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Citations sur Bonjour paresse : De l'art et la nécessité d'en faire le .. (37)

"Ne travaillez jamais", disait Guy Debord, le philosophe situationniste. Voilà un projet merveilleux, mais difficile à réaliser. Aussi, beaucoup de gens vont-ils travailler en entreprise; celle-ci, surtout grande, a longtemps été généreuse en emplois. Curieusement, elle constitue un univers mystérieux : serait-elle un sujet tabou? L'entreprise, parlons-en, pour une fois sans faux-semblants ni langue de bois.
Oyez, oyez, cadres moyens des grandes sociétés! Ce livre provocateur a pour but de vous "démoraliser", au sens de vous faire perdre la morale. Il vous aidera à vous servir de l'entreprise qui vous emploie, alors que jusque-là c'est vous qui la serviez. Il vous expliquera pourquoi votre intérêt est de travailler le moins possible, et comment plomber le système de l'intérieur sans en avoir l'air.
Bonjour paresse est-il cynique? Oui, délibérément, mais l'entreprise n'est pas un humanisme! Elle ne vous veut aucun bien et ne respecte pas les valeurs qu'elle prône, comme le montrent les scandales financiers que charrie l'actualité et les plans sociaux qui se ramassent à la pelle. Elle n'est pas non plus une partie de plaisir, sauf quand on prend, comme c'est le cas ici, le parti de s'en amuser.
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Le néomanagement, au fond, c'est l'érection obligatoire.
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Si vous n'avez rien à gagner en travaillant, vous n'avez pas grand chose à perdre en ne fichant rien. Vous pouvez donc plomber votre entreprise par votre passivité, et cela sans courir aucun risque : il serait dommage de ne pas saisir cette occasion.
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Dès qu'un mot fait fureur aux Etats-Unis, il traverse l'Atlantique comme une vague et devient une vogue qui affecte nos écoles de gestion, nos institutions commerciales et le discours de nos entrepreneurs. Peu importe les approximations linguistiques: il suffit d'en saupoudrer les transparents et les "charts", cela fait largement l'affaire. C'est ainsi que "packaging" a supplanté emballage, "reporting" compte-rendu, "feed back" retour.
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En parlant du langage utilisé au sein de l’entreprise :
Cette langue obéit à cinq règles de base :
L'entreprise fait compliqué quand on peut faire simple. Elle utilise « initialiser » à la place de commencer, verbe qui fait beaucoup trop trivial, « finaliser» au lieu du très ordinaire finir, et « positionner » pour le terre-à-terre placer.
Elle choisit son vocabulaire de façon à se donner plus d'importance qu'elle n'en a réellement. « Coordonner », « optimiser », sont plus porteurs qu'« exécuter ». Mais c'est « décider » qui trône au panthéon des verbes, d'une courte tête devant « piloter » ou « chapeauter ». Elle ne lésine pas sur les mots en « ence » : pertinence, compétence, expérience, efficience, cohérence, excellence, tous ces mots donnent en apparence de l'importance.
Elle considère la grammaire comme une vieillerie obsolète. Elle abuse des circonlocutions, boursoufle la syntaxe, se revêt de toute une quincaillerie de termes techniques et administratifs, et malmène les mots. Car elle sait dévoyer le français avec maestria: l'entreprise aime les barbarismes. Par exemple, « décliner » n'est pas employé dans son sens usuel; quand on décline un logo, un message, une valeur, cela ne signifie pas qu'on les abaisse, mais qu'ils sont adoptés par d'autres instances, situées en dessous. De même, le très usité « solutionner », qui remplace sans coup férir résoudre, est d'autant moins français qu’il donne une vraie prestance de cadre.
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Car les entreprises demandent beaucoup, mais se gardent de promettre, et ne garantissent rien sur le long terme. Pour quoi faire? Les promesses, c'est bien connu, n'engagent que ceux qui les écoutent. En plus, dans un univers où les chances sont censées être réparties de façon égalitaire, celui qui subit le chômage y est forcément pour quelque chose: s'il se trouve sans travail, c'est qu'il est plus mauvais que ceux qui en ont.
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Sur le plan géographique le cadre de base n’est pas davantage mobile. Son rêve n’est pas de déménager tous les trois ans, mais plutôt d’acheter un pavillon dans une banlieue résidentielle de Paris, d’abord à Chaville, puis plus tard, grâce à l’ascenseur social, au Vésinet, qui est pour lui le fin du fin de la réussite. Une fois endetté sur vingt ans pour acquérir son « sam suffit », il ne désire plus guère bouger. Par chance son domicile est proche de la Défense, quartier des affaires hideux et sans âme digne du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley : notre esclave du tertiaire pourra donc être « mobile » sans déménager, car la défense lui procure d’innombrables « opportunités » en terme d’emplois. S’il a de la chance, il pourra même limiter la mobilité à des changements de tours ou à des transferts d’étage : il commencera au 7 éme étage de la tour Gan, puis enchaînera sur le 25 éme niveau de la même tour avant d’être muté à la tour Ariane, 32 éme étage ; puis retour au siége, 25 éme étage, avant de prendre une retraite bien méritée. Bouger c’est bien fatiguant.
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[Le terme employabilité] ne signifie rien d'autre que l'aptitude à convaincre les autres qu'on peut et qu'on doit être employé! Pourquoi faut-il les convaincre? Parce que dès lors que tout le monde est interchangeable, le cadre moyen s'efforce de se démarquer par rapport aux autres. Comment? Eh bien, par sa personnalité. La règle d'or du recrutement des cadres tient en une phrase: aujourd'hui on recrute les gens sur ce qu'ils sont et non sur ce qu'ils savent faire.
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Si la novlangue de l'entreprise est particulièrement rebutante, c'est aussi que tout le monde y parle par sigles. [...] Voilà le type de phrase qu'on entend en réunion: "AGIR est devenu IPN, qui lui-même chapeaute le STI, au grand dam de la SSII, qui perd la maîtrise de DM; mais celui-ci ne va pas tarder à migrer vers RTI."
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Toi l'individualiste, mon frère d'arme et de cœur, ce livre ne t'est pas destiné, car l'entreprise n'est pas pour toi. Le travail dans les grandes sociétés ne sert qu'à menotter l'individu, qui, laissé à lui-même, se servant de son livre entendement, pourrait se mettre à réfléchir, à douter, voire, qui sait, à contester l'ordre!
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