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3,73

sur 4018 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ecouté en livre audio.

La réputation du premier roman d'Edouard Louis était pourtant avérée, un succès du roman "autobiographique" - si tant est que cela puisse être considéré comme un roman, puisque comme le souligne l'auteur dans l'interview de fin, rien n'a été inventé. Une suite d'épisodes classés par thème ("dernière tentative de séduction", "le hangar"), de façon assez chronologique, résume l'enfance de l'auteur, disons plutôt ses années collège. de la difficulté d'être homosexuel quand on grandit dans un village du fond de la Somme. de la misère sociale du quotidien, de l'alcoolisme toujours présent, de la nécessité de faire attention à son par-être au détriment de son être.
Pour autant, la suite des ces "épisodes" vient perturber la fluidité de la narration, les transitions et les liens entre eux n'étant pas soignés voire totalement absents.

Disons que pour moi, et contrairement à ce que dit l'auteur dans son entretien de fin, il aurait probablement été plus logique que l'ouvrage soit apparenté à une étude sociologique. Mais bon, le débat reste ouvert.

La narration de Calvario, presque adolescente, se marie bien avec le texte, même si celle-ci aurait pu être, par moment, davantage théatralisée.



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"En finir avec Eddy Bellegueule" se résume par un accès de violence. La violence omniprésente dans les comportements, la violence raciste, la violence homophobe, la violence à l'intérieur d'une classe sociale et envers une classe sociale, la violence de la misère, la violence des apparences, la violence enfouie au fond de l'auteur après une vie à s'en prendre plein la tronche.

Édouard Louis crache ce qu'il a sans doute retenu trop longtemps. Ce qu'il nous décrit, il le décrit avec des mots crus, durs, qui peuvent paraitre choquant à certains.
Tout ce qu'il raconte caractérise une certaine catégorie de population. Ça peut paraître caricatural parfois mais ça ne l'est pas. Cette vérité est dure à entendre, à lire, parce qu'elle nous met mal à l'aise. Les mots employés par l'auteur mettent mal à l'aise.

Sociologiquement parlant, l'auteur dresse un portrait de la misère, d'une classe sociale dont la vie se résume à quelques km² et à sa famille, ses voisins. C'est d'une tristesse accablante parce qu'on voit bien que de génération en génération il est difficile de sortir la tête de l'eau, le paraître vous tirant vers le bas.
Et en même temps c'est un livre qui vous met mal à l'aise parce qu'on assiste à un règlement de compte familial et social qui nous met au coeur de l'intimité de tout un groupe d'individus. Toute cette exhibition humaine crée une sorte de voyeurisme dont on ne sait pas trop quoi faire.
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Eddy Bellegueule, c'est à coups de brimades qu'il sortira tant bien que mal d'une enfance pourrie jusqu'à la moelle. C'est pas possible une telle misère même 20 ans derrière. Les parents d'Eddy semblent tous deux complètement aliénés, dépravés et aux abonnés absents de l'éducation et de l'amour.
Eddy c'est aussi et surtout ce gosse aux manières efféminées, aux gestes de grande folle, à la voix anormalement aiguë. Avec une telle figure, Eddy va toutes se les ramasser, insultes, violence, harcèlement. La différence coûte cher. La misère sociale se nourrit d'abjection, d'absurdité. Ça tourne comme un disque rayé, ça fait mal à la tête. Eddy, va voir ailleurs, fuis la, ta misère, c'est sûrement mieux loin de chez toi.
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Au pays de : « En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre ». Édouard Louis.

D'« En finir avec Eddy Bellegueule », je n'ai le souvenir que de critiques positives. J'ai lu « roman coup de poing », « acceptation de soi », « sociologie », « cri du coeur ». Je n'ai rien vu de tout cela. Ni coup de poing, ni acceptation, ni lecture ou relecture sociologique. Encore moins un cri du coeur.


L'étonnement

Dès les premières lignes, je ressens cet inconfort provoqué par une écriture qui ne sonne pas à mes yeux, pas plus qu'à mes oreilles. L'écriture d'Édouard Louis, cette « première écriture » publique, puisque premier roman, ne me dérange pas, mais elle gratte un peu. Elle m'interdit de trouver un point d'accroche et laisse, dans son sillage, l'impression d'une fausse candeur d'écrivain. C'est l'écriture d'un enfant qui a grandi, et qui voudrait retrouver, le temps de régler quelques comptes, son soi d'avant. Oui, mais ça ne colle pas.

Tout me semble bancal dans ce récit violent et cru, pourtant tout sourire. [...]
Lien : https://www.startingbooks.com
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Édouard Louis est clairement déterminé à en finir avec son enfance et son adolescence. Dans ce récit suffocant, les scènes glauques s'enchaînent, sans laisser de temps de respiration : violence, alcoolisme, homophobie, racisme, harcèlement scolaire, inceste, bêtise crasse et crasse tout court, rien n'est épargné au lecteur, qui partage la suffocation et l'apnée, à défaut, peut-être, d'empathie.
Alors même que je suis tout à fait admirative du parcours de l'auteur, qui a dû ramer à contre-courant de déterminismes sociaux bien lourds, son texte m'a dérangée. Moins pour le malaise qu'il produit, que par son manichéisme : tout est à charge dans le portrait du milieu d'origine, en contraste avec une fascination un peu candide pour le milieu bourgeois qu'il aspire à rejoindre. Il y a quelque chose de très conformiste dans l'opposition systématique entre la classe sociale populaire dont il vient, qui n'est que violence, préjugés et abrutissement, et le portrait tout rose d'une bourgeoisie bienveillante, tolérante, ouverte. le contraste des mots, ceux, policés, riches, précis, d'Edouard aujourd'hui, en romain, et ceux de sa famille et de l'Eddy de son enfance, imprécis, à la syntaxe heurtée, en italique, n'est pas exempt d'un mépris de classe-récemment-acquise, dans un récit qui n'est que dureté, sans tendresse aucune pour les membres de sa famille, et où la distance prise n'est pas non plus sociologique, le récit à la première personne et l'affleurement d'une souffrance encore palpable obérant la distanciation d'une tonalité sociologique. Il ne reste ainsi qu'une distance virulente, qui pourtant manque de recul, que je mets au compte de la jeunesse de l'auteur qui n'a pas encore réglé les siens.
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La forme : Edouard Louis sait écrire, de manière à la fois distanciée et rageuse. le fonds : était-il bien utile de livrer au public tout ce ressentiment. On peut évidemment penser à une forme de thérapie, mais bon, je reste gêné par cette approche trop névrotique à mon goût. En tout cas, c'est un texte marquant.
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J'ai un avis assez mitigé sur cette lecture.
Je l'ai lu facilement, le style est fluide. le sujet pourrait m'intéresser réellement : un enfant, un adolescent qui cherche à fuir son homosexualité, à s'échapper de son milieu. Mais en réalité je suis restée extérieure à l'histoire d'Eddy. Je n'ai pas réussi à m'y attacher, à m'y intéresser. Je suis restée une lectrice "clinique", sans éprouver d'empathie. Et cela m'a gêné.
J'avais lu que l'auteur avait été très dur avec son père dans l'écriture du livre. Je n'ai pas ressenti tant de dureté que ça. Pour moi il essaie au contraire de comprendre parfois les raisons du comportement odieux de son père. Je l'ai en fait trouvé nuancé finalement.
Bref, cette lecture ne me marquera pas je pense. Et a priori, je n'irai pas vers un autre livre de l'auteur, par soucis de sensibilité.
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J'ai eu du mal à en finir avec Eddy Bellegueule. Pour faire vite je l'ai trouvé assez mal écrit, bourré d'incohérences (dans la chronologie, les faits) et à la limite de la fabulation. J'avais lu sur le même sujet "Retour à Reims" de Didier Eribon (auquel il ne m'aura pas échappé qu'Edouard Louis dédie son livre) autrement plus percutant et émouvant.
Mais la question qui me taraude en fermant ce roman autobiographique est la suivante : pourquoi changer de nom M. Edouard Louis ? Pourquoi ne pas avoir craché à la gueule du monde bourgeois, celui que vous conspuez, ce prénom et ce nom, Eddy Bellegueule, qui attestent d'une naissance, d'une histoire ? Pourquoi - comme Jacques Derrida en son temps dont le véritable prénom est Jacky - avoir renié ces origines que dans le même temps vous prétendez défendre ? Il aurait fallu aller au bout de vos convictions afin d'entamer ces préjugés tenaces qui sous-entendent qu'on ne peut pas devenir écrivain quand on s'appelle Eddy Bellegueule. Une belle occasion manquée.
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Le passage dont j'ai été le plus marqué, c'est quand il explique
que sa mère a accouché dans les toilettes et ensuite a tiré la chasse d'eau.
"Je pensais que j'étais constipée, ça me faisait mal au ventre comme quand je suis constipée. J'ai couru jusque dans les chiottes, et c'est là que j'ai entendu le bruit, le plouf. Quand j'ai regardé, j'ai vu le gosse, alors je savais pas quoi faire, j'ai eu peur, et, comme une conne, j'ai tiré la chasse d'eau, je ne savais pas quoi faire moi. le gosse il voulait pas partir donc j'ai pris la brosse à chiotte pour le faire dégager en même temps que je tirais la chasse d'eau."
Une blogueuse explique que l'auteur en rajoute "l'impression qu'il travesti la réalité pour la rendre encore plus glauque" :
https://aquandlesbonnesnouvelles.wordpress.com/2016/02/03/en-finir-avec-eddy-bellegueule/
C'est la misère morale, intellectuelle qui est ici bien souligné, et non la misère pécuniaire.
Il y a souvent l'amalgame entre ses misères.
Finalement, Edouard Louis s'est échappé grâce aux études pour ne pas vivre cette vie.



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Un livre étrange et dérangeant.Après le battage médiatique et les diverses interviews de l'auteur ainsi que son deuxième livre ( dans la même veine) je m'interroge sur Eddy euh Edouard. C'est "sa" vérité, celle qu'il présente, ce qu'il a ressenti mais....
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