"En finir avec Eddy Bellegueule" se résume par un accès de violence. La violence omniprésente dans les comportements, la violence raciste, la violence homophobe, la violence à l'intérieur d'une classe sociale et envers une classe sociale, la violence de la misère, la violence des apparences, la violence enfouie au fond de l'auteur après une vie à s'en prendre plein la tronche.
Édouard Louis crache ce qu'il a sans doute retenu trop longtemps. Ce qu'il nous décrit, il le décrit avec des mots crus, durs, qui peuvent paraitre choquant à certains.
Tout ce qu'il raconte caractérise une certaine catégorie de population. Ça peut paraître caricatural parfois mais ça ne l'est pas. Cette vérité est dure à entendre, à lire, parce qu'elle nous met mal à l'aise. Les mots employés par l'auteur mettent mal à l'aise.
Sociologiquement parlant, l'auteur dresse un portrait de la misère, d'une classe sociale dont la vie se résume à quelques km² et à sa famille, ses voisins. C'est d'une tristesse accablante parce qu'on voit bien que de génération en génération il est difficile de sortir la tête de l'eau, le paraître vous tirant vers le bas.
Et en même temps c'est un livre qui vous met mal à l'aise parce qu'on assiste à un règlement de compte familial et social qui nous met au coeur de l'intimité de tout un groupe d'individus. Toute cette exhibition humaine crée une sorte de voyeurisme dont on ne sait pas trop quoi faire.
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Eddy Bellegueule, c'est à coups de brimades qu'il sortira tant bien que mal d'une enfance pourrie jusqu'à la moelle. C'est pas possible une telle misère même 20 ans derrière. Les parents d'Eddy semblent tous deux complètement aliénés, dépravés et aux abonnés absents de l'éducation et de l'amour.
Eddy c'est aussi et surtout ce gosse aux manières efféminées, aux gestes de grande folle, à la voix anormalement aiguë. Avec une telle figure, Eddy va toutes se les ramasser, insultes, violence, harcèlement. La différence coûte cher. La misère sociale se nourrit d'abjection, d'absurdité. Ça tourne comme un disque rayé, ça fait mal à la tête. Eddy, va voir ailleurs, fuis la, ta misère, c'est sûrement mieux loin de chez toi.
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Édouard Louis est clairement déterminé à en finir avec son enfance et son adolescence. Dans ce récit suffocant, les scènes glauques s'enchaînent, sans laisser de temps de respiration : violence, alcoolisme, homophobie, racisme, harcèlement scolaire, inceste, bêtise crasse et crasse tout court, rien n'est épargné au lecteur, qui partage la suffocation et l'apnée, à défaut, peut-être, d'empathie.
Alors même que je suis tout à fait admirative du parcours de l'auteur, qui a dû ramer à contre-courant de déterminismes sociaux bien lourds, son texte m'a dérangée. Moins pour le malaise qu'il produit, que par son manichéisme : tout est à charge dans le portrait du milieu d'origine, en contraste avec une fascination un peu candide pour le milieu bourgeois qu'il aspire à rejoindre. Il y a quelque chose de très conformiste dans l'opposition systématique entre la classe sociale populaire dont il vient, qui n'est que violence, préjugés et abrutissement, et le portrait tout rose d'une bourgeoisie bienveillante, tolérante, ouverte. le contraste des mots, ceux, policés, riches, précis, d'Edouard aujourd'hui, en romain, et ceux de sa famille et de l'Eddy de son enfance, imprécis, à la syntaxe heurtée, en italique, n'est pas exempt d'un mépris de classe-récemment-acquise, dans un récit qui n'est que dureté, sans tendresse aucune pour les membres de sa famille, et où la distance prise n'est pas non plus sociologique, le récit à la première personne et l'affleurement d'une souffrance encore palpable obérant la distanciation d'une tonalité sociologique. Il ne reste ainsi qu'une distance virulente, qui pourtant manque de recul, que je mets au compte de la jeunesse de l'auteur qui n'a pas encore réglé les siens.
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J'ai un avis assez mitigé sur cette lecture.
Je l'ai lu facilement, le style est fluide. le sujet pourrait m'intéresser réellement : un enfant, un adolescent qui cherche à fuir son homosexualité, à s'échapper de son milieu. Mais en réalité je suis restée extérieure à l'histoire d'Eddy. Je n'ai pas réussi à m'y attacher, à m'y intéresser. Je suis restée une lectrice "clinique", sans éprouver d'empathie. Et cela m'a gêné.
J'avais lu que l'auteur avait été très dur avec son père dans l'écriture du livre. Je n'ai pas ressenti tant de dureté que ça. Pour moi il essaie au contraire de comprendre parfois les raisons du comportement odieux de son père. Je l'ai en fait trouvé nuancé finalement.
Bref, cette lecture ne me marquera pas je pense. Et a priori, je n'irai pas vers un autre livre de l'auteur, par soucis de sensibilité.
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Un livre étrange et dérangeant.Après le battage médiatique et les diverses interviews de l'auteur ainsi que son deuxième livre ( dans la même veine) je m'interroge sur Eddy euh Edouard. C'est "sa" vérité, celle qu'il présente, ce qu'il a ressenti mais....
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