AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 110 notes
5
5 avis
4
14 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'avais jamais rien lu de Pierre Loti mis à part des extraits de Pêcheurs d'Islande… Ce qui ne m'attirait pas beaucoup. C'est en cherchant un titre à lire pour le challenge Solidarité que je l'ai découvert et cette lecture m'encourage à poursuivre l'exploration de son oeuvre. Son métier d'officier de marine l'ouvre sur le monde et des modes de vie qui le fascinent. Les désenchantées est un roman qu'il a écrit en 1906 alors qu'il revient à Constantinople, pour la seconde fois. Trente ans plus tôt, lors d'une escale en Turquie, il tombe amoureux du pays mais aussi d'une femme Hatidjé, jeune circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc avec laquelle il vivra une très grande histoire d'amour. Il en tirera deux romans « aziyadé » et « Les fantômes d'Orient ». Dans ce roman, les désenchantées, Pierre Loti se met en scène sous les traits de André Lhéry, écrivain et diplomate français en poste dans l'ancienne Constantinople qui rencontre trois femmes de la haute société stambouliote, européanisées, cultivées, ayant reçu la meilleure instruction … et qui connaissent et admirent l'écrivain. Mais, prisonnières des traditions et de la religion, elles n'ont aucun avenir si ce n'est d'être mariées sans leur consentement, recluses dans un harem, subissant la violence de la polygamie et arborant le tcharchaf, voile intégral, dès lors qu'elles sortent de leur prison dorée. Ces trois femmes, révoltées et frondeuses, demande à l'auteur d'écrire un livre pour plaider leur cause… des rendez-vous secrets entre eux quatre, des cérémonies officielles auxquelles tous sont invités, des courses maritimes sur le Bosphore seront les lieux des échanges, des confidences, des regards croisés et de la supplication d'écrire ce livre… Un jour se pose la question du titre de l'ouvrage à venir. La recherche aboutit à la proposition de « Les désenchantées » qui ne paraît pas assez dénonciateur pour Djénane, la jeune femme dont Lhéry semble le plus proche. « Les Désenchantées », dit-elle, « On est désenchanté de la vie quand on a vécu ; mais nous au contraire qui ne demanderions qu'à vivre ! … Ce n'est pas désenchantées, que nous sommes, c'est annihilées, séquestrées, étouffées… » Ce roman bien qu'écrit au début du 20ème siècle résonnent avec des faits d'actualité où les droits des femmes sont bafoués au nom de la religion. L'écriture sensible, l'ambiguïté entretenue dans les sentiments amicaux voire amoureux entre les protagonistes, le fantasme de l'insoumission et les descriptions envoûtantes du vieil Istanbul et du Bosphore m'ont ravie et bouleversée à la fois. C'est sûr, je referai un voyage avec Pierre Loti !
Commenter  J’apprécie          122
La richesse d'un groupe de lecture, c'est toute les découvertes que nous y faisons et que sans le groupe, nous n'aurions peut-être jamais fait ou bien plus tard! Encore une fois, je dois à Jérome Charvenet une magnifique découverte de plus! Merci 🙏❤!

Je vais être honnête, je crois que sans cette lecture commune, je n'aurais jamais ouvert un livre de Pierre Loti! Déjà parce que j'ai une PAL qui ne cesse d'augmenter 😁 et ensuite, honte à moi, j'associais surtout l'auteur a des récits de voyage, un domaine de lecture qui ne fait pas partie de mes favoris... du coup, j'ai pris une belle claque littéraire et j'en suis plus qu'heureuse! Avec l'envie de découvrir d'autres oeuvres de lui...

Il y a plus de 20 ans, j'ai eu la chance de voyager avec ma famille à Istanbul. Un voyage qui pour moi, m'a laissé un arrière-goût de rv manqué hélas... Une ville qui m'a impressionnée mais pour laquelle je n'avais pas les balises que pour la vivre... Ceux - ci sont venus bien plus tard par mes études, mes lectures, mes rencontres et mes amis.

En lisant les mots de Pierre Loti, j'ai eu la sensation d'y être, d'y retourner... de sentir le soleil sur ma peau et sa chaleur. J'ai retrouvé les couleurs qui peuplent mes souvenirs. J'ai retrouvé l'impreinte vivante de chacune des parties d'Istanbul qui a marqué ma mémoire... Comme Pierre Loti, j'ai goûté Istanbul au point de me la rendre inoubliable!

Je comprend, du coup, combien dans Les Désenchantées, il en ai fait une sorte de personnage à part entière tant le cadre imprègne autant que la vie qu'on peut y mener. On peut même se poser la question de savoir qui fait battre le coeur d'Istanbul? Si c'est la ville et son climat ou ceux qui l'habitent, voir les deux ensembles...?

Dans ce véritable décor vivant, Pierre Loti a choisi de personnifier une partie de l'âme de cette ville avec Djénane, Zeyneb et Mélek. Trois jeunes femmes recluses dans le harem de leurs familles. Trois destins de femmes que nous rencontrons à la veille de leur mariage arrangé et que nous allons surtout suivre au moments des désillusions....

Pierre Loti à rendu pour moi l'histoire d'une modernité auquel je ne m'y attendais pas et surtout de la part d'un auteur masculin de début du XXe siècle! Et là où j'ai été plus que touché, c'est qu'il a donné à ces jeunes femmes une profondeur faite de nuances. Imprégnées et fières de leur culture, leurs souffrances ici abordées ne viennent pas d'un rejet de valeurs, mais d'une inadéquation entre l'éducation qu'on leur a dispensé et le but auquel elles se sentent destinés!

Elles qui ont eu les meilleures préceptrices, accès aux mêmes savoirs que l'élite européennes, contrairement à cette dernière, ne pourront jamais faire vivre cette instruction. Leur mariage arrangé sans leur avis, les vouant à n'incarner que leur corps qu'elles sont poussés à magnifier au quotidien pour garder les faveurs de leur époux.

C'est dans ce contexte de leur vie, dans ce déchirement que l'auteur Andre Lléry va bouleverser leurs vies par ses mots, par ses livres dont un particulièrement. Il avait su trouver les mots pour exprimer leurs réalités... La Turquie n'étant pas une terre étrangère pour lui. Dans sa jeunesse, il avait vécu un Amour avec une certaine Nedjibé... Avec elle, il avait aussi appris à aimer son pays, ses valeurs et ses coutumes...

Lorsque bien des années plus tard, André Lléry est à nouveau envoyé en poste à Istanbul, rien ne prévoyait qu'il rencontre ses plus grandes admiratrices... le monde des harems étant bien dissociés du restant de la vie urbaine... Mais c'était sans compter sur le déchirement intérieur qui touchait la jeune génération de jeunes femmes... Lui donnant une énergie de bravade touchant à la survie pour contourner tout les obstacles! Djénane, Zeyneb et Mélek avaient le but de rencontrer André et de le pousser à écrire un autre roman qui plaiderait leur cause...

Entre rencontres à haut risque, également moments perçus comme étant vivant pour elles, et vie stambouliote pour André, nous assistons à la naissance d'un fossé entre l'imaginaire et la réalité... Comme deux espaces temps qui n'arrivent pas à se rencontrer... Celui de Djénane, Zeyneb et Mélek d'un côté. de l'autre, celui d'André Lléry qui prisonnier du charme exercé par l'Orient sur ceux qui avaient eu la chance de le découvrir, ne recherchant de l'authentique là où il n'existe que dans une sorte d'imaginaire... de moins en moins dans la vie réelle! le privant un peu plus chaque fois, d'une certaine façon, de pouvoir vivre ses rencontres avec ses trois amies pour ce qu'elles étaient...
Commenter  J’apprécie          40
Les désenchantées, ce sont trois jeunes turques : Djénane, Zeyneb et Mélek, âgées de seize à vingt et un ans au début du récit, éduquées comme des européennes mais paradoxalement enfermées dans un harem, pour leur plus grand malheur.
Djénane, la plus hardie des trois, écrira en avril 1901 à leur écrivain français favori, André Lhéry dont elle est secrètement amoureuse, persuadée - à tort - de ne jamais recevoir de réponse.
En 1904, André Lhéry, homme mûr en poste à Istanbul, rencontrera régulièrement en cachette les trois courageuses adolescentes (dont deux seront mariées de force par leurs familles), jusqu'au jour funeste de son retour en France, fin 1905.
Une magnifique et tragique histoire romanesque, qui nous fait découvrir la terrible condition des femmes turques, traitées comme des odalisques, choyées à outrance lorsqu'elles sont riches, mais emmurées vivantes dans leur propre maison …
Pierre Loti, nous offre ici un chef d'oeuvre qui nous enchante par la finesse de son écriture si poétique et par la force des sentiments exprimés.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai toujours été très attirée par le personnage de Pierre Loti, sa vie et son parcours d'écrivain voyageur.. Un vrai mythe pour moi, bien que j'aie lu assez peu de ses ouvrages, en fait.. Mais l'imagination fait le reste !
Alors, "Les désenchantées " ?Et bien, le livre en lui même a correspondu à mon attente. J'ai retrouvé Istambul que j'ai eu l'occasion de - briévement- de visiter avec ses mosquées, ses vieux quartiers, son café Pierre Loti , son quartier d'Eyüp, le Bosphore et ses yalis..et tout l'imaginaire qui nous accompagne dans nos voyages, couleurs, odeurs, paysages, etc...Avec le recul, j'analyserai mes impressions sous trois points de vue. 1) l'aspect littéraire.En dehors de ce cadre magnifique et envoûtant, les personnages ne m'ont , eux, pas vraiment attirée. le héros est assez "spectateur", en fait, avec ce mépris pour le rêve et les aspirations de liberté qu'il qualifie de "littéraires" de ces trois jeunes filles.Elles mêmes ne se situent jamais dans l'ensemble des autres femmes turques qui connaissent la même situation, moins le luxe, l'éducation, les attentions , les serviteurs.dont elles sont entourées. 2) Ceci me conduit à mon second point de vue sur le recul que nous pouvons avoir aujourd'hui sur ce roman très connoté dix-neuvième siècle.Je frémis d'horreur à la façon dont les personnages centraux parlent de leurs esclaves, eunuques.. En me renseignant, je vois d'ailleurs qu'il y eût des esclaves en Turquie jusqu'à la fin de la 1ère guerre mondiale ! Je crains d'ailleurs que tous les romans de Loti ne baignent dans cette atmosphère qui nous révulse aujourd'hui.Et oui, c'était le temps des colonies où peu semblaient se poser des questions...Je crois d'ailleurs que la rénovation récente de la maison de Pierre Loti à Royan - que je rêve de visiter- a suscité bien des remous..Je comprends...Je pourrais également évioquer cet attrait des coutumes européennes..vaste sujet !... 3) Et mon dernier point de vue est celui de la mystification subie par Pierre Loti (supercherie dévoilée après la mort de l'auteur)quant à l'identité des trois mystérieuses jeunes femmes à l'origine du roman..L'arroseur arrosé en quelque sorte .. Bien fait ! Dommage qu'il ne l'ait pas su ! Cela dit, je crois que je vais aller lire ses romans sur Tahiti, l'ïle de Pâques, le Japon..etc..Eternelle magie des écrivains voyageurs...
Commenter  J’apprécie          30
Premier sentiment, un plaisir indicible à lire ce "doux" pamphlet sur les harems en Turquie du début du XXe siècle.

Il est certain que Pierre Loti, au travers de ses différents voyages, fut un adepte inconditionnel de ce pays. Succombant sous le charme de ces paysages (Constantinople devenu Istanbul dès 1930), de ces effluves des marchés du port, des couleurs naturelles des différentes végétations.

Or donc, notre héro tombe amoureux d'une jeune femme turque dans un harem. Des femmes voilées au dehors, mais occidentalisées dans leurs murs. Les rencontrer, leur parler, voici dorénavant son but dans cette ville. Il en fera son obsession, Mais peut-t-on vivre une idylle avec de "petits fantômes noirs" dans une société où la liberté des femmes n'existe pas? Quel devenir pour celles-ci?

Le chemin sera long pour La liberté de la Femme...
Lien : https://bookslaurent.home.bl..
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (314) Voir plus



Quiz Voir plus

Le pays des Lotiphiles

Le vrai nom de Pierre Loti était :

Louis Poirier
Henri Beyle
Julien Viaud
Fréderic Louis Sauser

10 questions
50 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre LotiCréer un quiz sur ce livre

{* *}