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C'est l'histoire d'une mère célibataire et d'un fils, racontée sur quatre années. Dès les premières pages, Gloria apprend qu'elle est atteinte de la maladie de Charcot qui va détruire irrémédiablement son système moteur, lui faisant perdre autonomie et capacité à se servir de ses mains, à marcher, à se nourrir, à parler, à respirer. Corey a une quinzaine d'années lorsque la tragédie se met en marche.

Atticus Lish a l'art des portraits et des descriptions, phrases taillées dans le granit, écriture terrienne ancré dans une réalité presque naturaliste, oscillant entre économie de mots tranchante et attention portée aux détails qui ont de l'importance. le lecteur est invité dans le destin de ce duo animé par un amour maternel / filial inouï ; l'épine dorsale du récit est incontestablement l'engagement inébranlable de Corey envers sa mère tout au long de l'évolution de sa maladie.

Le Monde de la berge fleurie est un roman initiatique mais très loin des récits héroïques dans lesquels des hommes déterminés progressent et gravissent les échelons jusqu'à un accomplissement viriliste. C'est tout l'inverse tant Corey doute, se trompe face aux épreuves à surmonter et aux dilemmes à résoudre, obligé d'accumuler les petits boulots au péril de ses études pour payer les factures de soins à mesure que les impératifs écartent les futurs possibles. Comment devenir une bonne personne et le rester quand toutes les voies semblent bloquer ?

Le tout dans le Boston des quartiers ouvriers qui nous fait plonger dans des vies souvent ignorées par la littérature; avec ce roman, on vit l'expérience sensorielle de la pauvreté, c'est souvent saisissant. Atticus Lish sait brillamment restituer ces paysages urbains, chaque page du roman se voit, de l'appartement miteux de Gloria jusqu'aux salles de sports martiaux dans lesquelles Corey exprime sa colère et se sculpte un corps solide à l'opposé du corps douloureux de sa mère.

J'ai trouvé le roman remarquable jusqu'au cent dernières pages. Mais le dernier quart ne m'a du tout convaincue. Dans le dernier quart, l'auteur lâche les rênes en une ruée de rebondissements vraiment sordides. L'irruption démultipliée de la violence ne me dérange pas, j'ai la couenne épaisse, mais là je l'ai trouvée hors-sujet même si ces péripéties inattendues permettent d'accélérer l'évolution de Corey et sa prise de décision. le roman est déjà très chargé en tragédies , ne serait-ce que par le compte-à-rebours sans issue face la maladie. Là, il devient effroyablement sombre, trop à mon sens.

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7 ans…

Il m'aura donc fallu attendre sept ans pour qu'Atticus Lish, l'auteur de l'inoubliable Parmi les loups et les bandits (et des non moins inoubliables Skinner et Zou-Lei) nous revienne avec un deuxième roman traduit en français.

7 ans et un changement d'éditeur plus tard, le Monde de la berge fleurie – superbement traduit comme le précédent par Céline Leroy - était donc guetté et attendu depuis son annonce au printemps.

Dans les faubourgs de Boston, Corey jeune ado volontaire et débrouillard apprend chaque jour un peu plus à accompagner et suppléer sa mère face aux effets dégénératifs de la SLA* qui la ronge un peu plus chaque jour.

Pas facile alors que Corey est à l'âge où tous les avenirs sont possibles, d'endosser des responsabilités trop vite, trop tôt. Pas facile de se couper de la plupart de ses amis, à l'exception d'Adrian, au comportement toutefois étrange et aux raisonnements politiques déjà tranchés.

« Tu as arrêté le lycée ; ce que tu veux, c'est te battre, travailler sur un chantier et – je ne sais pas – sûrement voter pour le prochain candidat républicain et entraîner notre pays dans la guerre. Tu vas finir en caricature du bouseux débile et illettré qui passe son temps à se bourrer la gueule et foutre le bordel. »

Pas facile, alors que son père Léonard n'est qu'un passager clandestin de la cellule familiale, débarquant sans prévenir, se servant égoïstement sans rien donner en retour et faisant peser sur Corey un poids malsain et toxique, tendant vers une violence morale parfois insupportable.

« Mettons quelque chose au clair : tu ne sais rien (…) Tu ne sais rien. du tout. Sur rien (…Pour qui tu te prends ? T'es qu'un gamin, un petit con – de Quincy. Une petite merde débile de Quincy, Massachusetts (…) T'es qu'un imbécile. Alors ferme ta gueule. Tu veux que je t'apprenne des choses ? Tu veux être proche de moi ? Leçon numéro un : tu fermes ta gueule. »

Pas facile quand Corey découvre que tout le système social et sociétal américain – santé, études, travail… - n'est fait que d'obstacles dressés face à son combat solitaire pour aider sa mère à vivre encore un peu plus, encore un peu mieux.

Le Monde de la berge fleurie est un long roman à l'ambition affichée et assumée, qui nous dépeint une Amérique dure et souvent injuste, où la lutte est permanente et solitaire pour qui veut survivre.

Si le début pouvait laisser croire à une étonnante tonalité mélodramatique, il n'en est rapidement – et heureusement - rien car Lish l'oriente vers une saga familiale, sociétale et même un peu policière à la fin, où le culte américain du salut par soi-même est omniprésent.

Ce qui ne change pas avec le livre précédent de Lish, c'est cette écriture inspirée, ce style travaillé où même la souffrance et la violence sont plaisirs de lecture, cette habileté à travailler des personnages aux caractères marqués, donc marquants.

En espérant ne pas avoir à attendre 7 ans pour le prochain.


* J'aurais pu arrêter ce livre au bout de quelques pages tellement les premières lignes sur la SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique ou maladie de Charcot) m'étaient, pour des raisons personnelles, insupportables à lire. Et puis heureusement, le style distancié et pudique de Lish opéra. Avis à celles/ceux qui pourraient se trouver dans le même cas…
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Corey, quinze ans, vit ce qu'aucun adolescent ne devrait vivre, il vient d'apprendre que Gloria, sa mère, est atteinte de la maladie de Charcot, une maladie dégénérative à l'issue fatale.

Dès son entrée au lycée, il doit s'occuper du quotidien du foyer et composer avec un père violent et inconséquent qui squatte épisodiquement la maison. Dans cette banlieue ouvrière de Boston l'avenir à un goût de cendre pour le jeune homme.
Mais Corey est un battant habité par une force de vie incroyable. Alors que le corps de Gloria s'emprisonne dans la maladie, Corey se forge un corps de guerrier pour affronter les injustices du monde.
Précarité financière, coût exorbitant des soins, petits boulots méprisés, belles rencontres aussi dans cette triste vie mais toujours gangrènée par le comportement d'un père toxique.
Alors qu'il accompagne sa mère dans son enfermement physique et sa mort annoncée, Corey grandit, peut-il espérer devenir un homme bien dans un univers pareil ?
Un bon gros roman qui embrasse son époque comme seuls les américains savent en écrire (j'adore les bons gros romans américains, mais j'aime bien aussi Marie-Hélène Lafon ou Annie Ernaux par exemple, l'un n'empêche pas l'autre, évidemment !).
" le monde de la berge fleurie" est un récit initiatique, un roman social et politique et une très belle histoire d'amour entre une mère et son fils.
Atticus Lish, qu'on avait remarqué il y a maintenant quelques années avec "Parmi les loups et les bandits", décrit avec minutie la vie des laissés pour compte de l'Amérique et de leurs luttes quotidiennes pour garder la tête hors de l'eau.
Tout simplement le plaisir de lire de la bonne littérature.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je tiens à remercier la Masse Critique Littéraire de Babelio qui m'a permis de découvrir ce roman noir !

Gloria et Leonard se sont rencontrés dans les années 90. Tous deux déjà bien cabossés par une enfance difficile de gamins laissés pour compte. Si ils ont eu un fils (Corey) ils ne se sont pas mariés pour autant, même si ils sont restés (épisodiquement) en contact durant les quinze dernières années …

Fusionnels, la mère et le fils le sont depuis toujours. Unis dans une sorte de misère morale et financière. Jusqu'à ce jour funeste où Gloria a appris qu'elle était atteinte de la maladie de Charcot … Et qu'elle allait probablement mourir dans un délai de trois à cinq ans … Cette annonce va alors renforcer leurs liens et sortir brusquement Corey du monde de l'enfance. Pour lui, terminées les longues études ! Finis les beaux rêves de navigation qui adoucissaient son quotidien … Il va devoir travailler et prendre soin de sa mère …

Corey va faire la connaissance d'Adrian, un garçon de son âge (complexé par son aspect de mastodonte) dont la mère a également une tumeur au cerveau … Une rencontre qui va le sortir de sa solitude, mais s'agit-il réellement d'une amitié ?…

L'adolescent fragile va également découvrir la (sombre) face cachée de Leonard, son père. Un homme sans la moindre empathie, terriblement toxique pour les siens … Dès lors, la colère, l'impulsivité (voire la haine) vont remplacer sa timidité enfantine. Corey n'aura plus qu'un désir : imposer une discipline de fer à son corps, en lui imposant un régime sportif extrême. Pour ne plus jamais être une victime …

Un roman social brutal et sans concession qui se déroule à Boston. Une écriture percutante pour une intrigue bien cruelle ! Avec une toute petite lueur d'espoir en son épilogue … En tout cas le lecteur a très envie d'y croire … Afin que le jeune Corey, maintenant âgé de dix-neuf ans puisse enfin sortir la tête de l'eau …
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Version un chouille plus dark (et avec quelques années de plus) d'un Will Hunting qui aurait mal tourné, le dernier roman d'Atticus Lish est un pavé dans lequel les États-Unis explosent d'ambivalence, où certains extrêmes se rejoignent pour rentrer en collision avec la vie des invisibles ; vous, votre famille, vos ami.es, vos voisins,…

Corey n'a que 15 ans lorsqu'on diagnostique à sa mère une maladie de Charcot. Coincé entre la volonté de construire son avenir et son besoin honorable de prendre soin de sa mère jusqu'à sa mort, Corey doit en plus faire face à un père toxique, manipulateur et conspirationniste.

Atticus Lish décortique les pièges de l'emprise et de la fascination pour les leaders, les théoriciens au charisme inébranlable dont on se rapproche afin de se sentir en sécurité. Il pointe également du doigt le système de santé des US, injuste pour les familles modestes qui ont à peine de quoi gagner leur vie.

J'en sors troublé, repu, dégoûté. Ça m'a fait penser à du Lionel Shriver dans la description pointilleuse, mais côté classe populaire blanche, celle qui débite connerie sur connerie avec cette pointe scientifique qui lui donne des allures de vérité. Dans le bouquin c'est flagrant, mais ce manque de connaissance dans la réalité peut vite nous faire admirer n'importe quel tocard parce qu'il pointe du doigt vos souffrances et vous propose des solutions anti-système, non ? J'ai trouvé ça stylé de le rappeler pour qui veut bien se pencher dessus.

Magnifiquement traduit comme à chaque fois que c'est signé par Céline Leroy.
Et aussi je trouve ça gueudin comme les images du roman se construisent si facilement quand on a en tête les photographies de Gregory Crewdson.

Feu !
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Il est trompeur ce titre en français, sans doute beaucoup plus accrocheur que le titre original, mais beaucoup moins parlant. Initialement, ce roman nommé La guerre pour Gloria plante le décor d'une histoire construite autour de Gloria, et de son fils Corey.
Gloria habite la banlieue ouvrière de Boston ; elle travaille dur, et pourtant est à la limite de la pauvreté, comptant ses dépenses au cent près. Elle élève Corey, qu'elle a eu avec Leonard, royalement absent, plus encombrant qu'utile, profitant de temps à autre du gîte et du couvert. Même si elle mord chaque jour la poussière, Gloria se saigne aux quatre veines pour son fils, est là pour lui offrir un avenir meilleur, une vie plus aisée. L'équilibre si fragile va se briser le jour où l'on diagnostique à Gloria une maladie de Charcot ; sans doute le pire truc qu'il puisse arriver ; on en meurt à tous les coups, et de la plus odieuse des manières, à petit feu, en pleine conscience. Gloria et Corey sont conscients de tout. Corey se met au service de sa mère pour l'assister au jour le jour, du mieux qu'il peut. Voilà un garçon qui s'éloigne par devoir de sa vie d'adolescent, qui renonce à des études afin de venir en aide à sa mère. Tout cela sous l'oeil pervers de son père surgissant de nulle part, et jouant l'incruste malveillante, autant pour l'une que pour l'autre.
Corey prend sur lui beaucoup de choses ; en tout cas beaucoup trop pour un garçon de son âge. Les amitiés sur son passage ne sont pas forcément toujours désintéressées. Mais il fait face, dans cet univers où il ne fait pas bon être pauvre et malade, où il faut sans cesse se battre contre les assurances pour assurer à sa mère les soins et les aides nécessaires.
Corey mène de front deux combats : celui pour sa mère, mais un combat plus personnel, celui de passer à l'âge adulte, de parvenir à se libérer les présences humaines toxiques, et de se réinventer un avenir.
Voilà un curieux roman à la fois plein de qualités, et de quelques petits moments de flottements. J'ai beaucoup aimé la force qui se dégage de cette histoire pleinement révélatrice de la réalité sociale américaine, la traduction magnifique de Céline Leroy, et ses personnages puissants. Néanmoins, j'émets quelques réserves sur les cent dernières pages que j'ai trouvées brouillonnes, parfois rocambolesques, pas forcément très utiles…

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Ne vous fiez pas au côté champêtre et bucolique du titre du nouveau roman d'Atticus Lish (fils du légendaire Gordon Lish, éditeur de Raymond Carver). Il est trompeur puisqu'il s'agit d'un roman d'initiation (de Corey, héros du roman ) et d'une chronique sociale d'une grande noirceur.
Il se déroule sur 4 ans au milieu des années 2000 et suit donc Corey, un adolescent de 15 ans intelligent et curieux. Il vit avec sa mère Gloria, dont il est très proche, à Quincy, un quartier ouvrier de la banlieue de Boston, dans un logement modeste. Elle l'a élevé seule.Le père de Corey, Leonard, est un homme toxique, condescendant, mythomane et manipulateur qui a brillé par son absence dans leur vie et n'a jamais rien fait pour assurer l'éducation, le bien-être de son fils ou aider Gloria à l'élever. Génie de la physique autoproclamé, il travaille comme agent de sécurité au MIT.
Le roman prend dès le début une tournure sombre.
Gloria apprend qu'elle souffre de la maladie de Charcot, maladie dégénérative à l'issue fatale qui va restreindre rapidement sa motricité et l'emprisonner dans son propre corps. Il ne lui reste qu'une poignée d'années à vivre et elles seront difficiles.

Impossible de compter sur son père, qui ne va faire qu'aggraver leur situation quand il réapparaîtra. Et il ne peut non plus compter sur un système de santé défaillant et une pension d'invalidité très insuffisante. À 15 ans, lycéen, il doit se débrouiller seul et s'occuper de sa mère qui perd ses fonctions motrices. Il va abandonner ses études secondaires et cumuler les petits boulots pour subvenir à leurs besoins et faire face aux dépenses de santé. Pendant 4 ans, à un âge où il ne devrait se préoccuper que de construire son avenir, il va mener une véritable guerre pour aider sa mère (« The war for Gloria » titre original).
Alors que le corps de Gloria s'effondre, en miroir inversé, Corey va se forger un corps de guerrier et affronter la vie comme un véritable sport de combat.
Cette histoire d'amour absolu entre une mère et son fils est belle et déchirante. Corey, adolescent qui cherche à faire ses preuves, ravagé par le doute et la crainte de ne pas être à la hauteur malgré son dévouement et son engagement sans faille et Gloria, esprit libre et présence lumineuse du roman, sont deux personnages inoubliables. L'écriture de Lish, à l'économie et sans gras, restitue à merveille les paysages urbains des banlieues défavorisées de Boston, les difficultés du quotidien ou encore la violence physique et psychologique. Les personnages que va croiser Corey sont bien dessinés.
Si vous aimez les très bons gros romans américains, vous aimerez « Le monde de la berge fleurie ».
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Noir et bien serré ! Oui, l'histoire est terrible et dérangeante, oui, on a envie d'appuyer sur un bouton stop parfois. Oui, mais la lecture est addictive, que ce soit par les personnages , décortiqués , disséqués dont la présence devient obsédante ou par le cadre, social, politique de l'intrigue.
On se prend rapidement d'empathie pour Gloria, maman solo pleine de rêves pour son fils unique, Corey, une battante ! Elle affronte son dernier combat avec détermination. Essaye de renouer avec le père et une ancienne amie pour qu'ils entourent son fils. Peine perdue, ils vont s'avérer bourrés de failles , constants dans leurs errements et vont rajouter quelques couches d'un noir bien profond supplémentaires.
Corey , le vrai héros du livre, 15 ans à l'annonce du diagnostic, 17/18 dans la réalité du combat ,affronte la vie avec rage, obstination. Sa phrase fétiche ? "On va y arriver". J'ai adoré cette phrase. Quelle énergie et patience lorsqu'il s'occupe de sa mère ! Les obstacles administratifs sont édifiants : assurance-maladie, services sociaux, lycée, on en fait le moins possible. Ses rares amis n'en sont pas ou de manière très épisodique.
L'écriture est distancée mais puissante, l'auteur n'insiste jamais et on devine lorsque Corey se met en danger physiquement dans des combats de boxe, que c'est sa solitude qu'il expulse. Et ses renoncements, aux expériences d'un ado normal, à ses études... sa vie , entre parenthèse. Avec délicatesse l'auteur nous suggère que ces années là vont marquer sa vie future à jamais.
Comment faire avec ces différentes couches de noir, quelque chose qui pourrait ressembler à une berge fleurie ? le reflet des âmes fortes et aimantes d'une mère et de son fils ? C'est tout l'art d'un bon roman américain qui nous tient en haleine malgré tout.
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Corey, quinze ans, vit avec sa mère, Gloria, dans la banlieue de Boston. Un quartier plutôt pauvre, où il faut trouver sa place, chercher son équilibre pour grandir le plus sereinement possible. le père, Leonard, est aux abonnés absents. Il passe de temps à autre à l'appartement qu'il semble prendre pour un hôtel. Les journées s'enchaînent. Corey est un adolescent agité, parfois en opposition avec les adultes. Gloria gère de son mieux. Ce n'est pas toujours une pleine réussite mais elle a de la bonne volonté et fait tout pour son fils qui est sa priorité. Elle rêve qu'il réussisse bien à l'école et qu'il ait un bon métier.
Mais la vie ne fait pas toujours de cadeau. Un jour, tout s'écroule. le diagnostic tombe, Gloria souffre de la maladie de Charcot. Un mal insidieux, qui détruit le corps petit à petit alors que l'esprit est toujours alerte. Corey a quinze ans, c'est encore un gosse et face à ce drame, on se demande comment il va réagir. Il prend sa décision, il sera le soutien de Gloria, celui qui assume, se renseigne, est présent, vigilant. Tiendra-t-il sur la durée ? Pourra-t-il assumer le quotidien et ses études en parallèle ? Il n'est pas encore un homme, il se cherche…. Sur qui peut-il compter pour l'aider ? Leonard ? Un homme pas net, qui ment avec une facilité déconcertante ? Joan, une amie de la famille avec qui ils sont en froid ? Comment va-t-il réagir face à la dégénérescence du corps de sa Maman ? Lorsqu'elle ne pourra plus écrire, marcher, manger, s'habiller seule ? Est-ce son rôle ? La placer ou pas, à quel moment ? Les finances vont-elles suivre face à tous les soins, accessoires médicaux couteux (au passage, l'auteur nous rappelle qu'aux Etats-Unis les aides ne sont pas les mêmes pour tout le monde…)?
On a l'impression que Corey se fait une obligation d'être le pilier sur lequel Gloria peut s'appuyer. Mais lui ? N'est-il pas trop seul ? Qu'espérer de son amitié avec Adrian, un camarade qu'il admire, qui l'attire ? Ce dernier, passionné par Nietzsche, est plutôt bizarre dans ses liens aux autres, ses réflexions, ses choix, sa façon de vivre … Corey découvre le MMA (mixed martial arts), un sport alliant violence et arts martiaux dans un combat terrible. Il sculpte son corps en opposition à celui de celui de Gloria qui « fond »….
Corey aide sa mère du mieux qu'il peut, il fait des choix forts pour assumer son rôle, mais il est jeune et il doit « se construire ». Qu'en est-il de sa vie personnelle ? de ses préoccupations de jeune homme ? Ne risque-t-il pas de « s'oublier » ?
Ce magnifique roman est le cheminement d'un enfant vers le monde adulte. Une route pas facile, car Leonard dangereux manipulateur pose problème. Pour Corey, il lui faudra « tuer le père », se débarrasser de son emprise. Parce que la frontière entre le bien et le mal est parfois infime et Corey subit des influences qui le déstabilisent. Parce que parfois, il n'en peut plus, il est à bout (et on le comprend !) et que l'argent facile est à portée de mains. Il chute, se redresse, avance encore et ne lâche pas Gloria.
L'auteur ne nous épargne rien, ni dans la maladie et ses travers douloureux, ni dans les écueils rencontrés par Corey. Ce n'est pas seulement une femme et son fils que nous rencontrons et accompagnons, c'est également tous ceux qui gravitent autour d'eux. Certains aident Corey, d'autres non… Sa volonté est admirable, l'amour qu'il porte à sa mère est très fort.
Chronique sociale et familiale, ce roman est une réussite. L'écriture (merci à Céline Leroy pour l'excellente traduction) est ciselée. Les détails précis sur les émotions, les ressentis, les tranches de vie, sont d'une finesse sans cesse renouvelée. le style est puissant et les nombreux thèmes abordés par Atticus Lish le sont avec intelligence et brio.
Des personnages qui se démarquent et une lecture inoubliable.
NB : le titre en anglais est significatif !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Tout pour ma mère

Le monde de la berge fleurie s'inscrit dans la longue tradition de la chronique sociale romancée. On y retrouve tous les ingrédients qui font de ce genre un plaisir de lecture émouvant.

Qu'on se le dise tout de suite, l'intrigue ne réserve pas de retournements de situations incroyables. le but de l'auteur est de dépeindre le quotidien d'une mère et de son fils livrés à eux-mêmes dans une Amérique rurale.

Gloria élève seule Corey lorsqu'une terrible maladie s'empare de son corps, la laissant démunie et désespérée face à l'inéluctabilité de son sort. Son seul soutien sera Corey qui va tout faire pour la soutenir du mieux qu'il peut du haut de ses 15 ans. le tableau, déjà guère reluisant, est encore assombri par la présence d'un père toxique et du seul ami de Corey à la psychologie instable.

Tous les éléments sont donc réunis pour faire de ce récit un mélodrame intimiste qui arrachera les larmes des yeux du lecteur. On aurait très vite pu tomber dans le pathos mais la plume de l'auteur à la fois légère et sèche dans ses descriptions empêche le récit de sombrer dans les pires clichés. Certes le récit est déchirant mais le style de l'auteur lui permet de conserver une dignité salutaire.

Il n'y a que la dernière partie qui ne m'a pas complètement convaincu. le récit verse subitement dans le roman noir. La volonté de l'auteur de montrer les failles judiciaires et les manquements de la police est louable mais tranche trop radicalement avec le reste du récit pour offrir le même plaisir de lecture.

Le roman fleuve d'Atticus Lish ravira tous les amateurs de ce genre d'histoire tragique malgré le choix déconcertant de la dernière partie.
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