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EAN : 9782865772889
320 pages
Editions Fanlac (13/03/2019)
3.91/5   16 notes
Résumé :
Ils s'étaient résignés à une petite vie, normale, tranquille. C'est raté. Des ascenseurs qui tombent, ce n'est ni normal ni tranquille.
Antoine Tallec est agent d'entretien d'ascenseurs et batteur d'un groupe local. Callista Lazaridis est assistante dans un bureau d'études, aussi jolie que timide. Comme beaucoup de Français, ils vivent dans la France périurbaine, ce territoire mal défini, entre ville et campagne, tout au bout des lignes de transports en comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Antoine Tallec  , la trentaine introvertie  , est ascensoriste . Dans sa vieille Ford Escort héritée de son père défunt , il parcourt la (grande ) banlieue pour réviser ou réparer les ascenseurs de la région . Tous les matins et tous les soirs il perd son temps dans les innombrables bouchons de la région parisienne et notamment sur ces ponts enjambant la Seine comme celui d' Ernouville , où des milliers d'automobilistes patientent , bon gré mal gré , que la circulation se fluidifie . Heureusement Antoine a comme compagnon de route musical , Bruce Springsteen , « le Boss » qui , le temps de quelques chansons , l'aide à oublier sa vie quelque peu routinière et morose ( c'est bien connu «  la banlieue c'est pas rose , la banlieue c'est morose » , titre non issu de la discographie du fameux Bruce ..) . Antoine a une véritable passion : la batterie et on peut dire qu'il est vraiment doué comme batteur  ! Accompagné de ces autres compères musiciens , Mehdi , Julien et Carole du groupe « Les Thénardier » il écume certains soirs et les weekends  les bars , les MJC et les salles de concert environnantes  , à grand coup de reprises populaires . Dans la vie d'Antoine il y a peu de place pour d'autres femmes que sa soeur cadette  Lucile , dont il a promis à ces parents qu'il serait toujours là pour la protéger . Mais la soeurette n'est pas un ange de bonté et de bienveillance , doté d'un caractère plutôt instable , souvent mal accompagnée , toujours entre deux pétards et deux mecs , elle survie de trafics divers et variés dans son petit studio délabré. Mais la vie d'Antoine va être complètement chamboulée par la conjonction de deux événements successifs :
-          La mort d'un élu , Gilles Puche, après la chute vertigineuse d'un ascenseur dont Antoine avait précisément la charge de l'entretien .
-          La rencontre fortuite d'une jeune femme , Callista, dont il va tomber amoureux instantanément.
Antoine va alors devenir un suspect malgré lui aux yeux des forces de police et du commissaire le Crenn , alors que la mort du maire semble suspecte car au centre d'une lutte de pouvoir manifeste où l'on retrouve un certain vice président du conseil général , Maximilien Walras , qui supporte un projet majeur pour le département : la construction d'un nouveau viaduc au-dessus de la Seine , où des dizaines de millions d'Euros sont en jeu …
Antoine et Callista vont donc se retrouver , malgré eux , au centre de ce  jeu d'argent et de pouvoir où chacun à gros à gagner mais aussi beaucoup à perdre .
 
Disons -le tout de suite : pour un premier roman c'est une réussite ! Vincent Maillard a l'art du mot juste et de la dramaturgie . Tout au long de son récit on fait connaissance avec de beaux personnages qui nous touchent et nous émeuvent comme avec de vrais salauds , abusant cyniquement et sans vergogne de leurs pouvoirs , souvent mal acquis et protégés par des équipes de caïds  ,  n'hésitant pas à abuser de la violence pour parvenir à leurs fins . L'auteur nous plonge dans ces magouilles en tout genre et ces trafics  d'influence dont le catalyseur est   la construction d'un pont , enjeu politico-financier majeur pour la région . Il  en profite pour nous décrire avec justesse l'évolution de la banlieue et de la vie de ses habitants , où la gestion de l'occupation des sols ne s'est pas fait toujours fait pour l'amélioration de leur cadre de vie . Heureusement dans toute cette grisaille , le bonheur à l'état brut  de nos deux protagonistes majeurs  surnage . Antoine et Callista qui nous démontrent qu'une histoire d'amour est possible malgré les obstacles ( et ils sont nombreux ) , les injustices et la singularité de leur caractère.
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Intrigué et attiré par ce premier roman pour son titre, je dois avouer une très bonne surprise de lecture. D'abord parce que l'histoire m'a agrippé de bout en bout, sans aucune des ficelles narratives de l'intrigue policière à la mode US, jouant de violences sadiques et de rebondissements qui, à force de se vouloir "inattendus", finissent par devenir si attendus.
L'expression qui me vient sous les doigts pour parler de ce roman est "l'air de rien". Il me semble que, "l'air de rien", ce texte est plus profond que la simple histoire de ce petit couple d'anonymes qui, précipités dans une sombre magouille politico-financière, va devoir renverser la table de leurs "petites habitudes", de leurs "petites vies" sans surprises. Ou sans autres surprises que mauvaises.
D'abord le contexte insaisissable de cette "France moche" qui fait la une des magazines sans que jamais on ne s'intéresse à l'envers du décor. Cette France péri-urbaine dont la grisaille symbolise notre modernité désabusée. Cette France moyenne en plein naufrage. Un naufrage long et douloureux qui nourrit les essais et les documentaires mais dont la fiction a du mal à se saisir.
Ensuite un engagement suffisamment entrelacé au récit pour qu'il imprègne les chapitres sans jamais s'étaler comme un slogan. Si le message est sans surprise: l'ouvrage dénonce le rouleau compresseur de l'argent qui écrase tout sur son passage. L'astuce visuelle qui illustre l'effondrement imminent de notre civilisation avec l'image d'un, puis d'un autre, et encore d'un autre ascenseur qui tombe est terriblement efficace. le clin d'oeil à l'expression usée jusqu'à la corde de "l'ascenseur social en panne" est jubilatoire.

Ainsi, "l'air de rien" de nouveau, le roman concentre toutes les tensions de notre temps dans un espace réduit. Un coin de grande banlieue racontée comme une scène où se jouent les petits jeux d'un pouvoir corrompu jusqu'à la moelle, d'une société fracturée, d'une résignation qui flirte avec la dépression, à moins qu'elle n'explose en une colère irrépressible. Cela s'est vu ces derniers mois...
Beaucoup des débats et des litanies des chaines d'information en continu peuvent être utilement zappés par cette petite histoire qui dit beaucoup des racines du mouvement des gilets jaunes.

Et puis encore, entre Antoine et sa soeur, entre Callista et son père... nombre de débats sous-jacents sur le poids de l'héritage social, sur la colonisation des esprits par la pensée économique, sur les mérites comparés de l'action individuelle vs/ l'action collective, sur les insécurités culturelles qui font frémir d'effroi les commentateurs médiatiques... Quelques grands sujets, "l'air de rien".
Mais.
Mais il y a – contre toute attente dans le tableau – une énergie vitale qui déchire la grisaille pour laisser transparaître des rayons d'une lumière éclatante: l'amour naissant de ces deux jeunes êtres entrainés malgré eux dans le tourbillon de la violence des pouvoirs qui entrent en conflits d'intérêts.

Enfin, la musique.
La batterie d'Antoine, le personnage principal, qui donne le tempo de l'écriture, des chapitres et rythme la marche de l'histoire. Enfin, puisque Antoine l'écoute en boucle, Bruce Springsteen, dont on comprend- l'auteur le revendique explicitement - au fil des pages que lui seul pouvait mettre en vers et en notes cet étrange et bouleversant mélange de l'abnégation amère et du feu de la vie lorsqu'elle déboule comme un riff de rock.
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Il est de ces lectures qui donnent l'impression d'être orphelin quand on les a terminées. Ce roman-là imprègne totalement son lecteur par la complexité des personnages. Ici, l'enjeu n'est pas celui de l'enquête ; il ne s'agit pas tant de savoir qui a fait quoi, mais qui VA faire quoi. On a assez vite compris le petit jeu du maire "multi casquettes", la férocité du caïd et leur implication respective dans cette histoire. Ce sont bien les personnages qui nous attachent à l'intrigue. Antoine et Callista, bien sûr. Mais aussi Lucile, Kosta, le Crenn, nous touchent, nous questionnent, nous énervent.
Pour le reste, le portrait social se construit d'un regard lucide et perspicace sur la mécanique du monde actuel. L'ouvrage est documenté autant que sensible. Érudit aussi, trop peut-être, parfois il en perd en spontanéité. Une langue très travaillée pour notre plus grand plaisir, mais qui use et abuse des métaphores. Certaines sont d'une justesse incroyable, la plupart sont très bien, mais d'autres, moins utiles, donnent l'impression que l'auteur en fait trop.
Un regret : l'unique scène d'amour, celle que nous attendons tous, se cache derrière une description trop analytique, là où nous voulons de l'instinctif. Un écueil dans lequel ne tombent pas, par contre, les scènes où Antoine joue de la batterie qui sont à mon sens très réussies dans la description des sensations.
De la vie il y en a plein dans ce beau roman. Des scènes à vous glacer le sang. Des événements déprimants et d'autres épouvantables qui vous mettraient presque en colère contre l'auteur ! Mais ce dernier se rattrape toujours. Autant dire qu'on ne reste jamais sur le bord ; on avance avec cette histoire qui nous accompagne encore après avoir fermé le livre.
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Roman social avec comme bande son la musique de Bruce Springsteen dont les titres emblématiques figurent comme des vigies en tête de chapitre.
A dire vrai, ce roman pourrait presque être une transposition des chansons les plus sociales du Boss dans une banlieue française déshéritée du début du XXème siècle. Une façon de décrire une génération déclassée dont les rêves de jeunesse se sont fracassés sur une réalité économique libérale. Modestement, Vincent Maillard dresse un certain portrait de la France contemporaine, d'un pays qui pencherait plus du côté des gilets jaunes, des laissés pour compte silencieux que ceux des marcheurs. Réaliste, doux et triste à la fois.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman noir aussi juste, aussi sensible. Une plongée dans la grande banlieue (celle des gilets jaunes...) avec un jeune couple que rien ne prépare à affronter des ascenseurs qui tombent, des politiciens corrompus cachés derrière leurs sbires dangereux. C'est passionnant, joliment écrit avec en prime des chansons de Springsteen en accompagnement.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Six mois plus tôt Antoine était encore ouvrier.Il aimait ce mot ouvrier. Mais il évitait de l’utiliser, depuis que l’air du temps chantait sur tous les tons les louanges des start ups.
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Mac-Do devenu un Mac-Drive . Plus personne n’y entrait , un restaurant pour voitures, comme une station-service qui , au lieu d’emplir les réservoirs de pétrole, emplissait les estomacs de variantes chimiques à base des mêmes substances moléculaires polymères.
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Au fil de la lente désagrégation générale, le salarié à temps plein passait désormais pour nanti d’un privilège royal.
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