Un univers que je connais bien puisque j'ai travaillé pendant 10 ans dans une usine d'un grand groupe hollandais.
Au plus fort de l'activité, nous étions 2500 salariés, les lignes de production tournaient 24h/24.
En 2006, ce fut la fermeture définitive du site !
Plusieurs vagues de licenciements ont eu lieu et c'est par "wagon" que j'ai vu mes collègues partir...
A la lecture de ce roman, je me suis replongée dans ce milieu qui m'est très cher.
Un monde du travail différent, une ambiance que l'on ne retrouve pas dans les autres secteurs !
Il faut y travailler pour comprendre, ce sont des rapports humains particuliers... C'est vivant, humain, brut et sous le signe de l'entraide.
« Vivre sans usines, c'est vivre sans poumons. »
Pascal Manoukian nous raconte la descente aux enfers d'une famille ouvrière où le couple travaillant chacun dans une usine, se voient licencier l'un après l'autre, dans une région où le chômage prédomine.
C'est le choc ! C'est le début des déboires, des tracas, une dégringolade du niveau de vie qui chute irrémédiablement.
Les factures impayées, les prêts non honorés, l'argent qui manque, le sur-endettement. Et surtout la honte et une immense peur de tout perdre...
C'est une histoire poignante que l'on va suivre avec ce couple, Aline et Christophe. Ils essayent de se battre férocement, afin de s'en sortir.
Retrouver du travail, se débrouiller avec les moyens du bord allant même jusqu'à voler, tout est bon pour ne pas montrer à leurs enfants, qu'ils sont dans une situation dramatique.
Sauver les apparences pour les deux êtres qu'ils aiment le plus : leur fille qui passe le bac cette année et qu'ils ne veulent pas perturber et leur fils, malade qu'ils ne veulent pas inquiéter.
Une pression de tous les instants, de tous les jours !
Une tension permanente tellement forte qu'ils pensent à l'irréparable...
Vous l'aurez compris, c'est un roman fort qui aborde des sujets graves et très actuels comme la mondialisation, la délocalisation, la précarité, la déchéance, le chômage, le déclassement qui font frémir et qui bouleverse chacun de nous.
Une histoire puissante qui parle de la crise du monde ouvrier et la fragilité sociale.
De ces drames, malheureusement, s'ensuivent des actes désespérés !
L'auteur décrit la détresse des ouvriers licenciés où LEUR MONDE s'écroule, emmenant toute la famille dans leurs désarrois.
Car y a-t-il réellement une issue quand on a tout perdu !
"Elle aimerait changer de trottoir, de famille, de maison. Ne plus penser à tous les obstacles, se vider la tête et s'envoler telle une perchiste au-dessus de la barre, la passer enfin après tant d'échecs."
Lorsque ces femmes et ces hommes sont acculés et non plus aucune solution, perdant tous ce qu'ils ont construits tout au long de leur vie, à "la sueur de leur front"? Y a-t-il encore de l'espoir ?
C'est en étant abasourdie et horrifiée, que j'ai refermé cet ouvrage, car nous ne sommes pas loin de la réalité !
Un roman "coup de poing" qu'il faut lire évidemment !
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