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EAN : 9782920887886
Trois (Editions) (01/11/2002)
4.67/5   12 notes
Résumé :
« Zami. Mot carriacou désignant les femmes qui travaillent ensemble, amies et amantes ».

Audre Lorde tisse les fils de l’histoire, de la biographie et du mythe pour raconter sa propre histoire.
Ce roman devenu un classique à portée universelle qui combine des dimensions autobiographiques, mythique et historique.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans cet ouvrage, Audre Lorde nous raconte son enfance auprès de ses deux soeurs, plus âgées, et de parents assez stricts jusqu'à la fin de sa vingtaine, alors qu'elle vient d'obtenir son diplôme universitaire.

Audre Lorde a commencé à parler très tard, vers 4 ans, car avant cela cette petite fille si myope qu'elle avait été déclarée aveugle ne savait pas comment communiquer avec les autres. Une fois qu'elle a reçu sa paire de lunettes, son monde s'est considérablement éclairci et elle a très rapidement appris à parler, à lire et à écrire.

De son enfance, Audre Lorde nous parle surtout de sa solitude, de sa relation douloureuse avec ses soeurs, du racisme subi dans son école catholique et de son impossibilité d'obtenir un semblant d'intimité.

Vient ensuite l'adolescence, la rébellion face à l'autorité parentale, les premières amitiés et les premiers émois amoureux. Audre est confrontée au deuil et à la violence assez jeune, ce qui a visiblement marqué ses écrits.

A 17 ans, elle quitte le domicile familial. Elle raconte alors ses galères pour trouver de l'argent car elle souhaite voyager et étudier. Elle est très libre pour son époque, c'est assez incroyable ! Elle raconte également ses différents amours, elle qui s'était pourtant juré que plus jamais elle ne reprendrait le risque d'aimer. Les pages où elle nous décrit ses relations amoureuses sont absolument sublimes. Elle décrit l'amour charnel avec énormément de poésie. Et même si certaines scènes sont particulièrement explicites, elle y ajoute juste ce qu'il faut de pudeur pour ne pas nous transformer en voyeur⋅ses.

Elle témoigne aussi de ce qu'est la réalité d'une femme noire et lesbienne dans le New-York des années 50 : ne jamais se sentir comprise, même par les gens qu'elle aime, car assez peu représentée, qu'importe où elle va.
Dans cet ouvrage, elle aborde également des questions plus politiques [même si, on est d'accord, l'intime est politique] qui apparaissent en toile de fond : la traque contre les communistes, les avancées de la lutte pour les droits civiques, la dangerosité des avortements clandestins, la gestion de la santé mentale, etc.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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J'ai profondément aimé le témoignage et la femme qu'on devine.
Je salue le courage qu'il a fallu à Audre Lorde pour ne rien céder à ses désirs, à sa colère face à l'injuste.
J'ai adoré la première partie, et le personnage de la mère qui porte le mieux toute la douleur de l'exclusion, et toute la noblesse à sa résistance.
J'ai moins aimé ce que j'ai perçu comme une perte du souffle et de la langue dans la seconde partie (à partir du moment où elle quitte sa famille). Les souvenirs sont tour à tour trop précis (la description du travail à l'usine) et puis trop lacunaires. Comme si la distance était encore trop proche pour dégager des souvenirs ce qui constituerait une ligne narrative. Et ne parviendrait pas à attendre ce récit mythique auquel il est fait allusion dans la préface.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Nous n'avons pas pleuré sur la chose qui fut,
un jour, une enfant
pas pleuré sur la chose qui avait été une enfant
pas pleuré sur la chose qui avait été
ni sur les silences sombres et profonds
qui se sont repus d'une chair si jeune.

Mais nous avons pleuré à la vue de deux
hommes seuls
se découpant contre le ciel, tout seuls,
jetant à grands coups de pelle le manteau de terre
qui maintiendra en place ce sang si jeune.
Car nous nous sommes vus, nous aussi
sous la couverture-mère sombre et tiède,
nous nous sommes vus couchés profondément
dans le sein enflé de la terre - la jeunesse s'est
enfuie -
et pour la première fois nous nous sommes vus morts et seuls.
Nous n'avons pas pleuré sur la chose - sur la
chose -
nous n'avons pas pleuré sur la chose qui fut
un jour, une enfant.
[22 mai 1949]
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Avec Muriel, nous parlions de l'amour comme d'un engagement volontaire tout en nous débattant dans les pas d'une danse ancienne, apprise sans en avoir conscience, mais répétée avec ferveur. Nous avions bien retenu les leçons apprises dans les cuisines de nos mères, deux femmes fortes qui n'abandonnaient rien sans rien. Dans ces tièdes espaces de survie, l'amour, même librement consenti, portait un autre nom : contrôle.
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A la femme blanche de mon rêve qui se tient derrière moi dans un aéroport, et me fixe sans rien dire pendant que son enfant me cogne délibérément, encore et encore. Quand je me retourne pour dire à la femme que je vais lui mettre un coup de poing dans le nez si elle ne retient pas son gamin, je m'aperçois qu'elle a déjà reçu un coup de poing dans le nez. Son enfant et elle ont été battus, visages contusionnés, yeux cerclés de noirs. Je me détourne et m'éloigne d'eux, furieuse et triste.
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Et tu n'es pas revenue en avril,
malgré le charme puissant du printemps,
tu as attendu ton heure en silence
sachant que les morts doivent se montrer patients.

Et à l'été non plus, tu n'es pas revenue
ni quand les chênes verts ont laissé
des traces de sang en automne
- les heures sont longues pour les regrets.
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[nouvelle préface]
La nouvelle génération trouve naturelle la façon qu'a Audre Lorde de faire des liens entre les différentes formes d'oppressions. Elle se présentait comme "Noire, lesbienne, féministe, guerrière, poète et mère" et son courage a convaincu. Depuis, cette approche a été théorisée à l'université sous le nom d'intersectionnalité. Son discours et son inspiration déborde le monde académique aujourd'hui et séduit les mouvements sociaux. (7)
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Videos de Audre Lorde (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Audre Lorde
Lecture par Nanténé Traoré & Marie-Sohna Condé Rencontre avec Lucie Lamy & Jean-Philippe Rossignol & les éditrices de L'Arche et d'Ypsilon, animée par Christelle Murhula
À l'occasion de la publication de Nouveau départ de May Ayim et de Charbon d'Audre Lorde, les éditions Ypsilon et L'Arche vous invitent à traverser l'oeuvre de ces deux poétesses, essayistes et militantes par une soirée de lectures et de discussion. Pour Ayim comme pour Lorde, il aura fallu attendre plus de vingt ans pour voir traduire leur poésie en français. Reconnues dans leurs pays comme des figures essentielles de la lutte contre le racisme et le sexisme, les écrits de ces deux grandes personnalités de l'afroféminisme sont enfin disponibles en France, apportant une nouvelle pierre à l'histoire internationale du mouvement. Ayim et Lorde se sont rencontrées à Berlin au cours des années 1980, alors que les liens transatlantiques du mouvement se renforçaient, les mots et les idées circulant entre l'Allemagne et les États-Unis. Ayim fut l'une des premières à revendiquer le terme d'afro-allemande, et Lorde une pionnière dans l'affirmation d'identités multiples et mouvantes (« poète, noire, féministe, lesbienne, mère, guerrière, professeure et survivante du cancer » comme elle se décrivait elle-même). Toutes deux ont écrit des essais et des recueils de poésie, démontrant par leur travail que théorie, pratique, militantisme et poésie peuvent fonctionner ensemble pour changer le monde. Marie-Sohna Condé et Nanténé Traoré porteront les voix des poétesses, puis une discussion autour de la traduction sera proposée avec Lucie Lamy et Jean-Philippe Rossignol, traducteur et traductrice de May Ayim, et les éditrices d'Ypsilon et de L'Arche.
À lire – Audre Lorde, Charbon, trad. de l'anglais (États-Unis) par le collectif Cételle, éd. de l'Arche, 2023 – May Ayim, Nouveau départ, trad. de l'allemand par Lucie Lamy et J.-P. Rossignol, éd. Ypsilon, 2023.
Son : Axel Bigot Lumière : Iris Feix, assistée de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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