AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 155 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'alcoolisme, qui conduisit Jack London au suicide, est ici décrit avec force et dénoncé comme un fléau par l'auteur.
C'est la peinture de sa propre déchéance qu'il éclaire dans cet ouvrage fort.
Commenter  J’apprécie          140
Il y avait pour moi un mystère John Barleycorn, très ancien. Très attiré par l'Amérique, son histoire, sa géographie, sa musique, sa littérature, son cinéma, et souvent interrogé par ses dérives, j'avais souvent rencontré le patronyme John Barleycorn que je traduisais par Jean Orgeblé et dont je croyais qu'il constituait une sorte d'Américain moyen, très moyen, de la Conquête de l'Ouest et de la Ruée vers l'Or surtout. Les mythiques groupes "Traffic" et "Jethro Tull", entre autres, l'ont chanté, "Fairport Convention", "Procol Harum" l'ayant aussi évoqué sans que je percute davantage bien que les ayant beaucoup écoutés. de plus j'ai lu Jack London, sans en être un spécialiste mais "L'amour de la vie" et "Martin Eden" notamment m'avaient beaucoup plu. Et la route de Jack London en soi est une aventure, pas seulement littéraire. Mais la lente distillation a opéré et j'ai enfin compris que ce Monsieur John Barleycorn est en fait l'alcool.

Ainsi donc sans le savoir nombreux sont les amis de J. B., ses amis ou ses disciples, ses esclaves ou ses séides, jamais ses maîtres. Nul mieux que Jack London n'est autorisé à en parler, les deux personnages ayant été intimes, avec quelques brouilles, de cinq à quarante ans, la mort de Jack London. Longtemps plus connu sous le titre "Le cabaret de la dernière chance" le récit-roman "John Barleycorn" a été publié en 1912, alors que le pauvre Jack, jadis misérable, pilleur d'huîtres, pilier de saloon, bagarreur, est devenu riche et couvert d'honneurs, restant plus que jamais militant socialiste précoce et tout ça sans jamais s'éloigner beaucoup de John Barleycorn, cet ami qui vous veut. . . Jack et John resteront d'ailleurs associés jusqu'à la mort, controversée de Jack. John, aux dernières nouvelles, se porte bien.

Ce livre, je le considère comme une oeuvre maîtresse sur l'homme et sa destinée, sa fragilité et ses ressources. Car London s'est battu toute sa vie, contre la trajectoire qui lui semblait imposée, contre le haut fric, contre vents et marées au sens propre et figuré, contre la maladie, contre et avec John. Dès ses primes expériences de la bière à cinq ans et du vin à sept London a senti le danger. Mais voilà, le sourire de John Barleycorn n'est pas toujours édenté et fétide. Il sait se faire charmeur et se parer des plumes de la légèreté et de la belle amitié qu'il fracassera d'autant mieux plus tard. Marin, Jack a besoin de John. D'ailleurs, à eux deux ils font parfois un sacré boulot, l'alcool en ces années 1900 trônant partout en cette Californie des chercheurs d'or et des journaliers de ce pays neuf. Pas une éprouvante journée de travail sans que le maigre salaire ne soit délesté au premier cabaret du port d'Oakland d'où partirent les voyages de London. Ce John Barleycorn est tel que sans lui point de salut pour ces forçats du rail ou de la mer. Avec lui encore moins de salut. "Ni avec toi ni sans toi" confie Jack London. Correspondant en Corée, voyageur à Londres ou Paris, quelque part sur son bateau le Snark aux Nouvelles-Hébrides ou au Japon, l'écrivain multiple, essayiste et penseur qu'est devenu Jack London traitera toujours d'égal à égal avec J. B.


Ce livre est fabuleux et je suis heureux de l'avoir rencontré. Les derniers chapitres montrent London arrivé au sommet de ses influences, l'homme sans qui Kerouac, Hemingway ou Jim Harrison ne seraient pas ce qu'ils sont. London, lui, lucide, sceptique, fier malgré tout, doute encore et condamne John Barleycorn. On le sent capable d'initier, avec le féminisme naissant dont il sera un rare partisan précoce, d'initier une croisade contre son autre moi, ce J. B. qui nous rapproche en quelque sorte de cet autre roman fondateur d'un autre grand voyageur qui lui-même céda parfois aux paradis artificiels, "L'étrange cas du Docteur Jekyll". Alors bien sûr pendant des décennies Jack London et Robert Louis Stevenson ont fleuri sur les étagères des chambres d'enfants. On a mis bien du temps avant de trouver leur vraie place, en littérature, la plus haute.
Commenter  J’apprécie          120
Une quasi autobiographie axée sur l'alcool. Alcool que London appelle John Barleycorn.
(Intéressant à mettre en perspective avec Martin Eden.)
Jack London était une force de la nature, avec une énergie incroyable, quasi toujours dans de l'excès. Excès de travail, excès de consommation, excès d'études, excès de lecture, excès d'écriture... Une sensibilité évidente. Malgré tout ça ou à cause de tout ça, il a péri, et l'alcool, John Barleycorn, l'a bien (ab-)usé. Dans ce texte, on peut lire toutes les étapes d'apprentissage , de réflexion, de lutte, de dissection d'un rapport avec l'alcool-produit terriblement vicieux, dur et omniprésent.
London, par contre, tire des conclusions qui ne sont pas corroborées par les faits, la « science » et les statistiques. La différence qu'il fait entre deux types d'alcooliques ne tient pas. Les uns seraient les poivrots affligeants qu'on connaît tous, les autres des hypersensibles géniaux et seuls humains intéressants qui picoleraient parce que la vie est insupportable et... surtout parce que l'alcool est là, partout, à disposition. En écrivant ces mots, je me dis qu'en fait ce n'est pas faux non plus ce qu'il dit. Mais il y a bien plus de types d'alcooliques ou de personnes souffrant de l'alcool que ça. C'est plus complexe et plus riche.
Cela dit, son parcours, son témoignage sont hyper intéressants, et certainement l'accès aisé à l'alcool est une catastrophe. Cela dit, la prohibition a été une catastrophe aussi.
Enfin, depuis le début du 20e siècle, on a quand même un peu évolué, un peu mieux saisi les enjeux. Même si on ne fait pas encore grand chose de correct et de sensé. Face à un fléau d'une puissance quasi inégalée.
Ce livre est à lire pour les fans de Jack London et à ceux qui ont un tropisme intellectuel, historique, ou effectif et dangereux vers ce putain de John B.
Commenter  J’apprécie          110
Peu importe le sujet, l'alcool et l'alcoolisme, ici ce qui compte c'est à la fois le témoignage d'un homme parti de rien et devenu un écrivain reconnu de son vivant, d'un homme aventurier au destin picaresque, d'un homme exceptionnel par sa force de travail et sa volonté, d'un homme qui a connu un changement de siècle et le dépeint sobrement par petites touches, d'un homme à la plume assurée et au style simple et puissant. Bref, c'est à découvrir. Il se dégage un je-ne-sais-quoi d'unique dans ces pages. Après si certains veulent s'enivrer à bon compte d'image d'auto-destructions, ils seront servis.
Lien : https://www.tristan-pichard...
Commenter  J’apprécie          90
La découverte d'une partie de la vie de Jack London où la consommation d'alcool régulière et dès le plus jeune âge devient au fil des pages tournées une vision très sombre et dérangeant de la vie de cet auteur. Il personnalise l'alcool en la personne de John Barleycorn, ce qui rend la lecture toujours très intéressante et certaine fois je me demande si nous n'avons pas nous même un J.B. qui est quelque fois avec nous ....L'ouvrage se lit toujours aussi facilement et il nous tient dans la narration, et à la fin je me suis demandé si ce n'était pas moi qui devenait addicte des lectures de cet auteur.....
Commenter  J’apprécie          80
Le cabaret de la dernière chance est un petit saloon, inauguré en 1883, tout de bois vêtu, et qui, comme le laisse à penser son enseigne, était, à l'époque, le dernier endroit où se procurer de l'alcool avant de nombreux kilomètres dans la vaste Californie. Ce lieu est toujours debout, imprégné de la présence de Jack London et cultivant, à sa manière, son culte et sa mémoire (il est appelé aussi Jack London's rendezvous). John Barleycorn (Jean Grain d'Orge) est la figure principale de ce texte. C'est une périphrase originale pour désigner l'alcool sous une de ces formes la plus répandue, le whisky. le cabaret de la dernière chance est le témoignage de London sur l'addiction qui causa sa perte et sa contribution à la cause de la prohibition; ce texte fit date en participant grandement à l'interdiction de l'alcool aux USA en 1919

En manière de préambule l'auteur raconte, interpellé qu'il fut par sa femme, l'incitant à transmettre son histoire pour l'édification des générations futures, qu'il décida d'écrire son témoignage après avoir voté, sous l'emprise de l'alcool, en faveur des droits civiques des femmes; ces femmes, qui, dans son esprit, seraient les seules à avoir le courage de voter en faveur de la prohibition. Son propos est de décrire l'effet de l'alcool sur un individu moyen et normal, comme il se définit, buvant avec discernement, lui qui de son aveu n'a jamais eu besoin de quiconque pour se mettre au lit et n'a jamais titubé en état d'ivresse (ce que son récit démentira d'ailleurs au fil des pages…). Il débute par son enfance avec deux épisodes d'ivrognerie très précoces qui n'ont pas subi en leur temps, hormis de la part de sa mère abstinente, de censure,cela passant plutôt comme des épisodes coquasses dont on se souvient avec le sourire. Il évoque les pièges et séductions de l'alcool, synonyme de virilité, tribut à la camaraderie des gens de mer, sa grande disponibilité dans des endroits autorisés, omniprésents à chaque coin de rue, saloons et cabarets, offrant leur chaleur l'hiver et l'ombre et la fraîcheur l'été. Ces endroits où tout est possible, rixes ou descentes de police, sont des lieux romanesques où le merveilleux ou la tragédie guettent, riches d'une vie mouvementée tranchant avec la monotonie de la vie ouvrière. Et puis la bière coûtait moins cher que le ginger-ale! Pour Jack London, qui n'avait pas d'appétence de prime abord pour la dive bouteille, l'alcool était plutôt le support à la vie sociale, aux rencontres, à l'amitié virile. Toujours soucieux de ne pas être en reste et fort satisfait de sa robuste constitution physique, il mettait un point d'honneur à boire autant sinon plus que ses amis de rencontre. Puis vient l'accoutumance par un phénomène de tolérance physique, l'alcool devient un stimulant, on boit seul, régulièrement, en cachette, il devient un besoin impérieux pour pouvoir se produire en public et affronter la vanité de l'existence et la médiocrité de relations mondaines. On réalise que l'écrivain, malgré sa confession, semble toujours dans le déni, ne se jugeant pas alcoolique, conforté dans son opinion par certaines périodes d'abstinences. Par ailleurs ce texte autobiographique apporte un éclairage précieux dans l'oeuvre romanesque de London; on y découvre un homme aux milles vies, précoce, robuste et inlassable travailleur, multipliant les métiers : crieur de journaux, ramasseur de quille de bowling, ouvrier dans une usine de fabrique de conserve, pilleur d'huître, embarqué comme rameur sur une goélette pour le Japon et la chasse aux phoques, employé dans une usine de jute, esclave à remuer du charbon dans une centrale électrique, ouvrier dans une blanchisserie, protagoniste de la première ruée vers l'or dans le Klondike, nouvelliste, feuilletoniste, correspondant de guerre en extrême-orient et, enfin, écrivain à succès. Il est à noter la présence récurrente et prémonitoire (cet écrit paru trois années avant sa mort) de l'idée du suicide.

Je ne partage pas la conviction intime de l'auteur, que pour supprimer l'ivrognerie, il faut empêcher de boire. On connaît d'ailleurs les effets désastreux qu'a eu la prohibition sur le développement de la criminalité au USA. J'ai par ailleurs trouvé un Jack London assez complaisant envers lui-même quand il s'agit d'évoquer sa forte constitution physique, sa situation enviée, sa gloire, sa richesse. J'ai aussi été légèrement lassé par l'emploi trop récurent de la périphrase John Barleycorn. Il n'en demeure pas moins que la confession est courageuse et à valeur d'oeuvre utile et d'avertissement aux générations à venir. J'ai particulièrement aimé le chapitre 35 ayant trait à la vie, à l'erreur consubstantielle à celle-ci et nécessaire à son maintien. Ce texte ravira les inconditionnels de Jack London.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce récit autobiographique, Jack London nous emmène dans son aventure la plus sombre; celle de sa rencontre avec l'alcool.
On peut parfois être déstabilisé par l'absence d'une intrigue haletante à laquelle l'auteur nous habitue dans ses romans. Mais il s'agit là d'une oeuvre très particulière parmi celles écrites par l'auteur.

Ce qu'il nous dit nous parle : les bars comme lieux de société à part entière, l'alcool comme vecteur de liens entre les hommes. Autant de caractéristiques valables en 1912 qui le sont encore aujourd'hui.

Il est fascinant de constater également que Jack London se bat contre lui-même en établissant un paradoxe évident : un livre sur son alcoolisme en rejetant en permanence le terme d'alcoolique pour se définir. Des sursauts de fierté sont le signe d'un déni encore présent tandis que son discours nous permet de deviner une dépendance à l'alcool qui est prégnante.

Un livre intéressant malgré quelques longueurs.
Commenter  J’apprécie          60
Savoir choisir ces choix qui s'offrent à nous.
Est ce le bon ou pas, et pourquoi ?
A lire et méditer.
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre autobiographique de Jack London ,trés peu connu est une perle.
Il nous raconte sa relation complexe et perverse avec l alcool surnommé John Barleycorn. C est l ami , le complice des moments conviviaux mais aussi le mauvais génie tentateur présent tout au long de sa vie pour le meilleur et pour le pire. A conseiller a ceux qui ont tendance a faire copain copain avec John Barleycorn car c est aussi une analyse fine et pertinente de l alcoolisme
Commenter  J’apprécie          20
Le cabaret de la dernière chance,
c'est le bar de Johnny Heinold,
situé sur le port d'Oakland,
le lieu favori du jeune Jack London.

« le bar était un endroit merveilleux,
et quelque chose de mieux encore »

Ce livre est l'autobiographie d'alcoolique de Jack London, son carnet de bord. Ce n'est pas un secret, Jack London a bu très tôt, régulièrement dès l'âge de quatorze ans alors qu'il était matelot et fréquentait les pilleurs d'huîtres. C'est à leur contact que s'est développé son aptitude à boire. Et puis, tout le monde sait que la vie de marin conduit inévitablement à John Barleycorn. Mais qui est ce John Barleycorn ? C'est le whisky, l'alter ego de London, son frère jumeau, celui qui le fascine et lui fout la trouille.

Les bars, les cabarets le fascinent très tôt, une atmosphère de grandeur s'en dégage, c'est terriblement merveilleux comme l'écrit London et puis on fait des rencontres, on croise parfois du beau monde, des avocats, des reporters, des rédacteurs, des juges. Il délie les langues John et fait dégoiser les pensées les plus secrètes. On devient un homme, un dieu presque, on est invisible.

« Malgré cela, l'occasion devait me ramener vers John Barleycorn, m'y ramener sans cesse, jusqu'à ce qu'après de longues années l'heure vînt où je le chercherais dans tous les lieux fréquentés par les hommes – je le chercherais et le saluerais joyeusement comme un bienfaiteur et un ami, en même temps que je le détesterais et le haïrais de toute mon âme. Oui, c'est un étrange ami, ce John Barleycorn! »

Et puis, l'alcool fait oublier le dur labeur du quotidien. L'alcool est aussi un devoir social et un rite essentiel de la virilité. London aura des périodes de sobriété où il écrira et puis il partira à la recherche de John Barleycorn dans tous les lieux que les hommes fréquentent. On suit le jeune London dans ses virées nocturnes, ses virées alcooliques, ses périodes de sobriété, ses rechutes, ses rencontres. John Barleycorn, à ses côtés, il déborde de courage, de fougue, de culot aussi. Et pourtant, il ne cesse de dire que l'alcool lui inspire du dégoût.

« Partout où les hommes menaient une existence libre et large, ils buvaient. le romanesque et l'aventure semblaient toujours descendre la rue bras dessus, bras dessous avec John Barleycorn »

Les années ont passé, London a des succès littéraires, de l'argent et il continue de boire en société, il est dépressif et pense au suicide. Comme Martin Eden son personnage de fiction, il n'a que faire du succès et de la célébrité. Puis l'amour, le socialisme le sauveront un temps. La suite, on la connaît, l'alcool et la maladie auront raison de l'auteur qui meurt à 40 ans le 22 novembre 1916. On a parlé de suicide et on ne peut que faire un parallèle avec le suicide de Martin Eden.



Je garde un vif souvenir de Martin Eden et le cabaret de la dernière chance est un peu long à mon goût car les scènes de beuveries reviennent en boucle, il avance toujours les mêmes arguments pour affirmer qu'il est plus fort que John Barleycorn, il met en avant sa constitution robuste, son intelligence, la maîtrise de la situation mais c'est un leure bien sûr. A lire car c'est une oeuvre autobiographique, un passage obligé pour qui s'intéresse à la vie de Jack London.
Lien : https://chroniquesaigues.com..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (422) Voir plus



Quiz Voir plus

l'appel de la foret

comment s'appelle le chien ?

holly
Buck
Billy
Rachid

3 questions
231 lecteurs ont répondu
Thème : L'appel sauvage (ou) L'appel de la forêt de Jack LondonCréer un quiz sur ce livre

{* *}