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Un mariage qui tombe à l'eau le jour même de sa célébration : le curé refuse d'officier prétendant qu'on le menace de mort s'il ose unir les deux tourtereaux ! le fiancé, Renzo, tombe des nues lorsque Don Abbondio finit par lui avouer de quoi il retourne... le portrait en pleutre de l'ecclésiastique distille déjà une plaisante ironie. Sa réputation de couard établie et validée par sa gouvernante Perpetua, le lecteur ne doute plus qu'elle lui collera durablement à la soutane tout au long du roman. C'est l'entrée en matière disons réjouissante de cette « histoire milanaise au XVIIe siècle » (sous-titre qui annonce les très belles pages du début sur le lac de Côme), à propos de laquelle Manzoni écrivait à son ami français Fauriel, en 1822, pendant qu'il travaillait à Fermo e Lucia (Les Fiancés en sont la deuxième mouture épurée, profondément remaniée, publiée en 1825/1827) : « A cet effet je fais ce que je peux pour me pénétrer de l'esprit du temps que j'ai à décrire, pour y vivre. Il était si original que ce sera bien ma faute si cette qualité ne se communique pas à la description ».

Qui sont les fiancés et pourront-ils un jour convoler ? Tel est le sujet. Ce couple empêché est formé d'un jeune fileur de soie, Renzo, qui ne s'en laisse pas trop conter par le curé récalcitrant et sa promise, l'obéissante Lucia, bien plus perméable que lui aux préceptes de la religion. En but à l'officiant qui contrarie leur projet Renzo découvre bientôt tous les dessous scandaleux à l'affaire. Commanditée par le seigneur du coin Don Rodrigue qui convoite en fait Lucia sa chaste dulcinée. Maître sans scrupules qu'assiste une bande d'affidés peu recommandables pour faire régner un ordre de terreur sur les populations environnantes.

Nous sommes en lombardie sous occupation espagnole, au XVIIe siècle. Un temps de misères politiques et sociales où la religion régit les âmes en s'appuyant s'il le faut sur un pouvoir civil qui ne dédaigne pas non plus les abus, les édits obscurs, les jugements avariés ou dévoyés. Où Autorités royales, princières et militaires, espagnoles, vénitiennes, germaniques et françaises et cohorte d'officiers et de ministres d'Eglise se font face avec à leurs pieds le petit peuple ! Un "temps de crasse pompeuse" dont Manzoni a méticuleusement réuni les archives (entre autres les écrits d'un témoin de l'époque Ripamonti) pour documenter les quelques huit cents pages de son roman fleuve, le seul qu'il ait laissé mais dont il a écrit trois versions.

Après ce début corsé la mère de Lucia, Agnese, a tôt fait de souffler à Renzo furieux une parade aussi obscure que le refus du curé, pour déjouer l'affront du potentat Rodrigue. Les stratégies d'Agnese et de Rodrigue font mouche et ne tardent pas à se télescoper donnant lieu à une scène nocturne, au son du tocsin, digne des meilleures épopées. Mais Don Rodrigue devient vite un sous-tyran comparé à celui dont il sollicite bientôt les services, appelé "l'Innomé", pour activer son plan de rapt de Lucia. Ce super tyran au-dessus du tyran qui fait son apparition dans un rôle de converti assez improbable à la moitié du livre lui impulse une nouvelle direction très inattendue...

Quelques chapitres supplémentaires permettent une mise au point. Ce brave curé de Lecco n'est sans doute qu'un contre modèle utile aux intentions littéraires ou plus moralisatrices de l'auteur. Face à lui deux autres figures d'ecclésiastiques offrent un contraste édifiant d'exemplarité et de courage : le cardinal Frédéric Borromée et le capucin Cristoforo sorte d'ange gardien des fiancés. le curé de campagne est bien à mille lieues de l'ardeur exaltée de ces deux là, ou de la foi de L'Innomé, à dispenser sans relâche et quelles que soient les circonstances la parole salvatrice de l'idéal chrétien ! Idéal dont Manzoni se réclame et dont il est le chantre plus modéré au début du XIXe siècle estimant que la littérature doit porter un message de vérité moralement utile par le biais de l'Histoire. Et plus précisément par les événements qu'il décrit dans ce Milanais sous domination étrangère au moment de la succession du duché de Mantoue. Guerre, famine et épidémie de peste qui en découlèrent notamment à Milan laissent leur macabre référence sur plusieurs longs chapitres de la deuxième moitié du roman en faisant planer une ombre sur son issue...

La visée extrêmement moralisatrice du roman paraît pesante aujourd'hui. On peut y lire aussi la philosophie de l'histoire de l'auteur avec le peuple des humbles embarqué et englouti dans l'indifférence de son cours : Agnese, Renzo, Lucia et tous leurs amis en font partie, pris en étau entre "le sabre et le goupillon". Un monde sans pitié pour eux mais dans lequel ils sont déterminés à vivre quoi qu'il en coûte. La "pêche" de Renzo et l'esprit combinard d'Agnese font merveille sur ce terrain. Plus loin c'est encore une religieuse protectrice de Lucia et sa mère, Gertrude, double de la religieuse de Monza, qui offre au lecteur à travers des considérations sur les conditions troubles de sa vocation forcée, la première des énooooormes digressions qui ont été si vivement reprochées à Manzoni dès la première parution.

Si tous les événements historiques et leurs digressions savantes servent les rebondissements de l'intrigue et donnent le pouls d'une époque, comme l'espérait Manzoni dans sa lettre à Fauriel, ils ont tendance à couper le lecteur du fil romanesque et ne sont pas sans incidence sur le rythme du récit. Les fiancés et leurs comparses disparaissent parfois pendant plusieurs chapitres… Il faut s' y faire ou bien tout lâcher en rase campagne. Choix délibéré de donner cette amplitude à de tels développements en y ajoutant même des commentaires. Rigueur d'un écrivain très sourcilleux qui précise en introduction comment il s'est permis d'agencer l'histoire. Mais l'historien et le romancier cohabitent ici plus qu'ils ne convolent, seul petit bémol dans un plaisir global de lecture que la préface de l'édition folio introduit très bien (Giovanni Macchia).

Macchia éclaire la genèse du roman et le resitue dans l'histoire de la littérature italienne et européenne depuis le XVIIe siècle, il voit Manzoni qui a lu les deux plus proche de Sterne que de Scott. Il pointe tout particulièrement l'énorme travail de création de son auteur (plus connu pour sa poésie et ses tragédies) et ses intentions, dans le contexte politique et culturel italien du début du XIXe siècle qu'on ne peut laisser de côté. On comprend pourquoi Manzoni s'échina après la première publication pendant de si nombreuses années à « toscaniser » Les Fiancés, travaillant le style et la langue de son roman afin de le rendre plus accessible à ses lecteurs, jusqu'à ne valider la publication définitive qu'en 1840/1842. L'oeuvre fait date en Italie où elle eut un immense succès et un retentissement tout aussi considérable alors que l'idée de l'unité commençait à germer. La littérature est souvent partie prenante de l'histoire des nations. Il existe également une autre préface passionnante sur Manzoni (René Guise) jointe à une édition plus ancienne de 1968, en deux volumes, des Fiancés, (éditions du Delta), dont j'ai lu le premier tome seulement achevant ma lecture avec cette édition poche par commodité de format.







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Cela commence comme du Stendhal dans les Nouvelles Italiennes, un manuscrit ancien... puis une belle description des sommets au dessus du Lac de Côme...puis arrivent les Braves, séides des seigneurs, cap et épée, sicaires... nous quittons Stendhal pour Dumas. Don Rodrigue, tyranneau local, neveu d'un Grand de Milan, a parié avec un de ses cousins qu'il séduirait Lucia, la petite fiancée. Manzoni bataille contre les abus de pouvoir de la noblesse. Un peu plus loin, c'est Diderot et la Religieuse qui a inspiré l'auteur.Chaque épisode introduit un nouveau personnage. Et ces personnages ne sont jamais secondaires, ce sont les véritables héros d'une grosse histoire qui fait oublier les Fiancés Renzo et Lucia, que l'on perd de vue pour les retrouver dans de nouvelles aventures. Si le pouvoir civil est espagnol, le clergé, moines capucins, curés, évêques, cardinaux (et même un quasi-saint Frédéric Borromée) jouent un rôle prépondérant dans la vie du Milanais. On assiste à un presque miracle : la conversion d'un bandit l'Innommé...

L'action se déroule dans le Milanais en 1628. L'Espagne règne sur le Milan. Les mauvaises récoltes ont causé la disette puis des émeutes du pain. Casale est assiégée, en France Richelieu fait le siège de la Rochelle, la guerre de succession de Mantoue va voir les troupes étrangères se déverser sur la Lombardie et apporter désolation, pillages et dans leur sillage, la peste. Je lis Les Fiancés comme un roman historique. Manzoni s'est documenté pour raconter les évènements. Il cite ses sources. Les notes (malencontreusement situées à la fin du livre, j'aurais préféré en bas de page) confirme l'authenticité des faits et des personnes. Et surtout Manzoni se livre à une véritable analyse économique quand il explique les effets négatifs de la fixation d'un prix trop bas au pain. C'est un véritable cours d'économie.

Quand il raconte l'épidémie de peste, l'auteur ne nous épargne aucun détail. Il faut se souvenir que la contagion de la peste n'a été découverte que beaucoup plus tard, en 1894, et pourtant il a des intuitions géniales. Il montre l'incurie des services de santé qui nient la réalité de l'épidémie, la laissant s'étendre au lieu de la contenir, les atermoiements, les mesures prises alors, la lâcheté de certains, le courage d'autres, aussi les raisonnements oiseux de Ferrante, l'érudit dans sa tour d'ivoire, qui préfère interpréter la catastrophe par les conjonctions de Jupiter et des planètes, ou par des sophismes, et négligeant de se protéger, contracte la fatal maladie.

D'autres lectures du gros livre sont possibles, une lecture catholique, dont je suis éloignée.... en V.O. il serait intéressant de suivre l'Italien au moment où le Toscan devient l'Italien alors que l'Italie s'unifie. Lecture sociale : lutte des petits contre la tyrannie des nobles, Manzoni écrit peu de temps après le passage de Napoléon en Italie, popularisant les thèses de la Révolution....Il est remarquable que les héros ne soient pas des princes et princesses mais un ouvrier, fileur de soie, et une petite paysanne. Là, cependant, j'ai été un peu frustrée : autant l'auteur s'est appliqué pour raconter le quotidien des moniales, des capucins, du curé de campagne, ou celui des seigneurs-bandits, autant il aurait pu nous montrer les ouvriers du textile au travail. le livre aurait été encore gros!

Véritable découverte!

Avant l'association Romantisme et Italie était univoque : Verdi maintenant je penserai à Manzoni§
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Relecture en V.O.
Je replonge dans ce texte 30 ans plus tard... le plaisir est inchangé! Les mêmes personnages me touchent (Renzo face à toutes ses épreuves, Agnese dont j'aime le caractère et le franc parler, Fra Cristoforo si digne jusqu'au bout), et les mêmes m'agacent (ce couard de Don Abbondio, et cette Lucia toujours à rougir comme ça...).
Les phrases se savourent, les longues digressions informent mais rendent le suspens insoutenable.
L'humour de Manzoni me divertit encore sinon davantage ainsi que son amour pour le pays décrit. J'aime la façon qu'il a de faire participer le lecteur en créant une certaine complicité avec lui.
Oh ce passage au "lazzaretto", l'hôpital où l'on rassemble les malades et les mourants de la peste... un passage superbe, incontournable, de tant d'émotions. Il s'y passe tant de choses, clés du dénouement de ce long roman.
Un classique inévitable pour connaitre la littérature italienne.
A lire absolument!
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Avec Les fiancés, Alessandro Manzoni a réalisé l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature italienne. Ce roman, dont l'action se situe au XVIIème siècle, est étudié aujourd'hui encore par tous les élèves italiens, et pour cause ; les thèmes traités sont intemporels.
Lucia et Renzo devaient se marier mais tout est annulé après que le curé don Abbondio reçoit des menaces de mort de la part de don Rodrigo, l'un des puissants de la province. Ce dernier a parié avec son cousin que la jolie paysanne n'épouserait pas son fiancé et semble prêt à tout pour arriver à ses fins. C'est ainsi que commencent les malheurs des deux jeunes gens.
Tentative d'enlèvement, enlèvement, condamnation, voeu à la Madonne, fuite, peste, ils mettront deux ans à se retrouver, au terme de nombreuses péripéties.

I promessi sposi ont traumatisé bon nombre de mes amis italiens mais, pour ma part, j'ai a-do-ré ! Je comprends sans peine la renommée de l'ouvrage. Chaque chapitre amène une nouvelle intrigue, un nouveau personnage avec sa propre histoire. On sent l'influence des autres grands auteurs de l'époque ; la vie malheureuse de "la signora", notamment, n'est pas sans rappeler La religieuse de Diderot. Manzoni profite également de ce roman pour dépeindre la situation politique de la Lombardie, et intercale aussi un petit cours d'économie avec la fameuse aventure du prix de pain.
En ces temps troublés, je voudrais m'arrêter particulièrement sur les chapitres concernant l'épidémie de peste qui décima la région de Milan dans les années 1630. Croyez-le ou non, la similitude avec l'épidémie actuelle de coronavirus est troublante. Tout y est, absolument tout. On retrouve ainsi les autorités qui ignorent les alertes lancées par le "tribunale della sanità", les fanas des théories complotistes, les anxieux, les désespérés, ceux qui se persuadent qu'ils ne risquent rien, la recherche effrénée et la stigmatisation des soit-disant propagateurs de la maladie, l'hystérie collective, etc. Tout y est, vous dis-je. Comme quoi, le monde reste toujours le même.
Cependant, l'une des grandes morales de ce roman est que, quand l'amour est sincère, deux ans de malchance ne suffisent pas à le défaire. Tôt ou tard, les fiancés se retrouvent et se marient.

Challenge ABC 2019/2020
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Waouh !

Un roman écrit au début du XIXème siècle par Alessandro Manzoni, le roman d'une vie, le premier grand roman italien. Un roman d'aventures, un roman d'amour qui sera étudié à l'école, une lecture imposée et en conclusion ne sera pas beaucoup apprécié et finira oublié.

Umberto Eco a reçu et lu ce roman avant d'y être obligé à l'école et même si c'était ardu, même si l'Histoire de l'époque n'était pas simple à comprendre, même si le vocabulaire de l'auteur était fort riche, l'enfant Eco a aimé cette histoire et l'a raconté à sa façon à l'âge de 10 ans. C'est ce travail d'enfant, ce récit comme il l'a compris, que j'ai lu aujourd'hui et c'est très beau.

Une structure en chapitres courts présentés par une petite introduction récapitulative, un fond riche car de nombreux personnages interviennent et que l'histoire n'est pas si simple à expliquer, un récit où les sentiments guident les protagonistes et où l'Histoire joue un rôle important. Ainsi, une petite épidémie de peste donne un coup de pouce aux fiancés séparés et malheureux et les réunit enfin pour un mariage heureux.

J'ai beaucoup aimé et j'ai bien envie de trouver maintenant le roman de Manzoni :-) En tout cas bravo à cet enfant de 10 ans qui n'a pas eu peur d'écrire et qui a continué pour notre plus grand plaisir. Et avant d'oublier, je trouve que les dessins qui accompagnent le roman sont magnifiques ; épurés, simples, évocateurs, un petit plus pour ce beau roman jeunesse.

Merci à Babelio et aux éditions « La Compagnie des Géants » pour ce bel ouvrage.
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Bien contente d'avoir lu Les Fiancés, mais aussi contente de l'avoir fini, car une lectrice soumise à plein de tentations et souffrant un peu devant le côté bavard du style peut se laisser abattre par ce genre de pavés!
Cependant, Les Fiancés est un monument, parfois un peu effrayant, mais valant vraiment le coup.
Il serait difficile de résumer l'intrigue, car elle n'est pas seule importante ici, les mille et une digression, sur l'histoire de Milan et des alentours, sur l'époque, sur tel ou tel personnage complètement secondaire dans le roman, font tout autant parti de l'oeuvre que les amours très contrariées de Lucia et de Renzo.
Mais d'abord, pourquoi sont elles contrariées ses amours? Ils sont jeunes, ils s'aiment, la mère de Lucia, seule parente en vie des deux, accueille le jeune homme à bras ouverts, et la date a été fixé.
Seulement voilà, un petit noble local ayant aperçu Lucia, il fait menacer par ses braves, entendez ses sbires, le curé du village. Don Abbondio, il s'agit donc du curé, est un pleutre de la plus belle eau, et au lieu de faire ce qu'il devrait, célébrer le mariage quand même et envoyer un message à son évêque, le bien connu Frédéric Borromée, qui aurait eu vite fait d'y mettre bon ordre, il s'émeut, et tâche d'empêcher le mariage en invoquant toute une série d'arguments sans queue ni tête.
Les embrouillaminis qui vont en résulter, les tentatives d'enlèvements des sbires et les idées pas toujours brillantes de Renzo, vont jeter nos personnages sur les routes, leur faire voir Milan pendant certains de ses jours les plus terribles, de révoltes populaires à la peste, en passant par la dévastation du passage des armées. le lecteur apprend bien des choses sur l'histoire de cette partie de l'Italie, comme par exemple la guerre pour la succession du duché de Mantoue, sur une flopée de personnages historiques, plus ou moins recommandables, et l'épaisseur de l'oeuvre fait que beaucoup, beaucoup de thèmes très intéressants y sont abordés, souvent par des personnages secondaires, comme la violence qui est faite à la religieuse de Monza par sa famille et le drame qui en découle, le thème de la jeune femme forcée vers les ordres étant d'ailleurs repris à une autre occasion dans le roman.
C'est très très riche, dans un style très bavard, c'est un pavé, un monument, et un livre qui mérite toute sa place si connue dans les lettres italiennes!
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Je remercie l'émission de France Culture "Sans oser le demander", qui m'a à la fois donné envie de lire ce roman, et qui m'a donné certaines pistes de lecture. J'ai bien compris que c'était une oeuvre du patrimoine italien, connu des élèves et étudiants, mais je dois d'abord confesser que j'ai trouvé beaucoup, beaucoup de longueurs - le roman fait mille pages. Des longueurs dans les descriptions, dans la forme même du récit - les personnages vivent les événements, se les remémorent, les racontent, puis d'autres les interprètent... Des longueurs dans les digressions aussi, avec les portraits assez longs de personnages parfois très secondaires.
J'ai bien compris à l'écoute de cette émission que ce n'est pas un roman sentimental mais matrimonial - les sentiments de Renzo et Lucia sont donnés pour acquis, leur but est de se marier, pas de se séduire. J'ai surtout compris que les interprétations peuvent être multiples, de la lecture marxiste qui s'intéresserait surtout à la description des émeutes de la faim et aux rapports entre seigneurs et petites gens, une lecture religieuse qui penserait à la sanctification de certains personnages très positifs de religieux (le cardinal Frédéric, le père Cristoforo) et sur la punition des pêchés et la gratification des vertueux, ou une autre anticléricale qui se centrerait sur les portraits négatifs de religieux paresseux, usuriers, peureux...
Moi qui suis historienne, historienne moderniste, c'est l'aspect roman historique qui m'a intéressé, forcément. C'est l'Italie du XVII ème siècle, majoritairement rurale et paysanne, avec déjà des grandes villes puissantes qui se modernisent par une proto-industrie (les filatures). Mais c'est aussi une Italie qui n'existe pas en tant qu'Etat souverain, où les puissances européennes viennent mener des opérations de conquêtes - on croise donc des Espagnols, des Autrichiens, des Français, des Suisses..., le tout au détriment des populations locales. C'est la Guerre de Trente Ans, la "guerre nourrit la guerre", les armées vivent du pillage, du viol, du meurtre, même si elles ne combattent pas directement les Etats italiens. Et elles transportent la peste... J'ai été assez fascinée par la description très documentée de la peste à Milan, Manzoni cite même des sources. Certains passages sont très actuels et résonnent fortement avec notre traversée de la pandémie. Les connaissances ont changé, mais certains comportements restent les mêmes : ne pas nommer la maladie pour ne pas effrayer, ne pas écouter ceux qui parlent de contagion, diffusion de rumeurs et de fausses informations, crainte d'un complot généralisé, profiteurs économiques... le tableau est saisissant.
Une lecture assez longue, trop pour moi, mais où chacun peut trouver la grille de lecture qui lui plaît, le genre aussi entre comique, mélodrame, roman historique, politique...
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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique, je remercie Babelio et La Compagnie des Géants de m'avoir permis de découvrir cette belle histoire.
Umberto Ecco revisite le roman éponyme d'Allessandro Manzoni, un classique italien du 19ème. L'histoire se déroule en Lombardie et conte les amours contrariés de Lucia et Renzo. Alors qu'ils souhaitent se marier, don Rodrigo – une brute épaisse qui règne sur la communauté – s'y oppose et menace le prêtre sollicité pour conclure l'union. Les amoureux n'ont d'autre choix que de se séparer pour éviter de tomber sous la coupe du méchant. Voilà Lucia accueillie dans un cloître à Monza et Renzo obligé de s'enfui vers Milan. Mille mésaventures les attendent, confrontés qu'ils sont aux menaces de l'époque : la guerre civile, la peste, la corruption…
Ecco met tout son talent dans ce récit, s'adressant à son jeune lecteur avec pédagogie, facilitant la compréhension d'une histoire dense, résumant les passages les plus descriptifs, expliquant les intentions de l'auteur et détaillant la structuration du récit, illustrant d'exemples contemporains les coutumes du passé, le prenant à témoin des travers de l'homme. Les illustrations sont extrêmement soignées et j'aime particulièrement celle qui représente le nid d'aigle dans lequel Lucia est enfermée.
Je ne suis pas encore grand-mère, mais c'est tout à fait le genre de livre que j'aimerais lire au coin du feu avec des tout petits 😊.
Un petit bijou à bien des égards.
Challenge ABC 2021-2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Le détail d'un détail issu d'un autre détail ça vous dit? Alessandro Manzoni signe une belle fresque historico- romantique de la Lombardie des années 1628-1630, sous domination espagnole. L'histoire commence aux bords du lac de Côme et raconte les amours contrariés de Renzo et Lucia, convoitée par un seigneur espagnol. Lucia finit par se réfugier au couvent de Monza tandis que Renzo essaye de plaider sa cause à Milan. Lucia se fait enlever par l'innominato, avant d'être libérée, suite à l'arrivée du cardinal Borromeo. Renzo doit quitter Milan pour Bergame suite à des émeutes et à son retour dans la ville du dôme, il la retrouvera en proie à la peste et Lucia, par la même occasion, s'occupant des contaminés. A la suite de tous ces événements, Renzo et Lucia se marient. Les fiancés, du titre original, i promessi sposi est une oeuvre qui, contribuera, en partie, à créer la langue italienne que l'on connaît et ce par le biais d'importantes rectifications de l'auteur.
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Cela commence le 7 novembre 1628 et embrasse environ deux ans d'histoire italienne sous la domination espagnole, alors que la famine et la peste font rage.On croise le Père Cristoforo, du couvent de Pescarenico, Geltrude, la religieuse de Monza, qui accueillera Lucia dans son monastère, l'Anonyme, qui kidnappera Lucia et se convertira en présence du cardinal Federico Borromeo, le comte Attilio, cousin de Don Rodrigo, rebelle et provocateur, l'avocat Azzecarbugli, homme de connivence avec le pouvoir des seigneurs, Agnese, mère de Lucia, femme bonne mais mal avisée, mauvaise conseillère, don Abbondio, qui, poussé par les bravos, refuse de célébrer le mariage, Perpetua qui vit avec Don Abbondio, un bavard et une villageoise...Tout cela se termine par le mariage, tandis que la majorité des personnages meurent de la peste, ceux qui représentent le bien (Cristoforo) tout comme ceux qui sont le mal (don Rodrigo).Le roman pourrait être l'ancètre de toutes les Daniele Steele et autres (très nombreuses) mièvreries ...
Mais non,certes la trame,est devenue (à force de répétitions) très usée,
mais reste la splendide écriture poétique...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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