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Merci à Babelio et aux éditions Seuil Cadre noir pour ce livre fruit d'une opération Masse critique particulière ♥

Au tout départ j'ai été un peu paumée, je n'arrivais pas à tout saisir, non seulement l'auteur faisait quelques aller-retour surprenants et déstabilisants dans l'histoire et puis dans mon exemplaire le nom du personnage sur la 4ème de couverture n'était pas le même que dans le livre ... Crichton... Creighton... Au départ j'ai donc du m'assurer qu'il s'agissait du même personnage. Non je n'étais pas saoule il y avait bien une coquille dans le potage....

Je me rends compte que sur le site de l'éditeur l'erreur a été corrigée, j'espère qu'ils ont pu rattraper l'affaire à l'impression des livres....

Rassurée quant à ma santé mentale j'ai pu continuer sereinement ma lecture. J'ai alors fait la connaissance de Baer Creigthon et de son chien ... Ou du moins ce qu'il en reste de ce brave toutou... En effet, celui-ci a été enlevé par des gens très mal attentionnés pour le faire combattre contre d'autres chiens pour de l'argent ...

Oui, Fred est le chien de compagnie et même le compagnon tout court de Baer. Il n'a dans sa vie pas grand chose à lui alors son chien, son Fred c'est presque tout.

Baer est un fameux bouilleur de cru, de celui qui fait des jaloux et exacerbe les convoitises et énerve ses concurrents.

Son chien, son alambic, son petit coin dans la nature voilà en résumé la vie de Baer, alors quand on touche à un de ses biens Baer va chercher vengeance. Il va n'avoir de cesse de se venger de ceux qui ont mis en péril la vie de Fred et même plus ...

Baer va se lancer à la recherche de ces hommes sans foi ni loi sans coeur et peu reluisants.

Sur son chemin il va retrouver les membres de sa famille : son frère Larry, sa belle soeur Ruth, sa nièce Maé ainsi que ses enfants.

Et pour ses femmes, les femmes de sa triste vie, Baer va se plier en 4. Il faut dire qu'il a profondément aimé Ruth avant que son frère ne lui la ravisse.... Il l'aime encore d'ailleurs sa Ruth. Pour le pire et le pire en quelque sorte...

Suivre Baer ne sera pas de tout repos croyez moi, mais on a bien envie tout comme lui d'assouvir cette vengeance en mémoire de Fred ! Et il en a de la ressource ce gars là !!!

Comme l'auteur le souligne dans une note à la fin du livre : "Tout combat individuel contre le mal est héroïque, car son issue n'est jamais garantie."

Il m'a bien plu ce Baer, même s'il est brut de décoffrage, j'ai bien ressenti chez lui un gros coeur tendre. Il m'a parfois fait penser à Mc Gyver dans ses installations de bric et de broc mais bien pensées.

Il est le roi des réparties savoureuses et des portraits tirés à la chevrotine ! Ça déchire grave et c'est caustique comme de la soude.

Une lecture que j'ai apprécié comme un petit verre de gnôle, ça vous arrache la gueule et ça nettoie en profondeur.

C'est sec avec un petit parfum de pommes ou de poires qui revient alors délicatement flatter votre palais.

A lire cul sec et sans modération si vous ne craignez pas les degrés d'alcool !
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Je remercie tout d'abord Babelio, sa Masse Critique Spéciale et les éditions du Seuil – Cadre noir pour l'envoi de ce roman!

Nous sommes en Caroline du Nord, en pleine cambrousse. Pensez! Juste deux feux rouges dans le bled! Petite ville rurale, avec des autochtones pas vraiment en costards cravates. Au contraire, la flicaille est corrompue, les combats de chiens clandestins sont à la mode et la gnôle artisanale illégale inonde le marché local.
Et Baer Creigthon n'a pas son pareil pour faire chanter son alambic, là-bas, planqué dans les bois. C'est qu'il est atteint d'un don maléfique: il repère les menteurs aux travers de leurs ondes électriques. Alors c'est une bonne raison pour s'isoler dans la nature.
Jusqu'au jour où on s'attaque à son chien, son seul ami, Fred.
Et là, ça va faire mal.

Roman rural noir.
Totalement.
Un huis clos isolé du monde, à la mentalité frustre et aux méthodes expéditives. J'ai lu un règlement de comptes à OK Corral… mais en Caroline du Nord.
Le langage est aussi cru que les hommes sont bruts.
Les armes parlent aussi vite que l'alcool dévale les gosiers.
Il faut bien avouer que l'intellect ne vole pas très haut et que les préoccupations des uns et des autres restent très limitées et ne s'orientent pas vraiment vers la paix universelle!
Une parfaite illustration de la Loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent… et un peu plus si affinités!

L'action s'articule autour de Baer Creighton.
Baer n'est plus tout jeune. C'est un solitaire car les humains le déçoivent par tous leurs mensonges. Baer adore son chien, Fred. Ils vivent pépère dans la forêt, chichement malgré les profits de son trafic gentillet.
Mais un jour, on touche à son compagnon à quatre patounes, le laissant aux portes de la mort.
Baer va vouloir se venger et je le comprends ô combien! Sa vengeance se catalyse autour de la personne de Joe Stipe, le mafieux du coin qui aimerait avoir la mainmise sur l'ensemble du trafic d'alcool, dont la petite entreprise de Baer, et accessoirement organisateur des combats clandestins de chiens.

Baer est un personnage bourru mais avec le coeur tendre. Il pense toujours à son amour de jeunesse, Ruth. Il veille même sur sa fille. Ce sont d'ailleurs les seuls personnages féminins du roman noyées au milieu de cette bande de machos.
Il vit au contact de la nature, la vraie, l'intemporelle, au coin du feu, la douche dans l'eau glaciale de la rivière et le froid de la nuit.
Il bricole avec trois fois rien, Baer. J'ai bien aimé ses petits tuyaux (de cuivre!) pour une bonne distillation de derrière les fagots!
C'est un personnage attachant que j'ai aimé suivre dans l'élaboration de sa vengeance. Les thèmes de la solitude, de l'attachement à son animal m'ont beaucoup touchée. Et la vengeance qui suit, en réponse à la cruauté infligée à Fred, également. Je sais, c'est pô bien et l'escalade des coups donnés et reçus semble disproportionnée, mais reste compréhensible. Touche à un de mes animaux et la femme des cavernes qui sommeille sous le vernis social explose en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire! de plus, existe-t-il une réponse adaptée quand le mal est incarné par des brutes lobotomisées?

Le récit est cynique, teinté d'un humour cru et brut de décoffrage. le style de l'auteur est agréable malgré parfois quelques longueurs. Il le confie lui-même, il a écrit un roman moral pour prouver que face au mal, il ne faut jamais baisser les bras.
Et c'est à nous, lecteurs, peut-être, de nuancer la chose en se posant la question: est-ce que la fin justifie les moyens?

Je vais être honnête, j'étais assez dubitative avant de démarrer ma lecture car ce n'est pas franchement mon style livresque préféré. Je suis certaine qu'il ravira les fans du genre mais, au final, ce roman n'aura pas ébranler mon avis d'un iota, malgré le personnage de Baer que j'ai beaucoup aimé, mais . Bin oui, en plus, on s'en est pris à son chien et ça… fallait pas!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Ce roman m’a complètement bouleversée. Je savais dés le début qu’en me risquant à lire ce roman je pouvais ou ne pas du tout aimer ce livre ou au contraire vraiment l’apprécier. Heureusement même si certaines scènes sont très éprouvantes à lire j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir l’histoire que malheureusement beaucoup de chiens vivent…
L’auteur fait passer un message dans ce roman, ce n’est pas un simple livre que l’on peut refermer après l’avoir lu et oublier cette histoire. A travers le personnage principal on découvre un homme dont son seul but va être la vengeance.

Pour moi un animal doit être bien traité. On l’accueille chez nous il faut donc lui offrir l’amour dont il a besoin. Que l’on soit riche ou pauvre le chien s’en moque et n’a besoin que de manger et de l’amour de son maître. Dans ce roman Clayton Lindemuth met en avant cette relation homme/chien mais aussi malheureusement certaines pratiques qui sont censées ne plus exister. On se rend compte très rapidement que tout le monde sait mais que personne ne fait rien pour arrêter les choses. Jusqu’au jour où…

C’est un roman que je vous conseille parce qu’il montre l’attachement d’un homme à son meilleur (et seul !) ami et ce qu’il va faire pour lui. Au contraire si comme moi vous êtes un peu sensible à la cause animale si vous avez envie de lire ce livre (que je vous conseille tout de même) je vous préviens d’avance, certaines scènes sont assez difficiles.

Les retournements de situations ne sont pas très nombreux mais s’enchaînent bien. L’auteur n’a pas cherché à montrer l’horreur de certaines pratiques mais il a surtout voulu que le lecteur ouvre les yeux et que s’il est confronté à ce genre de chose il ne se taise pas !
Les descriptions sont bien présentes. Il n’y en a ni trop ni pas assez. Bien sûr j’aurais peut-être apprécié que certains passages, notamment ceux centrés sur la relation homme/animal soient un peu plus décrits mais dans l’ensemble l’auteur nous plonge vraiment dans son univers. On partage le quotidien des personnages dès le début du roman !
Ce que j’ai bien apprécié c’est le fait que l’auteur alterne les points de vue. On peut ainsi découvrir ce qui se passe à plusieurs endroits mais aussi les ressentis des différents personnages.

La fin m’a beaucoup plu et touchée. Je m’attendais à ce genre de fin mais je n’aurais pas vu un autre épilogue pour ce roman.
En résumé, un thriller très réaliste et qui nous fait ouvrir les yeux sur l’enfer que peuvent vivre certains chiens comme Fred ou Joe… malheureusement beaucoup plus qu’on ne le pense. Je pense que ce roman devrait être lu par tous pour nous faire prendre conscience de certaines choses.

Lien : http://fais-moi-peur.blogspo..
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Un avis très mitigé sur ce roman noir rural dont j'avais pourtant lu de stimulantes critiques dans la presse française lors de sa sortie.
Je m'étais d'autant plus laissé convaincre que l'oeuvre précédente de Clayton Lindemuth, "Une contrée paisible et froide" m'avait sorti de ma léthargie de lecteur souvent déçu.
Le contexte est sensiblement le même (récit de représailles parmi les déclassés de l'Amérique rurale, ici des distilleurs clandestins et des organisateurs de combats de chien) mais cette fois-ci, la sauce n'a pas pris avec moi, ce que je regrette beaucoup puisque je m'attendais à être conquis (comme quoi, avec la littérature, mieux vaut ne jamais partir sur des a priori).
Le roman semble d'autant plus long que l'annonce de la vengeance "hors-norme" du personnage principal survient dès les premiers chapitres et qu'on se demande où l'auteur souhaite nous mener durant les presque 400 pages que compte ce roman.
Il y a certes de la violence physique et verbale, une certaine noirceur du style et des âmes, un contexte poisseux, et le roman n'est pas non plus un total navet, mais j'ai vraiment éprouvé que le récit patinait malgré des personnages principaux et secondaires bien dessinés.
La 4e de couv. compare cet auteur à Donald Ray Pollock et pour avoir lu les deux romans de ce dernier, je peux vous affirmer que c'est largement exagéré !
Je n'attends désormais plus de bonne surprise de la part de cet auteur.
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Chienne de vie

La vie de Baer Crichton n'a rien d'un long fleuve tranquille. Depuis des années il vit reclus dans un campement près de la maison dont il a hérité de son père, seul ou presque. Son compagnon a quatre pattes, c'est un pitbull prénommé Fred. Baer est un hors la loi, un bouilleur de cru : il distille un alcool de toute première qualité et a une clientèle fidèle, notamment le shérif. Ça lui suffit, la nature, quelques visites à sa nièce dans le bled du coin, son fric converti en or et soigneusement caché, et son chien, car Baer et Fred c'est à la vie et à la mort. Mais voilà, Baer a aussi quelques inimitiés, son frère Larry qui lui a volé la femme qu'il aime et le caïd de la région, Joe Stipe qui a la main mise sur les trafics et organise des combats de chiens. le jour où Fred est kidnappé puis balancé d'une bagnole devant sa porte, en piteux état, Baer décide qu'il est temps de mettre fin au règne de Joe Stipe et de ses sbires.
En mémoire de Fred est un roman noir ancré dans le terroir sombre de la Caroline du Nord. Cette région, je l'ai déjà explorée (littérairement parlant s'entend) avec l'un de mes auteurs favoris, David Joy, un territoire rural principalement, les Appalaches en toile de fond. Ce livre ne rivalise pas avec ceux de David Joy mais parle plus ou moins de la même chose, des mêmes personnes, de leurs préoccupations bien terre à terre, trouver un boulot (légal ou pas, il faut bien vivre), faire avec (ou sans) l'héritage familial. L'auteur décrit très bien l'ambiance de cette petite communauté : tout le monde se connaît, une poignée de main suffit à sceller un accord, mais un rien peut également faire tout dérailler. Baer est un personnage atypique, sauvage et violent mais également tendre notamment avec ses nièces et son chien. Baer a également un don, ou une malédiction, qu'il entretient à grandes lampées de la gnôle qu'il produit : il peut savoir si la personne qui lui parle ment. Une faculté qui lui sera bien utile.
Noir et violent, un bouquin qui vous brûle comme un shot de bourbon !
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Oeil pour oeil et dent pour dent !
Quand Fred, son pitbull et meilleur ami, lui est enlevé et rendu en piteux état après un combat de chien, Baer n'a plus qu'une idée, faire payer celui qui a fait ça !

Un "beau" tableau de l'Amérique profonde avec une galerie de personnages triés sur le volet. Notamment Baer Crichton, lui il est hors norme, il est merveilleusement imparfait. En plus Baer parle au animaux. Et comme son frère ainé a tenté de le tuer plus jeune en l'électrocutant, Bear depuis, détecte les menteurs. Vous mentez et il reçoit une décharge électrique et vois un point rouge dans vos yeux. 

Un bouquin qui vous sort de votre zone de confort. Un livre qui nous questionne sur la différence entre le Bien et le Mal. Dans ce coin reculer des Etats-Unis certains hommes vivent selon leur propre lois et ils s'attaquent à des innocents sans que personne ne s'en émeuve. Alors lorsque notre anti-héros lance sa vengeance, on accepte qu'il se fasse justice lui-même. Pire on espère même s'il va s'en sortir tellement il s'attaque à plus fort que lui. On pourrait même approuver toutes cette violence qu'il déploie pour venger Fred.

Surtout que Bear va être mal menée par la bande de malfrat qu'il poursuit où plutôt qui le poursuive. Bref vous l'aurez compris on es ici dans une véritable chasse à l'homme. Mais la proie va aussi se faire bourreau.

Le style de notre auteur est rude parfois même limite grossier même l'humour est bourru. Mais il correspond parfaitement au mode de vie de ce coin reculer où seuls les hommes, les vrais, les durs, ont le droit de citer. Pas de place pour les mauviettes, pour les faibles, pour les femmes. Ils sont juste bons à être soumis.

Ce livre est un condensé de testostérones et pourtant j'ai apprécié sa lecture et j'ai aussi beaucoup aimé les descriptions de cette nature sauvage et des paysages grandioses qu'elle propose. 

 On est ici sur le fil du rasoir, on ne sait jamais s'il existe un équilibre entre le bien ou le mal. Ou se trouve la bonne limite...  conseil qui pourrait s'appliquer à bien des niveaux, la fin justifie-t-elle les moyens déployés ici ?

Rien n'est moins sûr !

Pourtant au-delà même du livre d'action, Clayton Lindemuth nous offre un excellent  polar rural !
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Une contrée paisible et froide avait été une très belle découverte, j'étais donc très impatiente de lire le nouveau roman de Clayton Lindemuth !

L'auteur reste dans son domaine de prédilection du country noir américain en y ajoutant une petite touche de surnaturel avec le don précieux de son antihéros. Ce roman a pour thématique centrale la vengeance, il est plus frappant que son roman précédent, plus sombre, plus noir, plus dur. Si pour certains aspects j'ai préféré le premier livre, celui-ci a de sérieux atouts qui démontrent encore une fois tout le talent de cet auteur.

Il réussit ainsi à brosser le cadre social des coins reculés américains, point essentiel du country noir et qui donne une puissance humaine au récit. Il réussit aussi à décrire une histoire qui devient progressivement fascinante du fait de son personnage central : un être rustre mais néanmoins attachant. Un être qui va aller au-delà de toutes les conventions, des moeurs et ce pour respecter la loi du talion.

Avec des dialogues vifs et acérés, des descriptions réalistes et exacerbés, des rebondissements forts et puissants, En mémoire de Fred est un excellent roman qui démontre la faculté de l'auteur à allier un style efficace et un récit prenant. Je vous conseille donc de vous procurer son premier en poche et d'y ajouter ce second : de quoi bien se régaler avec les beaux jours qui arrivent.

En définitive, encore une fois jackpot pour Cadre Noir, cette collection signe des débuts très prometteurs et excellents !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Après son premier roman « Une contrée paisible et froide », salué par la critique, Clayton Lindemuth nous revient avec un nouveau roman rural, aussi noir et rugueux.

Baer Crichton est un vieux garçon, fruste et macho, un « redneck » doté d'un grand sens moral. Il vit seul au milieu des bois, avec pour seule compagnie un pitbull du nom de Fred, avec qui il a de longues conversations muettes, pendant que son alambic distille la meilleure gnôle de tout le comté. La vente de cet alcool lui assure un revenu confortable qu'il transforme régulièrement en pièces d'or que tel un Leprechaun, il cache dans le creux d'un arbre.

Depuis son enfance, il est porteur d'un don bien particulier : depuis que son frère Larry l'a électrocuté, il a acquis ce pouvoir mystérieux qui lui permet de discerner les menteurs, car leurs yeux émettent une lueur rouge et il ressent dans tout le corps des fourmillements électriques. « Que ce pouvoir soit une bénédiction ou une malédiction, je tâche de le noyer dans l'alcool. A force, j'y suis presque arrivé. »

Un jour une camionnette dépose devant son campement le corps de Fred, son pitbull. le chien est salement amoché, le poitrail déchiré et les yeux couverts de croûtes. Il s'avère que Fred a été enlevé et contraint de participer à un combat de chiens, livré en pâture à un adversaire beaucoup plus aguerri. Ces combats de chiens sont organisés toutes les semaines sous la houlette de Joe Stipe, un gros bonnet du coin.

« Une vingtaine d'enfoirés. L'un d'eux a kidnappé Fred.
Ça ne va pas lui porter chance.
Accroupi derrière un orme, je me tasse contre l'écorce lisse.
Il fait si sombre que je pourrais me redresser pour agiter mon zob sans qu'ils s'en aperçoivent. La petite arène est éclairée par une lampe à kérosène, sa lumière orange vacille dans le tourbillon des papillons de nuit ; tout autour, les fêtards rigolent, braillent, sifflent comme s'ils mataient des filles à poil. D'où je suis, pas moyen de distinguer les combattants qui s'étripent au milieu de l'arène, deux chiens élevés dans ce but ou peut-être volés à un gosse ; ou alors à un pauvre con comme moi. »

Baer n'entend pas laisser impuni cet acte de cruauté envers son ami Fred. Il va donc tâcher de retrouver celui qui l'a enlevé, et nul ne doute que sa vengeance sera terrible. « Oeil pour oeil, dent pour dent », la punition doit être à la mesure de l'offense.
Les solides raclées qu'il endure en se frottant aux sbires de Stipe, au lieu de le freiner, ne feront que le conforter dans son projet initial, et seul contre tous, il va rendre coup pour coup, jusqu'à accomplir sa vengeance ultime.

Baer est un personnage que son don a contribué à éloigner des autres. La sensation pesante de vivre dans un monde entouré de menteurs l'a conduit à choisir le mode de vie sauvage qui est le sien. Son code moral est très rigoureux, et il ne tolère pas l'injustice. Ses seuls élans de tendresse sont réservés à son chien Fred, à Ruth la femme qu'il a aimée jadis avant qu'elle ne choisisse son frère Larry, et à Mae, la fille de celle-ci, qui élève seule les trois enfants qu'elle a eus avec ce bon-à-rien de Cory Smylie, le fils du shériff.

Les personnages évoluent dans un milieu très fermé de petite ville de cambrousse, un univers particulièrement fruste, où malgré la poussée du monde moderne, les vieilles habitudes des « rednecks » locaux, telles l'alcool, les trafics, et les violences conjugales font toujours partie du quotidien.

« Nulle part dans cette société, sauf autour de l'arène de Stipe, les hommes ne pouvaient encore éprouver des sensations fortes. Rien d'autre ne remplissait leurs narines de l'âcre odeur du sang, plus rien ne satisfaisait leur soif innée de carnage. »

Comme le dit l'auteur, il écrit du noir, car le monde dans lequel il vit est un endroit sombre. Ses personnages sont « profondément imparfaits parce que, même pour les meilleurs d'entre nous, le bien doit être un sacré bagarreur de rue pour vaincre le mal qui est inhérent à notre nature. » le scénario est prenant et les personnages sont bien dessinés. Il n'est pas tendre avec eux, sauf pour les rares personnages féminins de l'histoire, et peut-être aussi pour Baer qui, même s'il commet des actes abominables, agit en réaction aux torts qui lui ont été causés, en quelque sorte pour rétablir un certain équilibre des choses.

L'écriture est très vivante et imagée, le langage parfois un peu cru, avec ça et là quelques touches d'humour. L'auteur alterne au fil des chapitres les points de vue de Baer et des autres protagonistes de l'histoire, les sbires de Stipe, son frère Larry et sa fille Mae.

Sur fond d'alcool, de violence et de mort, ce roman, bien que très rugueux, est aussi plein d'humanité, mais dans ce qu'elle a de plus brut, aux extrêmes du bien et du mal.

Dans le cercle des auteurs de noir rural, Clayton Lindemuth est en train de faire sa place au soleil, et je gage que ce roman rencontrera sans doute un beau succès, amplement mérité.

Merci à la Masse critique de Babelio et aux Éditions Seuil pour ce bon moment de lecture.
Éditions Seuil/Cadre Noir, 2017
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Clayton Lindemuth, né à Royal Oak, Michigan, a grandi dans l'ouest rural de la Pennsylvanie. Après des études à l'Arizona State University, il s'est établi à Chesterfield, Missouri, où il travaille comme consultant financier et assureur. Quand il n'écrit pas, il s'entraîne pour le marathon ou fait de la menuiserie. En mémoire de Fred, son second roman traduit chez nous, vient de paraître.
Baer Creighton fabrique de la gnôle dans les bois de Caroline du Nord. Signes particuliers, il reçoit une décharge électrique et voit une lueur rouge dans les yeux de ceux qui lui mentent et tient des conversations avec son fidèle et seul ami le pitbull Fred. Quand son chien sera enlevé, livré à un combat de chiens clandestin et qu'on lui rendra dans un sale état proche de la mort, Baer va péter un câble et jurer de se venger.
Cambrousse, alambics clandestins, combats de chiens, rednecks, caïd local et shérif corrompu, voilà le décor de ce roman. Baer va se lancer dans une vendetta riche en suspects au départ et non moins pauvre en cadavres à l'arrivée. Sur sa liste, Joe Stipe l'organisateur des combats et sa bande de sbires mais il y a aussi Cory, une petite frappe accessoirement fils du shérif et père de trois enfants faits à Mae qu'il tabasse quand il n'a rien d'autre à faire, la fille de Ruth. Ruth que ce sont chipés l'un l'autre Baer et son frère Larry dans leur jeunesse, contentieux fatal depuis entre les frangins… Je pense que vous avez bien saisi le genre d'ouvrage.
Le sujet n'est donc pas particulièrement original et pour que le roman soit bon, il faut que l'écriture le soit. Ce n'est hélas pas le cas. le roman n'est pas mauvais au point que je vous le déconseille, n'exagérons pas non plus, mais il s'inscrit dans la liste trop longue à mon goût, des bouquins quelconques. Je n'ai lu que ce livre de Clayton Lindemuth, je ne peux pas en tirer une règle générale, mais il m'apparaît ici comme un écrivain trop « gentil » ce qui cadre mal avec son projet de roman noir. Un roman noir écrit d'un gris pâlichon. Quand je vois que certains le rapprochent d'écrivains comme Ron Rash ou Donald Ray Pollock, je ne trouve pas cela sympa pour eux !
Aucune subtilité dans ce texte, trop d'explications dans les actions qui deviennent du remplissage, psychologie au ras des pâquerettes alors qu'il y avait matière à se référer aux tragédies antiques (je ne vous ai pas tout dit dans le résumé) et plus banal, Abel et Caïn. Donc, un gentil roman, trop édulcoré à mon goût mais qui peut plaire aux âmes sensibles qui rechignent d'habitude devant ce type de bouquin.
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Baer retrouve son chien près de chez lui, mais mortellement blessé. Devinant que Fred (c'est son chien) a été enlevé pour participer à des combats illégaux, il décide d'en avoir le coeur net.

Baer est un original qui vit à côté de la maison hérité de ses parents et rachetée à son frère, et il distille la meilleure eau-de-vie à des kilomètres à la ronde.

Son amour de jeunesse, Ruth est partie habitée ailleurs en laissant sa fille Mae se débrouiller avec ses 3 enfants en bas âge et un mari qui la bât.

Quel beau tableau de l'Amérique profonde où le shériff est corrompu, les hommes saouls ou défoncés du soir au matin, les maisons brinquebalantes mais les 4X4 rutilants.

Le personnage de Baer m'a attendrit, qui repousse l'idée de rendre oeil pour oeil et dent pour dent. Et qui pourtant doit s'y résoudre.

J'ai aimé le style, enlevé et très réaliste tout en étant travaillé.

J'ai trouvé le personnage de Mae très attachant : mère seule de trois enfants suivant des courts par correspondance.

Seules les descriptions de combats de chiens ne m'ont pas plu.

L'image que je retiendrai :

Celle des parfums de l'eau-de-vie illégale distillée par Baer.
Lien : http://alexmotamots.fr/en-me..
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