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Citations sur Démons et merveilles (59)

La damnation […] n’est qu’un mot qui court, lancé par ceux que leur aveuglement conduit à condamner tous les gens qui peuvent voir fût-ce avec un seul œil. Il s’étonna de la grande vanité de ceux qui avaient stupidement parlé de la malveillance des Anciens, comme si ces derniers pouvaient sortir de leurs rêves éternels pour assouvir sur l’humanité un quelconque courroux. Autant vaudrait s’imaginer […] qu’un mammouth puisse s’arrêter pour assouvir quelque frénétique vengeance sur un ver servant d’appât au bout d’un hameçon.
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Aux premiers jours de son esclavage, il s'était tourné vers une rassurante foi de petite église que la naïve croyance de ses pères lui avait rendue chère, espérant qu'à partir de cette foi s'ouvriraient pour lui, droites comme des avenues, des voies mystiques prometteuses d'un échappatoire à la vie. En y regardant de plus près, il ne put, malgré les professions de foi éternelles, que constater parmi la majeure partie des prêtres le règne grotesque et accablant d'une beauté et d'une imagination en train de périr, d'une banalité se desséchant plus encore et d'une solennité aux rites empruntés et figés comme ceux d'une cour d'oiseaux nocturnes.

[Howard Phillips LOVECRAFT, "The Silver Key" / "La Clé d'Argent", année d'écriture : 1926, publié pour la 1ère fois dans le magazine "Weird Tales" en janvier 1929 — réunie en tant que "DEUXIEME PARTIE" au recueil de 4 nouvelles intitulé "Démons et Merveilles" traduit de l'américain par Bernard Noël pour les éditions des Deux-Rives (Paris), coll. "Lumière interdite", 1955 ; réédité aux éd. U.G.E./Christian Bourgois (Paris) avec une introduction de Jacques Bergier, coll. "10/18", 1973 — page 36]
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Des sages lui avaient assuré que les images de ses rêves étaient puériles et vides, plus qu'absurdes, car ceux qui sont en proie à de telles images s'obstinent à les croire pleines de significations et d'intentions comme ils croient au sens de l'aveugle cosmos qui, en réalité, broie sans but le néant pour en extraire quelque chose et broie par retour ce quelque chose en un nouveau néant, n'attachant ni ne reconnaissant aucune importance ni à l'existence, ni aux désirs des esprits qui pour une seconde s'agitent dans le présent puis sombrent dans l'obscurité.
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Ses nouveaux romans furent couronnés d'un succès que les anciens n'avaient jamais connu, mais lorsqu'il eût compris quel vide ils devaient renfermer pour plaire au vaniteux troupeau de ses lecteurs, il les brûla et cessa d'écrire.

[Howard Phillips LOVECRAFT, "The Silver Key" / "La Clé d'Argent", année d'écriture : 1926, publié pour la 1ère fois dans le magazine "Weird Tales" en janvier 1929 — réunie en tant que "DEUXIEME PARTIE" au recueil de 4 nouvelles intitulé "Démons et Merveilles" traduit de l'américain par Bernard Noël pour les éditions des Deux-Rives (Paris), coll. "Lumière interdite", 1955 ; réédité aux éd. U.G.E./Christian Bourgois (Paris) avec une introduction de Jacques Bergier, coll. "10/18", 1973 — page 40]
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Dans ce chaos de vide et d’agitation Carter essaya de vivre en honnête homme de bonne pensée et de bonne famille. Ses rêves se flétrissant sous le ridicule de l’âge, il ne lui fut plus possible de croire, mais son amour de l’harmonie le garda tout près des chemins de sa race et de sa condition. Impassible, il marchait à travers les cités des hommes, soupirant parce qu’aucune échappatoire ne lui semblait réelle, parce que tout éclair de soleil sur les hautes toitures et tout clin d’œil, au ras du soir, sur les plazzas à balustrades, ne servaient qu’à lui rappeler les rêves autrefois vécus et à le faire se languir des contrées éthérées dont il avait perdu le secret.
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Randolph Carter connaissait à présent presque parfaitement le langage des chats, aussi dans ce terrible lieu perdu, poussa-t-il le cri qui convenait. (...) Il vit des ombres vives sur les étoiles et de petites formes gracieuses, qui, en rangs serrés, sautaient de collines en collines. L'appel du clan avait été lancé et avant que l'ignoble procession ait eu le temps de s'en effrayer, un nuage de douces fourrures et une phalange de griffes meurtrières était sur elle, comme une marée, comme une tempête. Les flûtes s'arrêtèrent et il y eut des hurlements dans la nuit. Les formes presque humaines criaient en mourant, les chats crachaient, grondaient, mais les êtres aux corps de crapaud n'émettaient aucun son tandis que leur sanie verdâtre et puante se liquéfiait horriblement sur la terre poreuse et les champignons obscènes.
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A trente ans, Randolph Carter perdit la clé de la porte des rêves. De nocturnes excursions par-delà l'espace en d'étranges cités anciennes et en d'inoubliables jardins aux massifs charmeurs s'étendant au-dessus de mers éthérées, l'avaient, avant cette année-là, dédommagé des médiocrités de la vie. En atteignant le milieu de son âge, il sentit que, progressivement, ses privilèges lui échappaient jusqu'à disparaître à la fin complètement. Désormais ses galères, après avoir passé les flèches d'or de Thran, ne pourraient plus faire voile sur le fleuve Oukranos, ni ses caravanes d'éléphants cheminer dans le kred à travers les jungles parfumées où, sur leurs colonnes d'ivoire, dorment, intacts et fascinants sous la lune, les palais oubliés.

[Howard Phillips LOVECRAFT, "The Silver Key" / "La Clé d'Argent", année d'écriture : 1926, publié pour la 1ère fois dans le magazine "Weird Tales" en janvier 1929 — réunie en tant que "DEUXIEME PARTIE" au recueil de 4 nouvelles intitulé "Démons et Merveilles" traduit de l'américain par Bernard Noël pour les éditions des Deux-Rives (Paris), coll. "Lumière interdite", 1955 ; réédité aux éd. U.G.E./Christian Bourgois (Paris) avec une introduction de Jacques Bergier, coll. "10/18", 1973 — page 33]
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Il est à peine possible de décrire avec des mots ce qui arriva par la suite. Cela abonde en paradoxes, en contradictions, en anomalies qui n'ont pas de place dans la vie quotidienne mais peuplent nos rêves les plus fantastiques et y sont considérés comme absolument normaux jusqu'à ce que nous retournions à notre monde étroit, objectif, rigide et limité aux correspondances de la logique tri-dimensionnelle.
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Dès la première minute, Carter comprit à quelle terrifiante ampleur mentale et physique pouvait atteindre pareil silence. Les premiers temps de sa quête de rêve n’avaient jamais manqué de s’animer de quelque rythme perceptible, tout au moins de la pulsation faible et mystérieuse de l’extension dimensionnelle de la Terre, mais, maintenant, le glacial silence des abîmes semblait envelopper chaque chose.
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Carter ne goûta guère à ces libertés toutes modernes car leur médiocrité sordide rendait malade son esprit amoureux de la beauté unique et révoltait sa raison contre la bien maigre logique dont faisaient preuve leurs champions en plaquant sur des instincts brutaux un sacré arraché aux vieilles idoles qu’ils avaient rejetées.
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