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EAN : 9782909428468
48 pages
Editions de L'Escampette (01/09/1996)
4/5   2 notes
Résumé :
Bernard Manciet est né en 1923. Après différents voyages, il a décidé de faire des Landes où il habite "son lieu fondamental de poésie", et à choisi le gascon comme moyen d'expression privilégié. Son écriture, portée par le souffle des grands mystiques, celui des Psaumes, de Bossuet et d'Hölderlin, et empreinte de spiritualité, est attentive à dégager un sens profond du territoire qu'elle explore, comme Giono ou Faulkner ont su le faire.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Véniels Bernard Manciet(Escasenças) : plaisirs véniels, péchés véniels... Véniel provient du latin veniales, venia qui signifie grâce et faveur. L'ancien français le transforme en pénitence avec l'expression prendre venie qui sous-entend déjà l'idée de pardon. On retient surtout en français moderne l'acception théologique dans l'expression péché véniel qui désigne une "faute digne de pardon (opposé à péché mortel)" (le Petit Robert). D'une manière générale et par glissement sémantique véniel finit par désigner les fautes légères. On trouve également venia en ancien provençal pour désigner la génuflexion. Cette dernière acception donne une orientation de lecture résolument plus érotique au recueil et je ne suis pas loin de penser que l'auteur a joué de cette ambiguïté en traduisant Escasenças en Véniels. Bernard Manciet en effet n'a pas traduit littéralement Escasenças qui désigne les hasards, les occasions. Per escasenças : à l'occasion.

A la lumière des ambiguïtés de ce double titre, la lecture des sept poèmes (Vanille, Laure, Truite, Dune, Lunaire, Pluviôse et Lézard) qui composent le recueil peut alors prendre ou entremêler des chemins divergents : aveu sans pénitence de péchés véniels liés au désir et à la passion amoureuses, de la femme ou de la nature ; blasons sensuels du corps féminins comme un bestiaire élémentaire sur l'autel du plaisir et de la déraison ; et enfin, pris sur le vif, on peut y apercevoir des instantanés du hasard, des visions fugaces dérobées à l'occasion...

J'ai trouvé dans le rythme, dans la recherche paradigmatique (parfums de vanille et laurier, bestiaire inattendu : truite et lézard, éléments naturels, le thème récurrent du bateau, etc.), une filiation baudelairienne : jeu subtil d'évocation des corps, dans leurs parties les plus intimes, dans leurs jeux les plus secrets, sensualité de la nature omniprésente, oscillation permanente entre le prosaïque et le sublimé, langue tressautant comme au bord d'un orgasme mais retenue, mais maîtrisée... Et comme Baudelaire on voit poindre à chaque strophe un nombre incalculable de correspondances où la nature se fait chair et la chair dune... et pourtant, le mot femme n'y est jamais prononcé (à moins que les dessins à l'encre de l'auteur ne disent le mot femme en calligraphie arabe : « Lézard, tu écris sur mon coeur en arabe », Lézard). Car les dessins épurés à l'encre de chine de l'auteur – corps de femmes ondulés, offerts, reposés, stylisés pour ne devenir d'un pictogramme unique – ponctuent ces poèmes et jouent avec le texte comme chat et souris dans la nuit de la page blanche.
Lien : http://www.labyrinthiques.fr..
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Dans ce court recueil qui compte sept poèmes, chacun composés de sept strophes, l'auteur landais, tout en se penchant sur ce qui fait le charme de son pays, interroge les cieux sur la beauté du monde. Les éléments, qu'ils soient végétaux, minéraux ou astraux, sont conviés à une langoureuse célébration de la vie et de la sensibilité. Chaque poème, accompagné de sa version originale en gascon et d'un dessin de l'auteur, est une explosion de tendresse et de nostalgie, un chant - presque une douce sérénade – destiné aux lieux de son enfance. Mais c'est ici l'homme, et non plus l'enfant, qui chante, dotant ses landes d'un érotisme affectueux et complice. Car ces paysages chantés, s'il les connaît bien, le connaissent également. Les vers dénués de ponctuation constituent parfois un obstacle à la lecture, mais la douceur de l'écriture de Bernard MANCIET fait de Véniels un voyage dans les Landes qui a presque quelque chose de religieux.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dune d'écume et d'haleine
j'enserre la poitrine dorée
du jour arrondi en cette rade
et l'aile frêle du ciel neuf

à fleur de peau ce grain de langue
d'ortie de poire ou pain de seigle
sable et sur ta pente subtile
ton cœur ce grain de beauté

gerbe d'ambre qu'en brûlant
je forgeai marbre et bramai arbre
te mordis chanvre et moutarde
je t'emporte belle gerbe
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Vanille tu es mon port marin
mon épaule soulève ce parfum de lointain
de port en tanière puis en clarté
sur ce parfum l'aube dérive

tu arrondis souple Vanille
brugnon lisse ou pêche de rosée
ces sources d'aube mais treille d'étincelles
s'en effruitent de purs perdreaux

te promenant tu es un jardin
de nuit - Vanille - odeur enfant
mais tu flétris : jardin adieu
nul lendemain plus jamais d'aube
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[dernières strophes de "Pluviôse"]

« tu t'éclipses et tu reviens
te secoues comme un jeune chien
te pelotonnes et t'étires
je te tiens pluie dans le creux de la main

autour de moi tu rôdes imprévisible
pluie – par poignées de sel
piqûres de machine à coudre
de tes becquetées je meurs – enfin presque

tu passes et de lierre fiévreux
me recouvre – ma Pluie – et les fougères
dansent lorsque par étrange caprice /
tu enlèves le drap

de pleurs brillante elle s'apaise
créant ce ciel qui le ciel nie
offrande sur moi cette branche
cette pluie de silence »
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Vanilha qu’ès mon pòrt de mar
perhum de lunh mon umba lhiva
de pòrt a jaç de jaç a clar
dessus aqueth hum l'auba driva

sofla qu'ardonas tu Vanilha
prunhon lis o persec d'arrós
dotz d’auba mès d’esperlits trilha
se n'es. hruitan perligais blós

te passèjas e casau qu'ès
de nueit Vanilha oulor mainada
mès t'eslaishís : nat casau mès
doman e d'auba pas mès nada
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Duna d'espuma e d'alenada
qu'abraci lo saure pitrau
deu jorn ardon en taua rada
e l'ala prima deu cèu nau

enter-pèth-e-carn gron de lenca
d'ortic de pera o pan de blat
sable e sus costèra eslanca
ton còr aqueth gron de bautat

garba d'ambra que te d'àrder
harguèi marme bramèi arbe
carbe t'nharrèi e mostarda
larga que te cargui garba
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Videos de Bernard Manciet (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Manciet
À l'occasion du centenaire de Bernard Manciet (1923-2005), une soirée ponctuée de lectures pour célébrer le grand écrivain occitan en présence de Guy Latry, ami et spécialiste de son oeuvre. Entretien avec Katy Bernard
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