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sur 3901 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert Edouard Louis lors de son passage dans l'émission de télévision, la grande librairie et pousser par la curiosité, j'ai immédiatement commandé son livre. Il faut dire que l'auteur est a peine plus jeune que moi et surtout que l'on est originaire de la même région et du même département. Et oui moi aussi je suis Picarde ! (Bon je ne m'en vante pas souvent car quand on parle de la Picardie c'est souvent en mal, et après avoir lu ce livre vous n'aurez pas forcément envie d'aller y passer vos vacances)

J'ai donc dévoré ce livre a peine deux jours et comme la plupart des lecteurs, j'en ressors profondément touchée et émue. Je réalise a qu'elle point j'ai eu de la chance de naître dans un petit village tout près d'Amiens, la ville pleine de noirs et d'arabes pour reprendre la phrase du papa d'Édouard Louis. La chance d'avoir eu des parents cultivés et aimant a l'opposé de ceux décrient dans le livre. La violence que nous présente l'auteur, je n'en ai jamais été victime, comme je le dis plus haut, je vivais dans un village ou tout le monde se connaissait. On allés a l'école de la maternelle jusqu'en troisième tous ensemble, toujours dans la même classe et donc on voyait toujours les mêmes têtes. Et puis ensuite, est venue l'heure d'aller au lycée, a Amiens et puis j'ai quitte mon village pour aller vivre en ville.

Cette violence, cette précarité, elle fait partie du quotidien et je ne l'a voyait pas vraiment mais depuis que j'ai quitté la France pour l'Irlande c'est toujours un choc énorme de revenir en Picardie. Je me pose très souvent la question suis-je devenue snob? Après avoir lu "En finir avec Eddy Bellegueule", j'ai enfin ma réponse : non, je suis simplement passée de l'autre coté, du coté des bourges comme le disent si bien les parents de l'auteur.
Je me rends compte de tous les préjugés que peuvent avoir la population picardes ; aujourd'hui je suis la fille bizarre, qui est partie vivre en Irlande (oui les picards sont loin d'être de grands voyageurs et ne quittent que très rarement leur régions), j'ai 26 ans et toujours pas d'enfants (chose très rare car généralement les filles les font très jeunes), j'ai envie d'évoluer dans ma carrière (le mot carrière n'existe pas en Picardie), je voyage, je visite des musées, je vais voir des expositions et chose incompréhensible pour les Picards : je lis beaucoup. Vous allez me dire que je suis tout a fait normal mais ce n'est pas le cas pour la plupart des gens que je côtoie dans ma région natale.

Autre exemple de cette précarité, le mère de mon fiancé est professeur d'anglais dans un lycée d'une petit ville rurale. Quand elle demande a ses élèves d'étudier, elle n'obtient que des réponses comme : "a quoi ça sert d'étudier, m'dame, après le lycée on fera comme nos parents, on sera au chômage" et bien sur eux ne voient aucun problème a rester toute une vie sans travailler. Les filles n'aspirent qu'a être femme au foyer et a élever une ribambelle d'enfant.....

Je vais m'arrêtais ici avec mes exemples et mon expérience mais tout ça pour vous dire que je me suis beaucoup retrouvée dans ce récit. Dans l'émission, la grande librairie, Édouard Louis disait que son manuscrit avait été refusait par certaines maisons d'édition car elles pensaient que tout été exagère et bien non, la vie en Picardie est vraiment comme cela, malheureusement. J'ai envie de dire que j'espère que ce livre fera changer les mentalités et les préjugés sur les différences (l'homosexualité notamment) mais je doute sincèrement que les populations rurales picardes ou d'autres régions liront ce livre.....

Ce récit autobiographique est en tout cas très poignant, très dur, mais relativement bien écrit. L'auteur quand il quitte la campagne pour aller au lycée a Amiens, semble renaître et j'espère que ce livre aura été comme un libération. Comme une page que l'on essaie de tourner pour se reconstruire, pour prendre un nouvel envol. C'est tout ce que l'on peut souhaiter a Édouard Louis et puis je vais être égoïste mais j'espère qu'il poursuivra dans l'écriture car ce premier roman est une réussite et je lirai avec plaisir les suivants.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Bien en évidence sur la page de garde : roman. Certes, mais roman autobiographique ou autofiction, les personnages, les évènements ne sont pas créés de toutes pièces, peut-être sont-ils présentés sous leur plus mauvais jour, ou sur le meilleur (aucun personnage présenté sous son meilleur jour dans En finir avec Eddy Bellegueule.)
Eddy Belle Gueule, on dirait le surnom d'un gangster des années 1930. En fait non, Édouard Louis est né Eddy Bellegueule. Avouez que ça ne démarre pas bien pour lui (ça ne continue pas mieux non plus). Issu d'une famille qu'il décrit comme pauvre, que ce soit au plan monétaire, social ou intellectuel, il est différent et pas une différence que son environnement, qui met en avant la virilité, enfin une certaine forme de virilité, peut accepter.
Au village d'Eddy, les garçons vont travailler à l'usine et les filles deviennent caissières avant de se marier et d'élever leurs enfants.
À plusieurs reprises, le narrateur explique que les villageois n'avaient pas la moindre idée qu'ailleurs, les choses pouvaient être différentes, pas plus qu'il en avait lui-même l'idée. Eddy n'est pas allé vers un lieu qui lui paraissait meilleur, mais il a fui une situation insupportable.
Un livre coup de poing, même si j'ai regretté de jouer les voyeurs malgré moi.

Lien : https://dequoilire.com/en-fi..
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Très bonne surprise … J'avoue que je n'étais pas très emballée a priori. Le sujet de l'homosexualité et de l'homophobie, le titre racoleur, le tapage médiatique autour du livre et le physique de jeune premier de l'auteur avaient quelque peu suscité mes appréhensions. Mais que nenni …

C'est un roman attachant, sincère, écrit avec les tripes et qui vous prend au ventre, qui m'a touché car j'y ai retrouvé une partie de mon histoire, l'histoire – somme toute assez commune - d'enfants brimés parce qu'ils sont Noirs, trop gros, trop petits ou tout simplement un peu différents des autres.

Le décor d'abord est très bien rendu : originaire de la même région, j'y ai retrouvé tout à fait l'atmosphère lourde de ces petites villes peuplées d'ouvriers souvent misérables et des agriculteurs chassés de leur ferme, dirigées par une petite clique de bourgeois bien-pensants.

L'auteur décrit d'abord les humiliations que les autres enfants lui infligent à cause de sa différence. Il parle de sa honte de prendre les coups sans oser les rendre, de sa solitude dans une famille qui ne le comprend pas et de son désir de normalité, jusqu' à en arriver à essayer de rentrer dans le moule coûte que coûte. En forçant les apparences, en trompant son entourage, en reniant ses penchants. Et on tremble pour cet enfant prêt à tout pour être adopté par ses pairs, au risque de se perdre.

Puis c'est un cri, un sursaut, une bouffée d'oxygène salvatrice, la fuite à la ville. Loin des siens, loin des jugements arrêtés sur lui, loin du poids du regard des autres. C'est une véritable naissance au monde, la révélation de ce qu'il porte au plus profond de lui et qu'il sait depuis toujours. Formidable leçon de courage et de maturité. Qui redonne de l'espoir à tous ceux qui sont ou ont été brimés, écrasés, détruits par les diktats du bien-pensant, de la normalité, du bon sens commun.
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Le petit Eddy vit dans un village picard où les hommes bossent dur, à l'usine, se retrouvent au chômage quand les boîtes ferment ou en invalidité après avoir trop trimé, mal soignés. Les femmes s'occupent des gosses - une pléthore de gamins qu'elles commencent à avoir très jeunes, ce qui coupe court à leurs éventuelles ambitions, mais comme de toute façon, les parents n'ont pas les moyens de payer des études... On peine à joindre les deux bouts, les logements sont en piteux état, on picole pas mal, on a la TV dans toutes les pièces, elle est allumée en permanence, on se méfie de la médecine, des intellos, des bourgeois.

Voilà pour le décor... Eddy a toujours été jugé maniéré, efféminé (voix, intonation, gestuelle, démarche). Dans son milieu où la "virilité" est une question d'honneur, ça la fout mal. Il se fait donc souvent traiter de "pédé", mais dans son village, ça reste supportable, d'autant que son père n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds ; même si les manières de son fils l'agacent, il le défend. Le cauchemar commence quand Eddy intègre le collège, deux gamins le prennent en grippe, le harcèlent, l'humilient, le frappent régulièrement. Les jours d'école, Eddy se réveille la peur au ventre.
Depuis l'enfance, Eddy se sait "différent" : « J'entendais partout et depuis toujours que les filles aimaient les garçons. Si je les aimais, je ne pouvais qu'être une fille. Je rêvais de voir mon corps changer, de constater un jour, par surprise, la disparition de mon sexe. » Il en souffre, essaie de "se corriger", d'adopter une démarche et des gestes plus virils, de s'intéresser au foot, d'éprouver du désir pour des corps féminins... en vain.

Ce témoignage est bouleversant, mais ni larmoyant ni exhibitionniste. J'ai trouvé au contraire beaucoup de sobriété et d'élégance dans l'expression de cette douleur. L'auteur a beau décrire un univers difficile et violent, j'ai eu l'impression en le lisant qu'il ne reniait pas ses proches, et que ce passé qui ne l'a pas tué - mais aurait pu - l'a rendu plus fort, selon la formule consacrée. Le ton d'Edouard Louis rappelle celui d'Annie Ernaux (une auteur qu'il admire), la problématique évoque celle de l'excellent film québecois C.R.A.Z.Y., l'environnement social fait penser à celui de Dimitri Verhulst (La merditude des choses).

Aujourd'hui 23 mai 2015, plus de 62% des Irlandais se sont déclarés favorables au mariage homosexuel. En découvrant dans ce témoignage ce qu'Edouard Louis a subi dans sa jeunesse à cause de sa "différence", on ne peut que se réjouir d'une telle victoire - un nouveau pas en avant.

• voir cette belle interview où la dignité (pas de rancoeur) et la maturité de cet auteur de vingt-deux ans forcent l'admiration
-> https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA
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Ce roman est une mise à nu de l'auteur. Il utilise un mélange de délicatesse et de dureté pour y dépeindre sa vie. Pas d'exhibitionnisme, mais un réalisme touchant que le lecteur prend en plein coeur. Cette histoire tente à prouver que même si l'on a poussé dans le lisier rien ne nous empêche de devenir une belle fleur. Je vous conseille vivement ce livre coup de poing où au fil des pages brille l'espoir.
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Dans ce livre, L Auteur est sans concession avec lui-même.

Sa jeunesse dans un village Picard où les préjugés ont la vie dure et restent
d'actualités malheureusement, là et ailleurs .

L'insouciance n'a pas de mise ici, sa jeunesse aura été dure, violente, dérangeante, tant de blessures à vif où il nous dira sa honte et le dégoût de lui-même ; où il essaiera de paraître.

Eddy , fuira pour mieux se trouver.

Très dur ce bouquin.

Mais poignant.
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Un livre choc, absolument bouleversant!
Le moins que l'on puisse dire est que l'on ne sort pas indemne de cette lecture.

J'ai eu envie de lire ce livre après avoir entendu Edouard Louis lors d'une émission de radio, mais je ne m'attendais pas à cela. Tout d'abord, le livre est bien mieux écrit que ce à quoi je m'attendais de la part d'un auteur si jeune; mais surtout Edouard Louis fait preuve d'une franchise étonnante, ne cache rien, livre au lecteur des histoires intimes qui le place parfois à la limite du voyeurisme.

Je n'ai pas pu refermer ce livre après l'avoir commencé et j'ai éteint la lumière à 3h du matin en état de choc.
Ce livre m'a bouleversée et m'a beaucoup parlé, peut-être aussi parce que comme l'auteur, je me suis intéressée à Pierre Bourdieu à la fin de mon adolescence.
Je comprends cependant que certains lecteurs aient pu être choqués ou y rester insensibles, mais une chose est sûre, ce n'est pas mon cas!
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Une livre cru, cash, sans pudeur.
L'histoire d'un jeune Picard : Eddy, Eddy Bellegueule.
Élevé dans la misère sociale et culturelle, la violence et l'alcoolisme.
Eddy est différent: il a des manières, des airs. Il se comporte comme une gonzesse et a la voix beaucoup trop aiguë.
Chaque chapitre nous en apprend un peu plus: son père, sa mère, le collège, les tentatives amoureuses avec des filles, les jeux d'adolescents qui vont beaucoup trop loin, les rendez-vous dans le hangar...La haine, les insultes des autres. Cette différence non assumée mais qu'Eddy apprend à apprivoiser.
Puis la délivrance par la fuite.
Le récit autobiographique apparaît comme pour exorciser ses démons, en finir avec ce fameux Eddy Bellegueule.
Le lecteur n'est pas épargné,même dans l'abomination de l'humiliation, de la méchanceté et de la bêtise.
Un livre qui ne laisse pas indifférent et secoue.
Un témoignage fort.
Un beau premier roman.d
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[ Tu seras viril mon kid ]

Pourquoi n'avais-je pas lu ce livre avant ? J'ai pris une belle claque et si la véracité des faits raconté a prêté à discussion lors de sa parution, il n'en reste pas moins que ce roman est d'une force bouleversante. J'aimerais tellement croire que tout est faux, que l'enfance d'Edouard Louis n'a pas été celle qu'il nous décrit et que sa vérité n'est qu'un artifice littéraire pour nous parler de la différence, des difficultés que doivent traverser les jeunes homosexuels. Oui ce serait plus confortable pour mon petit cerveau si tout n'était que fiction et que cette violence n'existait pas. Mais faire l'autruche n'est pas envisageable, l'homophobie est une réalité (et la misère aussi).

Eddy Bellegueule grandit dans un petit village de Picardie, territoire dévasté économiquement, culturellement et où la seule valeur est la virilité.
C'est une enfance excessivement dure, l'alcool fait des ravages, la télévision nourrit. Dans le meilleur des cas l'avenir c'est l'usine mais pour beaucoup ce sera le chômage. Pauvreté, analphabétisme, intolérance, c'est « Les misérables » version moderne.
Eddy est différent et la différence ce n'est pas bon.
Il a cette drôle de façon de parler, il a ce truc qui fait qu'on le traite de pédale, de pd, de tarlouze.
Mouton noir dans son collège, enfant décevant pour ses parents, il courbe le dos et aimerait tellement ressembler aux autres.
Pointé du doigt, rabroué, humilié, sa seule issue sera la fuite.

Avec un vrai style, précis et froid, ce récit est saisissant.
Sans rancoeur, sans apitoiement, sans complaisance, sans espoir, Edouard Louis frappe fort.
Si fort que j'ai été heurtée, bousculée, dérangée, touchée, coulée….
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Difficile de parler d'une telle histoire en gardant une certaine impartialité. L'enfance d'Eddy aurait pu se dérouler dans une cité d'une grande ville. La différence est l'accès à la sortie de secours. En Picardie, on est éloigné de tout. Les transports coûtent chers et le seul moyen de fuir - encore faut-il en avoir la connaissance et l'envie - est la culture, l'école. Eddy ressent sa différence, il est efféminé, dès son plus jeune âge. Il est le troisième enfant d'une fratrie de cinq. le père travaille à l'usine puis reste au chômage à cause de son dos, la mère est d'abord femme au foyer puis femme de ménage. Incultes tous les deux, ils élèvent leurs enfants comme ils peuvent avec la pression du qu'en dira-t-on des commères du village. Les garçons doivent être des durs, on a même une certaine indulgence pour ceux qui deviennent des délinquants. L'alcool est très présent dans les familles, la violence également. Violence qui se répercute dans le milieu scolaire, Eddy en sera la victime. IL y a l'odeur aussi, élément important des maisons picardes, cette odeur, mélange de bois qui sert de chauffage, d'humidité ambiante - le moisi est présent sur tous les murs - et de cigarettes. Dommage pour Eddy qui fait de l'asthme. Voilà j'ai planté le décor. Ce gamin va grandir dans ce milieu, avec sa différence. Il raconte beaucoup ses parents et surtout sa mère. Là où certaines critiques voient un règlement de compte, je constate une sacrée remise en questions, à chacun sa vision de l'histoire et surtout de la vie. le sexe va être présent rapidement dans sa vie, à l'époque de l'accès facile aux images pornographiques je ne suis pas étonnée. Eddy grandit et poussé à bout de tout, va apprendre qu'on peut fuir. Fuir la misère sociale, intellectuelle, financière et même régionale. Pourtant il aura essayé, avant, d'être comme les autres, d'être comme tout le monde selon la vision de ses parents. Une histoire terrible sur l'homosexualité mais surtout sur une certaine misère.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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