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sur 65 notes
Antoine ne garde qu'un seul souvenir de son enfance. Il a huit ans, joue au bord d'une rivière, chute et s'empale sur des troncs d'arbre. Un homme mystérieux le sauve, lui apporte les premiers soins et le dépose chez un médecin. L'accident lui laisse de larges cicatrices sur le torse.
Un soir, alors qu'il regarde une émission sur un tueur en série, il croit reconnaitre dans le portrait-robot du criminel l'homme qui l'a secouru vingt-cinq ans plus tôt. Antoine est devenu veilleur de nuit dans un foyer social qui accueille des enfants. Son témoignage dans l'enquête sur le mystérieux tueur va raviver sa part d'ombre. Il va devoir affronter son traumatisme mais aussi ceux des enfants dont il assure la surveillance, la nuit favorisant la réapparition des vieux démons.

Le roman est court et mystérieux, l'auteur se charge d'ouvrir des portes et laisse le soin au lecteur de les fermer à l'aide de son imagination. Dans la mesure où les personnages sont victimes de troubles psychologiques, cette approche est subtile puisqu'il est difficile de déterminer une vérité là où règne la confusion. Choisir comme narrateur l'employé d'un foyer social est original et j'ai apprécié la manière employée pour traiter des questions de l'identité, de la culpabilité et de la résilience. Je n'ai qu'un seul regret : un style que j'ai trouvé trop neutre.
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J'ai deux cicatrices.
La première est anodine, elle se situe sur mon poignet droit suite à une intervention chirurgicale.
La seconde en revanche, même si je ne m'en souviens plus, est le souvenir d'un acte héroïque. En effet, si mon menton est orné d'une balafre depuis ma petite enfance, c'était lors d'un acte où ma prouesse n'avait d'égale que mon courage.
J'étais âgé d'environ quatre ans. Mes grands-parents me gardaient, quand soudain ...
Le téléphone a sonné !
Je me suis alors mis à courir pour décrocher avant tout le monde.
Dans ma précipitation, j'ai apparemment malencontreusement oublié que j'étais sur une table.
Les lois de la gravité étant ce qu'elles sont, j'ai dégringolé par terre. Je serais bien incapable de vous dire si ma petite frimousse, encore adorable à l'époque, a heurté l'angle du meuble ou si elle a simplement rencontré le sol d'un peu trop près, en tout cas le sang se serait mis à jaillir à flots.
Et moi à pleurer à chaudes larmes.
Complètement affolée, ma grand-mère a prévenu les urgences. Il paraîtrait que j'ai interrompu mes pleurs et lui ai dit de ne pas s'en faire, que ce n'était pas grave.
Quelques points de suture plus tard, j'étais guéri.
Quarante ans plus tard ou presque, l'entaille est quant à elle toujours bien visible.
Indélébile.

Antoine Revin, le principal personnage de Retour à la nuit, a lui aussi quelques cicatrices.
Sur son ventre et son dos, les boursouflures se croisent comme si quelqu'un avait joué au morpion sur son corps avec un cutter. Ou même à puissance quatre.
"Il y en a d'autres encore, différentes ; certaines sont des ramifications secondaires et d'autres se chevauchent."
Ces marques sont les souvenirs d'un terrible accident, lorsqu'il est tombé dans la Vézère.
"Je suis tombé dans une rivière en crue, je me suis fracassé contre des arbres, des rochers, j'avais huit ans."
Mais si aujourd'hui encore Antoine fait des cauchemars suite à cet accident, c'est aussi à cause de cet homme qui l'a peut-être secouru. Un être inquiétant qui aurait procédé aux premiers soins en continuant à graver des fresques sur son jeune corps avant de l'amener à l'hôpital.
S'agissait-il d'un sadique de la pire espèce ou cet individu terrifiant lui a-t-il réellement sauvé la vie ?
"Je sens mes cicatrices. Je les sens toutes. Elles se ravivent."

Un quart de siècle plus tard, Antoine est devenu veilleur de nuit dans un foyer qui s'occupe d'enfants en difficulté. Des gosses de tous âges aux graves difficultés sociales ou judiciaires. Auprès desquels il s'implique au-delà de ce qu'exige sa fonction, en particulier auprès de la jeune Ouria Ben Ouali, anorexique - boulimique à l'existence on ne peut plus tragique.
C'est un métier qui lui convient particulièrement bien, peut-être grâce à ses horaires nocturnes, ou parce que le foyer est particulièrement isolé en pleine forêt.
"J'ai besoin de ces longues heures de silence. J'ai besoin de la nuit."

Et puis le passé va s'inviter au détour de l'émission "Faîtes entrer l'accusé" qui revient sur un ignoble assassinat commis en 1982, un mois tout juste avant la chute d'Antoine dans la rivière et sa confrontation avec l'homme que la police soupçonne d'être "le Découpeur", un tueur en série aux multiples victimes qui a échappé à la justice.
"A ce jour, nous en comptons treize, assassinées et la peau découpée."
Est-ce un innocent qui est enfermé pour ce meurtre violent ? Antoine peut-il aider avec son témoignage à le faire libérer et permettre à la police d'appréhender un dangereux criminel ?

Ni tout à fait thriller, polar ou roman fantastique, Eric Maneval qualifie Retour à la nuit de roman d'angoisse, et c'est en effet le genre qui définit le mieux cette étrange histoire, où la tension présente dès les premières lignes ne fait que prendre de l'ampleur au fil des 120 pages qui composent le roman.
L'auteur parvient à distiller par petites touches exponentielles un climat de plus en plus oppressant.
L'inquiétude croissante provient des comportements de différents enfants : agressivité, cauchemars, troubles psychiatriques, attitudes ambiguës.
Mais aussi de légères touches surnaturelles, si du moins on considère comme telles les médiums ou les transes hypnotiques.
On a l'impression que la folie guette différents personnages, que l'ombre d'un violeur et tueur d'enfants plane, que chacun a son secret profondément enfoui.
Que la nuit s'empare doucement du récit pour le rendre de plus en plus ténébreux.
Eric Maneval confirme ici le talent de conteur que je lui avais découvert avec son roman Inflammation, un style simple et pourtant inimitable, une écriture minimaliste au sens noble du terme.

Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
Les dernières pages.
Je savais que la fin serait ouverte mais là j'ai davantage eu l'impression d'être abandonné en plein roman avec une petite voix qui me dit :
- Ben maintenant, tu te démerdes avec ça.
Certains aspects de l'histoire trouvent bien une conclusion, qui plus est originale, mais pour la grande majorité des intrigues, même en faisant fonctionner mon imagination, je n'ai aucune certitude ou même aucune idée de ce qu'il faut en conclure.
Ai-je été trop inattentif à certains détails ? Est-ce que je n'ai pas l'intellect nécessaire pour rassembler les pièces du puzzle ? Est-ce que je n'ai pas compris dans quelle mesure Eric Maneval tenait à laisser son lecteur dans le doute ?
Quelle que soit l'explication, j'ai terminé le livre avec un goût amer d'inachevé, et je ne suis pourtant pas un lecteur réticent aux fins ouvertes.

Considéré par de nombreux lecteurs de romans noirs comme un chef d'oeuvre du genre, mon incontestable plaisir de lecture a donc été divisé par deux lors d'une conclusion beaucoup trop floue et abrupte.

En guise de cicatrice, c'est celle de la déception qu'aura gravée ce roman dans mon esprit peut-être trop cartésien.


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Voilà un roman plutôt court : 120 pages mais rondement mené sans fioritures ni détours inutiles , un livre à classer dans les thrillers comme je les aime .

Antoine, 8 ans est repêché in extremis alors qu'il allait être emporté par un arbre dans les eaux tumultueuses d'une rivière par un homme blond barbu aux yeux bleus , qui après quelques "soins" plutôt particuliers , dépose le gamin à l'hôpital de Limoges .

Nous n'en saurons guère plus sur ce qui s'est passé en dehors du fait que son corps a gardé des cicatrices spéciales ; depuis,  ces blessures anciennes, il les cache comme il lutte contre les cauchemars et les souvenirs sombres ...

On retrouve Antoine à l'âge adulte alors qu'il est surveillant de nuit dans un centre pour enfants et ados perturbés . Si son boulot consiste à s'assurer qu'il n'y ait pas d'intrusion nocturne dans l'établissement et que les pensionnaires restent calmes , il est difficile pour le jeune homme de rester totalement neutre vis à vis de ces gamins bousculés par la vie et qui ont souvent besoin d'une écoute en dehors du cadre plus codifié des éducateurs dans la journée .

Lors d'une de ses nuits, il reconnait , lors d'une émission sur les tueurs en série,  son sauveur sous les traits d'un homme surnommé le Découpeur et fait part de sa découverte à un journaliste puis à la police ce qui donne un nouveau départ à  l'enquête et aux  recherches mais en même temps Antoine réouvre les portes de son passé, de ses angoisses,  homme fragile et solitaire : la nuit propice aux mauvais rêves et aux illusions , comme le titre l'indique revient .

C'est sobrement et efficacement écrit .

Lu dans le cadre du Polar de Poche de Gradignan .
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En arrivant à la fin de court roman noir, je me suis dit qu'il faudrait le relire pour essayer de comprendre ce que j'avais loupé à la première lecture : comment l'auteur en est-il arrivé à cette fin ?? Elle est surprenante, frustrante, inexpliquée… Est-elle acceptable, vraisemblable… ? A chacun de se faire sa propre idée. le lecteur y sera arrivé au terme d'un texte court (initialement publié en 2009 aux éditions Ecorce et lauréat du prix du polar lycéen d'Aubusson) qui, après tout, commence de façon très mystérieuse aussi, par ce défi que se lance seul Antoine, un gamin de 8 ans, qui se jette dans une rivière en crue, est grièvement blessé par un arbre et est sauvé par un inconnu inquiétant.

Un accident qui nourrit encore les cauchemars d'Antoine, devenu gardien de nuit dans un centre pour ados en difficulté, placés là par les services sociaux ou le juge de la jeunesse. Antoine se sent bien dans la nuit, certains jeunes profitent de cette « relâche » pour se confier à lui, même si cela n'entre pas dans ses attributions et si cela risque de se révéler dangereux, notamment avec la jeune Ouria.

Une nuit, alors qu'il regarde la télé pour se tenir éveillé, passe un numéro de Faites entrer l'accusé dans lequel Antoine reconnaît l'inconnu qui lui a sauvé la vie vingt ans plus tôt. Un homme soupçonné de crimes atroces et toujours en liberté, alors qu'un innocent emprisonné et condamné pour un de ces crimes continue à clamer son innocence. le veilleur de nuit va alors contacter le journaliste qui a consacré une grande partie de son énergie à cette affaire. A partir de ce moment, les événements vont se précipiter dans la vie d'Antoine et celle du centre social, les questions et l'angoisse vont aller crescendo… jusqu'à une fin qui correspond bien au titre : le noir va en s'opacifiant et la fin nous laisse avec bien des questions sans réponses…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Enfant, Antoine a subi un grave accident et a été sauvé par un personnage étrange qui, néanmoins, lui a inspiré une grande terreur. La trentaine maintenant, il travaille comme veilleur de nuit dans un foyer social accueillant des jeunes, aux environs de Limoges. Solitaire, coupé au maximum du monde extérieur, il a réussi à se trouver un semblant d'équilibre dans ce monde de la nuit où il veille sur les jeunes pensionnaires, apaise leurs terreurs nocturnes ou discute avec eux d'une manière plus libre que les éducateurs. Mais, un soir, Antoine voit apparaitre dans une émission de télé traitant d'un fait-divers – le meurtre d'un enfant – un portrait-robot qui le replonge vingt-cinq ans en arrière.

Instiller l'angoisse. Voilà à quoi s'échine Maneval, et avec une redoutable efficacité, tout au long de ce court roman. S'il y arrive si bien, c'est sans doute parce que, malgré la concision d'un récit qui tient en moins de 120 pages, il réussit à donner chair à des personnages complexes entretenant des relations qui le sont tout autant : Antoine, la jeune Ouria fascinée, trop, par ce gardien de nuit aux cicatrices dignes de Frankenstein, mais aussi les détectives, avocats et journalistes qui vont d'une certaine manière vampiriser un Antoine qui s'est tourné vers eux.
Cette efficacité tient aussi à un sens affuté de l'ellipse et à la manière dont Maneval joue avec les différents niveaux de vérités – parce que celle d'Antoine n'est pas celle d'Ouria, de Gaëtan ou du petit Aymerich, encore moins celle de l'inconnu. C'est aussi sans doute la façon dont l'auteur réussit à créer une véritable empathie vis-à-vis d'un personnage principal qui, dans sa difficulté à s'ouvrir au monde, en vient à flirter avec les limites et que l'on voit évoluer constamment en nous demandant ce qu'il a vraiment au fond de lui.

Bref, voilà un roman fort bien mené, tout en finesse et avec une écriture élégante dans sa concision. Maneval a voulu, nous dit la quatrième de couverture, écrire un roman d'angoisse et y a incontestablement réussi. Reste au lecteur une certaine frustration due à la brièveté du texte et à une fin qui, même si elle laisse la porte ouverte à plusieurs interprétations, manque peut-être encore un peu de mystère. Mais, après tout, et en particulier dans ce type de récit, le plaisir ne vient-il pas de cette frustration ?


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Je suis bluffé par la qualité de ce roman publié par une toute petite maison d'édition et passé inaperçu.

Il y est question d'Antoine, veilleur de nuit dans un foyer d'adolescents perturbés, homme stable en apparence, mais que son passé va bientôt rattraper.

Eric Maneval nous livre un roman bref (120 pages), intense, dans lequel la tension monte inexorablement au fil des pages pour atteindre son paroxysme dans un dernier chapitre vif, haletant, brutal.
Et surtout au dénouement inattendu.

Eric Maneval affiche une maîtrise surprenante dans la construction de son récit et l'on se demande sans cesse où il va nous emmener. Autour d'Antoine, le narrateur, évoluent plusieurs personnages qui sont plus que des silhouettes - Ouria l'adolescente trop curieuse, Gaétan le frimeur complexé, Mina la médium, Romero le journaliste - grâce à la vérité des dialogues.

Ma comparaison va peut-être sembler excessive mais elle est sincère : on a vanté à droite à gauche "Seul le Silence" d'Ellory, roman qui traite de la marque indélébile que le passé imprime sur l'esprit de chacun et qui fit beaucoup de bruit en son temps et assura une belle renommée à son auteur. Or, aucun déséquilibre n'est perceptible dans le discours (monocorde) de Joseph, héros finalement très cartésien de « Seul le Silence ». Et cela n'est pas normal. Et en cela le roman est raté. Eh bien, ce déséquilibre, Eric Maneval (et l'on sent là l'expérience de l'éducateur qu'il est) a su le mettre en exergue et d'une manière bien subtile. Laquelle ? Je n'en dirais pas plus. A vous de lire ce petit livre, il en vaut la peine.
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Une excellente surprise à la lecture de ce court roman noir.
Souffrant d'amnésie, le narrateur s'est trouvé un boulot comme veilleur de nuit dans un centre fermés pour mineurs délinquants. Cet exil volontaire dans l'entre-monde nocturne de la marginalité lui apporte une sorte de paix nécessaire pour retrouver la mémoire. L'enjeu porte sur une double enquête : il est interrogé pour identifier un tueur en série tandis que lui-même tente de rassembler les morceaux épars de son identité. Un texte sur le secret et la culpabilité. Toute ressemblance avec la part d'ombre tapie en chacun de nous serait purement fortuite.
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Roman psychologique d'une belle finesse !
Eric Maneval ne tombe pas dans le sordide ni le misérabilisme malgré un sujet délicat (enfance maltraitée et meurtres sanglants) où l'on peut si facilement sombrer dans des descriptions et des situations bien glauques.
Non, il évoque sans s'attarder, dans un style simple.
Il a l'art de nous faire savoir sans dire.
Lu en une soirée, découvrant l'auteur, il m'a fait une très bonne impression.
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L'auteur de ce court roman noir est écrivain et bouquiniste. La conversation avec lui est très intéressante. Je l'avais découvert au hasard d'une nouvelle publiée dans le recueil "Amigo" paru en 2018.
C'est l'histoire d'un veilleur de nuit rattrapé par son passé, sa noyade évitée de justesse à l'âge de huit ans, dans une rivière en aval d'un barrage, de son corps parsemé de cicatrices, peut-être pas seulement son corps…
J'ai lu ce roman avec beaucoup d'intérêt.
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139 pages de pur bonheur, diablement bien écrit. du noir efficace...Je regrette un peu la fin qui m'a laissée en manque de je ne sais quoi, un peu dommage.
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