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Critique de Sarindar


Quel est, de tous les écrivains de langue allemande, celui qui a le mieux parlé des hommes de lettres qui avaient laissé en lui une trace indélébile et qui restèrent dans son coeur des compagnons tout au long de sa vie ?

Ce n'est pas Stefan Zweig, malgré la beauté de ses essais et l'engouement de plusieurs générations pour ses écrits et sa personne, qui peut répondre à ce portrait.

Il y a quelque chose de plus esthétique, de plus profond, de plus sérieux, de plus classique, de plus intellectuel et en même temps de plus savoureux dans les textes de Thomas Mann qui traitent de l'oeuvre, de la pensée, de la vie de ces géants que furent Goethe et Tolstoï et de la place qu'ils occupent toujours tous les deux dans l'histoire culturelle de l'Europe.

L'auteur des Souffrances du jeune Werther, des Années d'apprentissage et des Années de voyage de Wilhelm Meister, des Affinités électives, du Divan oriental et occidental et du Faust nous apparaît comme un maître régnant placé au sommet d'un Olympe de l'esprit et comme la quintessence de l'art et de la culture germaniques, et même si Schiller nous est présenté presque comme son égal, dans une sorte de fraternité idéalisée, c'est bien l'homme de Weimar qui reste, et de loin, le "héros" aux yeux de Thomas Mann, et qui se partage sa préférence avec Kleist Novalis, Chamisso, Schopenhauer et Nietzsche.

L'un des autres pôles attractifs, qui, pour d'autres raisons, retient l'attention de l'auteur des Buddenbrook et de la Montagne Magique, c'est Tolstoï, qui personnifie pour lui, avec Anton Tchékhov, la culture slave dans ce qu'elle offre de meilleur. L'auteur de la Guerre et la Paix et d'Anna Karénine est aussi pour lui ce membre de l'aristocratie terrienne qui a su anticiper au XIXe siècle les grands mouvements sociaux qui allaient bouleverser le XXe siècle et émanciper les Moujiks qui travaillaient dans son domaine.
Il existe un autre essai de Thomas Mann qui, traduit en français, est intitulé : Noblesse de l'esprit. Et ce sont exactement les mots qui nous viennent quand nous lisons Goethe et Tolstoï. Pas un texte de Thomas Mann sur les grands écrivains n'échappe à la règle qui veut que ce grand romancier, se transformant en génial essayiste, nous entraîne sur les cimes et nous donne l'impression de toucher de près la beauté artistique dans ce qu'elle a de plus parfait.

François Sarindar





On se sent grandir à la lecture de ce texte
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