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Citations sur Requiem pour une révolution (40)

La première préoccupation de ceux qui prennent le pouvoir est de le garder. Alors ils ont recours à ce qu’utilisent toujours les hommes qui tiennent le pouvoir – des mensonges, des exagérations, la répression, la propagande, les guerres. Les révolutions ne changent pas les choses, elles les réarrangent seulement.
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Un homme meurt de peur, un autre en est réveillé.
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Par rangs de deux les prisonniers, mains liées dans le dos, avançaient en traînant les pieds vers les deux monte-charge au bout du long couloir. Chaque monte-charge contenait un exécuteur de la Tcheka avec plusieurs pistolets et une boîte en carton contenant des balles. Les deux bourreaux étaient drogués à la cocaïne. Ils avaient les paupières mi-closes, les yeux rouges et des mouvements languides, comme si tout se passait sous l’eau. On disait que le plus grand des deux était humain, dans la mesure où il expédiait ses victimes d’une seule balle dans la nuque. La rumeur courait que l’autre exécuteur était un sadique qui vengeait un frère torturé à mort par les Blancs. On racontait qu’il tirait parfois à côté d’une oreille avant d’abattre le condamné ; les gardes suggéraient même qu’il lui arrivait de tirer dans les organes génitaux des prisonnières, mais c’était considéré comme des bruits destinés à faire peur.
Les exécutions se déroulaient à l’allure d’escargot imposée par les deux ascenseurs qui fonctionnaient en alternance. Un exécuteur tirait un prisonnier sur le monte-charge ouvert. Arrivé au sous-sol, il le poussait contre un tas de sacs de sable tachés de sang et tirait. Puis il remontait dans l’ascenseur vide pendant que l’autre descendait avec le deuxième bourreau et un nouveau prisonnier. Pendant que les monte-charge fonctionnaient, des équipes de tchékistes chargeaient le corps de la dernière victime sur une brouette et le charriaient jusqu’à un camion garé près d’une porte de chargement.
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La pointe d'un sabre qui lui chatouillait la gorge le ramena brutalement à la conscience. Ses yeux s'ouvrirent grands. Son corps se glaça. Plusieurs dizaines d'enfants à demi nus, de toutes les tailles et de tous les âges, s'étaient silencieusement entassés dans l'aile de la maison de maître. Leurs corps étaient couverts de crasse et de plaies. Les plus vieux - ils ne pouvaient pas avoir plus de douze ans - entouraient Lili et Zander, les clouant au sol avec des sabres de cavalerie si lourds que les enfants devaient les manier à deux mains.
« Des bezprezorni, murmura Zander. Ne bouge pas. »
Avant de quitter Moscou, ils avaient entendu parler des bezprezorni, les sans-foyer. Un article de la Pravda décrivait des milliers d'orphelins à demi morts de faim qui rôdaient dans la campagne, chassant en meutes, terrorisant les villages, volant ou tuant pour survivre, suivant leurs propres lois, les enfants plus âgés protégeant les plus jeunes. Il était même suggéré que certains d'entre eux, rendus fous par la faim, s'adonnaient au cannibalisme.
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En Russie, un optimiste c'est quelqu'un qui n'en sait pas assez.
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Les révolutions ne sont pas faites par les rêveurs. Elles sont faites par les gens qui fracassent des crânes.
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Nous vivons, sourds à la terre que nous foulons,
Nul ne perçoit nos discours à dix pas.
On n'entend que le montagnard du Kremlin,
L'assassin, le tueur de paysans.
Ses doigts sont gras comme des larves
Et les mots, lourds comme du plomb, tombent de ses lèvres.
Ses moustaches de cafard rient,
Et la tige de ses bottes brille.
Autour de lui, un ramassis de chefs au cou flexible
Demi-hommes serviles avec quoi il joue.
Ils piaulent, ronronnent ou geignent,
Lui jacasse et pointe le doigt,
Forgeant une par une ses lois, pour les jeter
Comme des massues à la tête, à l'oeil ou à l'aine.
Et chaque meurtre est une fête
Qui enfle de plaisir la large poitrine de l'Ossète.
NDR. Poème attribué dans le roman au personnage de Ronzha mais étant en réalité l'oeuvre (1934) d'Ossip Mandelstam. Cela lui vaudra la relégation et la mort trois ans plus tard. Il reste à jamais le symbole d'un courage inouï face à la terreur stalinienne. Robert Littell a consacré un roman (de qualité) à Mandelstam qui s'intitule L'Hirondelle avant l'Orage.
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Je me rappelle t'avoir dit que les révolutions ne changent pas les choses,elles les réarrangent seulement. La tienne semble les avoir réarrangées pour le pire.
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Cette révolution est un terrible rêve. La théorie a l'air assez raisonnable , je veux bien l'admettre, mais les gens qui la mettront en pratique- tes Lénine tes Trostki- sont humains comme tout le monde. Tu ne peux pas avoir les signes, ZANDER? La première préoccupation de ceux qui prennent le pouvoir est de le garder. Alors ils ont recours à ce qu'utilisent toujours les hommes qui tiennent le pouvoir - des mensonges, des éxagérations, la répression, la propagande, les guerres. Les révolutions ne changent pas les choses, elles les réarrangent seulement.
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Ronzha tendit la main vers le stylo...aplatit la confession sur le bureau, se pencha dessus avec peine et griffonna une signature au bas de la page.
Phalanges-Calleuses et Yeux-Injectés-de-Sang échangèrent des regards de triomphe. Phalanges Calleuses saisit la feuille.
"Il a signé Franz Kafka.
_ Qui est ce type, Franz Kafka ? demanda Yeux-Injectés-de-Sang, mécontent.
_ C'est peut-être un autre conspirateur, suggéra Phalanges-Calleuses avec un grognement.
_ Je vous le demande de nouveau, qui est Franz Kafka ?"
Ronzha eut un rire mêlé de toux. Phalanges-Calleuses s'approcha de la chaise et frappa le poète à l'estomac, lui coupant respiration et rire.
Yeux-Injectés-de-Sang agita un doigt comme un maître d'école irrité. " Quelle est la connexion de Kafka avec le mouvement trotskiste anti-soviétique ?" Voyant que Ronzha ne répondait pas, il haussa les épaules à l'adresse de Phalanges-Calleuses, qui gifla brutalement le poète. D'autres coups suivirent. Ronzha recommença à s'enfoncer dans les ténèbres.
_ Dis-nous qui est Kafka.
_ Un bolchevik haut placé qui a écrit le poème que tu as lu ?
_ Ce Kafka est-il ton contact avec le Haut Commandement allemand ?
Avant de perdre totalement conscience, Ronzha entendit Yeux-Injectés-de-Sang dire à Phalanges-Calleuses : " Nous devons trouver qui est ce Franz Kafka ou nous allons avoir beaucoup d'ennuis."
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