Grace

L'espoir les fait vivre. C'est le mensonge auquel ils ont envie de croire. C'est l'espoir qui les aide à tenir debout. Qui les convainc de rester à leur place et les empêche de se rebeller. Je vais te dire une chose : moi, je n'espère rien.Je n'ai aucun espoir de rien, parce que espérer te rend dépendant des autres. Et moi, je veux fabriquer ma propre chance.

La faim s'apporche en tapinois et finit par bondir comme un chat, se dit-elle. Elle plante ses griffes dans tes pensées, se love dans le creux de ton sommeil et s'agite sans relache. Il arrive un moment où faim et froid se confondent dans une même torpeur, entravant sa pensée et émoussant l'angoisse des changement qui se produisent en elle. L'effondrement de son esprit. Les fourmillement de son corps éreinté.

L'abeille aime les fleurs, l'oiseau aime la branche,
La prairie s'émerveille du soleil printanier
Et moi je vais te dire où mon coeur penche,
La tabac de la pipe, rien autant ne me plaît,
Ô ma douce fumée ....

Sous le soleil glacé, elle voit les muscles des chevaux ondoyer sous leur robe comme des diaprures de lumière à la surface d'une rivière fougueuse.

Des loups qui attendent de saisir la ville entre leurs crocs. Je me trompe, se dit-elle, ce ne sont pas des loups mais des agneaux. Ils se contentent de mendier sans se cacher de quiconque.

Qu’est-ce que le climat, dans le fond, et pourquoi s’est-il montré si intraitable cette année, en déclenchant ces tempêtes au beau milieu de l’été ? Pourquoi lui parle-t-on de toutes ces espèces étranges qui vivent dans des pays lointains, alors que l’Irlande ne connaît pas les bêtes féroces en dehors des esprits que l’on ne peut pas voir, de toute manière, et sur qui nul n’a jamais posé les yeux, sinon dans des histoires qui concernent des gens que l’on n’a jamais rencontrés, et que l’on ne rencontrera sûrement jamais ?

Grace contemple l'inéluctabilité des nuages, cherchant en vain à reconnaître des silhouettes d'animaux. Tout ce qu'elle y voit à la place, ce sont des gamins pendus aux basques d'adultes loqueteux, la fatigue de leur errance et leur aspiration à la lumière".

Le vent aujourd'hui a une odeur d'hiver et de vieilles en haillons.

Moi, j'ai entendu dire que les baies de prunelier pouvaient mettre une femme enceinte.

Un sextuor de pivoines en bouquet près d’une riche demeure, et voilà qu’elles s’écartent pour révéler la septième. Elles ont d’abord comme un air de dédain au spectacle des humbles créatures qui défilent devant elles, et puis elles s’avancent avec un petit balancement approbateur et s’inclinent par-dessus le fatras pourrissant de la palissade, qui pousserait un soupir si elle avait le moyen de s’exprimer.