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EAN : 9782330048945
443 pages
Actes Sud (15/04/2015)
3.91/5   108 notes
Résumé :
Dans ce roman, Loti l'amoureux d'Istanbul se fait la voix des femmes, les femmes des harems, dans les toutes dernières heures de l'Empire ottoman.
Trois femmes de la haute société entrent en contact avec André Lhéry, un écrivain et diplomate français en poste dans l'ancienne Constantinople. Des échanges complexes, passionnés et violents naissent entre l'auteur et ces femmes encore prisonnières de leurs voiles et d'un mode de vie carcéral. Un livre captivant e... >Voir plus
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Immersion au coeur de Stamboul, au début du vingtième siècle, alors que des petits fantômes noirs tentent de franchir les barrières qui les condamnent à la réclusion dans des prisons dorées.

Elle sont trois Djénane, Zeyne et Melek, soeurs de coeur et d'infortune.

Lorsque l'histoire commence, Djénane ose, lors de ses derniers instants de relative liberté, avant le mariage que sa famille a organisé, écrire une lettre à André Lhéri un écrivain admiré par la jeune fille. le romancier et diplomate, s'il éprouve une attraction profonde pour la ville, vient aussi sur les terres qui abritent le souvenir d'un amour passé, une douce jeune fille qu'il ne peut à présent honorer qu'en lui rendant visite au cimetière, devant la stèle défraîchie.

Djénane et ses amies parviendront à rencontrer l'homme au cours d'escapades interdites et risquées, pour de brefs échanges discrets, qui scelleront cependant une amitié profonde.

Djénane convaincra André d'écrire son histoire, celle que le lecteur découvre à travers ces pages…


Pierre Loti nous fait part avec conviction de son amour pour la ville turque, nous décrit avec passion sa beauté, le charme de ses monuments et l'ambiance unique qui l'anime. le souvenir de son amour défunt contribue à cet attachement. Et pourtant l'attrait pour ce lieu ne l'empêche pas d'en signifier les aberrations, et de dénoncer la prise en otage à vie de ces jeunes femmes mariées de force et condamnées à masquer leur silhouette et leur visage sous de lourds costumes de fantômes.

Pierre Loti construit le roman en direct, puisque l'histoire relate le cheminement de Djénane qui voudrait que l'écrivain raconte sa vie et celle de ses compagnes.

On est tenté de faire le parallèle avec le retour actuel des exigences masculines sous des prétextes religieux, privant les femmes d'une liberté fondamentale, celle de vivre au grand jour.

Intérêt à la fois historique, révélant s'il le fallait que rien n'est jamais acquis, et littéraire, berçant le lecteur au rythme de la séduisante écriture de Pierre Loti.


Lecture commune de novembre pour La caverne des lecteurs

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un roman publié en 1906 qui trouve encore des échos un siècle plus tard. Sur la forme, il contient des procédés propres à l'autofiction. Même si Pierre Loti affirme que « c'est une histoire entièrement imaginée », elle est tout de même inspirée par un fait réel auquel il a été mêlé (on en trouve très vite les tenants et les aboutissants sur internet, et même des photos dont il est question dans le roman). S'il a beaucoup réarrangé l'affaire en une histoire dramatique, en même temps simplifiée et élargie, le coeur du sujet reste la condition des femmes musulmanes, mais il pourrait aussi bien s'agir d'un roman sur les beautés moribondes d'Istanbul et de l'Islam ou sur un homme vieillissant qui hésite à faire revivre le fantôme de son amour.
André Lhéry, le double romanesque de Pierre Loti, est un auteur de roman à succès, quinquagénaire, un peu vaniteux et particulièrement apprécié par les femmes. Il connait bien la Turquie pour l'avoir visitée dans sa jeunesse, il la considère comme sa deuxième patrie. Trois jeunes musulmanes de la haute société l'admirent et prennent contact avec lui. Elles sont jeunes, rebelles, déjà très européanisées, et elles ressentent douloureusement l'oppression de la religion. Il faut préciser que la Turquie d'hier n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui, le poids de la religion était encore important et les droits des femmes restaient limités : Voile intégral obligatoire (le tcharchaf), mariages arrangés dans les classes aisées, harems (même si ce n'était plus que des gynécées) et quelques restes de polygamie, c'était le lot des femmes turques.
André Lhéry voit déjà des changements entre la Turquie qu'il a connu dans sa jeunesse et celle du début du vingtième siècle, il constate une occidentalisation, loin de ses vieux rêves exotiques. Il aime les mystères de l'Islam (et le voile des femmes en est un aspect), il préfère la retenue des musulmans à l'agitation européenne, le recueillement autour du narguilé plutôt que les débordements alcooliques, bref le côté asiatique d'Istanbul, alors qu'il loge du côté européen. Toutes les descriptions d'Istanbul sont évidemment très belles, pleines de tristesse et de mélancolie sur le temps qui passe. André Lhéry, un total incroyant, prend clairement parti en faveur d'un Islam traditionnel, à jamais impénétrable, plutôt que l'occident progressiste. Pourtant il est sensible à l'appel des trois jeunes filles qui lui demandent finalement d'écrire un livre sur ce qu'elles subissent.
La faute de leur mal-être, il l'impute clairement à l'Occident et pas à l'Islam. L'Islam tenait les femmes dans un doux sommeil bienheureux et l'Occident les a réveillées pour leur plus grand malheur, voilà sa manière de penser. André Lhéry est un homme de sensation plus que de conception. Il ne trouve rien à redire à l'esclavage, par exemple, car il constate que les esclaves dans la haute société turque sont mieux traités que les domestiques en Europe. de la même manière, il est davantage touché par la souffrance de ses trois amies musulmanes, comme des jeunes femmes dans une situation inconfortable, plutôt que par le concept de leur « esclavage ».
Alors certes Pierre Loti, dans Les Désenchantées, se fait en quelque sorte le porte-voix des musulmanes qui voudraient se libérer des vieilles traditions, mais il ne le fait pas avec une grande conviction. On en arrive à se demander si les plaintes de Djénane ne sont pas plus les plaintes d'une jeune fille mal aimée que celles d'une musulmane opprimée. Il éprouve au moins une certaine mélancolie à les voir se diriger vers les ennuis, mais comme quelque chose d'inévitable, comme un père regarde son enfant grandir et s'éveiller. Avec ce roman, il donne l'impression d'avoir fait le travail promis, fait avec sincérité mais pas forcément de bonne grâce.
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Ayant déjà lu plusieurs récits de voyages ou romans s'inspirant plus ou moins de la vie même de Loti et de ses différentes escales autour du monde, j'ai trouvé celui que je préférais.
Dans toutes les oeuvres de Loti, j'ai toujours admiré la qualité de son écriture, une prose poétique qui met en valeur les paysages vus, fantasmés, rêvés ou jamais oubliés, qu'il parle des lumières du désert ou des parfums de rose d'Ispahan, des brumes japonaises ou des mosquées de Stamboul. Ici, on sent tout le goût de Loti pour Stamboul, dont il décrit les changements d'atmosphère selon les saisons. Cela lui permet un ton souvent mélancolique, avec la très belle scène de la visite en automne dans le cimetière abandonné. Ces scènes mettent en valeur la Corne d'Or, on comprend pourquoi son souvenir y est toujours présent aujourd'hui. On retrouve également le refus de la modernité de Loti : la Stamboul qu'il aime, ce n'est pas celle des hommes d'affaires en costumes européens - le quartier de Péra, ce n'est pas non plus celle des navires à vapeur. Non, il veut de l'orientalisme, ce dont se moquent d'ailleurs ses amies : il veut des confitures de rose, des narguilés, des fez... c'est-à-dire l'Orient des clichés.
De façon générale, les belles descriptions du paysage - qui devient presque un personnage des différents récits de Loti, donnent parfois l'impression que le personnage de l'oeuvre - Loti lui-même, un Narrateur qui lui ressemble, un homme inspiré de lui-même - est plus amoureux du paysage étranger que des femmes qui l'habitent. Et c'est là ce que je reproche autres oeuvres de Loti : le personnage principal a une relation - souvent tarifée - avec une femme, qui est une très jeune fille, parfois à peine nubile, caractérisée par son physique sans allusion à ses sentiments ni à ses pensées : je pense à Fatou et à son visage "simiesque" dans Journal d'un spahi, à Chrysanthème "la petite poupée jaune"... Avec un regard moderne, c'est assez dérangent...
Ici, au contraire, si le Narrateur André Lhéri semble être un décalque de Loti lui-même, les personnages féminins existent et ont une existence propre en-dehors d'être uniquement là pour et avec l'homme. Djénane a ainsi des pensées, des émotions, et une voix. Elle a même une écriture, puisque le texte commence par une lettre de Djénane. La focalisation sur le personnage féminin permet de lui donner une réelle importance.
Djénane est donc la voix des "désenchantées", toutes ces jeunes femmes turques riches, belles, parlant plusieurs langues, sachant peindre, jouer du piano, s'habillant à la parisienne... Ce sont des femmes accomplies, mais enfermées, devant vivre enfermées, soumises au mari qu'on leur a donné sans qu'elles l'aient jamais vu. Leurs ancêtres étaient moins malheureuses, car moins conscientes qu'une autre vie était possible, ailleurs, dans un autre monde. "Désenchantées" semble être un terme trop faible d'ailleurs, ces femmes souffrant de violences conjugales, étant enfermées...
Djénane livre donc un plaidoyer féministe pour l'éducation des filles, pour être libre de ses mouvements, pour un certain droit au plaisir et au désir... J'ai lu que Loti lui-même avait été trompé, croyant discuter avec une femme turque, c'était en réalité une journaliste féministe française qui lui parlait cachée sous un voile. Cela peut expliquer les accents engagés du texte.
Mais quant à la tonalité de l'oeuvre, c'est la mélancolie qui domine comme je l'ai dit. Léry sait que son séjour est limité dans le temps, il regrette le passé et son premier amour, il sait qu'il ne reverra jamais ses amies. Léry est désenchanté lui aussi, face à cette modernisation et cette occidentalisation du monde qui n'est plus la Turquie mystérieuse qu'il a connu. "Désenchanté" aussi car il vieillit, ses cheveux blanchissent, et il comprend qu'il ne peut inspirer de désir à Djénane.
Et Djénane, elle, a donné dès le début une prévision de son sort : "pour une musulmane amoureuse, il n'a d'y a d'autre issue que la fuite ou la mort".
J'ai donc été plutôt touchée par la force des émotions de ces personnages féminins et la beauté du décor.
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Un vibrant hommage aux femmes turques, notamment celles du harem, pour qui, de principes en principes, de devoir en devoir, croient ne livrer que leur corps et préserver leur âme mais au fil du temps, elles finissent par se prendre pour de simples ombres, car leur âme a pris la descente aux enfers...
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N°1715 – Février 2023

Les désenchantéesPierre Loti – Éditions safrat.

André Lhéry, romancier célèbre et diplomate résidant pour l'heure au pays basque reçoit une lettre de Djénane, une jeune femme turque qui l'admire et qui ose s'adresser à lui avant son mariage. le seul nom d'Istanbul réveille en lui non seulement la fascination de l'Orient où il a été en poste mais surtout le souvenir d'un amour vieux de quinze ans. Il lui répond et bien entendu la rencontre dans cette ville. Avec deux autres de ses compagnes ottomanes cultivées et francophones, "trois petits fantômes noirs", elles le convainquent d'écrire un roman pour parler de leur condition de vie, contraintes à une existence cloîtrée dans un harem et astreintes à des mariages arrangés conclus sans leur consentement. Ces rencontres amicales se déroulent dans un contexte dangereux, souvent dans un cimetière ou une maison secrète d'autant plus que Djénane tombe amoureuse d'André .
Ce fut un immense succès à sa parution, en juillet 1906. Pour autant et sans vouloir donner dans le jeu de mots, Loti ne fut-il pas lui aussi "désenchanté"?
Comme le reste de son oeuvre romanesque, ce roman, qui est aussi le dernier de Pierre Loti, est indissociable de sa vie. Il est personnellement turcophile et turcophone et en sa qualité de commandant d'un bâtiment français et membre d' Académie française, son séjour à Constantinople à partir de 1903, dans un contexte diplomatique difficile, est remarqué par les autorités. A partir de 1904 il reçoit une lettre d'une jeune turque qui va se marier et qui signe Djénane. Elle est accompagnée de deux autres femmes, Zeyneb et Meleck, et sollicite une rencontre en faisant référence à aziyadé, une jeune femme que Loti a aimée lors d'un précédent voyage à Istanbul. Elle sera suivie d'autres aussi mystérieuses que dangereuses dans des endroits comme des cimetières ou des maisons retirées. A cette époque, l'écrivain est en pleine gloire et il saisit cette occasion pour confier à ses lecteurs, dans ce roman cependant un peu long, son sentiment sur la mélancolie, la fuite du temps, sur la vie et sur la mort (à travers celles de Djénane et de Mélek) tout en dénonçant les conditions de vie de ces femmes recluses, enfermées dans des harems, contraintes de se voiler et victimes de mariages arrangés conclus sans leur consentement. Il saluera plus tard l'action de Mustapha Kemal en faveur de l'émancipation de la Turquie sans en voir cependant les effets puisqu'il mourut en 1923 et on peut imaginer ce que serait sa réaction aujourd'hui face à certains pays musulmans qui bafouent les droits et la personne de la femme, la considérant comme une simple chose domestique.
On sait l'importance des femmes dans la démarche littéraire de Pierre Loti. Non seulement ses premiers romans sont dédiés à des femmes, à Sarah Bernard qu'il fréquentait et à Juliette Adam qui fut sa "protectrice littéraire" notamment, mais elles sont importantes dans sa vie et sont aussi les personnages principaux de ses romans, qu'elles lui inspirent de la passion comme dans "Le mariage de Loti" ou un certain ennui comme dans "Madame Chrysanthème". Parfois dans sa vie personnelle, elles ont laissé la marque d'un échec. L'écrivain voit-il dans cette lettre l'occasion d'une aventure supplémentaire dans un Orient qui le fascine malgré le souffle de l'occident qui brouille un peu sa vision idyllique des choses dans le contexte d'une ville pleine pour lui de souvenirs amoureux? A la fin de sa mission, obéissant aux ordres de sa hiérarchie Loti quitte Istanbul avec seulement l'espoir que les choses changent pour elles tout en étant sans doute conscient que ce roman, s'attaquant à un des fondements de la société turque, ne pouvait que choquer les autorités ottomanes. D'autre part, il apparut évident que si Melek et Zeyneg étaient d'authentiques turques, Djénane était française nourrissant ainsi une mystification de l'auteur. En fut-il réellement conscient en écrivant son roman et est-ce pour cela que, dans l'avant-propos il prend soin de préciser que cette histoire "est entièrement imaginée"? Fantaisie d'écrivain ou volonté de relativiser les choses?
Certes, de son vivant, Pierre Loti connut la consécration. Écrivain du XIX° siècle, il est aujourd'hui injustement oublié malgré l'empreinte qu'il a laissée dans la littérature. Soyons justes, le nom et l'oeuvre de la plupart des actuels "immortels" sont pratiquement inconnus du grand public. L'appartenance à cette prestigieuse assemblée est largement supplantée par la notoriété dispensée par les manifestations "culturelles" dédiées auxquelles la télévision et les réseaux sociaux servent de caisse de résonance.
Son style est toujours somptueux surtout dans les descriptions, entrecoupées de lettres de ces trois femmes. C'est pour moi, comme à chaque fois, un réel plaisir de le lire.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Au cœur de Stamboul, sous le ciel de novembre. Le dédale des vieilles rues, bien entendu pleines de silence, et aux pavés sertis d'herbe funèbre, sous les nuages bas et obscurs; l'enchevêtrement des maisons en bois, jadis peintes d'ocre sombre, toutes déjetées, toutes de travers, avec toujours leurs fenêtres à doubles grillages impénétrables au regard.--Et c'était tout cela, tout ce délabrement, toute cette vermoulure, qui, vu de loin, figurait dans son ensemble une grande ville féerique, mais qui, vu en détail, eût fortement déçu les touristes des agences. Pour André toutefois et pour quelques autres comme lui, ces choses, même de près, gardaient leur charme fait d'immuabilité, de recueillement et de prière. Et puis, de temps à autre, un détail exquis: un groupe de tombes anciennes, très finement ciselées, à un carrefour, sous un platane de trois cents ans; ou bien une fontaine en marbre, aux arabesques d'or presque éteint.
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Un soleil d'avril, du même avril, mais de la semaine suivante, arrivant tamisé de stores et de mousselines, dans la chambre d'une jeune fille endormie. Un soleil de matin, important, même à travers des rideaux, des persiennes, des grillages, cette joie éphémère et cette tromperie éternelle des renouveaux terrestres, à quoi se laissent toujours prendre, depuis le commencement du monde, les âmes compliquées ou simples des créatures, âmes des hommes, âmes des bêtes, petites âmes des oiseaux chanteurs…
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A mesure qu'on s'avançait le long de la Marmara, le perpétuel courant d'air du Bosphore se faisait de moins en moins sentir. Leur petite baie était loin, mais baignée d'air tiède, comme elles l'avaient prévu, et si paisible dans sa solitude, si rassurante pour eux dans son absolu délaissement! Elle s'ouvrait au plein Sud, et une falaise en miniature l'entourait comme un abri fait exprès. Sur ce sable fin, on était chez soi, préservé des regards comme dans le jardin clos d'un harem. On ne voyait rien d'autre que la Marmara, sans un navire, sans une ride, avec seulement la ligne des montagnes d'Asie à l'extrême horizon; une Marmara toute d'immobilité comme aux beaux jours apaisés de septembre, mais peut-être trop pâlement bleue, car cette pâleur apportait, malgré le soleil, une tristesse d'hiver; on eût dit une coulée d'argent qui se refroidit. Et ces montagnes, tout là-bas, avaient déjà leurs neiges éblouissantes.
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Alors il se rappela que Stamboul, la ville du silence tout le reste de l'année, était, pendant les nuits du Ramazan, plein de musiques, de chants et de danses; parmi ces foules, il est vrai, on n'apercevrait point les femmes, même pas sous leur forme ordinaire de fantôme qui est encore jolie, puisque toutes, depuis le coucher du soleil, devaient être rentrées derrière leurs grilles; mais il y aurait mille costumes de tous les coins de l'Asie, et des narguilés, et des théâtres anciens, et des marionnettes, et des ombres chinoises.
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Oh ! ce demain, pour la mariée !... ce jour entier, à jouer la comédie, ainsi que l'usage le commande, et à jouer bien, coûte que coûte ! Ce jour entier, à sourire comme une idole, sourire à des amies par douzaines, sourires à ces innombrables curieuses qui, à l'occasion des grands mariages, envahissent les maisons. Et il faudrait trouver des mots aimables, recevoir bien les félicitations ; du matin au soir, montrer à toutes un air heureux, se figer cela sur les lèvres, dans le regard, malgré le dépit et la terreur... Oh ! Oui, elle sourirait quand même ! Sa fierté l'exigeait du reste : paraître là comme une vaincue, ce serait trop humiliant pour elle, l'insoumise, qui s'était tant vantée de ne se laisser marier qu'à son gré, qui avait tant prêché aux autres la croisade féministe...
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En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, rencontre avec Alain Quella-Villéger autour de l'oeuvre de Pierre Loti. Entretien avec Christophe Lucet.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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