Requiem pour une révolution

« La situation est devenue brûlante pour moi en 1901, et j’ai décidé qu’il me fallait un nom de guerre pour protéger ma famille, se souvint-il. J’aurais utilisé la Volga, où j’ai passé mon enfance, mais Plekhanov, une des grandes figures du socialisme russe, avait déjà adopté Volgin comme nom de plume. Aussi je me suis baptisé d’après la rivière Léna en Sibérie. »
« Ainsi, c’est par accident que nous parlons de léninisme et pas de volganisme ? » plaisanta Tuohy.
Lénine ne fut pas amusé. « Il n’y a pas d’accidents dans l’histoire, jeune homme », dit-il.

Les communistes radis sont rouges dehors et blancs dedans.

Votre Lénine fait prendre fait prendre la mauvaise voie au communisme. Il n'en sortira rien de bon. Rien du tout. C'est un élitiste, oui? Il crée des élites. Et lui, il ...oui?Il est l'élite du Comité Central. Il ouvre le chemin,oui?Après lui, d'autres le suivront. La dictature du prolétariat deviendra la dictature d'un seul homme.

Le poète est quelqu'un qui peut décrire l'essence des choses dans les espaces entre les mots.

Churchill résumant la différence entre les motivations russes et britanniques.
- La Russie avait combattu pour le butin.
- Les Anglais s'étaient battu pour l'honneur et la gloire.

Le Russe réplique:
- Tout le monde se bat pour ce qu'il n'a pas.

"_ Officiellement, je suis l'attaché commercial de la légation israélienne.
_ Et officieusement ?
_ Officieusement, je suis ici pour sauver les Juifs d'un autre holocauste.
_ Comment vas-tu sauver les Juifs ?
_ Je vais arranger la mort de Malechamovitz. C'est le nom yiddish de l'Ange de la Mort.
_ Et quel est le nom russe ?" Zander sentit une douleur sourde s'éveiller dans sa poitrine; il connaissait la réponse.
"Joseph Vissarionovitch Djougachvili, mieux connu par son nom de guerre bolchevik, Staline."

Selon un récent article de la Pravda, douze villes, bourgs et villages avaient reçu son nom. Un des plus hauts pics des montagnes du Pamir avait aussi été baptisé d'après lui, ainsi qu'un cap de l'océan Arctique, un quartier de Moscou, un vaisseau de guerre et un autre de la marine marchande, et enfin la plus grande usine automobile du pays. Pourtant, comme le savait presque tout le monde, sa femme croupissait dans un camp du Kazakhstan, et il ne pouvait de toute évidence rien y faire.
La rumeur voulait que l'arrestation de Polina Molotova ait fait partie de l'ordre du jour du Politburo et que, lorsqu'on passa au vote, Molotov se fût audacieusement abstenu. Sa femme, la marraine de l'industrie soviétique de parfumerie, avait commis le crime d'être juive, et Molotov n'avait pu réunir le courage - ou la témérité - de voter non.

L'affreux cliquetis métallique de la lourde porte qui se refermait sur lui secoua Zander jusqu'au tréfonds. Il s'était durci pour faire face à l'arrestation, il avait résolu, advienne que pourra, d'affronter ses geôliers avec dignité. Mais, debout au milieu de la froide cellule étroite, avec une cuillère de métal dans un bol gras, en métal aussi, et des tinettes pour toute compagnie, il se sentait accablé par son isolement. Il était arrivé en Russie, comme il l'avait dit au garçonnet juif à l'angle d'Essex Street et Hester Street à New York, prêt à verser son sang pour le socialisme. Maintenant, tenant son pantalon de pyjama pour l'empêcher de tomber, il ne doutait aucunement d'avoir fait une terrible erreur.

_"Lénine a fait du parti bolchevik un parti d'avant-garde, oui ?
_ Nous sommes la garde avancée du prolétariat entier. Qu'y a-t-il de mal à ça ?
_ Une avant-garde auto-désignée en est venue à se voir comme la classe ouvrière au nom de qui elle parle. Alors, le parti d'avant-garde se substitue d'abord à la classe ouvrière entière, oui ? Puis l'organisation du parti se substitue au parti entier, oui ? Puis le Comité central se substitue à l'organisation du parti, oui ? Tu vois où ça mène ? C'est inévitable ! Un jour, un dictateur unique se substituera au Comité central, oui ?"

"_ Vous les Russes, vous êtes tous des rêveurs. Tu te souviens de la Russie ?"
Zander s'en souvenait très bien : le hennissement sauvage des chevaux et le martèlement rythmé des sabots pendant que les cosaques entraient au galop dans son village, les oies paniquées qui s'éparpillaient, les haches qui fracassaient les portes, les cris humains si pleins de terreur qui se réverbéraient dans sa tête longtemps après qu'il eut cessé de les entendre.... Un des cosaques avait bondi de sa selle, avait arraché la bouteille de pétrole du harnais de bois qu'Adler portait sur le dos et l'avait vidée sur les vêtements de l'homme à terre. Puis le cosaque avait frotté une allumette. Adler avait supplié Dieu de sauver son serviteur. Adler avait sangloté. Ses vêtements étaient en flammes. Hurlant comme un animal blessé, il avait dévalé la colline, les membres bougeant dans tous les sens, avait plongé dans la rivière presque gelée, perçant la fine couche de glace avec le sifflement d'un fer rouge trempé dans un seau d'eau de pluie...
"_ La Russie, dit Zander à Tuohy, ce n'est pas quelque chose qu'on oublie.
_ Quel âge avais-tu quand tu es parti ?
_ Je devais avoir cent ans."