AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 71 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Alexander Til alias Zander décide de quitter Manhattan où il a vu son père et son frère mourir dans l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist sans que les conditions de travail ne changent. Partir pour la Russie et y construire une société plus humaine, plus juste et égalitaire pour tous est donc son but. Adhérant aux idées de Léon Trotski en qui il trouve un mentor, Zander s'envole pour la mère patrie accompagnée de son ami, Atticus Tuohy.
D'illusions en désillusions, d'espérance en désespoir, de bonheur en malheur, Zander va découvrir que le monde idéalisé peut rapidement tourné au cauchemar...


Au fil de 5 livres reprenant les grandes périodes de l'histoire de la Russie, nous suivons l'épopée incroyable et parfois glaçante de Zander, cet homme utopiste qui rapidement déchante face aux atrocités commises. de son départ d'Amérique en 1917 à la mort de Staline en 1953, le lecteur est plongé dans une fresque historique époustouflante et vivante où se mêlent éléments historiques avérés et scènes du quotidien.
Robert Littel a su faire revivre un pan entier de l'Histoire et, permet au lecteur de comprendre comment des millions de gens ont pu être séduits au départ par cette idéologie égalitaire de départ. L'auteur nous offre une vision à la fois active et passive des événements avec ses personnages côtoyant les personnages les plus en vue de l'époque comme Trotski, Lénine, Staline, apportant au roman une puissance historique indéniable. le tout sans partir dans l'invraisemblable ou l'édulcorer. Les scènes décrites sont saisissantes.

Ajouté à cela l'antagonisme de deux destins : Zander vs Atticus Tuohy. Autant Zander déchante rapidement par les horreurs perpétrées au nom de l'idéologie qu'il défendait au départ, autant son ami trouve le moyen d'assouvir sa soif de pouvoir en oubliant moralité, conscience et idéologie.


Une épopée historique poignante avec un héros qui ouvre les yeux petit à petit et décide de ne pas rester passif face à l'horreur.
Commenter  J’apprécie          851
Alexander Til, dit Zander, jeune Juif new-yorkais de 16 ans, est très tôt devenu un idéaliste pur jus. Et pour cause, à la mort tragique de son père et de son frère sur leur lieu de travail, dans l'incendie historique de l'usine Triangle Shirtwaist en 1911, il comprend assez vite qu'il ne faut rien attendre des classes dirigeantes et des nantis : ni indemnisation, ni justice, ni commisération, ni d'ailleurs la moindre parcelle d'humanité qui est, semble-t-il, incompatible avec l'avidité ordinaire des capitalistes et des patrons.

Très tôt donc, Zander décide de devenir révolutionnaire. Pour la bonne cause. Et pour la meilleure des luttes : celle qui apportera l'égalité et la justice pour tous. On imagine son enthousiasme quand il découvre, quelques années plus tard, que les belles idées révolutionnaires pourront enfin être mises à l'épreuve du terrain. En 1917 à New-York, il a la chance de croiser le chemin de Léon Trotski en exil. Poursuivi par l'agent Hoover, il décide d'embarquer pour Petrograd, car la révolution va se jouer en Russie, la terre de ses origines. Il part accompagné de son ami de toujours le tonitruant – et inquiétant - Russo-irlandais Atticus Tuohy, un ancien condisciple d'Emiliano Zapata.

Robert Littell frappe fort. Dès les premières pages, le lecteur est happé dans un maelström romanesque des plus ébouriffants. Comme on peut aisément l'imaginer, pour Littell, les apparatchiks ne seront apparemment pas toujours chics et le moujik ne parviendra pas à adoucir les meurtres… Quinze ans avant La Compagnie (l'histoire romancée de la CIA, et, à travers celle-ci, l'histoire occulte des guerres étatsuniennes), qui mêle habilement les faits réels et les personnages de fiction, Littell utilise déjà le même procédé et nous livre ici une fresque grandiose et véritablement passionnante, parcourant l'histoire de la Révolution russe, ses espoirs et ses désillusions, depuis la prise de pouvoir par les bolcheviks jusqu'à la fin du stalinisme.

Zander traversera toute cette période, et il sera pour ainsi dire aux premières loges. A la fois témoin et acteur, sa route va croiser les personnages les plus marquants : Trotski, Lénine, Staline, les Romanov, Beria, Khrouchtchev et beaucoup d'autres… Ceux-ci interviennent comme des acteurs à part entière dans le scénario, et se mêlent si efficacement aux héros de fiction, qu'il est parfois difficile de deviner si tel ou tel personnage « secondaire » a existé ou non. Avec un procédé redoutablement efficace, Littell rassemble la plupart de ses personnages dans une maison du vieux Petrograd en début de roman, de manière à tisser une toile complexe de relations entre les acteurs qui seront amenés à se revoir, parfois des années plus tard, pour le meilleur et pour le pire.

Entre espoirs et désillusions d'une révolution, rien ne sera épargné à Zander : il devra surmonter les massacres de la guerre civile, les interrogatoires musclés du NKVD, les humiliations de la prison, la perte de ses amis proches... Mais, parmi tous les crimes qui seront commis au nom de la Révolution, le pire pour lui sera sans doute la trahison de ses idéaux humanistes et révolutionnaires, auxquels contre toute attente, et en dépit de toute logique, il essaiera de croire jusqu'au bout.

Robert Littell sait mieux que quiconque rendre ses personnages attachants, les héros comme les fripouilles. Il exploite au mieux et avec panache les soubresauts romanesques de l'histoire, il entrelace avec une grande subtilité les parcours individuels et les événements historiques. Au passage, il parvient heureusement à éviter quelques facilités qu'il laisse volontiers aux scénaristes hollywoodiens (comme la récupération du personnage d'Anastasia, qui parvient néanmoins à s'enfuir de la maison Ipatiev à Ekaterinbourg, mais pour accomplir on ne sait quel mystérieux destin). En revanche, il termine son roman de la manière la plus impressionnante qui soit, car, tout en restant compatible avec les faits historiques, Robert Littell accélère l'action dans les sublimes derniers chapitres qui éclairent d'un jour nouveau l'engagement de Zander, héros cabossé de l'histoire mais toujours fidèle à ses valeurs, le lecteur se retrouve alors brutalement plongé dans un page-turner malin et débridé – qui annonce la production future de l'écrivain – concluant le roman de façon inattendue et éblouissante.
Commenter  J’apprécie          286
C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur et le point commun que j'ai pu constater, c'est que ce sont des lectures exigeantes sur le plan des connaissances historiques. J'ai re-découvert la Russie de la première moitié du XXème siècle. J'aime ces romans qui me poussent à rechercher des informations à côté de ma lecture.
L'auteur nous parle ici de tous ces idéaux humanistes qui ont été pris en otage, cette dictature imposée sous couvert d'égalité pour tous. L'histoire d'Alexander Til est une fiction, mais nul doute qu'elle soit extrêmement proche de la réalité. Robert Littell déballe tout sans ménager son lecteur : arrestation, accusation, torture, exécution des plus horribles. Tous les détails sont là, de la scène d'horreurs jusqu'à l'état d'esprit des personnages, plus vrais que nature. On le sait, personne n'est sorti indemne de tout ce désastre humain.
Cette lecture est difficile, parce que bien trop réaliste. J'ai aimé, j'ai appris et je relirai cet auteur.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          250
Robert Littell est un excellent vulgarisateur. Comment dépeindre la tragédie absolue qui débuta en novembre 17 pour s'achever (s'est-elle vraiment achevée ?) en 1989, toujours en novembre ?
Il choisit d'insérer dans l'histoire russe deux new-yorkais qui rêvaient de révolution : un juif ayant fuit les pogroms de l'ancienne Russie et un aventurier mêlé aux luttes ouvrières du début de siècle. En imaginant que Trotski les ramène avec lui en Russie après la première révolution de février, il les immerge dans la grande histoire jusqu'à ce mois de mars 53 qui marqua la mort de Staline. C'est habile car il va pouvoir utiliser l'idéalisme de l'un en le confrontant à l'opportunisme sans scrupules de l'autre. Dans les révolutions, il y a beaucoup d'idéalisme au tout début qui s'efface vite face aux opportunités qui surgissent presque aussitôt. Dans le meilleur des cas les idéalistes se font opportunistes, dans le pire des cas ils sont éliminés par les opportunistes.
Robert Littell met les points sur les « i », la révolution permet à certains individus de révéler puis de développer leurs tempéraments criminels et sadiques. La scène de la page 128 est un sommet du genre : « Demande grâce » ordonna Tuohy. Alexinsky fit l'erreur de dire : « S'il vous plait. » Quand sa bouche s'ouvrit, Tuohy y glissa profondément le canon. Alexinsky s'étrangla mais Tuohy, savourant le moment, ne tira pas. Les yeux d'Alexinsky devinrent vitreux de terreur. Les doigts de Tuohy le picotaient, tant le sentiment de puissance – et le plaisir – qu'il éprouvait était grand. Souriant légèrement, il appuya sur la détente. »
C'est cousu de fil blanc, l'un finira dans un beau bureau et un grand appartement mis à sa disposition par le NKVD, pendant que l'autre goûtera de la Loubianka pour n'avoir pas dénoncé un poète.
Ca se lit comme un roman policier, les événements historiques sont, pour la plupart, indéniablement et tragiquement exacts et la force du réquisitoire réside dans la foule de petites anecdotes toutes plus tragiques les unes que les autres. Elles mettent un visage sur les souffrances et le chagrin de quelques unes des innombrables victimes pour finalement donner tort à Staline auteur de l'abominable citation « La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.» le personnage du poète est emprunté à Ossip Mandelstam* dont le courage inouï lui valut la mort mais aussi la postérité pour le poème ci-dessous, composé en 1934 en pleine terreur :
« Nous vivons, sourds à la terre que nous foulons,
Nul ne perçoit nos discours à dix pas.
On n'entend que le montagnard du Kremlin,
L'assassin, le tueur de paysans.
Ses doigts sont gras comme des larves
Et les mots, lourds comme du plomb, tombent de ses lèvres.
Ses moustaches de cafard rient,
Et la tige de ses bottes brille.
Autour de lui, un ramassis de chefs au cou flexible
Demi-hommes serviles avec quoi il joue.
Ils piaulent, ronronnent ou geignent,
Lui jacasse et pointe le doigt,
Forgeant une par une ses lois, pour les jeter
Comme des massues à la tête, à l'oeil ou à l'aine.
Et chaque meurtre est une fête
Qui enfle de plaisir la large poitrine de l'Ossète. »
*Littell lui a consacré un autre de ses romans : L'Hirondelle avant l'orage.
Commenter  J’apprécie          190
Une superbe fresque sur fond de révolution russe, avec ses idéaux, ses espoirs, et son enthousiasme des débuts. Autant d'utopies qui disparaissent malheureusement, voir inévitablement, au rythme de la confiscation du pouvoir par des dirigeants sans scrupules de plus en plus déconnectés des réalités, pour aboutir à la dictature sanguinaire de Staline. Ce cheminement est incarné par un immigré américain, juif originaire de Russie, reparti avec enthousiasme sur sa terre natale russe pour y vivre la révolution avec les bolcheviks. le livre est passionnant dans un style qui m'a rappelé "un pays à l'aube" de Dennis Lehane. Bien que s'agissant d'un roman, le texte est très documenté. L'auteur, journaliste spécialisé dans les affaires russes, précise en fin d'ouvrage les principales libertés qu'il a prises avec l'histoire. Un roman historique comme je les aime.
Commenter  J’apprécie          190
Initialement paru en 1989, Requiem pour une Révolution de Robert Littel est un pur chef-d'oeuvre. Avec talent, cet écrivain de renom manie avec une grande habilité la plume et emmène son lecteur dans une histoire où se mêlent fiction et réalité. Histoire dont le dénouement audacieux imaginé par Robert Littel surprendra plus d'un lecteur.
Le lecteur suit avec intérêt, le périple d'Alexander Til, de New York jusqu'en Russie . Ce jeune idéaliste, entouré de ses amis et de celle dont il est tombé amoureux sera le témoin d'atrocités perprétrées au nom de la cause et qui plongeront le peuple russe dans la souffrance.
A lire ou à relire.
Commenter  J’apprécie          50
Certes, au début (livre 1 et une partie du livre 2), les personnages et situations me semblaient posées de manière un peu rapide, sans qu'on puisse saisir leurs ressorts ou tenants et aboutissants, et puis le livre 3, qui s'ouvre sur cette citation de Maxime Gorki : "Tout comme les Anglais ont un don particulier pour l'humour, les Russes en ont un pour la cruauté. C'est une cruauté spéciale, de sang-froid, qui va aux limites de l'endurance humaine..." (tiré d'un opuscule de 1922, inédit en URSS, A propos du paysan russe). le livre vient de basculer, comme on va s'en apercevoir à la lecture de ce qui suit et qui voit les personnages errer dans le pays en proie à la guerre civile de l'été 1917, dans la droite ligne des quelques phrases d'introduction. C'est d'autant plus terrifiant que l'on comprend que c'est basé sur des faits réels, et forcément glaçant compte tenu de l'actualité, et je suis presque gêné de dire que le livre y trouve un nouveau souffle. le niveau de reconstitution historique devient éblouissant ! On EST avec les personnages dans la campagne russe dévastée par la cruauté de la guerre civile, puis dans les années 30 à Moscou, au coeur de la population maintenue en état de stress post-traumatique par la terreur des purges staliniennes. Robert Littell déclare dans sa postface deux ans de documentation et trois ans de rédaction pour son ouvrage. Encore fallait-il en tirer le meilleur, il l'a fait et on ne peut que sentir de la gratitude pour ce travail. Dans la dernière partie enfin (livre 5), tout rebondit dans de la fiction de haut vol mêlant L Histoire, l'aventure, la poésie. le suspense est magnifiquement agencé, les personnages un peu plats du début, tant qu'ils étaient ballotés par des convulsions historiques balayant les existences comme des fétus de paille, prennent toute leur épaisseur, comme sous l'effet du face-à-face avec eux-mêmes dans le silence de la terreur, et finissent par arriver, comme souvent chez Littell, au rendez-vous du destin qui résume et ordonne leurs existences entières. Ce livre qui au passage - ce n'est pas le moins prodigieux - contient déjà, entre autres trésors, toute l'histoire de "L'hirondelle avant l'orage" (que Littell rédigera pourtant quelques années plus tard) nous entraîne à des hauteurs irrespirables, d'où il nous force à contempler l'abîme de la Russie du XXème siècle. Vertigineux.
Commenter  J’apprécie          40
Ce parcours historico-romanesque conduit au plein coeur de la tragique histoire russe. On y rencontre les principaux acteurs de la tragédie, la brochette d'assassins psychopathes : Lénine, Trotski, Staline au travers des épisodes successifs, révolution de février, coup d'état bolchévique, guerre civile, terreur permanente pour le bien du peuple… Une belle façon de saisir un épisode fondateur de l'histoire du XX° siècle qui est la nôtre et dont les conséquences ont modelé le monde.
Commenter  J’apprécie          30
Robert Littel nous raconte l'histoire de la révolution Russe de manière romancée en suivant le parcours de deux amis Alexander Till et Atticius Tuohy.

Alexander Till a fuit la Russie de tsars en espérant trouver le salut dans une nouvelle vie aux Etats-Unis. Les conditions de vie précaire et sans espoir des émigrants et la rencontre avec Trotski à New-York le décide à retourner dans sa mère patrie pour participer à la révolution.
Il s'engage dans le mouvement bolchévique et voit son idéal de changement vers une nouvelle société se mettre en place avec Lénine. Ensuite, Staline prend en main la Russie et les purges vont le faire douter et s'interroger sur la finalité de la révolution. Les souffrances du peuple russe et la disparition de nombreux amis vont le faire rejeter tout le pourquoi il était venu se battre.

Robert Littel nous explique les dérives d'une idéologie lorsque les dirigeants s'érigent en dieux. Il détaille le comportement humain devant des situations où leur vie en dépend et comment l'on choisit un camp.
Il envisage une fin qui aurait pu sauver de nombreux citoyens et offrir peut être une autre histoire à la Russie.
Commenter  J’apprécie          30
Contrairement à la plupart des lecteurs, je ne ferais pas de résumé de l'histoire.
Avant cette lecture, j'ai lu "les chuchoteurs", la biographie de Lénine, le journal de l'ambassadeur russe en Angleterre de 1932 à 1943; ainsi j'ai une certaine connaissance de la période.
Ce livre survole donc toute la période de 1917 à 1953, avec des moments presque totalement oubliés notamment la seconde guerre mondiale, pour ne se concentrer vraiment que sur l'idée du système répressif inhérent au bolchevisme.
La lecture est plaisante et les références historiques ne sont pas farfelues.
Cette lecture se rapproche des écrits de P. Kerr avec Bernard GUNTHER et dans une moindre mesure des aventures de Nicolas LE FLOCH.
Maintenant je me lance dans KOBA du même auteur.
Ce qui est bien avec ce genre de livres est qu'il pousse à se pencher vers l'histoire : la vraie .
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (230) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..