La richesse d'un groupe de lecture, c'est toute les découvertes que nous y faisons et que sans le groupe, nous n'aurions peut-être jamais fait ou bien plus tard! Encore une fois, je dois à Jérome Charvenet une magnifique découverte de plus! Merci 🙏❤!
Je vais être honnête, je crois que sans cette lecture commune, je n'aurais jamais ouvert un livre de
Pierre Loti! Déjà parce que j'ai une PAL qui ne cesse d'augmenter 😁 et ensuite, honte à moi, j'associais surtout l'auteur a des récits de voyage, un domaine de lecture qui ne fait pas partie de mes favoris... du coup, j'ai pris une belle claque littéraire et j'en suis plus qu'heureuse! Avec l'envie de découvrir d'autres oeuvres de lui...
Il y a plus de 20 ans, j'ai eu la chance de voyager avec ma famille à Istanbul. Un voyage qui pour moi, m'a laissé un arrière-goût de rv manqué hélas... Une ville qui m'a impressionnée mais pour laquelle je n'avais pas les balises que pour la vivre... Ceux - ci sont venus bien plus tard par mes études, mes lectures, mes rencontres et mes amis.
En lisant les mots de
Pierre Loti, j'ai eu la sensation d'y être, d'y retourner... de sentir le soleil sur ma peau et sa chaleur. J'ai retrouvé les couleurs qui peuplent mes souvenirs. J'ai retrouvé l'impreinte vivante de chacune des parties d'Istanbul qui a marqué ma mémoire... Comme
Pierre Loti, j'ai goûté Istanbul au point de me la rendre inoubliable!
Je comprend, du coup, combien dans
Les Désenchantées, il en ai fait une sorte de personnage à part entière tant le cadre imprègne autant que la vie qu'on peut y mener. On peut même se poser la question de savoir qui fait battre le coeur d'Istanbul? Si c'est la ville et son climat ou ceux qui l'habitent, voir les deux ensembles...?
Dans ce véritable décor vivant,
Pierre Loti a choisi de personnifier une partie de l'âme de cette ville avec Djénane, Zeyneb et Mélek. Trois jeunes femmes recluses dans le harem de leurs familles. Trois destins de femmes que nous rencontrons à la veille de leur mariage arrangé et que nous allons surtout suivre au moments des désillusions....
Pierre Loti à rendu pour moi l'histoire d'une modernité auquel je ne m'y attendais pas et surtout de la part d'un auteur masculin de début du XXe siècle! Et là où j'ai été plus que touché, c'est qu'il a donné à ces jeunes femmes une profondeur faite de nuances. Imprégnées et fières de leur culture, leurs souffrances ici abordées ne viennent pas d'un rejet de valeurs, mais d'une inadéquation entre l'éducation qu'on leur a dispensé et le but auquel elles se sentent destinés!
Elles qui ont eu les meilleures préceptrices, accès aux mêmes savoirs que l'élite européennes, contrairement à cette dernière, ne pourront jamais faire vivre cette instruction. Leur mariage arrangé sans leur avis, les vouant à n'incarner que leur corps qu'elles sont poussés à magnifier au quotidien pour garder les faveurs de leur époux.
C'est dans ce contexte de leur vie, dans ce déchirement que l'auteur Andre Lléry va bouleverser leurs vies par ses mots, par ses livres dont un particulièrement. Il avait su trouver les mots pour exprimer leurs réalités... La Turquie n'étant pas une terre étrangère pour lui. Dans sa jeunesse, il avait vécu un Amour avec une certaine Nedjibé... Avec elle, il avait aussi appris à aimer son pays, ses valeurs et ses coutumes...
Lorsque bien des années plus tard, André Lléry est à nouveau envoyé en poste à Istanbul, rien ne prévoyait qu'il rencontre ses plus grandes admiratrices... le monde des harems étant bien dissociés du restant de la vie urbaine... Mais c'était sans compter sur le déchirement intérieur qui touchait la jeune génération de jeunes femmes... Lui donnant une énergie de bravade touchant à la survie pour contourner tout les obstacles! Djénane, Zeyneb et Mélek avaient le but de rencontrer André et de le pousser à écrire un autre roman qui plaiderait leur cause...
Entre rencontres à haut risque, également moments perçus comme étant vivant pour elles, et vie stambouliote pour André, nous assistons à la naissance d'un fossé entre l'imaginaire et la réalité... Comme deux espaces temps qui n'arrivent pas à se rencontrer... Celui de Djénane, Zeyneb et Mélek d'un côté. de l'autre, celui d'André Lléry qui prisonnier du charme exercé par l'Orient sur ceux qui avaient eu la chance de le découvrir, ne recherchant de l'authentique là où il n'existe que dans une sorte d'imaginaire... de moins en moins dans la vie réelle! le privant un peu plus chaque fois, d'une certaine façon, de pouvoir vivre ses rencontres avec ses trois amies pour ce qu'elles étaient...