Dernier roman de
Jack London, écrit peu de temps avant sa mort, ce vagabond des étoiles est à mettre à part dans la production de cet auteur. On y retrouve quelques thèmes chers à ce socialiste convaincu, cet homme de gauche, comme la critique de la société américaine du début du XXème siècle, l'accusation du système carcéral où les droits élémentaires humains sont bafoués. Ainsi les directeurs de prison ont droit de vie ou de mort sur les prisonniers, qui sont encouragés à la délation en échange d'une relaxe anticipée. Les choses ont-elles seulement changé ? J'en doute quand je pense à Guantanamo. C'est aussi et surtout un plaidoyer contre la peine de mort, et une affirmation de son antimilitarisme et de son anticolonialisme.
C'est encore un roman fantastique, métaphorique, avec ce prisonnier qui réussit à s'échapper par l'esprit de la prison, tant institutionnelle que la prison du corps. Un homme qui par la force de son esprit retrouve sa liberté, loin de sa matérialité, de ses pulsions, et voyage dans le temps pour découvrir que la vie est bien plus grande que la vie humaine. Un roman qui célèbre la résistance et la force de la volonté et des idées.
Ça me fait penser d'ailleurs aux très beaux vers de
Nazim Hikmet, prisonnier politique turc, qui écrivait : « Être captif, là n'est pas la question. Il s'agit de ne pas se rendre, voilà ! »
On y lit aussi un très bel hymne aux femmes, très légèrement teintée de misogynie, assez inattendu pour l'époque et de la part de ce vieux baroudeur de Jack, que j'imagine en vrai mec, aventurier, alcoolo, fort en gueule et qui roule des mécaniques mais qui reste sensible et très fragile derrière cette carapace. Bon fantasme de lectrice, probablement …
Enfin, je salue le formidable talent de conteur de London, un talent que je ne lui avais pas encore découvert à travers ses autres ouvrages. En peu de mots nous sommes plongés dans des univers et des époques complétement différents, happés par les aventures de son héros. Certes je n'ai pas encore tout lu de ce monument de la littérature mondiale, et je m'en réjouis …