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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En plus d'être un excellent auteur de polars, Mankell est un fabuleux conteur.
José est boulanger et travaille pour Dona Esméralda. Dans la chaleur de la nuit africaine, on le retrouve sur le toit d'un théâtre, tout près d'un petit garçon, Nelio. Allongé sur un vieux matelas, mourant, Nelio lui raconte son histoire, comment il en est arrivé là, comment il a survécu jusqu'ici dans la rue et pourquoi on lui a tiré dessus.
Et, José, interminablement, parce que l'histoire de Nelio l'a touchée au plus profond de son être, raconte à tout le monde ces neuf nuits qu'il a passées au chevet de ce petit garçon.
Et, ce n'est pas l'envie qui me manque de vous raconter aussi cette belle histoire...
Mankell dépeint dans ce roman une Afrique triste, perdue dans ses conflits ethniques et dans les guerres de pouvoir. L'enfant des rues y est roi, et malheureusement la misère aussi.
C'est un terrible et superbe roman, tout en finesse et poésie.
C'est un roman indispensable pour prendre conscience de certaines situations tragiques.
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Henning Mankell partage sa vie entre la Suede et l'Afrique . de son pays d'origine , il en a tiré l'excellente série policiere des Wallander , flic à l'ancienne , désabusé , exerçant ses talents de fin limier dans une Scanie inhospitaliere au possible . de son pays d'adoption , Mankell livrera des romans beaucoup plus intimes tout en conservant cette plume magistrale toujours prompte à disséquer , analyser et spéculer sur la nature humaine .

José Antonio Maria Vaz est boulanger . Il travaille pour Dona Esméralda , une femme sans age au caractere plus qu'affirmé. Son rituel , se rendre sur le toit d'un théatre , son boulot achevé , afin de communier avec cette ville sans nom , aussi étouffante et sombre que ces nuits d'été récidivantes qui l'engloutissent inlassablement . de toutes ces nuits sans heures , il en est neuf qui resteront indélébiles . Neuf nuits passées au chevet de Nélio , jeune orphelin de dix ans retrouvé le corps criblé de balles . Neuf nuits rémanentes durant lesquelles le gamin mourant confessa une vie aussi breve qu'éprouvante , se livrant et se délivrant coeur et ame à José , dorénavant dépositaire d'un testament spirituel d'une apreté et d'une tristesse ténébreuses .

Mankell excelle donc dans divers domaines . Ses polars m'avaient plus que convaincu . Je découvre une nouvelle facette de ce Suédois prolifique et le moins que l'on puisse dire , c'est que j'en ressors enthousiaste en diable ! L'orphelin Africain , sujet porteur mais casse gueule . Sans tomber dans le misérabilisme , Mankell dresse le portrait d'un Nélio que la brutalité d'un pays gangréné par la drogue , couplé à une fatalité aussi fidele qu'un huissier de justice envers son débiteur , auront fait grandir et périr bien avant l'heure . Nélio a dix ans mais s'exprime déja comme un vieux sage . Son coeur d'enfant n'a que trop souffert le martyre , ses yeux d'enfant n'ont que trop pleuré la perte violente et définitive de proches , d'amis , de parents . C'est un parcours chaotique , brutal , excessif et pourtant , sans nul doute , terriblement commun dans un tel contexte , sur un continent ou la violence et la loi du plus fort regnent en maitres incontestés . Sa famille est attaquée . Décimée . Il en réchappe miraculeusement pour échouer dans cette grande ville dont il ne connait rien ni personne . Vif d'esprit , il s'acclimate rapidement et se lie d'amitié avec l'un des nombreux groupes d'orphelins pullulant dans la cité . Leur quotidien : la mendicité . le partage est de mise au sein de cette petite troupe de laissé-pour-compte . D'un naturel honnete , droit et genereux , Nélio passera rapidement du statut de petit nouveau à celui de chef incontesté . La suite , à vous de la découvrir . Une seule certitude , à la fin de ce bouquin , sa disparition vous laissera comme un grand vide . Nélio , au-delà de l'individu , cristallise l'ensemble de ces gamins livrés à eux-memes et fait réfléchir quand à la condition et la survie d'une telle population vouée , somme toute , à etre dans l'instant plus que dans la vie pour finalement disparaitre dans l'indifférence et l'anonymat le plus complet à un age ou les projets d'avenir devraient etre de mise...La famine taraude le corps et l'ame mais bien moins que ce perpétuel besoin d'amour , que ce sempiternel questionnement identitaire . Tour à tour poete , lyrique et exalté , Mankell n'occulte en rien le tragique destin de ces jeunes sursitaires mais assene son histoire avec une franchise et une pudeur admirables . Comment ne pas éprouver d'empathie pour ce digne gavroche Africain au verbe haut , qui se sait partir et l'accepte comme étant le terminal inéluctable et logique d'une éphémere vie de misere et de souffrances . Mankell a visé juste et fort ! Nélio va me manquer...

Comedia Infantil , véritable testament d'une jeunesse Africaine sacrifiée .
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Premier roman que je lis de Henning Mankell et j'ai beaucoup aimé. L'histoire de Nelio, jeune enfant des rues est raconté par le biais de José Antonio Maria Vaz, le boulanger qui trouve Nelio blessé. Il retranscrit les paroles du jeune garçon qui lui raconte sa vie : comment sa famille fut massacrée, comment il a grandi avec une bande d'enfants dans la rue…
Touchée droit au coeur. L'enfance de Nelio est assez atroce à découvrir mais la suite n'est pas plus rose, heureusement il y a la solidarité avec ses amis, les moments ensemble qui leur permettent de mieux vivre. Quel immense talent de conteur ! La vie de Nelio a parfois des allures fantastiques avec les rencontres étranges ou les facultés qu'on attribue au jeune garçon. L'auteur dénonce la domination, les massacres et la misère qui s'en suit dans une Afrique colonisée.
Dommage qu'il m'a fallu attendre la disparition de cet auteur pour le découvrir ! Je pense le relire plutôt dans ses histoires humanistes que dans ses romans policiers.
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C'est censé se passer en Afrique, mais ça pourrait être en Amérique du Sud, celle de Garcia Marquez, avec le côté rêve, sans âge, sans époque, et qui, pour le coup, se serait croisé avec un Requiem des Innocents de Calaferte, de la lutte, des enfants des rues, en moins trash, bien que.
Ca donne un livre honnête, parfois touchant. Qui n'est pas un grand livre à mes yeux mais qui vaut mieux qu'un moyen qu'un banal, qu'un bof mouais.
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Le boulanger Vaz, assis sur un toit contemple les cieux tout en regardant les petites lumières de la ville qui s'étale à ses pieds. Il a une mission à remplir : il lui faut transmettre le récit que Nélio, cet enfant extraordinaire ayant la sagesse d'un vieillard, lui a conté au cours des neuf nuits qu'a duré son agonie. Il avait été mortellement blessé par balle et Vaz l'avait recueilli et caché sur son toit.
Par la voix de Nélio, Henning Mankell nous raconte l'Afrique et ses maux, le colonialisme et ses injustices, la rébellion de la jeunesse, la vie misérable des pauvres gens, la corruption, les pillages, les massacres perpétrés au nom de la liberté et surtout, il nous parle de ces bandes de petits orphelins livrés à eux-mêmes dans des villes inhospitalières, animés d'une formidable force de survie …
Ce roman, écrit en 1995, trouve des échos en 2016 avec les fanatiques d'aujourd'hui qui pillent, violent, massacrent au nom de leur Dieu. Un livre à ne pas éviter.
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Ce pourrait être une comédie,
Ce pourrait être un drame qui relate la vie d'un jeune noir,
Ce pourrait être tout ça ... mais
C'est surtout une fable, qui décrit un continent, un continent que nous avons, nous les blancs, asservi, dénaturé.
Un continent que nous nous sommes empressés de fuir quand la peur s'est emparée de nous, un continent laisser pour compte.
Peut on faire un parallèle entre les blessures de Nelio et les blessures que nous avons faites au continent Afrique, des blessures sur lesquelles nous nous sommes contentés d'appliquer des remèdes miracles dont on ne croyait pas vraiment à leur vertus thérapeutiques.
Les pages du livre enchaînent la narration des nuits nécessaires à l'écoute de ce que fut une vie.
Le continent africain aura t il aussi la patience de laisser s'écouler ces nuits qui aboutiront à la dernière nuit ?
La dernière nuit sera t elle notre dernière nuit à nous les colonisateurs ?
Fable sur notre monde, sur un continent sacrifié, sur la mort.
Fable tout en délicatesse pour nous aider à réfléchir aux rôles, aux décors, au scénario de la pièce de théâtre que pourrait être notre vie.
Mon très cher Henning, j'espère qu'au jour d'aujourd'hui tu as trouvé de l'autre côté de notre monde, des ailes pour que ton âme supporte "de rester immobile à l'ombre d'un arbre pendant tout le temps que tu vas passer dans le paysage mystérieux de l'éternité."
Et peut être qu'un jour tu viendras sous la forme d'un petit papillon de nuit te poser à côté de moi pour nous apporter la réponse que nous attendons tous "est il possible d'aimer la mort ?".
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Un roman du meilleur auteur de polar suédois du monde qui, cette fois, n'est pas un polar ! Mankell ayant partagé sa vie entre la Suède et le Mozambique, c'est cette fois-ci sur la tragédie de l'Afrique qu'il écrit. C'est l'histoire d'un enfant mozambicain de onze ans qui s'est pris deux balles dans la jambe et qui, à l'agonie, raconte son histoire à un employé de la boulangerie du coin. Contraint de fuir après que son village ait été exterminé par des pillards, il va se réfugier dans la capitale où il vivra dans la rue avec d'autres enfants, dont il deviendra chef de bande.
Ce n'est pas bien joyeux comme histoire. Ca change radicalement de la série Wallander (qui ne baigne pas non plus dans l'optimisme, soit dit en passant...), mais c'est très bien aussi dans un autre genre. C'est très bien écrit et assez poignant. Henning Mankell montre qu'il est un très grand auteur à la fois par son style et par les émotions qu'il véhicule de par son écriture, et aussi par sa faculté à se diversifier et à écrire de bons livres dans des styles très différents.
Cela étant, à titre personnel, je préfère la série Wallander. Peut-être parce que je ne suis pas spécialement attiré par l'Afrique? Ou alors peut-être que je préfère le polar en tant que style, et que c'est l'un des maîtres du genre... Malgré tout, Comedia Infantil est un très bon livre .
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J'aime beaucoup cet auteur. avec ce roman nous sommes plongés au coeur de l'Afrique, auprès de la misère et des enfants de la rue. Dure réalité dépeinte par Mankell qui nous plonge dans cet univers avec brio.
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C'est le deuxième livre d'Henning Mankell que je lis. le premier, c'était « les chaussures italiennes » et j'avais adoré l'atmosphère de son livre qui se passait en Suisse. Henning Mankell est décédé le 5 octobre dernier et j'ai eu envie de passer un moment avec cet auteur suédois et aussi je dois dire de lui rendre hommage. Ici, cela se passe en Afrique, c'est en quelque sorte le deuxième pays de Mankell puisqu'il a longtemps partagé sa vie entre la Suède et le Mozambique où il a même dirigé une troupe de théâtre, ce thème-là est d'ailleurs important dans ce livre . On ne sait pas où se situe l'action mais on comprend que c'est un pays d'Afrique de langue portugaise au bord de la mer où il y a des blancs, des noirs et des indiens qui sont souvent commerçants. C'est une ville immense où débarquent sans cesse de nouveaux arrivants qui se font « absorber par la ville ». Peut-être est-ce au Mozambique ? Je ne sais pas, ce que je sais c'est que j'ai beaucoup aimé ce livre dont les chapitres sont découpés chronologiquement en nuits. Il y en a 9, la première c'est la rencontre entre José Antonio Maria Vaz boulanger depuis l'âge de six ans et Nélio, un enfant des rues qui est mortellement blessé. le pays est en proie à une guerre civile, Nélio a dû fuir le village dévasté de son enfance heureuse, c'est le seul rescapé de la folie meurtrière qui s'est abattue sur son village une nuit. Un jour, un terrible choix lui sera demandé pour sauver sa propre vie et de là découlera son avenir. Lors de la dernière nuit, il mourra et le héros décidera de la suite à donner à sa vie. Au cours des 9 nuits, il soigne Nélio qu'il a installé sur le toit qui domine la ville, et on apprend l'histoire de cet enfant des rues qui a 10 ans et qui parfois en paraît 90 tellement il a de sagesse et de vécu dans ses propos. Peu à peu, son histoire déchirante et douloureuse se dessine au fil des pages. On découvre la vie de ces enfants des rues laissés à eux-mêmes dans un monde bien rude où ils n'ont aucune échappatoire. Ils vivent dans la saleté, la pauvreté et dorment dans la rue dans des cartons. Nélio est un enfant qui devient meneur de bande. Ili est empreint d'une grande sagesse malgré son jeune âge. On a l'impression qu'il sait tout de la vie comme s'il avait vécu des dizaines d'années. Peu à peu, le texte devient poétique et on se laisse emporter par la folle imagination enfantine de Nélio qui veut offrir de la beauté et du rêve à un de ses jeunes amis de la rue qui est bien malade. Il a une grande force de survie en lui-même et on espère tout le temps qu'il va s'en sortir. Mais la réalité est dure, âpre, éprouvante et d'une infinie tristesse. C'est l'Afrique avec des enfants qui doivent survivre dans une jungle urbaine où ils côtoient les hommes, la vie, la mort mais aussi les esprits qui sont très présents. Nélio est différent des autres enfants qui le respectent ; c'est le seul à se poser des questions sur l'existence mais qui a comme les autres une seule préoccupation journalière : survivre. Dans ce livre, l'espace est assez restreint puisque tout se passe entre la boulangerie, le toit terrasse et sa vue sur la ville, le vieux théâtre voisin et une placette avec une statue tout près de là et pourtant on ne se sent pas enfermés. C'est peut–être l'impression de liberté que nous donne Nélio et sa bande d'enfants des rues. Souvent, j'ai eu l'impression de redécouvrir Kirikou et son conte initiatique mais ça je crois que c'est la magie de l'Afrique qui opère à travers les mots de Mankell. La rencontre avec un nain blanc appelé Yabu Bata à la recherche du sentier de ses rêves et de sa drôle de valise y est beaucoup pour quelque chose. J'ai adoré ce passage où Nélio découvre la mer. J'aime beaucoup le titre « Comedia Infantil », où on s'attend à une comédie joyeuse avec des rires, de la folie, du plaisir et en fait c'est plutôt « Tragédie de l'enfance » qui serait le terme le plus approprié même si on sent une toute petite lueur d'espoir. le boulanger du départ deviendra même « Chroniqueur des vents » avec pour unique auditeur « la mousson venant de la mer ». Sa rencontre avec Nélio bouleversera sa vie à tout jamais. A aucun moment, Mankell n'est entré dans du misérabilisme mais cette histoire devient un vrai conte africain qui m'a beaucoup touchée. Je terminerai par cette belle parole en citant Nélio dans le texte : « Mon père qui était un homme sage m'a appris à tourner la tête vers les étoiles quand la vie est trop difficile. Tout ce qui paraît insurmontable devient alors petit et simple. »
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