Avec ce second livre gagné à la loterie Babelio du pique-nique 2022, je suis passée de la violence des tranchées de 14-18 à celles des cités d'aujourd'hui. Les protagonistes font naître des sentiments bien différents. Et pourtant, n'étaient-ce pas essentiellement les gars du bas de l'échelle sociale qui se retrouvaient poilus dans l'infanterie…
On le sait déjà tous mais la narratrice nous le redit en tapant du poing bien fort sur la table pour réveiller les consciences endormies : on n'a pas les mêmes chances, on n'a pas la même vie, d'un côté ou l'autre du périph (parisien).
Grandir entre deux parents avachis qui n'ont rien à vous offrir et même pas un rêve à vous faire miroiter, ça n'aide pas à pousser droit vers le soleil ; c'est un fait. Que l'ennui suinte de tous les murs de la cité et que la violence soit une échappatoire qui permette de se sentir vivre, ça peut se concevoir. Faire cracher au bassinet des nantis qui pensent avec leur queue plutôt qu'avec leur tête, c'est de bonne guerre. Mais il y a des limites à tout. On peut comprendre certaines choses mais on ne peut pas les excuser toutes. Même si d'aucuns débarquent bien à propos pour donner une justification aux actes gratuits, doublée d'une absolution complète et même d'une récompense au Paradis !
C'est bien écrit et on n'arrive pas à lâcher le livre avant la fin, mais je n'ai pas pu adhérer pleinement. le monde est injuste, c'est clair. A la loterie de la vie certains tirent le gros lot et d'autres rien, nul ne le nie. Mais saccager sa cité et y faire régner la peur la rendent-elle plus agréable à vivre ? Et pourquoi, quand on a une vie de merde, vouloir absolument la refiler à une génération suivante ? Tu parles d'un cadeau ! Pour retenir un macho minable ? Enfin, elle a de gros défauts, mais ce travers-là, la narratrice, très peu pour elle !
La littérature suffira-t-elle à la sauver ? A vous de choisir, le roman ne le dit pas. Pour ma part, je trouve son intrusion un peu trop miraculeuse… mais j'avoue ne pas être sensible au talent de
Marguerite Duras !