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EAN : 9782743643546
250 pages
Payot et Rivages (04/04/2018)
3.94/5   41 notes
Résumé :
Les treize nouvelles de Malamud constituent un ensemble très original, remarquable par l'unité de ton et l'intention. Dans le cadre de la vie quotidienne, l'auteur choisit ses personnages parmi les petits artisans, les étudiants sans fortune, les boutiquiers. La plupart sont juifs, réfugiés d'Europe après la dernière guerre. Ils ont pris la mesure de leur destinée et essaient d'en atténuer la rigueur. Leur recherche du bonheur, maladroite, constitue le thème essenti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Refugié polonais, misérable, honnête et travailleur, apprenti trentenaire d'un vieux cordonnier juif, dont l'unique passion sont les livres qu'il abonde de commentaires sur leurs pages,....et le dit cordonnier juif dont l'unique objectif est de pouvoir marier sa fille à un homme éduqué et aisé,....une formidable nouvelle sur la magie et le pouvoir des livres...
Un vieux juif, marchand d'oeufs, qui s'obstine à rester dans l'appartement dont il est expulsé, la magie de la providence divine,.....
La solitude de l'écrivain, le désespoir de la feuille blanche, et la magie(?!) d'une nouvelle et d'une correspondance épistolaire.....
L'appel à Dieu de Manischevitz au bord du désespoir, la magie de la réponse surprise truculente....
George et la magie d'un mensonge.....
Et le dernier récit qui donne le titre de ce recueil, “Le Tonneau magique”, simplement, la magie d'une photo.....
Treize nouvelles palpitantes, toutes sous l'emprise du tragique existentiel, que Malamud nous décline avec des chutes surprises, empreintes d'humour et de fantaisie. Les protagonistes sont tous, sans exception des juifs américains, dont souvent des petits commerçants, cordonniers, épiciers, boulangers, dans le New York des années 50, et dont trois récits nous entraînent aussi en Italie, toujours à la même époque. Des hommes vieux, jeunes, à l'âme tourmenté, empêtrés dans les problèmes de la Vie, souffrant et luttant pour s'en sortir sans l'aide d'autrui. Et Dieu qui n'est jamais loin; mais,hélas, souvent aux abonnés absents, à moins que la touche magique finale fusse de sa main .....Car le tragique de la condition humaine débouche ironiquement sur une chute à l'humour noir, avec un poinçon de fantaisie surprenante. L'espoir, même mince, est toujours présent, un optimisme à la sauce Malamud, qui fait sourire même dans les pires des circonstances.

Bernard Malamud (1914-1986) reçut en 1959, le National Book Award pour ces treize nouvelles du Tonneau magique, qui viennent d'être rééditées par les éditions Rivages J'avais adoré « L'homme de Kiev » et « Le commis », j'ai beaucoup aimé ces nouvelles. Un très grand écrivain, encore mal connu et un peu oublié dans les milieux littéraires.

« Inventer des histoires, n'est pas une mauvaise façon d'habiter la solitude humaine. »

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"Le tonneau magique" est un recueil de treize nouvelles, treize perles d'humanité, couronnées en 1959 par le National Book Award. Je ne vais pas résumer chacune d'elles, mais elles ont de nombreux points communs : leurs personnages sont des gens modestes, petits commerçants besogneux, juifs immigrés de première ou deuxième génération, vivant dans le New York des années 50 et pour lesquels les tragédies de la deuxième guerre mondiale sont encore palpables. La plupart de ces histoires se déroulent aux USA, quelques-unes en Italie, et ont pour thème la quête du bonheur, que celui-ci se confonde avec l'amour, la fortune ou le succès. Et Dieu (pour autant qu'il existe, mais rien moins sûr depuis la Shoah), que cette quête est difficile, dramatique, tragique. Mais tous les personnages, tous anti-héros, s'entêtent, absurdement, comiquement, n'ayant pas ou plus d'autre sens à donner à leur vie. Certains feraient n'importe quoi pour obtenir de l'aide, y compris s'adresser à un ange aux ailes douteuses (L'ange Levine), tandis que d'autres s'obstinent à refuser la main qu'on leur tend avec une charité parfois extrême (Pitié). Certains réussiront (Les sept premières années), d'autres gâcheront leur chance stupidement (La dame du lac), tous en retireront quelque chose : réponses existentielles, illusions perdues, miracle, changement de perspective.
Un autre point commun : tous ces heurs et malheurs sont racontés avec beaucoup de tendresse, dans une veine tragi-comique qui évite le pathos larmoyant. Avec des portraits attachants, des états d'âme décrits avec finesse et l'universalité de ces drames individuels, ces textes s'impriment pour longtemps dans la mémoire du lecteur.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Il m'aura fallu deux ans.

Deux ans pour enfin ouvrir le Tonneau magique de Bernard Malamud, traduit par Josée Kamoun. Peut-être fallait-il ce temps d'attente après l'achat impulsif (pléonasme) généré par la recommandation de son éditrice d'alors, Nathalie Zberro, dans un post sur les grands nouvellistes américains. Peut-être fallait-il persévérer dans mon apprentissage - désormais terminé – de la bonne lecture des nouvelles pour les apprécier. Peut-être fallait-il juste une opportunité, ici Mai en Nouvelles, pour enfin m'attaquer à ce National Book Award 1959.

Ce qui frappe après la lecture de ces 13 textes, c'est d'abord cet incroyable univers dans lequel Malamud installe ses personnages, générant en quelques lignes un contexte faussement rassurant de vies simples et normées. Ils sont souvent artisans, immigrés, juifs, chez eux à New-York ou en voyage en Italie, réunis par des vies sans relief. Puis un simple incident, une pensée, un acte banal, une rencontre va suffire à ébranler leurs certitudes et à laisser croire, le temps d'une parenthèse vite passée, que le cours de ces vies aurait pu basculer.

Impossible de ne pas être touché par l'empathie dégagée par cette galerie de personnages empêtrés de doutes et de faiblesses, mais emplis de tellement d'humanité ! Dans ces petites aventures du quotidien qui viennent bousculer leurs certitudes, ils se raccrochent à ce qu'ils ont : la sécurité que procure l'argent, l'espoir du futur mariage heureux, l'écriture salvatrice ou toute autre solution qui s'offrirait comme sortie d'un tonneau magique. Sans oublier Dieu.

Quant à l'écriture, tant de sens, de force et de fluidité dans une apparente simplicité cache forcément un gigantesque talent doublé d‘un énorme travail. Autant de qualités qui vont me conduire à me plonger sans attendre deux ans, dans d'autres oeuvres de Malamud.

Ne serait-ce que pour retrouver l'émotion ressentie dans « Deuils » face à l'expulsion du vieux Kessler, l'humour de « La précieuse clé » et cette ubuesque recherche d'appartement par un chercheur américain à Rome, l'humanité de « Pitié » et les actes désespérés de Rosen envers Eva, sans oublier la sensualité de « La Dame du lac » et ce rêve éveillé sur l'île des del Dongo. Amateurs de nouvelles, ce Tonneau est incontournable !
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Après ma lecture du Commis, roman que j'ai vraiment beaucoup aimé, je craignais d'être un peu déçue par des nouvelles : je pensais qu'un format plus court donnerait forcément quelque chose de moins puissant. Eh bien, il n'en est rien, loin de là ! Ces treize nouvelles admirablement traduites par Josée Kamoun ont une force telle qu'elles acquièrent une dimension quasi mythique.
Elles mettent en scène de petites gens : un cordonnier et son ouvrier, des étudiants, des épiciers, un futur rabbin, un tailleur, un boulanger… En quelques mots très efficaces, l'incipit met en place leur situation : la vie n'a gâté ni les uns ni les autres ; les personnages de Malamud manquent d'amour, d'argent, de chance, de foi aussi car il leur arrive de douter… En effet, tout se passe comme si la Providence les avait abandonnés. Que « faire » de Dieu après la Shoah, comment croire qu'il est encore là pour aimer et protéger ?
Usés par la vie, ces hommes et ces femmes souffrent physiquement et moralement. Et ils se débattent comme ils peuvent, souvent seuls et accablés de malheur. Et ceux qui sont censés leur apporter un peu d'aide ne sont pas mieux lotis qu'eux ! Je pense par exemple au pauvre agent immobilier sans bureau, Vasco Bevilacqua, qui dans « La précieuse clef » fait tout ce qu'il peut pour trouver un appartement convenable à Carl Schneider, doctorant en études italiennes, venu avec sa famille à Rome pour faire des recherches.
Certains d'entre eux d'ailleurs déclinent l'aide qu'on leur propose et il faut ruser pour tenter de leur donner un coup de main. C'est le cas d'Eva et de son époux qui refusent de quitter leur épicerie malgré les conseils de Rosen : « Bon Dieu, lui ai-je dit, faites n'importe quoi, peintre, concierge, ferrailleur, mais sortez-vous de cette boutique avant d'être tous transformés en squelettes. », « Cette boutique, c'est un enterrement de première classe. Vous allez y laisser votre peau si vous ne vous sauvez pas tout de suite. » Mais Rosen aura beau se démener, il arrivera ce qu'il arrivera, comme il l'aurait dit lui même !
Ils vivent un tournant de leur existence, rien ne sera plus pareil après, enfin… c'est ce qu'ils espèrent… Hélas, l'illusion les aveugle parfois et les place sur des chemins qui ne mènent nulle part. On retrouve dans ce recueil de nouvelles les thèmes qui hantent l'auteur : la culpabilité, l'amour, la condition humaine, la judéité : « qu'est-ce-que sa judéité lui avait apporté sinon des migraines, des complexes et de tristes souvenirs ? » s'interroge Henry Levin dans « La dame du lac », tandis qu'il n'a pas osé avouer qu'il est juif à une jeune fille qu'il courtise … « Il se consolait en se disant qu'il était juif et que le juif souffre » pense le futur rabbin Leo Finkle qui dans « Le tonneau magique » a fait appel à un marieur afin de trouver une épouse… qu'il ne trouve pas !
Ces nouvelles, extrêmement touchantes, sont toutes pleines d'humanité… Certaines d'ailleurs ne sont pas dénuées d'humour et de fantaisie sans pour autant cesser de côtoyer le tragique.
S'il m'est impossible de vous parler de chacune de ces nouvelles, je peux vous dire deux mots sur celles qui m'ont particulièrement marquée : la première « Les sept premières années » met en scène Feld, un cordonnier souhaitant marier sa fille à un étudiant nommé Max, un garçon instruit et sérieux qui, dans un premier temps, donnerait peut-être à Miriam l'envie de fréquenter l'université et à coup sûr, plus tard, une vie meilleure… Or, un jour, Feld se sent obligé de renvoyer Sobel, son ouvrier polonais, pour cause de maladresse… Sous la charge de travail qu'il doit désormais assumer seul, il finit par aller le rechercher et lors d'une discussion, en viendra à lui demander pourquoi depuis plusieurs années, il accepte de travailler autant d'heures pour quasiment rien. Cette nouvelle est particulièrement émouvante et rappelle par de nombreux aspects l'intrigue du Commis.
Je repense à la nouvelle intitulée « L'ange Levine »  dans laquelle le tailleur Manischevitz a tout perdu : son commerce dans un incendie, son fils à la guerre et sa fille qui a fui au bras d'un rustre. Ses propres douleurs au dos relèvent de la torture. Il ne lui reste que sa femme qui est mourante et ses yeux pour pleurer.
« Manischevitz avait traversé ces épreuves en restant passablement stoïque, presque incrédule devant tout ce qui lui tombait sur la tête, comme si ces coups durs advenaient, mettons, à une vague connaissance ou un parent éloigné. Une telle avalanche de misère dépassait l'entendement. »
Or, un jour, dans sa salle à manger, Manischevitz voit un ange… noir. « Qu'est ce que vous faites là ? » lui demande-t-il. L'autre se présente : il se nomme Alexander Levine. « Où sont passées vos ailes ? » s'inquiète le tailleur dubitatif et il ajoute un peu inquiet « Si Dieu m'envoie un ange, pourquoi un ange noir ? », « C'était à mon tour de descendre. » répond logiquement l'ange Lévine, expliquant qu'il peut sauver la femme du tailleur. Mais ce dernier ne peut s'empêcher de prendre l'ange pour un imposteur… Et si Lévine était vraiment un ange, un ange noir envoyé pour secourir le tailleur ? Manischevitz ne devrait-il pas tenter de le prendre au sérieux ?
« C'était dur à croire mais n'empêche, si jamais il avait effectivement été envoyé pour secourir et que lui, dans son aveuglement d'aveugle, n'avait rien voulu savoir ? L'idée le torturait. »
J'ai adoré cette nouvelle : son côté absurde, son humour, sa dimension tragi-comique et encore une fois toute l'humanité qui s'en dégage.
« Lectures d'été » m'a beaucoup plu : cette nouvelle met en scène un jeune lycéen qui a arrêté ses études et s'ennuie à mourir dans la touffeur de l'été new-yorkais. Sans travail ni occupation, il a un peu honte de cette absence totale d'activité et lorsqu'un vieux voisin, monsieur Cattanzara, l'interroge sur la façon dont il occupe ses journées, le jeune homme assure qu'il lit, qu'il lit même beaucoup. Il ajoute même qu'il a prévu de lire une centaine de livres pendant l'été. Mais évidemment, il n'en fait rien et honteux, il en est réduit à se cacher lorsqu'il rencontre son vieux voisin qui comprend un peu son manège mais continue néanmoins à l'encourager dans ses lectures… Comment faire pour ne pas décevoir quelqu'un qu'on aime beaucoup et qui a confiance en nous ?
La fin de chacune de ces nouvelles nous invite à penser, à poursuivre l'histoire, à imaginer une ou plusieurs suites possibles et surtout à nous interroger sur le sens profond des actes et des paroles des personnages.
Un auteur injustement oublié, extrêmement attachant, à redécouvrir de toute urgence !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Dans la littérature américaine, ce ne sont pas les nouvelles qui manquent tant ce genre s'y est développé de manière bien plus décomplexée que de ce côté de l'Atlantique.
Ce recueil-ci a ceci de particulier qu'il prend essentiellement pour cadre le New York des années 50, pour personnages les communautés de modestes juifs immigrés, mais encore qu'il a reçu en 1959 le National Book Award et que Philip Roth en a fait son livre de chevet.
L'immersion est immédiate dans cette dizaine de textes savoureux, doux-amers, pleins d'humanité, où chaque mot est à sa place mais aussi peuplés des fantômes de "ceux qui n'en sont pas revenus". Un régal!
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critiques presse (1)
LePoint
03 mai 2018
L'humour que recèlent les treize textes de cet irrésistible ouvrage ne sautera peut-être pas tout de suite aux yeux du lecteur. Pourtant, l'expérience dramatique des personnages qui le peuplent ne les empêche pas de se moquer de la fatalité qui les frappe.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il (Feld) grimpa les marches avec effort, tout en sachant que c'était mauvais pour lui, et arrivé en haut, frappa à la porte. Sobel lui ouvrit, il entra. La chambre était une petite pièce minable, dotée d'une seule fenêtre qui donnait sur la rue. Il y avait un étroit lit de camp, une table basse et plusieurs piles due livres qui s'amoncelaient au hasard sur le sol, le long du mur. Décidément, Sobel était bizarre : lire autant, lui qui n'avait pas fait d'études ! Du reste il lui avait un jour posé la question : Sobel, pourquoi tu lis comme ça ? Et l'ouvrier avait été incapable de lui répondre. Tu as étudié à la faculté, dans le temps ? L'autre avait fait non de la tête. Il lisait pour savoir, disait-il. Mais pour savoir quoi, avait repris le cordonnier, et puis savoir, pourquoi ? L'ouvrier ne lui avait jamais répondu, ce qui prouvait bien qu'il lisait autant parce qu'il était bizarre.
(Les sept premières années)
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Manischevitz se rendit dans une synagogue pour parler à Dieu mais Dieu s'en était absenté. Il eut beau fouiller au plus profond de son cœur, il n'y trouva pas d'espoir. Fanny morte, il ne serait plus qu'un mort vivant. Il envisagea de mettre fin à ses jours tout en sachant qu'il n'en ferait rien. La chose méritait réflexion car quand on réfléchit, du moins, on existe. Il vitupéra contre Dieu. Est-ce qu'on peut aimer un roc, un balai, un vide? Découvrant sa poitrine, il se mit à frapper sa carcasse et à se maudire pour avoir cru au-delà de ce qu'on peut croire.
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Elle, apparemment, n’avait pas peur de cette rencontre ; chose surprenante, elle semblait même la trouver bienvenue, immédiatement curieuse de lui. Il est vrai qu’elle avait l’avantage de la position, puisqu’elle était en somme l’hôtesse de cet invité-intrus. Et puis, elle pouvait compter sur sa grâce naturelle car de fait, la nature l’avait gâtée – "mamma", ce corps de reine avec ce derrière haut perché ! Son visage italien aux traits aigus possédait le type de beauté qui porte la marque de l’histoire, la beauté d’un peuple et d’une civilisation. Sous les sourcils fins et droits, ses grands yeux bruns rayonnaient d’un doux éclat ; ses lèvres étaient parfaitement ourlées, comme découpées dans une fleur rouge ; le nez était peut-être la seule imperfection qui faisait ressortir la perfection du reste – un tout petit peu long et mince. Malgré son modelé sculptural, son visage ovale terminé par un petit menton était adouci par la vénusté de sa jeunesse. Elle avait vingt-trois, vingt-quatre ans. Et lorsque Freeman se fut un peu calmé, il découvrit dans ses yeux comme une faim, ou comme la mémoire d’une faim ; peut-être un fond de tristesse, raison pour laquelle, parmi d’autres, il était le bienvenu. Grand Dieu, serait-il enfin face à son destin ?

("La dame du lac", p. 136-137)
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À l’approche de Freeman, qui marchait posément pour éviter le faux pas, elle repoussa une mèche de ses cheveux – geste si beau qu’il en regretta le caractère éphémère. Et si, en ce dimanche soir miraculeux, il était habité par sa propre réalité tangible, il ne put s’empêcher, en s’attardant sur ce geste fugace, de penser que la jeune fille serait peut-être tout aussi fugitive elle-même, aussi évanescente. Et cette île aussi, qui sait (…). Il s’approcha d’elle pénétré du caractère transitoire des choses mais cette sensation fut noyée sous un flot de joie pure quand elle se leva pour lui tendre la main.
« Bienvenue », lui dit-elle en rougissant. Elle paraissait heureuse et pourtant, à sa façon, un peu agitée de le voir. (…) Comblé par sa présence comme s’ils s’étaient déjà avoué leur amour, il percevait pourtant une gêne chez elle et force lui fut de constater qu’ils étaient encore loin de l’amour, ou du moins, s’en approchaient à travers un voile de mystère. Mais c’est ainsi, se dit Freeman qui était tombé amoureux souvent, tant qu’on n’est pas amants, on est deux étrangers.

("La dame du lac", p. 146-147)
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"De quoi il est mort ? chuchota-t-il au locataire.
- Je saurais pas vous dire."
Mais Mrs Panessa, qui suivait le cercueil, l'avait entendu.
"De la vieillesse !" cria-t-elle d'une voix stridente.
Il aurait voulu lui dire une bonne parole mais sa langue pendait dans sa bouche comme le fruit blet sur la branche et son coeur n'était qu'une fenêtre peinte en noir.
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"Quand je parle du dernier juif d'Europe, je parle de l'imaginaire juif. ll y a beaucoup de juifs en France aujourd'hui mais pas un seul ne raconte sa légende à venir comme une légende européenne."
« Je ne me doutais pas que l'histoire de mon père me mènerait à faire équipe avec Ionas, un vampire centenaire et amoureux, Rebecka, sa copine psy divorcée d'un fantôme, et une rabbine. Mais quand c'est arrivé, j'ai trouvé ça normal. Presque. Ces pages racontent aussi comment mon père a tenté de ne plus être juif, et comment, avec tout ce que l'on me mettait sur le dos, j'ai eu le sentiment d'être le dernier juif d'Europe. »
Joann Sfar ressuscite le fantastique et l'humour désespérés de Kafka ou de Malamud dans cette fable où les monstres offrent un miroir hyperréaliste à la singerie moderne.
https://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-dernier-juif-deurope-9782226438744
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