- Vous lisiez Spinoza quand je suis arrivée, n'est-ce pas ?
- Je vous avouerais que je ne sais pas lire le latin. Je vais avoir besoin de votre aide.
- Cet homme est un génie qui proclame que le bonheur est le but de la vie humaine. Quelle révolution ! A bas les religions et les morales qui nous clouent au sol ! La liberté est dans le bonheur. Mais il n'y a bien qu'à vous que je puisse en parler aussi librement. Dans d'autres cercles, ces phrases me conduiraient directement en prison.
P366 J’ai couvert los avec des plumas seaux imbibés de baume de Fioraventi et l’ensemble de la plaie avec un heaume dArceus et de l’huile de rosat... j’en ai profité pour lui faire avaler un peu de l’illuminé de Paracelse
Nicolas lui proposa de passer le lendemain à la boutique afin de lui remettre un baume et une tisane qu’il aurait confectionnés. Il savait que, ce faisant, il venait d’enfreindre les règles en vigueur dans sa corporation de ne pas remettre en cause le diagnostic des médecins et de ne pas délivrer de potions médicinales. Mais il était persuadé d’avoir fait le meilleur choix pour son patient.
Cet homme (Spinoza) est un génie qui proclame que le bonheur est le but de la vie humaine. Quelle révolution! A bas les religions et les morales qui nous clouent au sol! La liberté est dans le bonheur.
Mais nous sommes les seuls à voir l'être humain pour ce qu'il est, à essayer de comprendre les mécanismes qui le constituent, comment la vie coule en lui. Le clergé se méfie de nous afin de protéger son Dieu, les médecins se méfient de nous afin de protéger leur institution, tous tentent de nous contrôler de peur que nous ne percions les ultimes secrets de l'homme. C'est le prix de notre passion.
- Mais je crois que j'aurais bien besoin de l'aide de votre Dieu, conclut-il.
- "Votre Dieu"? N'êtes-vous pas catholique?
- Je le suis par le saint sacrement du baptême. Mais, pardonnez ce blasphème, plus j'étudie le corps de l'homme et moins j'y trouve l'oeuvre de Dieu. Je suis devenu athée, Anselme, mais il n'y a bien que dans cet endroit que je peux l'avouer!
- L'homme se créera d'autres dieux, répondit Nicolas en reprenant fil et aiguille. C'est un besoin fondamental.
Dans un style vif et enlevé , tout en pudeur , d'une grande finesse , Eric Marchal met en exergue l'amour, l'amitié et les bons sentiments.
A travers une histoire d'amour somme toute universelle et indémodable , on y apprend pas mal de choses sur les us et coutumes de la médecine du 17 ° siècle et les balbutiements de la chirurgie , l'auteur s'appuyant sur de nombreuses anecdotes historiques et médicales souvent savoureuses .
Côté sentiments, rien à jeter : Passion amoureuse, amitié fidèle et pardon sont les maîtres mots de ce livre que je viens de finir. J'aimerais ne pas l'avoir encore lu et le découvrir.
Dieu fit la liberté, l'homme a fait l'esclavage... (280)
L'homme est libre sans l'esclavage de Dieu. (287)
Depuis que je suis entré dans cette guerre, j'ai plus dialogué avec les morts qu'avec les vivants.Des types, j'en ai ouvert, des centaines et des centaines. Des Turcs aussi, qu'on essayait de sauver après les avoir grêlés de plomb, des mamelouks, des yayas, des saphis. Une fois passé la peau, on a tous la même couleur à l'intérieur. Rien ne change. Et je n'ai jamais rencontré âme qui vive dans une dépouille. Juste l'odeur de la mort. Cette odeur, elle est sur moi, elle ne me quitte plus. Et ,crois-moi ce n'est pas le parfum de Dieu...Je doute, mon ami. Je doute d'une autre vie que celle qui nous anime ici. Et cela me fait parfois peur.