Flynn monte sur le plongeoir de sa piscine et fait signe à ses convives de se rassembler autour de lui pour écouter son discours inaugural.
- Mes amis, j'ai le plaisir de vous apporter en personne la preuve que je suis toujours vivant ! N'en déplaise aux maris jaloux, aux producteurs peine-à-jouir et aux ligues de vertu, Errol Flynn bande encore. J'ai survécu à la malaria, à la tuberculose, à la lombalgie, à la guerre d'Espagne, à une ex-femme française et à Jack Warner... autant dire que je suis quasiment immortel. Je sais que je me fais rare en Californie, le cinéma ne m'intéresse plus tellement, j'ai passé l'âge de sautiller en collants ailleurs que dans ma chambre à coucher.
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Je rêve qu’un jour Marylin pète un câble et raconte en direct à la télévision tout ce que ces dégueulasses lui ont fait subir. Si on prend toutes sa suite, ça sera la bérézina des gros nazes et le grand nettoyage d’Hollywood.
Ça finira par arriver, prophétise Tallulah, songeuse.
Le commerce et la morale catholique ne font pas bon ménage, et pour vendre ses films aux quatre coins du monde, Hollywood devra s'affranchir du carcan religieux qui l'étouffe aujourd'hui. Le temps des films produits par des juifs selon les principes moraux catholiques pour un public protestant est révolu.
Comme l'a dit Walter Wanger, un immense producteur : "Le commerce suit les films, nous devons allier la diplomatie traditionnelle à Donald Duck". Je crois que l'industrie a bien conscience que nous sommes là pour transmettre l'American Dream au monde. Grâce au rayonnement du cinéma, dans vingt ans, tout homme aura deux nationalités, deux cultures: la sienne et l'américaine.
- Vous savez ce que nous faisons, n'est-ce pas ?
- Oui, vous représentez les intérêts de l'armée à Hollywood. C'est vous qui fournissez tous le matériel pour que les acteurs jouent à la guerre. En échange de ça, on vous laisse veiller à ce que les films donnent une bonne image de l'armée, pour que les gamins aient envie de partir en Corée défendre le pays.
- C'est cela : il faut faire appel à ces instincts pour mieux les contrôler. Il faut fabriquer du consentement. C'est ce que font tous les grands groupes aujourd'hui. et c'est ce que le cinéma doit faire; modeler les films en fonction des goûts du public et non pas tenter de modeler les goûts du public pour qu'ils correspondent à leurs films. Ils doivent apprendre à utiliser les attentes des masses, pour les amener dans les salles et leur passer des messages simples, sur l'hédonisme et la consommation.
Starace ne peut s'empêcher de penser qu'avoir de telles faces de brutes est une forme d'honnêteté. Personne ne pourrait leur reprocher de ne pas avoir été prévenu.
Seules touches de couleur sur les murs tendus de beige, des peintures de Mirò suggèrent à Moffat qu'on ne fait pas des films pour créer des œuvres d'art, mais bien pour pouvoir s'en acheter.
- On voulait un connard. Je crois bien qu'on a mis la main sur le prototype parfait.
Elle fait virevolter sa chevelure blonde, sauter ses seins dans tous les sens, remonte sa robe jusqu'à mi-cuisse pour bouger plus librement. Elle ne fait pas attention aux doigts qui la palpent, aux regard qui la dévisagent, dans ce club gay et lesbien, entre deux descentes de police, on ne juge pas, on jouit.