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Plonger dans un nouveau roman signé Yan Manook est toujours un vrai régal et Aysuun ne déroge pas à la règle, en ce qui me concerne. Une fois de plus, l'auteur que j'avais découvert avec Yeruldelgger, m'a emmené loin, dans les steppes d'Asie faisant partie de l'ex-Urss.
Nous sommes en 2023 et c'est une très vieille femme qui raconte. C'est Aysuun. Elle a 106 ans et toute sa tête pour raconter sa légende à un étudiant qu'elle nomme petit frère, comme c'est la coutume chez les Touvans, son peuple, dont elle va nous détailler de nombreuses coutumes et traditions au cours du récit d'une vengeance extraordinaire.
Fidèle à son habitude, Ian Manook, intitule chaque chapitre avec les derniers mots de celui-ci. C'est amusant et souvent déroutant. Sans délai, il m'aspire, par l'intermédiaire de son héroïne, dans une histoire folle, pleine de rebondissements, de surprises et de coups de théâtre.
Aysuun a 13 ans lorsque le drame survient, drame qui va pulvériser sa famille et la marquer à jamais. Comme tous les nomades de la région, ils vivent dans une yourte, élèvent quelques chèvres et respectent viscéralement la nature, même s'il faut prélever de quoi se nourrir, toujours avec le plus grand respect.
Le pouvoir communiste tente d'éradiquer le nomadisme. Pour cela, tous les moyens sont bons, même les plus atroces comme violer, tuer, avilir.
Vingt ans plus tard, Mongols et Touvans sont toujours oppressés par l'empire soviétique, même après la disparition de Staline. Aysuun est devenue une excellente cavalière. Oligbay, fille des steppes est son amie et elles vivent dans le district militaire de Transbaïkalie. Je ne le répèterai jamais assez mais qu'elles sont belles les descriptions de la steppe autrefois ! Ian Manook sait faire vivre faune et flore de manière remarquable, faisant prendre conscience, une fois de plus, si s'est nécessaire, combien les humains se croyant évolués ont tout saccagé.
Le commandant Bolchakov dirigeait le secteur mais voilà qu'arrive un colonel, nommé Kariakine. Il vient suppléer Bolchakov et veut tout réorganiser. Tellement imbu de sa personne, son mépris n'a d'équivalent que sa cruauté envers ceux qui sont censés le servir. Ce dénommé Kariakine, Aysuun l'a reconnu. Lorsque celui-ci décide de parader sur Tara, son Akhal-Teke, une des plus anciennes races de chevaux du monde, l'histoire s'emballe… et va me captiver jusqu'au bout.
Au coeur des légendes des Touvans, au plus près des pratiques chamaniques, tout devient vivant. Même le menu de Kariakine est détaillé avant de découvrir ce que mangent Aysuun et ses amis, au fil de l'histoire. Traditions, superstitions côtoient l'évidence. Tout cela agrémenté des noms du terroir que l'auteur ne manque pas de traduire, d'expliquer pour faciliter la compréhension.
Dans cette véritable ode à la nature, à la vie sauvage, il faut souligner l'importance des chevaux, mais aussi des rennes, des loups, des ours et surtout d'un aigle.
Avec ça, l'histoire est palpitante, jubilatoire par moments et même érotique grâce aux amours d'Aysuun et Tumur. Ah ! Faire l'amour sous un ciel étoilé au coeur de la steppe ! Inégalé !
Aysuun réserve donc d'agréables séquences qui agrémentent de terribles moments, de surprises incroyables, jusqu'à la dernière ligne. Une fois de plus, Ian Manook (Patrick Manoukian) m'a conquis et je sais que je ne raterai pas son prochain roman.

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Aysuun de Ian Manook, un coup de coeur. Superbe récit, un dépaysement total dans ces immenses steppes de Mongolie, admirablement bien écrit. Une aventure touchante, au sein de ces peuples nomades. La nature, magnifique est omniprésente, ainsi qu'une harde sublime de chevaux sauvages, sans oublier, les loups, les aigles, les ours.

Aysuun, 106 ans, raconte sa vie, comme elle l'a vécu à un étudiant.
« Bon, ma légende, tu veux la connaitre, c'est bien ça ? Pour ton mémoire d'ethnologie ? Je veux bien, mais es-tu prêt à croire ce que je vais te raconter ? Ce n'est pas seulement mon histoire, petit frère, c'est aussi celle d'époques passées, de peuples perdus, de traditions oubliées. de steppes meurtries. Il faut, pour que tu la comprennes, accepter de croire aux esprits-maîtres, à la puissance des èèren en plumes de paon ou en rameaux d'haragan, aux quarante et un cailloux du khuvaanak, aux vajra qui dissipent les obstacles, aux bienfaits sacrés de la cuillère à neuf trous, au ciel blanc contre le ciel noir… »

En 1930, au nom de la «campagne de pacification », des militaires soviétiques, menés par le major Kariakine, qui respectait les ordres à la lettre…ont essayé d'éliminer, les peuples mongols et touvans, Ils tuaient, pillaient, violaient. Ils n'étaient pour rien, ils obéissaient à la grande Russie…

« Aucun de ces misérables culs-terreux de nomades, Mongols, Touvans, Kazakhs ou n'importe quoi, ne doit se mettre en travers des jours glorieux qu'ont décidés pour eux les pères de la révolution. Lui, il est fier et sans honte aucune de participer à la campagne de pacification ordonnée par le camarade Staline, contre ces peuplades sauvages. »

De cette barbarie, Aysuun et sa mère seront les seules survivantes, violées, laissées pour mortes, elles seront sauvées in extremis par un chaman.

Vint-cinq ans plus tard, elle croisera à nouveau la route de son tortionnaire. Aysuun, la rage au coeur, décidera de se venger, en l'entrainant dans une course effrénée, au milieu de ces vastes terres, aidée, par ses amis, les animaux sauvages, et le chamanisme. Face à cette cruelle réalité, ces femmes et ces hommes, ne font qu'un avec leur environnement. Ils vivent en harmonie, aidés de leurs croyances, leurs coutumes, la faune, la flore, l'eau. Sublime.

Une femme intelligente et forte, elle sait ce qu'elle veut. Des rebondissements, du suspense, de l'amour, un très beau roman. Comme toujours, les soviétiques, veulent détruire, toutes ces cultures, qui ne font pas corps, avec leurs idées et annihiler toute rébellion.

Lisez-le, vous ne le regretterez pas. Bonne lecture.
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Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà lu des récits concernant les exactions des soviétiques sous prétexte d'une campagne de pacification sur le peuple mongol et le peuple touva au début du XX eme siècle.

En 1930, le major Kariakine et ses hommes massacrent la famille d'Aysuun, 13 ans à l'époque et laissent pour mortes Aysuun et sa mère après les avoir violées .

C'est le début de l'histoire que Aysuun , fille du peuple Touva raconte à un jeune étudiant .
Au moment de ce récit, elle est une très vieille dame et elle a vu son monde se transformer radicalement .

Peuple nomade, les touvans vivent dans la steppe sibérienne avec leurs troupeaux de rennes, guidés par leur chaman .

Ian Manook a l'art de nous transporter dans cette nature sauvage, de nous faire pénétrer par le bon coté dans les yourtes , de nous faire gouter la Vodka au lait de jument , de nous faire chevaucher au milieu de la harde des chevaux et de nous faire écouter les paroles du chaman. Il est un des leurs quand il écrit ...

Lorsque Kariatrine devenu Colonel réapparait dans ce territoire,25 ans plus tard, le moment de la vengeance sonne comme une évidence pour Aysuun.

Le faire souffrir au plus profond de son être , le toucher sur ce qu'il a de plus cher , c'est une vengeance murie, aidée par tous les membres de sa communauté et par les esprits qui vivent en eux depuis longtemps.

Femme au courage et à la détermination sans faille, Aysuun est tantôt le chasseur, tantôt la proie .

Une très touchante héroïne qui va marquer ma mémoire .
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Retour aux sources, pourrait-on penser, sur les terres des premiers succès de Ian Manook avec la trilogie Yeruldelgger. Cependant, ceux qui imaginent retrouver la même ambiance avec Aysuun en seront pour leurs frais.

Du moins, dans le genre du livre, cette virée s'apparente davantage à une aventure humaine doublée d'une fiction historique. Avec comme toile de fond la Mongolie, avec ses steppes, ses chevaux, ses femmes, ses hommes et ses traditions.

Il s'agit du récit à la première personne d'une femme au crépuscule de sa vie, vieille de tant d'années, de tant d'événements et de souffrances. C'est l'histoire d'une jeune fille déjà morte à l'intérieur, qui va se battre pour survivre et revivre, avec en ligne de mire la vengeance, l'un des moteurs les plus anciens.

Aysuun se raconte du haut de ses cent six ans, revenant loin en arrière, en 1930, quand elle a été laissée pour morte avec sa mère après un massacre d'une violence terrible. Les responsables ? L'armée soviétique, engagée par la terreur dans l'extension de la pensée communiste, au point de raser net tout ce qui constitue l'âme d'un pays.

La Mongolie et le territoire de Touva se retrouvent sous « protection » russe. Plus rien d'autre ne compte que la Grande Idée communiste, surtout pas les habitants de ces contrées qui vivaient jusqu'alors au plus près de leurs traditions.

Le roman baigne dans celles-ci, entre rites et coutumes, folklore et chamanisme. Il explore l'héritage fort des ancêtres de ce peuple de nomades qu'on tente de forcer à la sédentarité.

Ian Manook nous a déjà habitués à des personnages forts, inoubliables. Sans l'ombre d'un doute, Aysuun en fait partie, peut-être même le plus touchant, clairement l'un des plus marquants.

Après l'horreur vécue durant sa jeunesse, avec une mère qui n'est plus qu'une morte-vivante depuis, elle a su montrer une force de caractère étonnante pour se reconstruire.

Cependant, quand on est marqué dans sa chair, on ne peut pas oublier. Alors, quand son bourreau recroise son chemin 25 ans plus tard, son seul trépas ne peut la contenter. L'agonie vengeresse devra être longue, et Aysuun fait preuve d'une grande créativité en la matière, accompagnée de ses amis.

C'est un formidable voyage auquel nous convie l'auteur, à travers ce pays lointain, ses moeurs, ses croyances. Un récit teinté d'un profond respect pour ce qui constitue l'ADN de ses habitants. Une virée d'un grand dépaysement, menée de main de maître par un Ian Manook habité par cette âme nomade, et qui n'est jamais aussi bon que quand il nous plonge dans ce genre de récit voyageur.

Avec un arrière-plan historique fouillé, révélateur des atrocités perpétrées au nom d'une idée, quand les Hommes se comportent bien pire que des animaux.

Au-delà d'une humanité touchante au possible, c'est l'autre grande force du roman, ainsi nous rappeler/montrer la manière dont on a voulu effacer l'esprit de tout un pays, tout un peuple.

Le livre n'est pas un polar, il n'empêche qu'il réserve nombre de surprises, se lit avec les yeux grands ouverts, à suivre cette vendetta mongole. C'est plein d'inventivité, surprenant de bout en bout jusqu'au final.

325 pages d'immersion dans un autre monde, une autre culture, d'autres pensées, si bien racontées qu'on s'y croirait. L'empathie joue à fond, tant le talent du narrateur sait nous faire vibrer à l'unisson de ses protagonistes.

Aysuun, entre souffle, appel, plainte et hurlement, un cri du coeur pour ce personnage de ce qui est pour moi l'un des meilleurs romans de Ian Manook.
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Avant la purge russe des années trente qui voulait en faire des prolétaires soviétiques, les nomades de Mongolie et leurs frères Touvains vivaient heureux dans les vastes steppes du sud de la Sibérie. Lors du massacre de toute sa famille, Aysuun, à peine adolescente, et sa mère, ont été violées et battues mais miraculeusement épargnées. Vingt-cinq ans plus tard, Aysuun retrouve son bourreau à la tête d'un fortin de l'empire et décide de se venger.
Elle peut compter sur une poignée d'hommes fidèles ou de chamans influents. Ils vont dans un premier temps rendre fou de rage le tortionnaire en lui volant son plus cheval et en l'entraînant, lui et ses hommes, dans une traque dont ils ne maîtrisent absolument rien.
Cette intrigue puissante en symboles fourmille de détails sur le quotidien des mongols et des Touvains, sur leurs habitations (yourtes) et leurs us et coutumes. C'est également une belle ode à la nature et aux liens que les nomades entretiennent avec la terre, les plantes, l'eau et les animaux. Enfin c'est un bel hommage à ces peuples libres et un cinglant réquisitoire contre la colonisation russe.
Entre ethnologie et poésie, entre suspense et légèreté, entre chamanisme et fantastique, entre douceur et violence, Ian Manook signe ici un très beau roman
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Aysuun – Un Livre de Ian Manook (Français, né en 1949) Auteur de « La vengeance d'une femme » aux éditions Albin Michel – le 2 Novembre 2023

L'auteur nous accroche avec ses premières pages en « tu » « tu veux savoir la légende » j'avoue que cette présentation débutante et déroutante est rondement menée.

Une petite fille de 6 ans garde les chèvres « tu n'es pas trop jeune ? »
« Où est ta famille ? »

Le narrateur parle aussi d'une vie de 106 ans, ce qui est probablement une exagération.

Il y a eu un massacre et les gars n'ont sauvés que les chèvres. « Ces putains ne sont pas dignes d'enfanter nos bâtards » (à propos des femmes qu'ils ont massacrées)(disent-ils pour se dédouaner) la lame de la vengeance se dessine doucement.

Je n'ai pas trop aimé le rythme / le tempo, les dialogues sont bien présents, c'est déjà ça, mais ils sont mal répartis avec les description. C'est pour cela que cette histoire a un bémol même si elle partait bien.

Pour avoir chroniqué plus de 500 livres je peux vous dire une chose, s'il est facile d'écrire un bon début, il est beaucoup plus dur d'écrire une belle suite.

Phoenix
++
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Bingo, voilà mon premier coup de coeur pour l'année 2024 ! Bon, je ne prenais pas trop de risques non plus, je jouais le cheval gagnant avec Manook qui retournait en Mongolie pour dresser son récit.

La Mongolie ! Je me doutais que la cavalcade serait belle, puissante, profonde et que j'en ressortirais secouée, mais heureuse. Avec ses romans, peu de chance de finir dans la fin du classement puisqu'ils sont souvent dans le tiercé gagnant.

Attention, chevaucher aux côtés de l'auteur n'est jamais sans risque pour votre petit coeur, parce que, comme toujours, dans son roman, il va y incorporer des véritables morceaux d'Histoire, de faits réels et y ajouter tout l'illogisme et l'hypocrisie du régime communiste.

Alors oui, les premières pages sont dures, violentes, montrant toute l'ignominie des soldats qui obéissent aux ordres d'un fanatique, d'un homme imbu de son pouvoir, de sa puissance et de sa certitude qu'il faut éradiquer cette société rétrograde de nomades et les transformer en prolétaires… Sérieusement, les gars ? (ironie)

Dans un pays fait de steppes immenses et d'éleveurs de chevaux, de rennes, de yacks, de chèvres,… le prolétariat est impossible, mais au communisme, rien n'est impossible, sans doute, même pas la connerie et l'imbécilité. Surtout pas les violences et l'acculturation des autres, le dénigrement de leurs croyances.

Ce récit est un formidable récit d'aventures, de galopades, de vie nomade, de culture mongole et touva, de personnages qui ne veulent que conserver leur liberté et que le grand frère russe foute son camp, avec son communisme à la noix, violent et inutile. C'est aussi le récit de la vengeance d'une femme, Aysuun, personnage marquant, fort, indépendant, libre et attachée à sa culture, sa famille, ou ce qu'il en reste.

C'est un récit aux paysages magnifiques, dont on voudrait voir en technicolor ou mieux, sur place, afin de se gorger de ces steppes, montagnes, animaux fabuleux qu'ils comportent (loups et aigles). Pour la cuisine, j'éviterai, rien ne me tente vraiment. par contre, faire l'amour sous le ciel immense et sous une fourrure douce de femelle yack, je suis partante !

La petite touche de fantastique, de magie, de chamanisme, d'inexpliqué, passe très bien dans ce récit, puisqu'il se déroule sur des terres sur lesquelles le chamanisme et les croyances sont très fortes.

Mais le plus important n'est pas là, c'est surtout dans le fait que des hommes et des femmes se battent pour rester libre, pour que leur culture vive, survive, eux qui voient tous les jeunes aller s'échouer dans des grandes villes polluées, déracinés, ne plus être reliés à leur terre mère, nourricière, à leur culture et leurs croyances.

Mélangeant habillement l'histoire d'une vengeance, l'Histoire avec un grand H, la fiction, le chamanisme, la nature âpre, la politique de l'URSS, le récit d'aventure pure et dure, l'auteur nous propose un grand roman, beau et violent à la fois, portés par des personnages forts, touchants, inoubliables (Aysuun en fait partie) et un méchant imbu de lui-même, fat, persuadé qu'il a raison et que les autres sont des dégénérés qu'il faut asservir, exécuter, ou éradiquer de leurs terres.

Un récit qui se dévore presque d'une traite, qui se lit les yeux grands ouverts, qui se déguste avec ferveur, tant ce qui est dit dedans n'est que vérité et que l'on a envie de pleurer, une fois de plus, sur les exactions commises par les Hommes envers ses semblables.

Un roman puissant, fort, beau comme un cheval au galop et qui, comme un ouragan, a tout emporté (oui, chantez, maintenant).

Que la route te soit blanche, petit frère, petite soeur, grand-père et grand-mère.

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Il suffit parfois d'une aventurière en quête de vengeance qui parcourt les steppes de Mongolie sur un cheval vigoureux pour obtenir un roman bien sympathique.
C'est le cas de ce roman porté par un puissant souffle romanesque, traversé par des descriptions de paysages sauvages, par des indications sur la vie mongole, sur les coutumes et traditions et rythmé par le galop des chevaux.

En 1930, la Mongolie et le territoire de Touva se retrouvent sous « protection » russe. Plus rien d'autre ne compte que la Grande Idée de la Révolution communiste. le jeune major Kariakine est envoyé en Sibérie, dans le sud de la région, afin de surveiller les tribus mongoles, qui refusent d'abandonner le mode de vie nomade et restent fidèles aux anciens mythes . Afin d'être sûr de les éduquer correctement, l'officier n'hésite pas à tuer, piller et violer en mode conquérant, en justifiant ainsi ses méthodes.
"- Kariakine, tu entends vraiment ce que tu dis ? Une révolution prolétarienne, dans des steppes sans aucun prolétaire ? (...)
- Alors agissons comme l'ont fait les Américains : débarrassons-nous de ces nomades comme ils ont exterminé leurs Indiens. Les plaines libérées de ces parasites, nous pourrons y construire et y développer de grandes métropoles comme ils l'ont fait. C'est le sens de la Révolution. Urbaniser et prolétariser la steppe. "

Prolétariser la steppe !
La démarche semble antonymique et invraisemblable et cependant c'est cet objectif qui a guidé l'armée russe dans sa volonté d'assimilation. C'est ce que raconte une Aysuun vieillissante, dans un récit premier qui va contenir les aventures du passé.
"La parole du Parti, ou de n'importe quel imbécile du Parti, l'emportait sur tout. Sur l'évidence, sur la logique, sur l'histoire, sur la tradition,, sur les mathématiques, sur la science. S'il l'avait voulu, Staline aurait pu faire chanter à un coeur joyeux et convaincu de cent millions de soviétiques que la Terre était plate. "
L'auteur, en empruntant sa voix, nous apprend également comment fonctionne la colonisation culturelle en choisissant l'exemple des cimetières. le peuple mongol avait l'habitude de laisser ses morts dans la steppe, en croyant que leur esprit avait imprégné le feutre de la yourte et qu'ainsi ils continuaient à voyager ensemble. En les obligeant à enterrer leurs morts dans des cimetières, ils les contraignent à se sédentariser pour pouvoir continuer à honorer leurs ancêtres.

Ainsi donc Aysuun la vieille dispense des conseils de sagesse et des jugements avisés et laisse Aysuun la jeune faire le récit de sa quête de vengeance et de sa jeune sensualité avec Tumur, le voleur de chevaux.
Aysuun et sa mère ont été violées et laissées pour mortes par Kariakine et ses hommes. Lorsqu'elle le retrouve quelques années plus tard, la jeune femme décide de se venger en l'entrainant dans une course-poursuite destinée à l'humilier aux yeux de tous.
L'auteur avec ce sens du rythme qui fait les bons auteurs de polars nous emmène de rebondissements en rebondissements pour un voyage instructif auprès d'une héroïne parfaitement convaincante.
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2023, Aysuun a cent six ans et raconte les évènements qui composent sa légende.

En 1930, les Soviétiques avaient lancé une « campagne de pacification » des peuples mongols et touvans. C'était en réalité une opération d'éradication : ils ont multiplié les massacres. Aysuun et sa mère ont survécu, brisées physiquement et psychologiquement, à celui qui a décimé leur famille. L'officier, à la tête de ces « saigneurs de la guerre » (p. 19) les croyait mortes. Ce premier chapitre est terrible. Aysuun décrit des scènes d'horreur et de terreur. J'ai été terriblement ébranlée par son récit.

Vingt-cinq ans plus tard, un colonel prend la tête de la garnison russe, chargée de collectiviser et prolétariser les terres situées en territoire Mongolie, à la frontière du pays Touva. Aysuun reconnaît celui qui l'a torturée. Elle comprend qu'elle va enfin se venger. « Me venger, puis le tuer. le faire souffrir et le regarder mourir. » (p. 39) Elle assène une première humiliation à son tortionnaire, obligeant ce dernier à la traquer. Elle sait où elle veut l'emmener. J'ai été admirative de son intelligence et de son ingéniosité. Avec l'aide de la nature, des animaux sauvages et de ses amis, elle entraîne son bourreau dans une battue qu'il ne maîtrise pas.

Les éléments, la flore, la faune et les terres sont les alliées de Aysuun. Elle vit en harmonie avec eux, les respecte et les connaît. La représentation de son union avec son environnement est sublime et exaltante. J'ai été émerveillée par les courses d'une harde de chevaux sauvages. J'ai adoré découvrir leur comportement en milieu naturel. J'ai été captivée par le récit au sujet des loups, des aigles et des ours. Ian Manook montre combien tous les éléments sont reliés et que les actions de chacun entraînent une réponse d'un autre. J'ai été éblouie et, parfois, j'ai tremblé. J'ai été aussi subjuguée par les descriptions de la culture des peuples nomades ; j'ai été révoltée par la volonté soviétique de l'annihiler et de la détruire.

J'ai été très touchée par l'humanité de Aysuun (et de ses complices). Elle m'a semblé juste dans son combat. Sa quête est légitime, ses actes sont mesurés et d'une créativité époustouflante. J'ai été suspendue aux rebondissements, je l'ai applaudie et j'ai eu peur pour elle (avec raison). Emportée par le tourbillon de son imagination calculée, j'étais accrochée à ses aventures. J'ai été transportée dans son univers et j'ai oublié le monde qui m'entourait. J'étais au coeur des steppes et des montagnes, entourée d'animaux sauvages, d'hommes et de femmes attachants, mais aussi d'hommes qui ne portent que le nom d'humain, tant leur barbarie est immense. J'ai eu un immense coup de coeur pour Aysuun.

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En Mongolie, dans les années 1930, des soldats soviétiques assassinent une famille de nomades après avoir violé les femmes. La jeune Aysuun et sa mère survivent au massacre.
25 ans plus tard, Ayssun croise le chemin du colonel Kariakine, responsable de l'extermination des siens. Elle entreprend alors de se venger de lui.

Au-delà de l'affrontement entre Aysuun et Kariakine, le roman décrit le conflit irréductible entre le monde traditionnel mongol et la rationalité criminelle du système stalinien.

Le lecteur qui a aimé la trilogie Yeruldelgger du même auteur retrouvera avec plaisir l'univers fabuleux des steppes mongoles.
En y pratiquant l'animisme et le chamanisme, l'homme parvient à vivre en harmonie avec une nature parfois hostile, mais toujours d'une grande beauté.

Un roman profond et grave, mais aussi un livre de voyage, d'évasion et d'aventures.
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