Bingo, voilà mon premier coup de coeur pour l'année 2024 ! Bon, je ne prenais pas trop de risques non plus, je jouais le cheval gagnant avec Manook qui retournait en Mongolie pour dresser son récit.
La Mongolie ! Je me doutais que la cavalcade serait belle, puissante, profonde et que j'en ressortirais secouée, mais heureuse. Avec ses romans, peu de chance de finir dans la fin du classement puisqu'ils sont souvent dans le tiercé gagnant.
Attention, chevaucher aux côtés de l'auteur n'est jamais sans risque pour votre petit coeur, parce que, comme toujours, dans son roman, il va y incorporer des véritables morceaux d'Histoire, de faits réels et y ajouter tout l'illogisme et l'hypocrisie du régime communiste.
Alors oui, les premières pages sont dures, violentes, montrant toute l'ignominie des soldats qui obéissent aux ordres d'un fanatique, d'un homme imbu de son pouvoir, de sa puissance et de sa certitude qu'il faut éradiquer cette société rétrograde de nomades et les transformer en prolétaires… Sérieusement, les gars ? (ironie)
Dans un pays fait de steppes immenses et d'éleveurs de chevaux, de rennes, de yacks, de chèvres,… le prolétariat est impossible, mais au communisme, rien n'est impossible, sans doute, même pas la connerie et l'imbécilité. Surtout pas les violences et l'acculturation des autres, le dénigrement de leurs croyances.
Ce récit est un formidable récit d'aventures, de galopades, de vie nomade, de culture mongole et touva, de personnages qui ne veulent que conserver leur liberté et que le grand frère russe foute son camp, avec son communisme à la noix, violent et inutile. C'est aussi le récit de la vengeance d'une femme,
Aysuun, personnage marquant, fort, indépendant, libre et attachée à sa culture, sa famille, ou ce qu'il en reste.
C'est un récit aux paysages magnifiques, dont on voudrait voir en technicolor ou mieux, sur place, afin de se gorger de ces steppes, montagnes, animaux fabuleux qu'ils comportent (loups et aigles). Pour la cuisine, j'éviterai, rien ne me tente vraiment. par contre, faire l'amour sous le ciel immense et sous une fourrure douce de femelle yack, je suis partante !
La petite touche de fantastique, de magie, de chamanisme, d'inexpliqué, passe très bien dans ce récit, puisqu'il se déroule sur des terres sur lesquelles le chamanisme et les croyances sont très fortes.
Mais le plus important n'est pas là, c'est surtout dans le fait que des hommes et des femmes se battent pour rester libre, pour que leur culture vive, survive, eux qui voient tous les jeunes aller s'échouer dans des grandes villes polluées, déracinés, ne plus être reliés à leur terre mère, nourricière, à leur culture et leurs croyances.
Mélangeant habillement l'histoire d'une vengeance, l'Histoire avec un grand H, la fiction, le chamanisme, la nature âpre, la politique de l'URSS, le récit d'aventure pure et dure, l'auteur nous propose un grand roman, beau et violent à la fois, portés par des personnages forts, touchants, inoubliables (
Aysuun en fait partie) et un méchant imbu de lui-même, fat, persuadé qu'il a raison et que les autres sont des dégénérés qu'il faut asservir, exécuter, ou éradiquer de leurs terres.
Un récit qui se dévore presque d'une traite, qui se lit les yeux grands ouverts, qui se déguste avec ferveur, tant ce qui est dit dedans n'est que vérité et que l'on a envie de pleurer, une fois de plus, sur les exactions commises par les Hommes envers ses semblables.
Un roman puissant, fort, beau comme un cheval au galop et qui, comme un ouragan, a tout emporté (oui, chantez, maintenant).
Que la route te soit blanche, petit frère, petite soeur, grand-père et grand-mère.
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