Au fait, quel est le problème ?

Je suis sûr que vous avez tous remarqué que lorsque nous critiquons de manière assez virulente une faiblesse de pratique chez un autre, en général cette faiblesse est exacte-ment celle qui nous concerne. C'est un peu comme ce que nous disions hier, les réponses que nous cherchons se trou-vent précisément dans ce que nous manifestons. Et, si nous pouvions véritablement voir ce que nous critiquons si forte-ment chez les autres, nous verrions alors clairement ce qui cloche chez nous. Mais curieusement, nous ne le faisons pas...
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Quand la façon dont nous abordons notre existence et dont nous la gérons devient plus importante pour nous que la pratique des autres, c'est le signe que nous sommes passés de la dépendance envers l'autre à l'auto-dépendance.
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Ce matin, au cours de la méditation, Arnaud a parlé de trois étapes : la dépendance envers l'autre, la dépendance envers soi-même, puis l'indépendance. Vous avez commencé par être complètement dépendant de l'autre, ...
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Notre responsabilité première est à l'égard des lois du travail spirituel, de la voie. Dans le langage de Gurdjieff, la première loi du travail spirituel est de s'observer soi-même, ce que Swâmi Prajnânpad appelle voir. Si cette loi n'est pas effective, aucune des autres ne peut être appliquée, parce qu'à ce moment-là nous ne pourrons pas voir clairement. Même si nous essayons d'obéir à d'autres lois, nous les interpréterons mal. Par conséquent, accepter ce qui est tel que c'est ici et maintenant, c'est voir clairement. Sinon, nous n'avons aucune idée de ce que nous sommes vraiment en train de faire. Cela ne signifie pas que tout ce que l'on fait alors est obligatoirement faux ou inadapté, parfois même nous pouvons agir de manière tout à fait juste, ...
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Par conséquent, vous accepter vous-même telle que vous êtes, c'est être responsable et fiable, parce que si nous sommes capables de vivre à partir de notre dignité intrinsèque, nous serons capables de faire ce qui est juste dans le monde, par rapport à nous-mêmes comme par rapport aux autres. Quand nous nous acceptons vraiment nous-mêmes tels que nous sommes, nous devenons des individus dignes et nobles. Et des individus dignes et nobles font ce qui est juste. En un sens, c'est cela la fiabilité,...
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Et il est vrai que, quand nous faisons notre apparition en ce monde, nous naissons avec certaines caractéristiques, certaines tendances. Tout le processus d'apprentissage a à voir avec le fait d'apprendre à les utiliser dans un contexte d'unité. Cela fait une grande différence selon qu'une même tendance est exprimée à partir du contexte de l'unité ou à partir du contexte de la séparation.
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… une distinction très claire entre ce qu'il appelle « le personnage du Travail* » et « le personnage primaire ». Si je voulais traduire dans un langage qui nous est familier, je dirais que ce qu'il nomme le personnage du Travail, c'est ce que nous appelons le disciple, le véritable élève en nous, et le personnage primaire ou “primate”, c'est celui qui n'a pas encore atteint l'état de disciple, l'élève sur la voie ordinaire. Or, Monsieur Gold dit que la différence entre ces deux personnages est tellement immense qu'on ne peut pas sauter de l'un à l'autre. On ne peut même pas progresser graduellement du statut de “primate” à celui de personnage du Travail, de celui qui pratique vraiment. En même temps, ces deux personnages ne peuvent pas cohabiter parce qu'ils sont complètement antagonistes. Le personnage du Travail n'est pas séparé, alors que le personnage primaire est séparé, le personnage du Travail est « un avec », tandis que le primate ne l'est pas. Ce matin, lors de la méditation, Arnaud parlait à un moment donné de l'ego et de sa saisie. Pour l'ego c'est mon mental, mes émotions, mes sensations, etc., alors que du point de vue du disciple, c'est : il y a des émotions, il y a des sensations, il y a des pensées, des manifestations mentales. Le personnage du Travail ou disciple peut être un avec le primate, mais le primate ne peut pas être un avec le disciple, puisqu'il est par définition séparé.
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Monsieur Gold affirme que pour accomplir ce passage il faut abandonner le personnage du primate de manière immédiate, par un sevrage brutal. Bien sûr, on a alors l'impression d'une contradiction avec l'idée d'une progression dans la pratique. En fait, il n'y a pas d'opposition, mais l'enseignement en lui-même, le “dharma”, la transmission, ne peut pas résoudre cette contradiction apparente pour nous. Elle ne sera résolue que par notre propre pratique.
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* Le terme « Travail », au sens où Gurdjieff l'utilisait, fait référence à la voie, à la pratique, à l'enseignement.

Chögyam Trungpa considérait que l'orgueil spirituel était probablement l'élément humain avec lequel il était le plus difficile de travailler. L'orgueil est là quand on fait preuve d'une certaine arrogance par rapport à quelque chose qui est réel ou illusoire. Mais Chögyam Trungpa a affirmé que l'orgueil spirituel est fondé sur quelque chose d'authentique. On a vraiment progressé, on est un pratiquant, on a réellement compris certaines choses. Mais, à partir de ce qui est réel, on commence à développer une division, une distinction insidieuse entre nous qui avons réellement progressé sur le chemin et ceux dont ce n'est pas le cas.
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L'orgueil spirituel
Quelle est la différence entre l'orgueil de l'ego et la dignité et la noblesse intrinsèques ?
LEE : La vanité de l'ego a son propre scénario et c'est sa seule motivation pour agir. Tandis que la dignité et la noblesse intrinsèques ont pour motivation de tous leurs actes la dignité et la noblesse intrinsèques de tout l'univers, de la création. L'orgueil de l'ego ne fait pas toujours de mauvaises choses, parfois cela peut même aboutir à du positif. Si, par exemple, le scénario de l'ego tend vers le service, cela peut donner des choses magnifiques : des écoles, des hôpitaux, le fait de soigner les gens, de s'occuper des sans-abri. Bien sûr, il y a des motivations égocentriques derrière un grand nombre d'entreprises positives qui aident l'humanité, mais cela n'empêche pas que beaucoup de bien se fasse malgré tout. La différence se résume à cette question : Est-ce que nous sommes uniquement face à nous-mêmes en tant qu'ego ou est-ce que nous exprimons la vérité ? Est-ce que nous sommes dans l'illusion de la dualité ou est-ce que nous sommes dans l'unité ?
Chögyam Trungpa Rinpoché était un brillant exposant du dharma, indépendamment de certaines habitudes personnelles qui peuvent prêter à controverse. Dans l'un de ses livres les plus réputés*, il explique que le chemin spirituel peut devenir simplement une autre entreprise matérialiste.
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* « Pratique de la voie tibétaine », au-delà du matérialisme spirituel, Chögyam Trungpa Rinpoché, Points Sagesses.
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