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Citations sur Écrits sur l'Art (20)

Toute chose sacrée et qui veut demeurer sacrée s'enveloppe de mystère. Les religions se retranchent à l'abri d'arcanes dévoilés au seul prédestiné : l'art a les siens. […] J'ai souvent demandé pourquoi ce caractère nécessaire a été refusé à un seul art, au plus grand. Celui-là est sans mystère contre les curiosités hypocrites, sans terreur contre les impiétés, ou sous le sourire et la grimace de l'ignorance et de l'ennemi.
Je parle de la poésie.

L'ART POUR TOUS.
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… ils [les peintres impressionnistes] sont parvenus à un résultat méritoire, nous faire comprendre quand nous regardons les objets les plus familiers le plaisir que nous éprouverions si nous pouvions seulement les voir pour la première fois.
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Les nobles visionnaires des autres temps, dont les œuvres sont à l’image des choses matérielles vues par des yeux surnaturels (non les représentations réelles des vrais objets), apparaissent comme des rois et des dieux dans les lointaines époques de rêve de l’humanité, solitaires à qui fut donné le génie d’un empire sur une multitude ignorante. Mais aujourd’hui la multitude demande à voir de ses propres yeux ; et si notre art moderne est moins glorieux, moins intense et moins riche, ce n’est pas sans la compensation de la vérité, de la simplicité, et du charme natif.
À cette heure critique pour la race humaine où la nature désire travailler pour elle-même, elle exige de certains de ceux qui l’aiment — hommes nouveaux et impersonnels, en communion directe avec le sentiment de leur temps — qu’ils desserrent les contraintes de l’éducation, pour laisser la main et l’œil agir à leur guise, et qu’elle puisse ainsi à travers eux se révéler.
Pour le simple plaisir d’agir ainsi ? Certes non, mais pour se manifester, calme, nue, habituelle, à ces nouveaux venus de demain, dont chacun consentira à être une unité anonyme dans le nombre formidable d’un universel suffrage, et pour mettre en leur pouvoir un moyen plus nouveau et plus succinct de l’observer 
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" Rien n’est à négliger de l’existence d’une époque : tout y appartient à tous ."
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Manet

La littérature s’écarte souvent de ses voies habituelles pour retrouver les aspirations d’une époque ancienne, et pour les moderniser à ses propres fins ; en peinture, Manet suivit une trajectoire semblablement divergente, à la recherche du vrai .

… la période de transition qu’on y [dans l’œuvre de Manet] constate ne doit en aucune façon être regrettée. Elle trouve son parallèle en littérature, quand quelque neuve imagerie qu’on nous présente suscite soudain notre sympathie .
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Manet

Se rencontre là une de ces crises inattendues qui surviennent en art. Étudions-la dans son état présent et ses perspectives futures, en essayant d’en développer l’idée .

Ibid.
… la nouveauté, en effet, consiste fréquemment — et c’est spécialement le cas en ces jours critiques — à coordonner des éléments très dispersés .
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


Les flammes de l’été, hélas et d’autres ! civilisation qui veut des théâtres, tu ne sais, à défaut d’un art y officiant, les construire[12], si bien que comme l’effroyable langue du silence gardé le feu se darde et s’exagère puis change en une cendre tragique la badauderie des villes, tout (à cette heure de clôture) communique la désuétude de la scène. Nos prochains fastes publics ou un fastidieux anniversaire s’il n’exulte par quelque démonstration comme de modernes Jeux ! ainsi que toujours se produiront sans allusion à un embrasement idéal que les couleurs patriotiques aux étages claquetant dans la brise d’insignifiance.

L’occasion de rien dire ne surgit, et je n’allègue, pour la vacuité de cette étude dernière non plus que de toutes, plaintes discrètes ! l’année nulle : mais plutôt le défaut préalable de coup d’œil apporté à l’entreprise de sa besogne par le littérateur oublieux qu’entre lui et l’époque existe une incompatibilité. — Allez-vous au théâtre ? — Non, presque jamais — à mon interrogation cette réponse, par quiconque, de race, singulier, artiste choie sa chimère hors des vulgarités ou se suffit femme ou homme du monde, avec l’instinctif bouquet de son âme à nu dans un intérieur. — Au reste, moi, non plus ! — aurais-je pu intervenir si la plupart du temps mon désintéressement ici ne le criait à travers les lignes jusqu’au blanc final.

Alors pourquoi…

Pourquoi ! autrement qu’à l’instigation du pas réductible démon de la Perversité que je promulgue ainsi « faire ce qu’il n’y a lieu de faire, sans avantage exprès à tirer, que la gêne vis-à-vis de choses, à quoi l’on est par nature étranger, de feindre y porter un jugement ; alors que le joint dans l’appréciation échappe et qu’empêche une pudeur l’exposition à faux jour de suprêmes et intempestifs principes. » Risquer, dans des efforts vers une gratuite médiocrité, de ne jamais qu’y faillir, rien n’obligeant du reste à cette contradiction que le charme peut-être inconnu en littérature d’éteindre strictement une à une toute vue qui éclaterait avec pureté, ainsi que de raturer jusqu’à de certains mots dont la seule hantise continue chez moi la survivance d’un cœur, et que c’est en conséquence une vilenie de servir mal à propos. Le sot bavarde sans rien dire, mais ainsi pécher à l’exclusion d’un goût notoire pour la prolixité et précisément afin de ne pas exprimer quelque-chose, représente un cas spécial, qui aura été le mien : il vaut que je m’exhibe (avant de cesser) en l’exception de ce ridicule, comme un pitre monologuiste des cafés-concerts où des feuillages nous servent une halte entre le Théâtre et la Nature, ces deux termes distincts et superbes de l’antinomie proposée une à Critique.

J’aurais aimé, avec l’injonction de circonstances, mieux que finir oisivement, ici noter quelques traits fondamentaux.

Le ballet ne donna que peu : c’est le genre imaginatif. Quand s’isole pour le regard un signe de l’éparse beauté générale, fleur, onde, nuée et bijou etc, si chez nous le moyen exclusif de le savoir consiste à en juxtaposer l’aspect à notre nudité intime afin qu’elle le sente analogue et se l’adapte selon quelque confusion exquise d’elle avec cette forme envolée, rien qu’au travers du rite là énoncé de l’Idée est-ce que ne paraît pas la danseuse à demi l’élément en cause, à demi humanité apte à s’y confondre, dans la flottaison de rêverie ? Voilà l’opération poétique par excellence d’où le théâtre. Immédiatement le ballet résulte allégorique : il enlacera autant qu’animera, pour en marquer chaque rytthme, toutes corrélations ou Musique d’abord latentes entre ses attitudes et maint caractère, tellement que la représentation figurative des accessoires terrestres par la Danse contient une expérience relative à leur degré esthétique. Temple initial ouvert sur les vrais temps, un sacre s’y effectue en tant que la preuve de nos trésors, ainsi. À déduire le point philosophique auquel est située l’impersonnalité de la danseuse, entre sa féminine apparence et quelque chose mimé, pour cet hymen ! elle le pique d’une sûre pointe, le pose acquis ; puis déroule notre conviction en le chiffre de pirouettes prolongé vers un autre motif, attendu que tout, dans l’évolution par où elle illustre le sens de nos extases et triomphes entonnés à l’orchestre, est, comme le veut l’art même, au théâtre, fictif ou momentané.

Seul principe ! et ainsi que resplendit le lustre c’est à dire, lui-même, l’exhibition prête au regard, sous toutes les facettes, de quoi que ce soit ou vérité adamantine, une œuvre dramatique montre la succession des extériorités de l’acte sans qu’aucun moment garde de réalité et qu’il se passe en fin de compte rien.

Le vieux Mélodrame qui, conjointement à la Danse et sous la régie aussi du poëte, occupe la scène, s’honore de satisfaire à cette loi. Apitoyés, le perpétuel suspens d’une larme qui ne peut jamais toute se former ni choir (encore le lustre) scintille en mille regards, or un ambigu sourire déride ta lèvre par la perception de moqueries aux chanterelles ou dans la flûte refusant leur complicité à quelque douleur emphatique de la partition et y perçant des fissures de jour et d’espoir : spirituel avertissement et fil jamais rompu même si malignement il cesse, tu n’omets d’attendre ou de le suivre, au long du labyrinthe de l’angoisse que complique l’art non pour vraiment t’acabler comme si ce n’était point assez de ton sort ! spectateur assistant à une Fête, mais te replonger de quelque part dans le peuple que tu sois au saint de la Passion de l’Homme et t’en libérer selon quelque source mélodique de l’âme. Pareil emploi de la Musique qui la tient prépondérante comme magicienne, attendu qu’elle emmêle et rompt ou conduit notre divination, bref dispose de l’intérêt, la façonne seul au théâtre : il instruirait les compositeurs prodigues au hasard et sans l’exacte intuition de leur magnifique don de sonorité. Nulle inspiration ne perdra à étudier l’humble et profonde sagacité qui règle en vertu d’un besoin populaire les rapports de l’orchestre et des planches dans ce genre génial et français. Les axiômes s’y lisent, inscrits par personne ; un avant tous les autres ! que chaque situation insoluble comme elle le resterait en supposant que le drame fût autre chose que semblant ou piège à notre irréflexion, refoule, dissimule, et toujours contient le rire sacré qui la dénouera. Ce jeu perpétué les Pixéricourt et les Bouchardy de cacher dans le geste d’apparat dévolu au tragédien le doigté subtil d’un jongleur, c’est toute la science. La funèbre draperie de leur imagination ne s’obscurcit jamais au point d’ignorer que l’énigme derrière ce rideau n’existe sinon grâce à une hypothèse tournante peu à peu résolue ici et là par notre lucidité : mieux que le gaz ou l’électricité la gradue l’accompagnement instrumental, dispensateur du Mystère.

À part la curiosité issue de l’intrusion du livre et, puiqu’après tout il s’agit de littérature et de vie maintenant repliées aux feuillets, un désir en ceux-ci de se déverser à la rampe, ainsi que vient de le faire le Roman, je ne sais. Il ne convient pas même de dénoncer par un verbiage le fonctionnement du redoutable Fléau omnipotent… l’ère a déchaîné, légitimement vu qu’en la foule ou l’amplification majestueuse de chacun gît abscons le rêve ! chez une multitude la conscience de sa judicature ou de cette intelligence suprême, sans préparer de circonstances neuves ou le milieu mental identifiant la scène et la salle. Toujours est-il qu’avant la célébration des poëmes étouffés dans l’œuf de quelque future coupole manquant (si cette date s’accommodera de l’état actuel ou ne doit poindre qu’en raison de notre oblitération, doute) il a fallu formidablement au devant de l’infatuation contemporaine, ériger entre le gouffre de leur vaine faim et les générations un simulacre approprié au besoin immédiat, ou l’art officiel qu’on peut aussi appeler vulgaire ; indiscutable prêt à contenir par le voile basaltique du banal la poussée de cohue contentée pour peu qu’elle aperçoive une imagerie brute de sa divinité. Machine crue provisoire pour l’affermissement de quoi, à mon sens institution plutôt vacante et durable me convainquant par son opportunité ! l’appel a été fait à tous les cultes artificiels et poncifs ; elle fonctionne en tant que les salons annuels de Peinture et de Sculpture, quand chôme l’engrenage théâtral. Tordant à la fois comme au rebut chez le créateur le jet délicat et vierge et une jumelle clairvoyance directe du simple, qui peut-être avaient à s’accorder encore. Héroïques donc artistes de ces jours plutôt que peindre une solitude de cloître à la torche de votre immortalité ou sacrifier devant l’idole de vous-mêmes, mettez la main à ce monument, indicateur non moins énorme que les blocs d’abstention laissés par quelques âges qui jadis ne purent que charger le sol d’un vestige négatif et considérable.

Stéphane Mallarmé
Théodore de Banville : Les Caprices en dizains à la manière de Clément Marot (XVIII, Hamlet). — Les Cariatides.
Chez Calmann Lévy (Nouvelle édition, 1886).
M. Gondinet, on sait.
Fût-ce l’expressive et gracieuse mademoiselle Sanlaville.
Lire le merveilleux Journal des Goncourt, livre 1er, dans de récents Figaro
Par Edmond de Goncourt, Paris, 1884.
Au 3e acte, Rôle de en Raffa.
Au Casino Vivienne.
Ulalume (strophe II) par Edgar Poe.
Rouvert mon Racine, ces derniers temps.
Là est la suprématie des modernes vers sur ceux antiques formant un tout et ne rimant pas ; qu’emplissait une bonne foi le métal employé à les faire, au lieu que, chez nous, ils le prennent et le rejettent, incessamment deviennent, procèdent musicalement : en tant que Stance, ou distique.
Une Salle doit surtout être machinée et mobile, à l’ingénieur, avant l’architecte, en revient la construction : que ce héros du moderne répertoire se montre un peu !
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


L’intention, quand on y pense, gisant aux sommaires plis de la tragédie française[10] ne fut pas l’antiquité ranimée dans sa cendre blanche, mais de produire en un milieu nul ou à peu prè les grandes poses humaines et comme notre plastique morale.

Statuaire égale à l’interne opération par exemple d’un Descartes ; et si le tréteau significatif d’alors avec l’unité de personnage, n’en profita, joignant les planches et la philosophie, il faut accuser le goût notoirement érudit d’une époque retenue d’inventer malgré sa nature prête, dissertatrice et neutre, à vivifier le type abstrait. Une page à ces grécisants, ou même latine, servait, dans le décalque. La figure d’élan idéal ne se dépouilla pas de l’obsession scolaire davantage que des modes du siècle.

Seul l’instinctif jet survit, qui a dressé une belle musculature de fantômes.

Si je précise le dessin contraire ou pareil de cet homme de vue si simple M. Zola acceptant la modernité pour l’ère définitive au dessus de quoi s’envola, dans l’héroïque encore, le camaieu Louis XIV, il projette d’y établir comme en quelque terrain, général et stable, le drame, en soi et hors d’aucune fable que les cas de notoriété. Or j’estime que le moyen de sublimation de poëtes nos prédécesseurs avec un vieux vice charmant, trop de facilité à dégager la rythmique élégance d’une synthèse, approchait la formule souhaitée ; laquelle diffère par une brisure analytique multipliant la vraisemblance ou les heurts du hasard.

Vienne le dénouement d’un orage de vie, gens de ce temps, rappelons-nous avec quel souci de parer jusqu’à une surprise de geste ou de cri dérangeant quelque chose à notre impénétrabilité, nous nous asseyons, simplement, pour un entretien. Ainsi et selon cette tenue, commence en laissant s’agiter chez le spectateur le sourd orchestre des dessous et me subjugue Renée. À demi-mot se résout posément chaque état sensitif par les personnages même su, le propre de notre attitude maintenant ou celle humaine suprême étant de ne parler jamais qu’après décision, loin de permettre l’ingérence à cet instant du motif sentimental même le plus cher : alors s’établit en nous l’impersonnalité des grandes occasions.

Loi, exclusive de tout art traditionnel, non ! elle dicta le théâtre classique, à l’éloquent débat ininterrompu : aussi par ce rapport mieux que par les analogies d’un sujet même avec la Phèdre dix-septième siècle, le théâtre de mœurs récent confine à l’ancien !

Voyez le, un contemporain traite, après coup ou d’avance mais sciemment, sa situation : il essaie de l’élucider par un appel pur à son jugement, comme à propos de quelque autre et sans se mettre en jeu. Le triple contrat entre Saccard et le père de l’héroïne, puis Renée, résolvant en affaire un sinistre préalable, illustre cela, au point que ne m’apparaisse d’ouverture dramatique plus strictement moderne ; en même temps que théâtrale, à cause de l’artifice ou tout au moins d’une dose de fiction dans la maîtrise anticipée ou reconquise de soi.

Ce volontaire effacement extérieur qui particularise notre façon d’être, toutefois, ne peut sans des éclats se prolonger et la foudre succincte ou d’autant plus violente qui servira de détente à tant de contrainte et d’inutiles précautions contre l’acte magnifique de vivre marque d’un jour flagrant le malheureux comme pris ne faute en raison d’une telle interdiction de se montrer même.

Voilà la théorie tragique actuelle ou, pour mieux dire, celle de la pièce : attendu que le drame, latent, ne s’y manifeste que par quelque soudaine déchirure affirmant l’irréductibilité de nos instincts.

L’adaptation par le romancier seul d’un tôme de son œuvre, le Curée, accru de la nouvelle Nantas, cause sur qui prend place en public désintéressé un effet de pièce succédant à celles fournies par le théâtre dit de genre, sauf la splendeur à tout coup de qualités élargies jusqu’à valoir un point de vue : affinant la curiosité en intuition qu’existe de cela aux choses quotidiennement jouées point d’aspect tout autres d’abord, une différence.

Absolue.

Ce voile conventionnel qui, ton, concept, etc., erre dans toute salle, accrochent aux cristaux perspicaces eux-mêmes son tissu de fausseté ou ne découvre la scène que mensongère et banale, il a comme flambé au gaz ! et ingénus, morbides, sournois, brutaux avec une nudité d’allure bien dans la franchise classique se montrent des caractères.

Autrement ! je le sais, les ressorts ou pièces de serrurerie dramatique sont les mêmes en ce temps-ci que jamais. Un jeu de statistique littéraire aisé consiste à les compter. Ici l’écrivain, qui s’est fait le proclamateur d’une doctrine, reste à découvert, dans ses présomptions que comme qui dirait un changement en l’atmosphère respirable maintenant, et vital sous sa véridique clarté, dût altérer les conditions fondamentales d’un art dès le premier instant notées par qui s’y essaya ; mais je m’en prends à cette imprudence de critique, la pièce d’hier me paraissant à des riens de détail près inattaquable et supérieure presque à tout dans le présent. Instinct ici porté à l’intellect ! son rai puissant de sincérité sur l’ordinaire scène y darde, plutôt que de la nouveauté, l’évidence de ce qu’on eût pu accomplir jusqu’aujourd’hui et cause un peu de stupeur qu’il y ait eu lieu de voir autrement qu’avec cette justesse.

Comme lever de rideau très fier à la représentation, j’aime rattacher cet acte auparavant et autre part salué, une nouvelle du maître passant à la rampe, Jacques Damour, selon le sobre et large arrangement de M. Léon Hennique. J’observai combien supplée une humanité exacte, toute inutile complication croulant sitôt la diffusion juste de cette lueur… Se donna-t-on de mal et voilà encore le précepte aux badauds ! pour fournir une impression de durée ou que les gens d’un drame imaginés en raison et pas plus d’une crise principale, à cet instant de rendez-vous avec l’excitation de la foule lui fussent de vieilles connaissances : comment s’y intéresserait-on autrement ! ajoutait la docte incompétence oublieuse que le moyen de familiariser des spectateurs avec un personnage doit en art tenir du miracle et non imiter l’expédient usité dans l’existence qui consiste à l’avoir fréquemment rencontré et d’être imbu de ses affaires, jusqu’à l’ennui. Un raccourci habile du héros qui le fasse dégager dans un coup de vent le secret de son habitude, c’est la manière du poëte, s’il dramatise ; mais le romancier trouvera aussi dans une mise à point des types avec une sereine ampleur cette réduction du trait fortuit suffisante pour qu’on les revoie déjà et à jamais éclairés d’un jour populaire qui s’impose, immédiat, sans la préparation d’absurdes et lentes pratiques. Comme c’est neuf, dépendant d’un parfait concept, en même temps qu’approprié à un sens du plaisir d’à présent qui juge la salle de spectacle des heures durant une géhenne. Quelque soir, un bref morceau admirable de touche naïve, forte ainsi nous poigne et rien qu’à paraître illumine, suggère et tranche, toute une technique. Le spectacle bien instructif que c’était, du reste ; où, avec deux saynètes âpres et jeunes, j’éprouvai la satisfaction, applaudissant un très pince sans rire canevas du connaisseur spécial en pantins de bois et autres, Duranty, poussé dans le sens voulu de froide furie et réduit par M. Paul Alexis, une fois par excellence et la centième de vérifier l’étonnant à propos d’un usage relevant du tréteau, honoré par Shakespeare et retrouvable dans les seuls cafés-concerts. À savoir que les rôles féminins, comme ici d’une rêche et folâtre demoiselle malaisée à marier, ou de gaillardes et ceux des vieilles surtout, gagnent à paradoxalement être joués par l’homme : ils écartent ainsi l’irrévérence puis prêtent à un cas trop rare où persiste chez nous l’impression d’étrangeté et de certain malaise qui ne doit jamais, quant à une esthétique primitive et saine, cesser tout à fait devant le déguisement, indice du théàtre, ou Masque.
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


Le désespoir en dernier lieu de mon Idée, qui s’accoude à quelque balcon lavé à la colle ou de carton-pâte, regards perdus, traits à l’avance fatigués du néant, c’est que, pas du tout ! après peu de mots à la scène par elle dédaignée si ne la bat sa seule voltige, immanquablement la voici qui chuchotte dans un ton de sourde angoisse et me tendant le renoncement au vol agité longtemps de son caprice « Mais c’est très bien, c’est parfait — à quoi semblez-vous prétendre encore, mon ami ? » puis, d’une main vide de l’éventail « Allons-nous en (signifie-t-elle) cependant — on ne s’ennuierait même pas et je craindrais de ne pouvoir rêver autre chose. — L’auteur ou son pareil, ce qu’ils voulaient faire, ils l’ont fait et je défierais qui que ce soit de l’exécuter mieux ou différemment. »

— Que voulaient-ils donc accomplir, ô mon âme ? répliqué-je une fois et toujours interloqué ou éludant la responsabilité d’avoir conduit ici une si exquise dame anormale : car ce n’est pas elle, sûr ! s’il y faut voir une âme ou bien notre idée (à savoir la divinité présente à l’esprit de l’homme) qui despotiquement me proposa : Viens.

Mais un habituel manque inconsidéré chez moi de prévoyance.

— « Ce qu’ils voulaient faire ? » ne prit-elle pas le soin de prolonger vis-à-vis d’une feinte curiosité « je ne sais pas, mais si, le voilà… » réprimant, ô la pire torture ne pouvoir que trouver très bien et pas même abominer ce au-devant de quoi l’on vint et se fourvoya ! un baîllement, qui est la suprême, presque ingénue et la plus solitaire protestation mais dont le lustre aux mille cris suspend comme un écho l’horreur radieuse et visible.

— «… Peut-être ceci. »

Elle expliqua et approuva en effet la tentative ordinaire de gens qui avec un talent indiscuté et même de la bravoure si leur inanité était consciente, remplissent mais des éléments de médiocre puisés dans leur spéciale notion du public, le trou magnifique ou l’attente qui, comme une faim, se creuse chaque soir, au moment où brille l’horizon, dans l’humanité, ainsi que l’ouverture de gueule de la Chimère méconnue et frustrée à grand soin par tout l’agencement social.

Autre chose paraît inexact et en effet que dire ? Il en est de la mentale situation comme des méandres d’un drame et son inextricabilité veut qu’en l’absence là de ce dont il n’y a pas lieu de parler, ou la Vision même, quiconque s’aventure dans un théâtre contemporain et réel soit puni du châtiment de toutes les compromissions ; si c’est un homme de goût, par son incapacité à n’applaudir. Je crois, du reste, pour peu qu’intéresse de rechercher des motifs à la placidité d’un tel personnage, ou Vous à Moi, que le tort initial a consisté à se rendre au spectacle avec son Âme — with Psyche, my soul[9] : qu’est-ce ! si tout se complique, selon le banal malentendu d’appliquer comme par nécessité sa pure faculté de jugement à l’évaluation de choses entrées déjà censément dans l’art ou de seconde main, bref à des œuvres.

La Critique, dans son intégrité, n’est, n’a de valeur, ou n’égale la Poésie à qui elle apporte une noble opération complémentaire, que si elle vise directement et superbement aussi les phénomènes ou l’univers : mais à cause de cela, soit de sa qualité de primordial instinct placé au secret de nos replis (un malaise divin), cède-t-elle à l’attirance du théâtre qui ne doit que montrer une représentation à l’usage de ceux n’ayant point à voir les choses à même ! de la pièce écrite au folio de nature ou du ciel et mimée avec le geste de ses passions, par l’Homme.

À côté de lasses erreurs qui se débattent, voyez ! déjà l’époque apprête la surprise de telle transformation plausible ; ainsi ce qu’on appela autrefois la critique dramatique ou le feuilleton, qui n’est plus à faire, abandonne très correctement la place au reportage des premiers soirs, télégrammatique ou sans éloquence autre que n’en comporte la fonction de parler au nom d’une unanimité de muets. Ajoutez l’indiscrétion, ici les coulisses, riens de gazes ou de vie attrapés entre les chassis en canevas à la hâte mis pour la répétition, délice d’une multitude où chacun veut être dans le secret de quelque chose ne fût-ce que de la redite perpétuelle, et voilà ce qu’au théâtre peut consacrer la presse de fait-divers. Le paradoxe de l’écrivain supérieur longtemps fut, avec des fugues ou points d’orgue imaginatifs, se le rappelle-t-on, d’appliquer le genre littéraire créateur de quoi la prose relève, ou la Critique, à tracer les fluctuations d’un article d’esprit et de mode.


Même dans une Revue, la présomption me semble fausse, en supposant (c’est à le dire fort bas ici) que la nécessité existe de publications confondant l’attribution double vulgarisatrice ou songeuse du journal et du livre. Ce périodique, je voudrais qu’employant l’immunité accordée au recueil de ne parler que généralement et d’évolutions comprises le laps peut-être d’un quart de siècle ou génération, son critère dégagé de l’évanouissement du menu fait ne déchiffrât que l’enlacement mystérieux d’une date spirituelle. L’histoire dans un pays manquant de la pièce ou célébration séculaire du mythe devant le peuple, alors s’écrirait au retour prévu de jubilés, en tant qu’amples morceaux définitifs : de résultat, point, au jour le jour.

Aussi, quand d’un mois ne s’afficha rien, incontestablement, qui valût d’aller d’un pas allègre se jeter dans la gueule du monstre et par ce jeu perdre tout droit à le narguer, soi le seul ridicule ! n’y a-t-il occasion même de proférer quelques mots de coin du feu ; attendu que si le vieux secret de nos ardeurs et splendeurs qui s’y tord sous notre fixité évoque par la forme éclairée de l’âtre l’obsession d’un théâtre encore réduit et minuscule ou lointain, c’est ici intime gala pour soi.

Méditatif :

Il est (invente-t-on) un art, l’unique ou pur, qu’énoncer sera produire : il hurle ses démonstrations par le fait de sa pratique. L’instant qu’en éclaterait le miracle, ajouter que ce fut cela et pas autre chose, même l’infirme tant il n’admet de lumineuse évidence sinon d’exister. Il consentit à prendre pour matériaux la parole : de celle-ci rien ne reste aprè l’édification mais il a épuisé jusqu’aux chuchotements. Seul, le sanglot, survivant à toute expression ; ou ce suspens de la ludicité devenu la larme sublimée de nos yeux.

Quelque impéritie chez le poëte ou défaillance, de ne point mettre à profit afin de se retirer dans l’extraordinaire silence de l’heure, ce sous-entendu, établi entre le besoin public et la fabrication, qui l’exclut.

Noter au gaz, mais sans trahir en de hâtifs discours la munificence versée.

Il fut, ce théâtre le seul où j’allais de mon gré, l’Éden, significatif de l’état d’aujourd’hui, avec son apothéotique résurrection italienne de danses offerte à notre vulgaire plaisir, tandis que par derrière attendait le monotone promenoir. Une lueur de faux cieux électrique baigna la récente foule, en vestons, à saccoche ; puis à travers l’exaltation par l’orchestre d’un imbécile or et de rires, arrêta sur la fulgurence de paillons ou de chairs l’irrémissible lassitude muette de ce qui n’est pas illuminé des feux d’abord de l’esprit. Parfois j’y considérai, au sursaut de l’archet, comme sur un coup de baguette légué de l’ancienne Féerie, quelque cohue multicolore et neutre en scène soudain se diaprer de graduels chatoiements ordonnée en un savant ballabile, effet véritablement rare et enchanté ; mais de tout cela et de l’éclaircie faite dans la manœuvre de masses par de subtils premiers sujets ! le mot restait aux finales quêteuses mornes de là-haut entraînant la sottise polyglotte éblouie par l’exhibition de moyens de beauté et pressée de dégorger cet éclair, vers quelque reddition de comptes simplificatrice : car la prostitution en ce lieu, et c’était là un signe esthétique, devant la satiété de mousselines et de nu abjura jusqu’à l’extravagance puérile de plumes et de la traîne ou le fard, pour ne triompher que par le fait sournois et brutal de sa présence là devant d’incomprises merveilles. Oui, je me retournais, à cause de ce cas flagrant assez pour occuper toute ma rêverie comme l’endroit ; en vain ! sans la musique telle que nous la savons égale des silences et le jet d’eau de la voix, ces revendicatrices d’une idéale fonction, la Zucchi, la Cornalba, la Laus avaient de la jambe écartant le banal conflit, neuves, enthousiastes, désigné avec un pied suprême au delà des vénalités de l’atmosphère, plus haut même que le plafond de Clairin, quelque astre.

Très instructive exploitation, adieu.

À défaut du ballet y expirant dans une fatigue de luxe voici que ce local très singulier deux ans déjà par des vêpres dominicales de la symphonie purifié bientôt intronise, non pas le cher mélodrame français agrandi jusqu’à l’accord du vers et du tumulte instrumental ou leur lutte, prétention aux danses parallèle chez le poëte ; mais un art, le plus compréhensif de ce temps, tel que par l’omnipotence d’un total génie encore archaïque il échut et pour toujours aux commencements d’une race rivale de nous : avec Lohengrin de Richard Wagner.

Ô plaisir et d’entendre là dans un recueillement trouvé à la source de tout sens poétique ce qui est jusque maintenant la vérité ; puis de pouvoir à propos d’une expression même étrangère à nos propres espoirs, émettre, cependant et sans malentendu, des paroles.
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


L’hiver est à la prose.

Avec l’éclat automnal cessa le Vers, qui autorise le geste et un miraculeux recul ; c’était la dernière fanfare si magistralement lancée que j’ai dans l’oreille, du fait de M. Richepin, au succès interrompu par le départ de Scapin en personne : farce superbe où le tréteau s’est agrandi par des arts seuls jusqu’à la scène, comme il le manqua dans le siècle d’imitation antique.

Le silence, seul luxe après les rimes, un orchestre ne faisant avec son or, ses frôlements de soirs et de cadence, qu’en détailler la signification à l’égal d’une ode, tue et que c’est au poëte, suscité par le défi, de traduire ! le silence que depuis je cherche aux après-midi de musique, je l’ai trouvé avec contentement aussi, devant la réapparition[8], toujours inédite comme lui-même, de Pierrot c’est-à-dire du clair et sagace mime Paul Legrand.

L’essor du rideau parmi tant d’impatiences et le frémissement mondain qui s’engouffrent, pour éveiller ce qu’est une fête parisienne de l’esprit, m’en impose : malheureusement, dans le cas de ce si singulier Francillon, il faudra que retombe la toile.

Je m’explique.

Tandis que va le triomphe de cette soirée, une première représentation pour de nouveaux venus toujours, avec son jeu de surprise ! j’entends regretter précisment que la curiosité, une heure durant, se suspende (comme si c’était trop pour l’intérêt que vaut une honnêteté de femme) à la question si l’héroïne s’est fait elle-même justice ou pas. Moi je juge que pour peu qu’un artifice permît à la comédie de durer l’éternité, elle y gagnerait de devenir probante, puisque visée il y a : attendu que tout dénouement obligatoire de théâtre, comme celui qui survient ici, ne peut qu’infirmer le paradoxe.

Malheureusement, je le redis, le rideau tombera ; et descend avec quelque rire dans ses plis relativement à la validité de la thèse qui oppose l’adultère de la femme au manquement chez l’homme.

Loin que j’incrimine le moraliste demandant à la rampe la mise en lumière d’un principe, erroné ou juste, par des personnages contemporains, de s’être servi en véritable homme du métier, simplement et loyalement d’un moyen authentique de théâtre, comme qui dirait un tour ou une jonglerie (tout l’Art en est là !) lequel consiste à feindre son avis prouvé par un fait demeuré hypothétique, le plus de temps que la disposition des spectateurs le permet, pour suggérer cependant à l’esprit des conclusions qui seraient exactes en supposant que le fait sur quoi tout repose fût vrai. Quoi de plus conforme à la loi de Fiction : c’est, par son emploi judicieux, créer de beaux ou salutaires sentiments avec rien dans la main, leur gagnant le temps de prendre possession de vous ; mais pourvu que ce néant ne s’avère pas, avec prestesse dissimulé à l’instant final ! Sinon l’épreuve se retourne ; dans le cas présent, à savoir si une femme ose combattre à armes égales sur le terrain spécial de l’infidélité avec son mari. Il garde, celui-ci, un peu la sérénité ou le triomphe de qui sort indemne d’une mystification. Quitte pour la peur, il a le dernier mot et cette certitude que l’inopiné et farouche démon, notre philosophe, qui, en opposition à de commodes notions ordinaires, incite entre les sexes ce duel identique et quand même, n’a pu qu’ordonner tout bas à la sensitive main féminine de tirer en l’air. Acclamé d’abord à cause des étincellements de la pièce, et quant à sa propre figure même avec tant de soin effacée par l’auteur, il vient au public jeter le nom de M. Dumas, non sans n’avoir rien d’un compère. « Hein ! » je le vois, avec ce clin d’œil supérieur, signifier qu’il est prêt à recommencer.

Y a-t-il lieu de conclure que les ressorts, tout particuliers, de la comédie, dont un est mis en jeu ici avec adresse et puissance, ne valent rien à propos de morale ; vu que ce genre dit sérieux ne fera jamais qu’exalter, parer, solenniser un procédé de farce primitif ?

Plutôt tout étudié, comme le requiert l’œuvre d’un des dramaturges évidents de ce siècle, le théâtre de mœurs où je suis loin de marchander un droit à établir des équations, même sommaires, ne les résoud pas avec un truc employé séparément ; et est-ce de l’opposition entre plusieurs au cours de pièces juxtaposées sinon dans la même, trilogie, etc., que sait, stable, équilibrée, jaillir une Vérité.

Quatre romans ont, de pensée qu’ils étaient, en ce mois repris corps, voix et chair, et cédé leurs fonds de coloris immatériel au carton, à la toile, au gaz.

Si je ne parlais pas, mais du tout, de la Comtesse Sarah ! je sais que le moyen n’a rien de littéraire, et voilà un expédient trop peu compliqué que taire jusqu’au nom de l’auteur, pour lui montrer une indifférence.

Je cite, avant d’en venir aux œuvres d’à présent, une très remarquable adaptation qu’a faite des Mystères de Paris, M. Blum, me contentant de noter cette impression favorite, c’est que des types étranges n’exercent un attrait que dans la réalité ou le vif et entrevus sur la pointe du pied, avant que le détenteur de leur grimace ne pose pour ce que lit de lui mon œil ; or, de seconde main et sur les planches, apporté par le volontaire comédien, adieu cela. Le contraire pour cette instigatrice de toute représentation, la foule ! à qui mêle je considère comme quelque « illustration », dont le besoin se complique chez les simples d’une certaine défiance quant à la véracité de l’écrit, cet album d’images hautes en couleur que l’Ambigu, un des lieux les mieux appropriés et les plus intelligents qui soient maintenant, moderne et tourné vers la reprise des vieux genres, présente de l’anecdote colossale dite par Eugène Sue.

Arrivons.
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