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Deux Marcelline se cherchent dans ce livre, la jeune fille survivante revenue des camps de la mort et la jeune fille perdue éprise de liberté. Si l'horreur des camps est le début et la toile de fond de ce roman, il n'en demeure pas moins un livre sur la recherche de la liberté d'aimer, de construire sa vie selon ces envies. C'est une femme résolument moderne qui refuse les carcans, quand bien même elle se mariera à son premier mari pour apaiser sa mère et par la même occasion s'offrir un espace de liberté encore plus grand, traînant sur les terrasses parisiennes à la recherche d'ébullition intellectuelle. Elle se raconte, à travers ce qu'il reste de ses échanges épistolaires avec les hommes qu'elle a rencontré, beaucoup dont elle ne se souvient pas, et d'autres qui ont forgés la suite de sa destinée. Elle raconte aussi une époque, les avortements clandestins, la guerre au Vietnam, mais aussi les relations amicales entre femmes, celles que l'on perd de vue, les amies qu'on retrouve (Simone Veil, mais pas que), son grand amour.
Ce livre est magnifique, et décrit ses amours, amourettes, ses non réponses d'une façon intime, et aussi universelle.
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"J'aurais dû être morte ."

" Je fuyais mon propre corps, sa mise à nu, à jamais associée pour moi à l'ordre d'un nazi, à son regard humiliant tandis qu'on nous rasait  la tête et le sexe,à son verdict  : la mort ou son sursis."
Alors ,oui, comment vivre "L'amour après ", avoir vécu ça à 15 ans !
Lu comme un journal intime dans sa construction parfois maladroite mais il s'agit là de dire le chaos engendré par la Domination. #marcelineloridanivens a voulu nous dire le prix de la LIBERTÉ. Livre à la portée intime/historique/universelle.

Premier livre lu
Je vais poursuivre à découvrir ses écrits.
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Déportée à 15 ans, Marcelline Rozenberg est revenue de Birkenau comme coupée en deux : elle était en même temps une jeune fille et une survivante. Comment concilier les rêves et les envies de l'une avec les profondes blessures et les cauchemars de l'autre ?
En replongeant dans ses souvenirs et des parcelles de son passé (lettres, mots doux, photos) contenues dans une valise, Marcelline, alors octogénaire, nous décrit son combat pour faire cohabiter les deux. Elle nous parle d'amour, comme le titre l'indique, mais aussi d'amitié.
L'amour, c'est celui que l'on cherche dans l'élan de la jeunesse : la séduction, les histoires d'un soir, la découverte des corps, la recherche de la jouissance, difficile, fuyante et qui semble, à force, désespérément et définitivement inaccessible. Comment jouir avec un corps et un esprit marqués par la souffrance?
L'amour, c'est aussi celui qui s'écrit avec une majuscule, c'est l'homme unique, le compagnon parfait dont la jeune fille rêve aussi. Il n'est pas plus facile de le trouver.
L'amitié, ce sont les autres filles perdues qui écument St-Germain-des-Près comme le fait Marceline. Ce sont aussi des liens avec des hommes, anciens amants ou non, qui restent fidèles et à l'écoute au fil des décennies. Et l'amitié, ce sont les autres survivantes, aux parcours parfois totalement différents, sérieux, bourgeois, rangés. L'une d'elles est Simone Veil.
L'amour et l'amitié, Marcelline Loridan-Ivens en parle magnifiquement, avec franchise, parfois crûment, parfois avec espièglerie, toujours avec lucidité, honnêteté et une grande tendresse pour les multiples personnages de sa vie hors normes.
C'est beau, touchant et porteur de réflexions profondes sur le sens de ces deux sentiments.
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Parcourir avec Marceline sa « valise d'amour » pleine de souvenirs au gré des écrits qu'elle passe sous sa machine à lire, c'est forcément un peu décousu… mais est-ce à cause de sa valise ou de ce qu'elle a connu adolescente… On découvre aussi ses deux amours dont elle aura conservé le nom, si différents et pourtant si nécessaires. Je reconnais que je me suis parfois un peu ennuyé ou perdu dans les pages mais il m'est bien difficile de critiquer un livre dont je ne me sens pas le droit de juger l'auteur.
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Peut-on réapprendre à aimer, à se livrer à un autre quand on a été déportée à 15 ans? Quand le corps porte encore, longtemps après, les stigmates de la douleur, et quand la première expérience de la nudité est celle du regard froid et assassin des gardiens nazis?
Je m'attendais à une dissection des sentiments qui conduisent à la confiance retrouvée et à l'acceptation de l'autre, alors que tout est détruit à l'intérieur de soi.
Au lieu de cela, nous suivons l'oublieuse mémoire de Marceline Loridan Ivens, rousse flamboyante qui fut notamment la compagne de déportation de SImone Veil, au gré des lettres qu'elle retrouve dans sa "valise d'amour". Des extraits de ses lettres d'amour, et des tranches de vie qui vont avec. le récit est morcelé donc, pas linéaire du tout, mais qu'importe.
LIBERTE : c'est ce qui a guidé Marceline tout au long de sa vie.
Car après les camps, c'est une véritable fureur de vivre, un besoin d'émancipation et un bouillonnement de culture qui s'emparent d'elle. Nous la découvrons tour à tour fantasque, impertinente, et résolument moderne.
Mais c'est dans les dernières pages que j'ai eu l'impression qu'elle se dévoilait réellement, avec beaucoup de pudeur toutefois, à l'heure d'évoquer son dernier grand amour, Joris Ivens. Elle se met enfin à nu, et les dernières pages sont terriblement bouleversantes.
Une grande dame, cette Marceline.
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Comme je le dis toujours, sur un livre qui traite de faits réels, il est compliqué de dire “j'aime pas” ou “j'aime”. On parle d'événements qui ont vraiment eu lieu. L'autrice, suite à sa cécité, s'est fait aider de Judith Perrignon (dont j'ai déjà lu des ouvrages aussi) : le livre démarre sur ce fait. Il est l'amorce qui va lui permettre de replonger dans ces souvenirs.
Ne vous attendez pas à un roman-essai avec une construction logique. Marceline Loridan-Ivens évoque ses souvenirs comme ils viennent, parfois en surface, d'autre fois en profondeur. le lecteur ne pourra remettre en lumière que la succession des événements à la fin, lorsqu'il aura tous les éléments en main. Cette façon de procéder peut déplaire et déstabiliser, je n'ai pas été gênée.
Malgré le sujet difficile, la force de plume et d'évoquer le sujet avec légèreté et de façon plutôt positive. Je crois que c'est ce qui m'a le plus marquée finalement. On ressent les difficultés à surmonter et celles qu'elle ne dépassera jamais, mais on la sent aussi maîtresse d'elle-même et libre de choisir sa propre voie.
Ce fut donc une belle lecture pour ma part.

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Aimer quelqu'un c'est l'aider à vivre, dit Marceline Loridan-Ivens. La vie l'a aimée après avoir essayé de l'écraser et Marceline a aimé la vie, de tout son être, avec toute sa force, époustouflante. Un passé dans le camp de Auschwitz-Birkenau ne s'oublie pas, mais peut se surmonter et Marceline réussit. A la mesure de l'épreuve qui a failli la tuer, il y a la mesure de la force de la vie, plus l'attaque est dure plus la résistance est farouche. Fragilisée, cassée, perdue, Marceline s'accroche à ce qu'il y a on ne peut plus fragile, et résistant : la vie, car vivre c'était la seul manière de surmonter le passé, de défier la non-vie, rassembler la jeune fille et la survivante pour devenir une femme. Entre jouissance et peur, plaisir et terreur, elle trouve son corps, ouvre son esprit, partage l'amour, sa vie balagan est engagée. Sa voix résonne sur un long chemin de passion et de combat, jusqu'à ce que la vie décide de mettre un point final en 2018.
Mais si le corps est au repos maintenant, le souffle reste bien vivant, sa voix, son rire, sa force contagieuse.
Dans L'amour après, la voix va vite, sous le poids des souvenirs, et emprunte toutes les autres voix, une voix qui traverse le mur du temps, l'abyme noire pour remonter à la surface et y rester, coûte que coûte.
Valise d'amour, expression tendre pour fouiller dans ses souvenirs, douloureux, déchirants, doux, exaltants, des lettres de passion, de raison, lettres d'amis, lettres d'amoureux, lettres-bleuets avec la marque du temps. La valise c'est ce qu'on emporte quand on part, quand on quitte, quand on se déplace, dans la valise on met les choses nécessaires, essentielles, de tous les jours, dont on ne peut pas se séparer. C'est là, je trouve, tout le sens de "amour", l'amour de la vie est cette chose essentielle, le lien et le liant, car la secousse que la vie peut donner par sa force et sa beauté, est plus puissante que celle de la destruction, de l'horreur qu'un être vivant peut infliger à l'autre.
Marceline Loridan-Ivens nous laisse son livre, testament d'amour, avec ce qu'elle a eu de plus fort et impérissable. Sensuel, solaire, éclatant, il est l'image même de Marceline gourmande de vie, battante pour les idées, poète, passionnée.
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Hans Jonas se demandait s'il était possible de croire en Dieu après Auschwitz (Le Concept de Dieu après Auschwitz, éd. Rivages, 1994). le récit de Marceline Loridan-Ivens pose cette autre question : peut-on aimer après avoir été déporté ? Et surtout comment aimer ? C'est le thème de son témoignage, L'Amour après (éd. Grasset).
Un petit mot d'abord sur cette auteure dont le nom de famille ne devrait pas laisser les cinéphiles indifférents. Marceline Loridan-Ivens était en effet la compagne de Joris Ivens, le documentariste d'origine néerlandaise surnommé "le hollandais volant", et qui a travaillé avec elle sur plusieurs films, dont le 17e Parallèle, Comment Yukong déplaça les Montagnes ou Une histoire de Vent.
Il est d'ailleurs question de lui dans L'Amour après, ce récit se voulant en effet comme un hommage au grand amour de Marceline Loridan-Ivens.
Un hommage mais pas que : après un accident qui l'a laissée aveugle, l'auteur suit en effet le fil de ses souvenirs et parcourt ses archives, dont principalement sa correspondance. le lecteur trouvera finalement assez peu de pages sur la déportation. Elle en avait parlé précédemment dans son récit, Et Tu n'es pas revenu (éd. Grasset). Bien entendu, il est question de quelques faits marquants survenus dans les camps, traumatisants pour la jeune adolescente de 15 ans, perdue au milieu de femmes. Une de ces femmes apparaît dans le récit : Simone Veil, droite, belle et forte, avec qui Marceline Loridan-Ivens ramènera une amitié pour la vie : "Maintenant qu'elle n'est plus là, je sens bien que je pleure à l'intérieur. Je l'ai dit au cimetière : nous nous sommes rencontrés pour mourir ensemble."
L'Amour après s'interroge sur la manière dont la narratrice a appris à vivre parmi les hommes, au milieu des hommes et avec des hommes : "La survivante avait raté ses deux tentatives de suicide, c'est la preuve qu'une part d'elle voulait vivre."
Marceline Loridan-Ivens fait appel à ses souvenirs pour inviter des hommes qui l'ont marquée, et parmi eux quelques figures célèbres : Joris Ivens bien sûr, mais aussi Maurice Merleau-Ponty, Edgar Morin ou Georges Perec. C'est assez singulièrement que le Saint-Germain-des-Prés que l'on connaît, celui de l'insouciance d'après-guerre devient un théâtre où, en creux, se dessinent les traumatismes de la seconde guerre mondiale.
C'est avec un sens du combat hors du combat que Marceline Loridan-Ivens est parvenue à survire, vivre et aimer, nons sans mal. Et finalement dompter un passé indicible.
Lien : http://www.bla-bla-blog.com/..
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Une fois de plus, je suis bouleversée par Marceline Loridan-Ivens. Je viens de terminer son livre précédent "Et tu n'es pas revenu" et j'ai eu envie de lire celui-ci dans la foulée. L'entendre à nouveau parler d'elle, de sa reconstruction après les camps, de sa folle envie de vivre, par deux fois interrompue par l'envie de mort, sa vision de l'amour, sa relation aux hommes, à sa famille, à la vie.

Cette femme, comme tous les "survivants" je pense, est fascinante et mérite d'être lu par le plus grand nombre.

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Ce livre est un témoignage, ce n'est pas un livre d'écrivain mais il est d'une sincérité absolue. L'émotion n'en est que plus grande. Il fait suite à "et tu n'est pas revenu" qui relatait sa déportation a Birkenau. Cette femme décédée en septembre 2018 à 90 ans, avait témoigné à la télévision de sa déportation et de sa vie de retour en France. Elle était d'une vie et d'une drôlerie rafraichissante. Ses épreuves lui avaient appris qu'après Birkenau, le reste n'est que du rab !
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