, il se croit à l'abri de toute tentation. Jusqu'au jour où il croise le chemin de Valerio, jeune novice. Un classique de ce qu'on appelle la littérature gothique !
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Lecture gothique
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Matthew Gregory Lewis, l'auteur de ce roman, est né en 1775. Il était le fils unique de Matthew Lewis, qui occupa longtemps le poste élevé et lucratif de secrétaire suppléant au ministère de la Guerre, et de Miss Sewell, dont la famille possédait des biens considérables à la Jamaïque. Au sortir de l'école de Westminster, son père l'envoya dans une université d'Allemande pour apprendre la langue du pays. le diable, à cette époque, était fort prisé dans la littérature allemande. Matthew Gregory s'inspira, comme beaucoup d'auteurs, devant le maître de l'enfer. le moine fut la première et la plus riche de ses offrandes. Lorsqu'il composa ce manuscrit, il n'avait guère plus de vingt ans. Lors de sa publication, ce livre fit sensation. le public applaudit la virtuosité de l'écriture et le côté obscur du récit plutôt bien rendu, ainsi que la vivacité de certains détails. de son côté, l'Eglise mis es ouailles en garde contre pareille lecture. C'est vrai que l'auteur n'a pas pris soin de la dépeindre avec dévotion. Ici, les amours sont décrits avec un talent qui a un peu vieilli. Inutile, par contre, de voir le film avec Vincent Cassell, archi-nul et non avenu !
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