9ème roman d'
Alison Lurie si l'on met de côté "
Femmes et fantômes" qui est un recueil de nouvelles.
Le virage pris dans le précédent "
la vérité sur Lorin jones" se confirme. L'hétérosexualité bat de l'aile. Les hommes sont caricaturaux, vraiment vieillissants ou homosexuels, et les femmes les quittent, en sont lassées, sont lesbiennes ou le deviennent. Ici on a affaire aux affres du troisième âge conformément à l'âge d'
Alison Lurie qui en 1998 à la sortie du roman a quand même 72 ans. Les problématiques traitées par l'auteure sont celles de son âge; Je ne sais pas si
Alison Lurie a goûté sur le tard les joies de l'amour saphique ou si elle exprime un fantasme inassouvi mais le message est clair depuis deux romans.
Le point de départ du roman est la villégiature en Floride à Key West d'un couple constitué de Wilkie Walker, célèbre écrivain naturaliste âgé de 75 ans, et de son épouse Jenny 45 ans. Jenny a tout sacrifié pour lui, est à la fois son épouse, sa lectrice, sa correctrice, son assistante, et presque même son inspiration. Au fond il lui doit tout. La différence d'âge qui ne posait pas de problème au début se fait nettement sentir. le pauvre Wilkie a pris un sacré coup de vieux, se croit atteint d'un cancer, sombre dans la déprime et envisage un suicide. Jenny encore pleine d'énergie va s'éloigner de lui progressivement au fur et à mesure qu'elle se rapproche
De Lee, patronne d'une pension pour femmes, une flamboyante lesbienne pleine de vie et d'appétit pour la belle Jenny.
Autour de ces trois personnages principaux gravitent des personnages secondaires utiles pour épaissir l'intrigue et donner l'impression d'une véritable toile d'araignée dans laquelle sont pris tous ces personnages tous liés les uns aux autres sur ce lieu de villégiature.
Alison Lurie excelle pour établir un décor et dresser des portraits réalistes de personnages plus ou moins attachants. Je dis bien plus ou moins parce que malheureusement c'est là que le bât blesse.
Autant j'ai adoré les personnages de Jenny et Lee, bien que Jenny soit agaçante de naïveté et excessivement soumise à son mari alors qu'elle a des qualités reconnues par tous y compris pour sa contribution à la carrière de son mari.
Un autre personnage est attachant, Jacko, le gentil et généreux homosexuel malheureusement séropositif.
Intéressante est la détestable tante Myra, la tante de Jecko, femme d'affaires au caractère trempé qui débarque pour arranger à son avantage des affaires de famille.
Le mari de Jenny, avec sa dépression et ses tentatives de suicide ratées, est inintéressant et pénible. On n'a qu'une envie, c'est qu'il réussisse sa première tentative de suicide au plus vite et qu'il disparaisse pour laisser sa femme s'émanciper.
Un personnage est insupportable, la cousine de Jacko, fille de la tante Myra. Brave fille mais vraiment idiote et inintéressante, ce qui nous vaut tout au long du roman des dialogues sans intérêt qui font baisser le niveau de crédibilité et d'intelligence du roman.
Pourquoi faut-il qu'
Alison Lurie nous invente des personnages caricaturaux qui nous imposent des dialogues superficiels, à l'américaine j'aurais envie de dire ? C'est dommage parce que ce roman aurait pu être drôle et fin du début à la fin.
Ce qui est intéressant dans ce roman c'est qu'on retrouve avec plaisir des personnages d'autres romans précédents.
La lesbienne Lee, déjà patronne de pension dans "
La vérité sur Lorin Jones" faisait presque chavirer la biographe Polly Alter.
La tante Myra était l'épouse de Chuck MUMPSON, le texan qui fait chavirer Virginia Miner dans "
Liaisons étrangères". Chuck MUMPSON était donc le père de Barbie, la cousine de Jacko l'homosexuel.
Lennie ZIMMERN, qui apparaît à la fin du roman, est le cousin
De Lee. Lennie était le jeune garçon aperçu dans le roman "
Comme des enfants" et donc le demi-frère de Lorin Jones. Lorin Jones, la peintre de '
La vérité sur Lorin Jones" était la petite fille Lolly dans "
Comme des enfants".
Apparaît rapidement dans "
Un été à Key West" une certaine Lory Green, une guide touristique qui a habité autrefois en Californie; Dans "
La ville de nulle part" apparaissait une certaine Lory Green, une starlette dont tombait amoureux Paul, l'un des principaux personnages du roman. Simple clin d'oeil d'
Alison Lurie sans doute car je ne vois pas comment une ancienne starlette pourrait se transformer en guide touristique.
Dans "
Liaisons étrangères"
Fred Turner n'était autre que le fils d'Emily Turner dans "
Les amours d'Emily Turner". On apprenait notamment que Fred n'a jamais su que sa mère avait eu une liaison torride avec l'homme qui venait souvent leur rendre visite quand il était petit.
L'oeuvre d'
Alison Lurie est comme une petite Comédie Humaine. C'est toujours agréable de retrouver des personnages familiers.
Bref, pour conclure sur "
Un été à Key West", un bon roman très agréable à lire qui contient des faiblesses de dialogue et d'intérêt à cause de personnages inconsistants qui auraient pu ne pas l'être.