Dans la mouvance de la collapsologie - ce courant de pensée récent qui étudie les risques d'un effondrement de la civilisation industrielle et ce qui pourrait succéder à la société actuelle - la bande dessinée "
Dans la forêt" de Lomig réalisée à partir du roman éponyme de
Jean Hegland nous dessine un nouveau monde.
Ce monde, nous le découvrons à travers les yeux de deux soeurs, Eva et Nell, 18 et 17 ans, qui vivent seules dans un grand chalet en bois au coeur d'une forêt. Que font-elles ici, isolées de tout ? Où sont leurs parents ? Nous le découvrons progressivement au fil du récit.
Le monde que nous connaissons n'existe plus : guerres, terrorisme, crise pétrolière, épuisement des énergies... notre civilisation moderne s'est effondrée. Une fois leurs vivres épuisées, les jeunes filles ont deux solutions : attendre une mort inéluctable ou s'adapter à la nature qui les entoure et leur réserve de multiples ressources. Pourtant les deux soeurs n'y sont pas préparées et il leur faudra beaucoup de courage et une remise en question pour considérer ce qui autrefois leur semblait essentiel comme superflu.
Je n'ai pas lu le roman de Jean Egland et ne ferai donc pas de comparaison avec la bande-dessinée. J'ai abordé cette dernière de manière totalement neutre et c'est tout d'abord le graphisme qui m'a séduite. L'histoire, ensuite, nous plonge dans une dystopie à l'atmosphère étrange et inquiétante. Comme Eva et Nell, on se sent totalement coupé du monde et les rares incursions en ville ou visites d'autres êtres humains apparaissent très vite hostiles et menaçantes... Au contraire de la forêt qui elle, majestueuse et imposante, semble vouloir accueillir les humains à condition que ceux-ci fassent l'effort de la connaître. "
Dans la Forêt" est enfin un récit de sororité, d'une puissante sensualité. Eva et Nell, sans oublier la danse ou l'écriture, (re)découvrent leur instinct animal, charnel.
L'inquiétude qui m'a envahie tout au long de cette histoire s'est quelque peu atténuée sur la fin, porteuse d'un message d'espoir et de renouveau.
Mais franchement, je n'aimerais pas vivre "cet effondrement" qui pour certains annonce notre avenir.