AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le meilleur (15)

Ses poumons cloqués poussèrent un hurlement gorgé d’eau et, fusant sous les yeux révulsés d’Iris, il remonta à la surface où il aspira la fraîcheur apaisante du ciel tout entier.
Elle surgit à ses côtés, les cheveux plaqués sur le crâne et l’embrassa à pleine bouche. Il arracha son short et la serra fort. Elle resta dans ses bras.
« Pourquoi vous avez fait ça? pleura-t-elle.
– Pour voir si je pouvais toucher le fond. »

(p. 222)
Commenter  J’apprécie          50
Enfin, dans les ténèbres, il toucha la vase au fond. Il pensa vaguement qu’il aurait dû être fier de lui, mais il avait la tête infestée de vieux souvenirs qui passaient et repassaient comme un banc de sardines fantômes ; et il n’y en avait pas un parmi eux qui lui rende sa fierté ou le console.
Tout somnolent, il se força donc à faire la cabriole et à remonter entre les barreaux de fer des courants, une ascension si lente et si insipide – est-ce que ça en valait la peine ?

(p. 221)
Commenter  J’apprécie          50
Il fit demi-tour et plongea sous l’eau noire. Il faisait de plus en plus sombre et de plus en plus froid à mesure qu’il descendait. Bientôt il fut dans les ténèbres, sans que sa main ne rencontre encore le fond. Malgré l’engourdissement qui gagnait ses bras et ses jambes, il continuait à descendre, empli d’appréhensions réfrigérantes et d’idées bizarres.
Iris n’en croyait pas ses yeux. Elle s’était dit qu’il allait remonter tout de suite et bientôt elle prit peur. Elle eut beau regarder partout, il ne faisait pas surface. Un sentiment d’abandon la saisit.

(p. 221)
Commenter  J’apprécie          60
– Vous m’aviez déjà vu jouer, avant l’autre soir ?
Elle fit non de la tête : « Une seule fois, et puis hier.
– Pourquoi vous étiez venue, la première fois ? »
Elle écrasa sa cigarette dans la terre. « Parce que j’ai horreur de voir les héros en échec. Ils sont déjà si peu nombreux. »
C’était dit d’un air sérieux, il sentit qu’elle était sincère.
« Sans héros, nous sommes des gens ordinaires, et nous ne connaissons pas nos possibilités.
– Vous voulez dire que les grands font les records, et que les petits essaient de les battre ?
– Oui, c’est leur rôle aux grands, d’être les meilleurs. Et nous, il faut que nous comprenions ce qu’ils représentent, et que nous prenions modèle sur eux. »

(p. 212-213)
Commenter  J’apprécie          70
Une balle avait passé devant lui. Toomey avait lancé très vite. Dans un sanglot, Roy se déporta en arrière et swingua.
Une partie de la foule se dirigea vers les sorties. Mike Barney pleurait sans retenue, maintenant. La dame qui s’était levée pour Roy enfila ses gants blancs d’un air distrait et s’en alla.
La balle passa comme un bolide entre les jambes de Toomey, stupéfait et entama son ascension. Le deuxième base, couché sur l’herbe au cas où, sauta en l’air pour la bloquer mais elle échappa à ses doigts crispés, traversa la lumière et fonça dans le noir comme une étoile blanche qui cherche la constellation des origines.
Nanifié, Toomey contemplait le firmament.

(p. 204)
Commenter  J’apprécie          40
Roy éprouvait des pulsions contradictoires : un besoin impérieux de lui raconter, sauf que parler de sa vie intérieure lui faisait toujours plus ou moins l’effet de labourer un cimetière.

(p. 214)
Commenter  J’apprécie          50
Il se réveilla dans les vestiaires, allongé sur un banc. (…) Il gratta une allumette et son bracelet-montre lui indiqua qu’il était plus de minuit. Il se redressa avec raideur, grogna et passa ses paumes calleuses sur son visage barbu. (…) Il restait là, prostré, alors même que son organisme était toutes voiles dehors – les ailes jumelles des poumons, la barque du cœur, traînant après elle un chapelet de boyaux. Il aurait tant voulu avoir un ami, un père, un foyer auquel retourner – il se voyait mettre ses hardes dans un sac, acheter un billet, et prendre le train en marche. Sitôt quittée la première gare, il balançait Wonderboy par la vitre. (Des années plus tard, repassant par là dans sa vieillesse, il ratisserait la plaine pour voir s’il y était toujours, luisant dans la boue.) Le train filait dans la nuit, il traversait le pays. Il s’y sentait en sécurité.

(p. 192)
Commenter  J’apprécie          20
Il avait la sensation de courir depuis des siècles et la forêt obscure passa devant lui en un éclair flou ; comme il ralentissait, chaque arbre noir fut suivi d’un blanc, et puis tous les arbres furent auréolés d’une lumière sombre, jusqu’à ce que la lune traversant les feuillages éclaire les bois. Le garçon en surgit avec son chien, et dans son cœur, Roy lui chuchota un message confidentiel : Fais bien attention en traversant la route, petit, mais c’était trop tard ; l’enfant gisait, brisé, en sang, dans une flaque de lumière, sans personne pour s’occuper de lui ni même dire une prière sur sa jeunesse perdue.

(p. 177)
Commenter  J’apprécie          50
Pardonnez-moi cette absence de lumière, dit le Juge dont la voix le fit presque sursauter. Quand j’étais gamin, j’avais peur du noir – je me réveillais en larmes, comme dans une eau où j’allais me noyer. Mais vous observerez que j’ai si bien surmonté ma peur qu’aujourd’hui, je préfère de loin une pièce plongée dans l’obscurité à une pièce éclairée. (…) Dans l’ombre, il y a une unité, si vous voulez, qu’on ne peut pas réaliser ailleurs. Une fusion de l’être avec ce qu’il perçoit, une expérience mystique subtile. Un de ces jours, j’ai l’intention d’écrire un essai : "Sur l’harmonie de l’ombre. Le mal peut-il exister au sein de l’harmonie ?" Vous gagneriez peut-être à y réfléchir.

(p. 137)
Commenter  J’apprécie          20
Roy ferma les yeux ; tout irréelle qu’était cette image, elle lui permettait de s’observer parfois, comme dans ce rêve qui le hantait – et l’avait d’ailleurs tiré d’un sommeil profond quelques heures plus tôt. Il était planté au milieu d’un terrain inconnu, la nuit, une balle de baseball dorée dans la main. Comme il ne se décidait ni à la garder ni à l’expédier, il la sentait le plomber davantage ; le temps qu’il prenne le parti de la lancer, elle était devenue trop lourde tant pour la soulever que pour la laisser choir (elle aurait fait un trou trop profond) ; il se ravisait donc et aussitôt, elle se faisait légère comme une plume, rose blanche éclose du cuir, prête à l’essor, mais il s’était juré de ne jamais la lâcher.

(p. 12)
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (95) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Dead or Alive ?

    Harlan Coben

    Alive (vivant)
    Dead (mort)

    20 questions
    1822 lecteurs ont répondu
    Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

    {* *}